INSTITUT DE RECHERCHE ET D'ETUDES EN DROIT DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
LE PAYSAGE AUDIOVISUEL
GREC
Chronique réalisée par M. Athanasios KAMPYLIS
Faculté de droit et de science
politique d’Aix-Marseille
Master Recherche « Droit des médias »
Aix-en-Provence
2006-2007
Université Paul Cézanne
U III
1
Comme pour la plupart des autres pays, le paysage médiatique grec s’est vu
fortement influencé par l’histoire politique nationale. Le paysage audiovisuel grec
s’est considérablement transformé vers la fin des années 1980. Il est passé de deux
chaînes de télévision publiques et de quatre stations de radio publiques à 145 chaînes
de télévision privées et 1200 stations de radio privées. En outre, la commercialisation
est apparue dans l’audiovisuel ; la publicité, les programmes importés et la politique
se développe et, comme à l’étranger, les éditeurs et les autres intérêts commerciaux
envahissent le paysage audiovisuel. Depuis le milieu des années 1990, l’État s’efforce
de contrôler le secteur en fonction des besoins de l’industrie et d’harmoniser les
conditions d’exploitation du secteur dans le respect des réglementations de l’Union
européenne. Celles-ci sont prévues par la directive Télévision Sans Frontières,
particulièrement en ce qui concerne le temps de publicité, les quotas relatifs aux
programmes, la protection des mineurs et la question de la propriété des médias.
On constate que les médias grecs se développent de manière disproportionnée
par rapport à leur public et cette tendance demeure d’actualité. En effet, l’essor des
médias semble incarner une tradition en Grèce, étant donné le nombre considérable de
journaux, de chaînes de télévision, de magazines et de stations de radio pour un
marché aussi restreint. La déréglementation de l’audiovisuel et la naissance de chaînes
privées ont provoqué l’expansion des médias dans les années 1985-1990. Entre les
années 1985 et 19901, le marché de la presse écrite connut une croissance accélérée de
même que le secteur de la radio (grâce à la libéralisation des fréquences). En outre, les
chaînes privées locales et nationales se sont multipliées.
. En Grèce, la législation gouvernementale a joué un rôle décisif dans le secteur
des médias. Les réglementations nécessaires ont été prévues pour le secteur
médiatique, mais elles ont malheureusement fourni un soutien financier duquel
plusieurs entreprises sont devenues dépendantes.
1 www.tovima.gr
2
Il est vrai que l’évolution des médias grecs ne s’aligne pas avec les besoins
de l’industrie, mais il est aussi vrai que le paysage médiatique s’est bien adapté aux
tendances récentes. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que les médias grecs ont évolué
très rapidement, à l’égard de leur âge. En premier lieu, on va essayer de décrire le
paysage audiovisuel grec (I), et en deuxième lieu, on va examiner l’aspect juridique
de l’audiovisuel grec (II).
I. : Le paysage audiovisuel grec
Le paysage audiovisuel grec peut être divisé à l’ère de libéralisation (A), et
à l’évolution de ce paysage après la libéralisation (B).
A.: La libéralisation de l’audiovisuel grec.
À l’image des autres pays européens, la libéralisation du paysage audiovisuel
grec va au-delà de la suppression de certaines règles et réglementations. Elle résulte
davantage des forces internationales que nationales. En tant que membre de l’UE, la
Grèce est également influencée par les politiques et les réglementations européennes
(telles que la directive Télévision Sans Frontières) ainsi que par l’environnement
politique européen. La libéralisation du paysage audiovisuel européen a eu lieu dans
les années 1980. De ce fait, le gouvernement grec a dû faire pression pour obtenir la
levée des obstacles dans ce secteur. Par exemple, lorsque la chaîne publique (ERT) a
traduit le maire de Thessalonique en justice pour gestion illégale d’une chaîne de
télévision, elle a perdu le procès. En effet, le tribunal a jugé que le monopole de ERT
était contraire au Traité de Rome.
En Grèce, comme dans la plupart des pays européens, la libéralisation de
l’audiovisuel a commencé avec la radio. Après les élections municipales de 1986, les
maires d’Athènes, de Thessalonique et du Pirée ont annoncé leur intention de lancer
3
des stations de radio et des chaînes de télévision dans leurs villes respectives ;
''Athena 9.84 FM'', ''Kanali 1 FM'' et ''Thessalonique 100'' ont vu alors le jour,
rapidement suivies par d’autres stations locales.
