Ann. soc. entomol. Fr. (n.s.), 2009, 45 (3) : 309-320 ARTICLE Analyse de la vulnérabilité des coléoptères aquatiques dans la rive sud méditerranéenne : cas du Rif Marocain Nard Bennas (1), David Sánchez-Fernández (2), Pedro Abellán (2) & Andrés Millán (2) (1) Département de Biologie, Laboratoire « Diversité et Conservation des Systèmes Biologiques ». Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan (Maroc) (2) Departamento de Ecología e Hidrología, Facultad de Biología, Universidad de Murcia; Murcia (España) Abstract. Analysis of the vulnerability of the aquatic beetles in the South Mediterranean side: the case of the Rif region (Morocco). There is a widespread agreement that rates of biodiversity loss are greater in freshwater systems than in other ecosystems. To be able to protect adequately the freshwater biodiversity, it is crucial to know what species and habitats require greater conservation effort. In this study, we identify the most threatened species of water beetles from the Rif (North of Morocco) using a categorization system to rank species according to their conservation priority or vulnerability. Haliplus andalusicus, Metaporus meridionalis, Hydrochus obtusicollis, Hydrochus tariqi, Limnebius mesatlanticus, Ochthebius atriceps, O. extraneus, and O. lanarotis were the most threatened species, for which reason they should be proposed to be included in a future Rif red list. Furthermore, Hydrochus obtusicollis and Ochthebius lanarotis are proposed for inclusion in the IUCN red list as “En danger”. Both species are Moroccan endemic, with geographic ranges restricted to the Rif in the case of the first species, and threatened by habitat loss. Effective protection of these species requires measures directed at the conservation of their habitats. Crucial target habitats for protection in the Rif include springs, headwater streams, middle reach stream, saline streams, marshlands and peat bogs. Résumé. La perte de la biodiversité est plus accentuée dans les écosystèmes aquatiques continentaux que dans les autres types d‘écosystèmes. L’élaboration d’une stratégie de conservation adéquate de la biodiversité aquatique s’avère donc cruciale. Elle doit cependant être basée sur l’identification des espèces et des habitats nécessitant un plus grand effort de conservation. Dans ce travail, les espèces les plus menacées des coléoptères aquatiques du Rif (Nord du Maroc) sont identifiées en utilisant un système de catégorisation pour classer les espèces selon leur priorité de conservation ou leur degré de vulnérabilité. Haliplus andalusicus, Metaporus meridionalis, Hydrochus obtusicollis, Hydrochus tariqi, Limnebius mesatlanticus, Ochthebius atriceps, Ochthebius extraneus et Ochthebius lanarotis présentent une haute vulnérabilité à une échelle régionale et méritent d’être inscrites sur la future liste rouge des espèces menacées du Rif. Parmi ces espèces Hydrochus obtusicollis et Ochthebius lanarotis sont proposées pour qu’elles soient inscrites, sur la liste rouge IUCN dans la catégorie “Endangered”. Il s’agit de deux espèces endémiques du Maroc, de distribution très restreinte, la première exclusive du Rif, et leurs habitats souffrent de plusieurs impacts. L’état de conservation de ces espèces nécessite que des mesures urgentes soient prises, pour la protection de leurs habitats. Les actions de préservation doivent inclure les habitats aquatiques du Rif comme les sources, les cours supérieurs et moyens des oueds, les cours d’eau salés, les marais et les tourbières. Keywords: Water beetles; Biodiversity; Conservation priorities; Vulnerability; Morocco. L e Maroc fait partie de l’une des 25 zones prioritaires de conservation à l’échelle mondiale (Myers et al. 2000). Il est déjà engagé dans les programmes internationaux de la protection et de la conservation de la nature et compte actuellement pas moins de 160 SIBES « Sites d’Intérêt Ecologique et Biologique ». Le Rif, seule chaîne montagneuse du Maroc issue de l’orogenèse alpine, avec sa façade maritime qui s’ouvre à la fois sur la Méditerranée et sur l’océan Atlantique, est une entité géographique dont l’originalité relève aussi bien de sa géologie, de son climat, et de sa