Reconstitution des doses de rayonnements ionisants reçues au cours d’examens médicaux en pédiatrie
Hélène BAYSSON
dédié PCXMC. Les résultats indiquent des PDS de 39,9 ± 1,2 Gy
cm2 pour les CIA, 17,5 ± 0,7 Gy cm2 pour les CIV et 9,5 ± 0,1 Gy
cm2 pour les CA. Les valeurs moyennes de doses efficaces sont
respectivement de 40 ± 12, 22 ± 2,5 et 17 ± 3,6 mSv pour les CIA, les
CIV et les CA. Les estimations du risque global de décès par cancer
induit par l’exposition sont respectivement de 0,109 % pour les
CIA, 0,106 % pour les CIV et 0,067 % pour les CA.
Commentaire
Cet article fournit les valeurs de PDS et de doses efficaces estimées
pour trois types de procédures de cathétérisme cardiaque :
communication inter-auriculaire (CIA), communication inter-
ventriculaire (CIV) et persistance du canal artériel (CA). Il est à
noter que ces valeurs sont difficilement comparables entre
elles : en effet, les procédures du dernier groupe (CA) concernent
des enfants âgés de moins d’un an alors que les procédures
des deux premiers groupes concernent des enfants plus âgés
(huit ans en moyenne). Or l’effet du poids du patient sur les
PDS est très important, une augmentation du poids entraînant
une augmentation du PDS (1). Les valeurs des PDS et des doses
efficaces présentées dans cet article sont plus élevées que celles
déjà publiées dans la littérature : les doses efficaces variant de
3,3 mSv à 6,6 mSv selon les auteurs (1-5) pour les procédures de
CIA. Une explication serait que les patients inclus dans les deux
premiers groupes (CIA et CIV) sont plus âgés que ceux inclus dans
les études antérieures.
L’estimation du risque obtenue dans cet article est comparable
à celle obtenue par Ait-Ali (6). L’estimation du risque de décès
par cancer était alors de 1 pour 1 717 garçons (0,06 %) recevant
en moyenne 7,1 mSv et de 1 pour 859 filles (0,12 %) recevant en
moyenne 9,4 mSv entre 0 et 15 ans, au cours des procédures
de cardiologie interventionnelle. Cependant, ces estimations
de risque reposent sur des modèles basés essentiellement
sur les données concernant les populations exposées lors des
bombardements de Hiroshima et Nagasaki pour lesquelles on
ne dispose que de peu d’information sur les risques de cancer
survenant dans l’enfance ou l’adolescence après exposition dans
la petite enfance.
Conclusion générale
La problématique du risque de cancer associé à
l’exposition médicale à visée diagnostique pendant
l’enfance est particulièrement pertinente face à
l’utilisation croissante des examens radiologiques,
notamment des scanners, en pédiatrie� Récemment,
les résultats d’une étude épidémiologique britannique
(7) sur le risque de développer un cancer après des
examens répétés par scanographie pendant l’enfance
montrent un excès de risque significatif de leucémies
et de tumeurs cérébrales� Néanmoins, cette étude ne
comportait aucune donnée d’exposition individuelle�
L’article de Thierry-Chef et coll� présente un travail
novateur afin d’évaluer rétrospectivement les doses
analyses de sensibilité seront menées afin d’évaluer l’influence
des données dosimétriques manquantes et l’incertitude autour
de la dose reçue. Une étude de faisabilité a préalablement été
conduite, dans l’ensemble des pays de l’étude Epi-CT (http://
epi-ct.iarc.fr/).
Commentaire
Cet article présente pour la première fois la méthode utilisée pour
la reconstitution des doses de rayonnements ionisants reçues au
cours de scanners réalisés pendant l’enfance, dans le cadre du
projet épidémiologique EPI-CT. Il s’agit d’une méthode novatrice
pour 2 raisons majeures. En premier lieu, ce travail vise à estimer
les doses à l’organe de manière individuelle, pour chaque enfant
inclus dans les cohortes. Ceci est particulièrement novateur
car la majorité des études épidémiologiques après exposition
médicale diagnostique se basait sur un nombre d’examens et
non pas sur des doses individuelles à l’organe. En second lieu,
une attention particulière sera portée à la prise en compte de
l’incertitude autour de la dose, en développant une analyse
de risques avec réalisations multiples (ou ensembles) de doses
(méthode en cours de développement). Il n’en reste pas moins
que l’estimation des doses reçues pour les périodes anciennes
(p. ex. avant l’introduction des PACS) sera un point crucial de
l’étude tout comme la prise en compte des différents types de
scanners utilisés dans ces 9 pays et à différentes périodes de
temps.
Estimation de la dose et du risque radio-induit
chez les enfants ayant bénéficié d’un cathétérisme
cardiaque pour le traitement d’une maladie
congénitale
Yakoumakis E, Kostopoulou H, Makri T, Dimitriadis A, Georgiou
E, Tsalafoutas I. Estimation of radiation dose and risk to children
undergoing cardiac catheterization for the treatment of a congenital
disease using Monte Carlo simulations. Pediatr Radiol 2013;43:339-46.
Résumé
Les cardiopathies congénitales chez les enfants sont souvent
diagnostiquées et également traitées par des techniques de
cathétérisme cardiaque. Si ces techniques ont permis des
progrès incontestables dans le diagnostic et le traitement des
cardiopathies chez les enfants, elles engendrent une exposition
aux rayonnements ionisants qui peut entraîner un risque radio-
induit de cancer à long terme. Chez 53 enfants, âgés de trois mois
à 11 ans, une estimation des doses reçues lors de cathétérismes
cardiaques a été réalisée. Pour cela, ils ont été rassemblés en
trois groupes selon leur pathologie cardiaque, chacune ayant
une procédure de traitement spécifique : communication inter-
auriculaires (CIA (4) ou ASD en anglais), communication inter-
ventriculaires (CIV (5) ou VSD en anglais) et persistance du canal
artériel (CA (6) ou PDA en anglais). Les paramètres d’acquisition et
les PDS (7) (Produits Dose Surface) ont été enregistrés pour chaque
procédure de cardiologie interventionnelle réalisée. Les doses à
l’organe et les doses efficaces ont été calculées grâce au logiciel
Pathologies
69
Anses • Bulletin de veille scientifique n° 21 • Santé / Environnement / Travail • Juillet 2013