al. ont récemment démontré l’absence de différence
signifi cative en termes de complication neurologique
entre 22 °C et 28 °C de température corporelle en cas
de perfusion cérébrale antérograde dans la chirurgie de
l’arche aortique [12]. Certains points sont cependant
importants dans cette approche: d’abord, en cas de
canulation du faux chenal, le clampage aortique peut
s’accompagner d’une hypoperfusion du vrai chenal
en l’absence de réentrée dans l’arche aortique. Ceci
peut être dépisté immédiatement par une chute de la
pression artérielle radiale droite, alors que la pression
artérielle fémorale demeure le plus souvent normale. À
ce moment, un bref arrêt circulatoire, le relâchement
du clamp et l’ouverture chirurgicale de la membrane
intimale dans l’arche en aval de celui-ci permettent de
recréer une fenestration dans l’arche en palliant
l’exclusion de la porte d’entrée située dans l’aorte
ascendante et ainsi de rétablir la perfusion souhaitée
dans le vrai chenal. Cette situation s’est présentée chez
deux de nos patients. Les suites de la procédure ainsi
que la période postopératoire n’ont pas été associées
à des complications à type de malperfusion. Ensuite,
la canulation directe oblige dans tous les cas à une
suture distale ouverte, avec ou sans remplacement de
l’arche. Cependant, ceci ne semble pas associé à une
augmentation de la morbi-mortalité comparativement
à une suture sur clamp en amont du TABC [13].
Par ailleurs, nous ne pensons pas que la canulation
endoluminale des troncs supraaortiques par des canules
à ballonnet manuel n’entraîne des lésions conséquentes
de ceux-ci.
L’approche technique que nous proposons
comporte également une cure radicale des lésions
de l’aorte ascendante avec préservation valvulaire et
réimplantation selon la technique décrite par David
et al. [7]. La prise en charge du segment 0 de l’aorte
reste objet à controverse. Certains auteurs rapportent
des résultats comparables à moyen terme entre
conservation du segment 0 avec suspension valvulaire
et intervention de Bentall [13]. D’autres notent un
risque accru de réintervention en cas de préservation
du culot [14]. D’autres enfi n retrouvent uniquement
la présence d’une insuffi sance aortique préopératoire
comme facteur de risque de réintervention [1]. Nous
avons pris l’option de systématiquement procéder à
un remplacement complet de la racine aortique en
cas d’extension de la dissection à la racine, même
en l’absence de dilatation du segment 0 et 1 ou
d’insuffi sance aortique [15]. Les contrôles per- et
postopératoires n’ont pas retrouvé de fuite aortique
résiduelle, et l’anticoagulation qui va de pair avec
l’implantation d’un tube valvé mécanique est évitée.
Dans la prise en charge globale de nos patients, le
scanner préopératoire joue un rôle majeur à plusieurs
titres. D’abord, il permet dans certains cas de confi rmer
un doute diagnostique échographique. Ensuite, il
permet de localiser le trajet du faux chenal sur l’aorte
ascendante et ainsi de guider le positionnement de la
canulation aortique, le plus souvent dans la concavité
de l’aorte, à la jonction entre le segment ascendant
et transverse. Puis il permet de rechercher des signes
latents de malperfusion associés à la dissection. Enfi n,
le scanner haute résolution nous permet depuis peu de
rechercher une coronaropathie localisée sur les premiers
segments des artères coronaires et ainsi permettre
d’avoir une idée, même imparfaite, de l’existence de
potentielles lésions coronariennes [16]. Le problème
demeure cependant en cas de scanner réalisé en dehors
de notre établissement et ne permettant pas d’avoir
la défi nition requise pour les coronaires. Ce fut le cas
pour le patient décédé en postopératoire suite à un
infarctus et pour la patiente qui a nécessité un pontage
de l’artère coronaire droite.
La canulation aortique directe dans la dissection aiguë
de l’aorte de type A semble être une voie possible et
fi able de perfusion artérielle. Elle permet de maintenir
un fl ux antérograde, et sa réalisation ne semble pas
associée à une surmorbidité propre. Néanmoins, elle
présente le désavantage de nécessiter systématiquement
une anastomose distale ouverte (avec ou sans perfusion
cérébrale), et ne peut pas être utilisée dans le cas de
l’urgence hémodynamique absolue.
Notes
a. Aortic perfusion cannula, 20Fr, Edwards Lifescience,
Ca, USA.
b. Double Stage 34-51 venous cannula, Medtronic
DLP, Mi, USA.
c. Left vent catheter Ch. 13, Medtronic DLP, Mi,
USA.
d. Celsior™, Sangstat Medical.
e. Hemashield Platinium, Boston Scientifi c, NJ,
USA.
f. Retrograde sinus coronary perfusion cannula Ch.
15, Medtronic DLP, Mi, USA.
5. Références
1. Kirsch M., Soustelle C., Houel R., Hillion M.L.,
Thebert D., Alimoussa B., Loisance D. “Longterm
results of surgery for type A acute aortic dissection”.
Arch. Mal. Coeur Vaiss., 2001 ; 94 : 1373-80.
2. Trimarchi S., Nienaber C.A., Rampoldi V., et al.,
International Registry of Acute Aortic Dissection
Investigators. Contemporary results of surgery in
Dissection aortique et canulation directe
F. Farhat et Coll.
Chirurgie Cardiaque
86 Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2007 ; 11 : 82-87