grande E-mail: [email protected], [email protected] Accepté le 29 juin 2009 variété de paysages que de ses peuplements végétaux et animaux. Ses singularités exceptionnelles unies à ses antécédents paléogéographiques et sa proximité de la Péninsule Ibérique, font du Rif une entité bien individualisée par rapport au reste du Maroc. Le Rif héberge à lui seul plus de 15% des espaces protégés du Maroc, et ce bien qu’il ne constitue que 3,9 % de la superficie totale du pays. En outre, parmi les aires protégées du Rif, 8 se trouvent incluses dans la première Réserve de Biosphère Intercontinentale de la Méditerranée, Espagne/Maroc. En termes d’habitats aquatiques, le Rif possède une grande diversité d’écosystèmes aquatiques, dont certains révèlent une originalité incontestable à l’échelle nationale. Les insectes constituent le groupe le plus important 309 N. Bennas, D. Sánchez-Fernández, P. Abellán & A. Millán en terme de diversité et d’abondance (Samways 2005) ; toutefois, des prévisions estiment que durant les trois prochaines centenaires, près du quart seront sujets à une extinction (McKinney 1999). Il n’existe cependant aucun texte législatif faisant référence à la protection des insectes tant à l’échelle nationale qu’africaine. Le Maroc ne dispose également pas d’une liste rouge d’espèces menacées. De plus, les moyens disponibles pour la conservation des espèces restent toujours insuffisants, notamment dans le cas des insectes. Il faut donc assigner des priorités de conservation et identifier les espèces qui nécessitent des mesures urgentes de protection et de conservation. Dans le cas des insectes, le seul travail disponible dans ce sens, est un rapport édité par le Ministère de l’Environnement (Dakki 1997 http://www.biodiv.be/ maroc), sous forme d’inventaires faunistiques basés sur des recompilations bibliographiques de l’ensemble de la biodiversité aquatique du Maroc et qui est clôturé par une proposition d’une liste d’espèces menacées à l’échelle nationale. La catégorisation des espèces a été basée surtout sur l’endémisme, la rareté et le degré de menaces. Toutefois, la classification des degrés de menaces, devrait être basée sur des critères quantitatifs reflétant le risque d’extinction des populations, comme l’analyse de viabilité des populations (AVP) (Mace & Lande 1991 ; Reed et al. 2002). Néanmoins, en l’état actuel des connaissances, les études de viabilité des populations des espèces de coléoptères aquatiques notamment, sont difficilement réalisables (SánchezFernández et al. 2004a), étant donné qu’elles se basent essentiellement sur le nombre total d’individus des populations, critère qui est parfois difficilement quantifiable. L’union internationale de la conservation de la nature (IUCN) a défini des catégories rigoureuses pour classer les espèces selon leur probabilité d’extinction dans le temps (IUCN 2001). Ces catégories sont reconnues à l’échelle internationale et elles sont la base de la liste rouge des animaux menacés. Sur cette liste, les insectes sont malheureusement très peu représentés (http://www.iucnredlist.org/). Dans le cas du Maroc par exemple, il importe de souligner que parmi les 1200 espèces d’insectes aquatiques recensés (Dakki 1997 http://www.biodiv.be/maroc), seulement un coléoptère aquatique (Acilius duvergeri Gober 1874) et trois odonates, figurent sur cette liste. Ce déficit, pourrait être la conséquence du fait que Figure 1 Aire d’étude et localisation des stations prospectées. Échelle: 1 carré = 10 km de côté. Les amorces donnent les coordonnées sphériques en degrés. Le quadrillage représente la trame UTM. Le lettrage représente les désignations MGRS des carrés de 100km de côté. 310 Vulnérabilité des coléoptères aquatiques du Rif certains critères IUCN sont difficilement applicables aux insectes, surtout à cause de la difficulté des quantifications des populations. Afin de pouvoir inscrire des espèces selon les catégories des listes rouges régionales, nationales ou internationales, la méthodologie la plus adéquate à appliquer, pour assigner des priorités de conservation des espèces doit s’approcher de celle adoptée par l’IUCN, tout en considérant des critères applicables aux insectes (Millsap et al. 1990, Mace & Lande 1991). Cette méthodologie, doit être basée d’une part sur la combinaison d’un certain nombre de critères et d’autre part sur un système de classement, similaire à celui adopté par l’IUCN (Millsap et al. 1990, Mace & Lande 1991). La méthodologie proposée par Abellán et al. (2005a, 2005b) et appliquée avec succès sur ce groupe d’insectes au sud-est de la péninsule Ibérique (Abellán et al., 2005b, 2005c ; Sánchez-Fernández et al., 2003, 2004a, 2005, 2008 a) et dans d’autres pays (Nardi 2004 ; Stojanovic & Karaman 2006) répond à ces conditions, et elle se base sur la combinaison de 6 critères considérés comme déterminants de la vulnérabilité des espèces de coléoptères aquatiques. Certaines espèces jugées comme hautement vulnérables sont actuellement inscrites sur les listes des espèces menacées de l’Espagne (Verdù & Galante 2006) et de l’Andalousie (Sánchez-Fernández et al. 2008 a ; 2008 b). Afin de combler ces lacunes et contribuer à la mise en place d’une première liste rouge d’insectes aquatiques au Maroc, l’objectif de ce travail, est d’analyser le degré de vulnérabilité des coléoptères aquatiques du Rif marocain. Vingt ans d’intenses prospections dans les différents écosystèmes aquatiques du Rif, dans le but de contribuer à l’étude de ce groupe d’insectes (Bennas et al. 1992, 2001, 2005, 2007, 2008; Bennas 2002 ; Bennas & Sáinz-Cantero 2001, 2006, 2007 ; SáinzCantero & Bennas 2006), nous a permis de recueillir un bagage important et suffisant pour quantifier la probabilité de disparition des espèces à l’échelle régionale, nationale et internationale. Matériel & Méthodes Aire d’étude Le domaine rifain, situé dans la partie la plus septentrionale du Maroc, occupe à peu près 90 km dans le sens nord –sud et 340 km de l’ouest à l’est (30.000 km2 ). La limite méridionale suit le tracé capricieux des cours d’eau de Ouerrha et de Msoun qui débouchent dans l’oued Moulouya (fig. 1). Ce fleuve constitue la limite Est de l’aire d’étude. Le détroit de Gibraltar, la mer Méditerranée et l’océan Atlantique bordent respectivement les limites nord et ouest. Dans sa partie occidentale et centrale, la chaîne montagneuse du Rif culmine à 2452 m, d’où partent la plupart des réseaux hydrographiques. Elle est caractérisée par un large éventail de bioclimats allant du semi-aride sur la côte méditerranéenne au perhumide au niveau des hautes montagnes du Rif central et occidental. Dans sa partie orientale, se trouve la basse vallée de la Moulouya ; cette dernière, quoique côtoyant la Méditerranée, s’inscrit dans les zones bioclimatiques arides et semi-arides (Benabid 1982). Le découpage de la zone d’étude en carrés (10 x10 km) de la trame du réseau Européen U.T.M a donné un total de 300 Tableau 1. Critères utilisés pour évaluer la vulnérabilité à l’échelle régionale des coléoptères du Rif. Variables Distribution générale Valeur 0 Trans-maghrébine Endémisme Nord Africain Rareté (R) régionale, nationale et internationale Aucun des critères suivants. -Distribution restreinte (maximum de 2 carrés 10 x 10 km, ou 2 provinces). -Rareté démographique (3 ou moins de 3 individus dans tous les captures). -Haute spécificité d’habitat (maximum de 2 habitats types) Dernière capture après 2001 Persistance Rareté de l’habitat Perte de l’habitat Valeurs de rareté de l’habitat type (moyenne) entre 0 et 0,75. Valeur de vulnérabilité des habitats types (moyenne) entre 0 et 1. 1 Maghrébo –éthiopienne Maghrébin ou Ibéromaghrébin Un des critères sus mentionnés. Dernière capture entre 1996–2000 Valeurs de rareté de l’habitat type (moyenne) entre >0,75 et 1,5 Valeurs de rareté de l’habitat type (moyenne) entre >1 et 2. 2 Disjointe de type méditerranéenne Marocain 3 Endémique au sens large Rifain 2 des critères sus mentionnés. 3 des critères sus mentionnés. Dernière capture entre 19911995 Valeurs de rareté de l’habitat type (moyenne) entre >1,5 et 2,25 Valeurs de rareté de l’habitat type (moyenne) entre > 2 et 3. Dernière capture avant 1990 Valeurs de rareté de l’habitat type (moyenne) entre >2,25 et 3 Valeurs de rareté de l’habitat type (moyenne) entre > 3 et 4. 