Avant la libéralisation de télévision, le gouvernement avait tenté de
désamorcer la situation en annonçant son intention de libéraliser les fréquences radio.
En vertu de la Loi 1730/ 1987, les radios locales pouvaient donc dépendre : (i) des
municipalités ou des collectivités locales ou (ii) des entreprises dont les actionnaires
étaient des citoyens grecs. Cette situation s’est traduite par une hausse du nombre de
stations de radio dans les villes et, bien sûr, par la création de stations purement
commerciales.
La libéralisation de la télévision fut très similaire à celle de la radio. En
janvier 1988, le maire de Thessalonique commença à retransmettre des programmes
reçus par satellite par des chaînes étrangères en les distribuant aux fréquences UHF de
la ville. Quelques mois plus tard, le maire d’Athènes annonçait son intention de faire
la même chose. Le maire du Pirée alla plus loin en proposant une chaîne de télévision
payante par voie terrestre. C’est ainsi que la chaîne publique ERT commença à
retransmettre, ''à titre expérimental'', des chaînes par satellite par le biais de
fréquences UHF dans les grandes agglomérations grecques.
Le gouvernement prit conscience que cette expérience de la télévision par
satellite ne durerait pas éternellement aussi, alors que les élections législatives de
1989 approchaient, il annonça son intention de libéraliser le secteur de la télévision.
Peu de temps avant les élections législatives de juin 1989, le gouvernement créa un
comité parlementaire destiné à évaluer les possibilités de la télévision privée en
Grèce. Parallèlement, de nombreux intérêts privés (principalement des éditeurs et des
hommes d’affaires) se disputaient les licences d’exploitation auprès du gouvernement.
Une coalition entre les Conservateurs et la gauche annonça sa décision de
restructurer le secteur de l’audiovisuel. En effet, la nouvelle loi 1860/ 1989 autorisait
la diffusion des chaînes de télévision ''non-publiques'' et permit de créer le Conseil
national de l’Audiovisuel grec, organisme de contrôle destiné à superviser le secteur
audiovisuel.
4
La première chaîne privée fut Mega, détenue par Teletypos, un groupe
rassemblant les éditeurs les plus puissants de Grèce. Elle fut rapidement suivie par
Antenna TV, détenue par un armateur également propriétaire d’Antenna Radio. Ainsi,
au fur et à mesure, les émetteurs se sont multipliés dans tout le pays, diffusant, pour la
plupart, de façon non-réglementaire.
Les espoirs de réorganiser le paysage audiovisuel récemment libéralisé se
sont renforcés en juillet 1993, lorsque le parti conservateur au pouvoir annonça ses
décisions relatives aux licences d’exploitation télévisuelles. Les octrois de licences
furent pour le moins controversés. Des licences nationales furent octroyées à ''Mega'',
''Antenna TV'', ''New Channel'', ''Nea Teleorasis'', ''Star (Kanali 29) '' et ''Channel
Seven X''. Des licences locales furent octroyées à ''Tele City'', ''Tele Tora'' et ''Super
Hellas'' pour la région de l’Attique (Athènes), à ''TV-100'' pour la Macédoine et à
''Macedonia TV'' pour Thessalonique. Le gouvernement annonça également que le
service public ERT serait autorisé à rediffuser par voie terrestre les chaînes par
satellite ''CNN'', ''Euronews'', ''Eurosport'' et ''TV 5 Europe'', mais qu’il excluait
''Skai TV'' et ''902 TV'' pour des raisons politiques. En effet, leurs stations de radio
respectives furent très critiques à l’égard du gouvernement conservateur et de sa
politique.
La seconde vague de mesures consista à modifier la loi relative à l’organisme
de contrôle. Par ailleurs, en juillet 1994, le gouvernement décida de créer un ministère
de la Presse et des Médias. En juillet 1995, le gouvernement a adopté une nouvelle loi
concernant les médias, au titre, « Du statut juridique des chaînes de télévision privées
et des radios locales, règlement des questions liées au marché électronique et autres
décisions » (Loi 2328/ 1995). Avec cette loi, le gouvernement a tenté d’instaurer un
nouveau cadre d’activité pour la télévision privée, les radios locales et le secteur de la
publicité. La nouvelle loi sur les médias représentait une tentative d’évaluation de la
situation et de réorganisation du secteur en instaurant une série de principes
professionnels. En bref, cette loi traçait les lignes directrices pour la télévision privée,
pour les radios locales ainsi que pour les transactions du marché des médias et de la
publicité.
5
1 / 11 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !