Vient de paraître LE VISAGE DES HOMMES (1914 – 2014) Un face

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Vient de paraître
LE VISAGE DES HOMMES (1914 – 2014)
Un face-à-face avec le blessé de guerre
Marie-Dominique COLAS
Préface du Général J.G. SALVAN
, Président de
l’Union des Blessés de la Face et de la Tête
« Les Gueules Cassées » (1996 – 2002)
Avec le soutien de :
Ouvrage broché – 250 pages
Format 15,5 x 22 cm
ISBN N° 978-2-7025-1616 4
Prix Editeur : 24,00 € TTC
Un jour de garde, un jour d’été comme les autres dans un hôpital
militaire : les blessés en fauteuil roulant circulent dans le hall où les
visiteurs font mine de ne pas voir les visages bandés, les membres
amputés. Les blouses blanches se croisent d’un pas pressé. Aucun
bruit, aucun cri, un silence quasi religieux règne dans cette
cathédrale de la douleur.
Midi : le « bip » retentit. Le service de réanimation demande
d’urgence la présence du psychiatre. Un grand blessé, hospitalisé
depuis une dizaine de jours, se réveille. Il ne supporte pas la machine
qui lui permet de respirer : « Venez nous aider, nous allons le perdre !
Comment faire ? Comment le sauver ? ». Il est pourtant revenu vivant
du pire. Il a survécu à un attentat-suicide en Afghanistan. Dans la
presse du jour, on peut lire qu’il a été « très abîmé ». Marc ouvre les
yeux. Ce premier regard va inaugurer une longue histoire médicale,
une aventure humaine.
Les « Gueules Cassées », les grands mutilés incarnent l’horreur de la
guerre, de la violence, mais aussi la figure du tabou que l’on veut
hors regard et que l’on cherche à oublier. Au lendemain de la
Première Guerre mondiale, trois soldats atrocement défigurés ont
fondé une association pour venir en aide à leurs camarades en leur
redonnant une existence sociale. Un siècle plus tard, leur histoire est
toujours d’actuali pour de nouvelles générations de blessés au
combat.
L’auteur donne la parole à ces témoins anonymes, à d’autres plus
connus comme Geneviève de Galard, et nous fait franchir les
différentes étapes de la reconstruction physique et psychique : de la
« gueule » à la face, puis de la face au visage comme ultime
renaissance de leur humanité.
Professeur agrégé du Val-de-Grâce, le médecin en chef Marie-Dominique COLAS est psychiatre, chef d’un service de
l’Hôpital d’Instruction des Armées Percy où sont accueillis les militaires blessés au combat.
Médecin militaire avant tout comme elle aime à le rappeler, elle n’a pas négligé sa pratique en milieu opérationnel, que ce soit
dans les Balkans, en République de Côte d’Ivoire, en Afghanistan et plus récemment au Mali.
A l’hôpital Percy, elle met ses connaissances et son expérience hospitalière à l’épreuve de la réalité de la psychiatrie de guerre.
Titulaire d’un doctorat de recherche en psychopathologie et psychanalyse consacré aux « Gueules Cassées », membre actif de
plusieurs sociétés savantes, le médecin en chef Marie-Dominique COLAS est également expert en médecine aéronautique.
La réflexion qu’elle conduit sur la clinique de la défiguration et du blessé de guerre s’inscrit dans cet engagement sans faille
du Service de santé des armées, au chevet de ceux qui ont choisi de servir la France.
EXTRAITS
Page 23 : A l’origine de ce face-à-face – Un engagement
Mon cheminement est le fruit d’une expérience, d’une belle rencontre avec le Service de santé des armées. La
découverte d’une médecine humaniste a rapidement placé la relation médecin malade au cœur de ma pratique
clinique. Comme aimait à le rappeler l’un des pères de la psychiatrie moderne, Pierre Deniker, «les meilleurs
enseignants : ce sont nos patients ! » En m’engageant à leurs côtés, à leur écoute, le corps s’est imposé comme une
énigme dès le début de ma carrière de médecin généraliste. Ainsi, je me suis attachée à bien connaître les grandes
spécialités médicales avant de me consacrer à ma vocation pour la psychiatrie. Interpellée par certaines expressions
somatiques erratiques malaises, douleurs, troubles fonctionnels, etc. -, je me suis intéressée aux symptômes
médicalement inexpliqués …
Page 29 : Ecouter les visages mutilés
Etre une femme : cela n’est pas non plus sans incidence. J’ai perçu clairement que mon regard sur la blessure
était porteur d’interrogations : Pourquoi ? Que cherche-t-elle à voir, à analyser derrière ces « gueules » cassées,
abîmées ? Le visage de la séduction a-t-il disparu ?
Comment peut-elle faire face, jour après jour, à l’empreinte de la violence enfouie ou encore à vif chez ses
patients ? Comment peut-elle supporter d’écouter ces récits chargés d’horreur ? …
Page 94 : Une « amputation du Soi »
… Le patient se réveille progressivement et se trouve face à un univers qu’il perçoit comme irréel. Il ne se souvient
pas de ce qui lui est arrivé ; des tubes l’alimentent, le font respirer, uriner ; un bandage recouvre son visage.
Précocement, on retrouve des états anxieux très intenses accompagnés de troubles du comportement (agitation,
sidération…), de mouvements dépressifs et d’états confuso-délirants. Le blessé peut difficilement communiquer ses
sensations, comprendre et faire comprendre ses besoins. Des phénomènes de dépersonnalisation peuvent aussi
surgir. Le patient perd la familiarité de son propre fonctionnement psychique, de ses actes, de son corps perçu
comme détaché et parfois modifié dans ses dimensions, son intégrité, sa densité ou sa forme. La déréalisation se
rapporte à une altération de la perception du monde et de la réalité extérieure qui deviennent étranges, voire
étrangers…
Page 227 : EPILOGUE
Il s’agit pourtant de penser à l’avenir, au lendemain, de ne pas sombrer dans la routine des expédients pour
supporter la douleur. Marc vient d’être élu au conseil municipal dans sa commune. « Je ne suis pas dupe, Docteur,
je sais que la bataille n’et pas gagnée, que tout est fragile et nécessitera de ma part, de notre part des choix, donc
des renoncements. Je sais que je suis prêt, pour le meilleur et pour le pire ! ».
Quand je suis allée à la rencontre des « Gueules Cassées », de ceux qui ont aujourd’hui atteint la sagesse de
l’âge, je leur ai posé cette question « Que pourriez-vous conseiller aux plus jeunes, à ceux qui sortent de la phase de
reconstruction chirurgicale et qui retrouvent leur famille, leur foyer, seuls sans l’aide permanente des soignants, des
mois après leur évacuation sanitaire d’un théâtre d’opérations ? »
Il n’existe pas de réponse universelle et il faut s’y résoudre, car le risque serait d’exclure le sujet dans sa
singularité. Il existe bel et bien différentes approches thérapeutiques et sociales en fonction de la trajectoire de vie
de chacun. Il ne suffit pas de s’identifier avec empathie, de se mettre à la place de celui qui souffre pour se
représenter sa situation et lui proposer des solutions, des « recettes ». Il n’est pas non plus question de se dire qu’on
a fait quelque chose pour se sentir quitte ou avoir bonne conscience…
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