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N. B, D. S-F, P. A & A. M
carrés, dont 143 carrés ont été prospectés entre 1986 et 2006 ce
qui correspond à 48 % de la superfi cie totale du Rif.
Vulnérabilité régionale
L’analyse du degré de vulnérabilité a été appliquée aux 164
espèces de coléoptères aquatiques capturées dans les diff érents
habitats aquatiques prospectés dans le Rif. De cette analyse
ont été exclues les 26 espèces citées dans la littérature et non
retrouvées lors de nos prospections et ce, à cause du manque
de données exhaustives sur les localités de captures permettant
l’application de cette analyse.
Pour assigner une valeur de vulnérabilité à chacune des espèces
de coléoptères aquatiques capturées dans le Rif, 6 critères
équivalents, ayant chacun une valeur variant entre 0 et 3, ont
été retenus. Les six critères utilisés pour valoriser la vulnérabilité
à l’échelle régionale sont la distribution générale (DG),
l’endémisme (E), la rareté (R), la persistance (P), la rareté de
l’habitat (RH), et la perte de l’habitat (PH) (tab. 1).
La distribution générale (DG). Pour regrouper les coléoptères
aquatiques du Rif selon leur aire de distribution, on a suivi le
modèle adopté pour les coléoptères aquatiques de la péninsule
Ibérique (Ribera et al. 1998 ; Millán et al. 2002), tout en
introduisant les modifi cations nécessaires pour l’adapter à la
faune marocaine. Ainsi, les coléoptères aquatiques du Maroc
peuvent être groupés selon 4 types de distribution : - Trans-
maghrébine (T), espèces se répartissant au nord et/ou au sud du
Maghreb ; - Maghrébo -éthiopienne (ME), espèces de diff usion
éthiopienne atteignant le Maghreb au nord ; - Disjointe de
type méditerranéenne (DM), espèces présentes dans quelques
régions du Maghreb, au centre, à l’Est de la Méditerranée et /
ou dans quelques îles méditerranéennes ; - Endémique au sens
large (X), dans cette catégorie sont considérés les endémiques
maghrébins, marocains et ibéro-maghrébins au sens de
Berthélemy & Whytton de la Terra (1980).
La valeur la plus élevée est attribuée à la distribution la plus
restreinte, de telle sorte que les endémiques comptent 3 points ;
les espèces disjointes considérées de distribution discontinue 2
points ; les maghrébo- éthiopiennes 1 point et enfi n les trans-
maghrébines de distribution plus ample ne sont pas chiff rées
(0 point).
Endémisme (E). Pour les espèces dont l’aire de distribution est
limitée au nord de l’Afrique ou au domaine ibéro-maghrébin,
on a établi 3 valeurs diff érentes afi n de favoriser les espèces à
distribution très restreinte : - Endémiques nord africaines,
espèces ayant une large répartition dans le nord de l’Afrique ;
- Endémiques maghrébines ou ibéro- maghrébines, espèces
présentes soit dans les trois pays du Maghreb, soit au Maroc
et dans un des deux autres pays seulement, soit encore espèces
présentes au Maroc seulement et dans certaines régions de la
péninsule ibérique avec parfois extension aux îles Canaries ou
dans certaines îles de la Méditerranée occidentale ; -Endémiques
marocaines, espèces endémiques dont la distribution est limitée
aux diff érents domaines biogéographiques du pays (les trois
chaînes de l’Atlas, le domaine oriental, le domaine des Hauts
plateaux et le domaine atlantique) ; - Endémiques rifaines,
espèces exclusives au Rif.
Rareté (R). Les espèces de distribution géographique restreinte
et associées à un spectre d’habitat très étroit, en plus d’être
représentées par un nombre d’individus très réduit, sont en
général les plus vulnérables (Sánchez Fernández et al, 2005).
Ainsi, la rareté d’une espèce est déterminée par la combinaison
de ces trois facteurs : distribution géographique restreinte,
populations locales peu abondantes et spécifi cité de l’habitat.
La répartition régionale des espèces est évaluée selon le nombre
de carrés (10 km de côté, soit 100 km2) qu’elles occupent. Les
espèces sont considérées comme ayant une occupation restreinte
quand elles ne sont recensées que dans un maximum de 3
carrés. La rareté démographique d’une espèce est évaluée selon
le nombre d’individus capturés. Une population est considérée
comme rare quand le nombre d’individus capturés ne dépasse
jamais 3. Enfi n, la spécifi cité d’habitat d’une espèce est haute
lorsqu’elle n’apparaît que dans un ou deux habitats types. Pour
cela, les localités prospectées sont regroupées en 13 habitats
aquatiques types (tab. 2) en suivant la typologie établie pour
le sud-est de la péninsule ibérique (Millán et al. 1996, 2002) et
adaptée aux habitats aquatiques rifains (Bennas et al. 2005).
Persistance (P). La persistance des espèces dans l’aire d’étude
est exprimée par le temps écoulé après leurs dernières captures
dans le Rif. Ainsi, les espèces régulièrement capturées ne sont
pas chiff rées. Pour assigner à chacune des espèces une valeur de
persistance (P) dans le temps, la période de prospection d’une
durée de vingt ans approximativement a été divisée en quatre
intervalles chiff rés de 0 à 3 en allant du plus récent au plus
ancien.
Rareté de l’habitat (HR). Certains habitats types sont plus
rares que les autres, ainsi les espèces liées à des habitats rares
auront une plus forte probabilité de disparaître que celles
habitant des habitats aquatiques plus communs. La rareté de
chaque type d’habitat est exprimée par le nombre de carrés
UTM (10 km) dans lesquels apparaît cet habitat. La rareté
de l’habitat contribue à la vulnérabilité des espèces ayant une
haute spécifi cité d’habitat (tab. 1). Pour cela, ce critère a été
considéré pour les espèces qui apparaissent dans un maximum
de 2 habitats types. La valeur octroyée à chaque espèce est
obtenue en réalisant la somme de la valeur de rareté de chaque
habitat type (tab. 2) et en divisant par le nombre des habitats
où apparaît l’espèce.
Perte de l’Habitat (HL). La fragmentation ou la perte de
l’habitat aura une infl uence directe sur le degré de vulnérabilité
des espèces. Ainsi, les impacts que subissent les habitats types
sont inventoriés et regroupés en quatre catégories (Abellán et al.
2005 a, 2005b, 2005c; Sánchez Fernández et al. 2003, 2004a,
Tableau 2. Habitats types aquatiques et leur valeur de rareté dans le Rif
Code Habitat types Nombre de
carrés Valeur de
rareté
1 Oued: Cours supérieur 50 0
2 Oued: Cours moyen 80 0
3 Oued: Cours inférieur 12 0
4 Source naturelle 21 0
5 Source captée 18 1
6 Cours d’eau salé 3 2
7 Tourbière 2 3
8 Mare (Daya) 23 0
9 Marais (Merja) 5 2
10 Abreuvoir 4 2
11 Barrage 2 3
12 Canal d’irrigation (Seguia) 19 1
13 Puit 5 2