Journée de Recherche « Quel management pour les associations ? »
12 Janvier 2006, IAE de Tours
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qu'un dépôt de bilan était inenvisageable. A l'évidence, à la nécessité économique qui
imposait de déposer le bilan, il fallait substituer la prééminence de l'ancrage de
l'association dans la vie locale et régionale. »
• Il poursuit : - « C'est comme ça que j'ai appris la gestion : dans la crise. Elle dura
cinq ans. C'est le temps dont j'ai eu besoin pour remettre l'association en ordre de
marche. J'ai « consumé » trois présidents, deux trésoriers, licencié de nombreux salariés,
établi moult plans de redressement. J'y ai appris tous les outils techniques de la gestion,
le droit social, le droit des affaires etc. J'y ai découvert les tribunaux civils, d'instance, de
prud'hommes, administratifs. La nécessité m'a conduit également à recruter les
compétences spécialisées indispensables : expert-comptable, contrôleur de gestion,
avocat par exemples. Avec un seul objectif : redresser l'association en raison de son
utilité et de son projet qui étaient menacés de disparition pour de longues années sur le
territoire régional en cas d'échec. La question n'était pas de savoir comment négocier un
redressement mais pourquoi négocier ? Et la réponse s'imposait : pour la pérennité du
projet associatif. »
• - « Ce que j'ai découvert avec le recul ? C'est qu'au-delà de la maîtrise des outils de
gestion rendue indispensable, la crédibilité de mon argumentation face aux différents
acteurs externes à l'association et qui avaient le pouvoir d'aider au redressement ou de
contribuer à l'échec reposait sur la maîtrise de leur langage. Celui des tribunaux, celui
des experts-comptables et des banquiers, celui des entreprises qui étaient nos
fournisseurs. Je vais en donner des exemples étonnants : au Tribunal des Affaires
Sociales j'ai plaidé sans avocat huit fois contre l'URSSAF pour obtenir l'annulation des
amendes et pénalités de retard accumulées. J'ai gagné huit fois devant la même
Présidente avec les mêmes arguments. Bien sûr notre dossier était bien ficelé au plan
technique. Mais à l'audience notre propos était centré sur la survie de nos actions
éducatives en direction des plus démunis. Ce qui donnait un supplément d'âme à notre
plaidoirie, au point que lors des dernières audiences l'avocat adverse ne s'exprimait
même plus. Autre exemple : les bilans établis rigoureusement avec l'expert-comptable
n'étaient évidemment pas fameux compte tenu de nos difficultés. Il fallait convaincre nos
nouveaux partenaires bancaires de nous accompagner. Et vis à vis d'eux, comme
d'ailleurs avec les créanciers, il était indispensable de tenir les échéanciers durement
négociés. Pourtant dans ce genre de situation vous êtes sans aucune visibilité. Des
échéanciers, précis, sur deux ou trois ans sont en fait impossibles à respecter. Ils
reviennent d'ailleurs à donner de la visibilité à l'avenir de l'entreprise sur le papier
uniquement et ne font que montrer votre savoir-faire technique à vos créanciers. A
l'instar de la monnaie de singe, c'est une sorte de "gestion de singe !" Je savais que
notre banquier utilisait la méthode de scoring de la Banque de France pour apprécier le
risque qu'il prenait en nous soutenant. En l'appliquant moi-même à nos trois derniers