311 N. Bennas, D. Sánchez-Fernández, P. Abellán & A. Millán carrés, dont 143 carrés ont été prospectés entre 1986 et 2006 ce qui correspond à 48 % de la superficie totale du Rif. Vulnérabilité régionale L’analyse du degré de vulnérabilité a été appliquée aux 164 espèces de coléoptères aquatiques capturées dans les différents habitats aquatiques prospectés dans le Rif. De cette analyse ont été exclues les 26 espèces citées dans la littérature et non retrouvées lors de nos prospections et ce, à cause du manque de données exhaustives sur les localités de captures permettant l’application de cette analyse. Pour assigner une valeur de vulnérabilité à chacune des espèces de coléoptères aquatiques capturées dans le Rif, 6 critères équivalents, ayant chacun une valeur variant entre 0 et 3, ont été retenus. Les six critères utilisés pour valoriser la vulnérabilité à l’échelle régionale sont la distribution générale (DG), l’endémisme (E), la rareté (R), la persistance (P), la rareté de l’habitat (RH), et la perte de l’habitat (PH) (tab. 1). La distribution générale (DG). Pour regrouper les coléoptères aquatiques du Rif selon leur aire de distribution, on a suivi le modèle adopté pour les coléoptères aquatiques de la péninsule Ibérique (Ribera et al. 1998 ; Millán et al. 2002), tout en introduisant les modifications nécessaires pour l’adapter à la faune marocaine. Ainsi, les coléoptères aquatiques du Maroc peuvent être groupés selon 4 types de distribution : - Transmaghrébine (T), espèces se répartissant au nord et/ou au sud du Maghreb ; - Maghrébo -éthiopienne (ME), espèces de diffusion éthiopienne atteignant le Maghreb au nord ; - Disjointe de type méditerranéenne (DM), espèces présentes dans quelques régions du Maghreb, au centre, à l’Est de la Méditerranée et / ou dans quelques îles méditerranéennes ; - Endémique au sens large (X), dans cette catégorie sont considérés les endémiques maghrébins, marocains et ibéro-maghrébins au sens de Berthélemy & Whytton de la Terra (1980). La valeur la plus élevée est attribuée à la distribution la plus restreinte, de telle sorte que les endémiques comptent 3 points ; les espèces disjointes considérées de distribution discontinue 2 points ; les maghrébo- éthiopiennes 1 point et enfin les transmaghrébines de distribution plus ample ne sont pas chiffrées (0 point). Tableau 2. Habitats types aquatiques et leur valeur de rareté dans le Rif Code 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 312 Habitat types Oued: Cours supérieur Oued: Cours moyen Oued: Cours inférieur Source naturelle Source captée Cours d’eau salé Tourbière Mare (Daya) Marais (Merja) Abreuvoir Barrage Canal d’irrigation (Seguia) Puit Nombre de carrés 50 80 12 21 18 3 2 23 5 4 2 19 5 Valeur de rareté 0 0 0 0 1 2 3 0 2 2 3 1 2 Endémisme (E). Pour les espèces dont l’aire de distribution est limitée au nord de l’Afrique ou au domaine ibéro-maghrébin, on a établi 3 valeurs différentes afin de favoriser les espèces à distribution très restreinte : - Endémiques nord africaines, espèces ayant une large répartition dans le nord de l’Afrique ; - Endémiques maghrébines ou ibéro- maghrébines, espèces présentes soit dans les trois pays du Maghreb, soit au Maroc et dans un des deux autres pays seulement, soit encore espèces présentes au Maroc seulement et dans certaines régions de la péninsule ibérique avec parfois extension aux îles Canaries ou dans certaines îles de la Méditerranée occidentale ; -Endémiques marocaines, espèces endémiques dont la distribution est limitée aux différents domaines biogéographiques du pays (les trois chaînes de l’Atlas, le domaine oriental, le domaine des Hauts plateaux et le domaine atlantique) ; - Endémiques rifaines, espèces exclusives au Rif. Rareté (R). Les espèces de distribution géographique restreinte et associées à un spectre d’habitat très étroit, en plus d’être représentées par un nombre d’individus très réduit, sont en général les plus vulnérables (Sánchez Fernández et al, 2005). Ainsi, la rareté d’une espèce est déterminée par la combinaison de ces trois facteurs : distribution géographique restreinte, populations locales peu abondantes et spécificité de l’habitat. La répartition régionale des espèces est évaluée selon le nombre de carrés (10 km de côté, soit 100 km2) qu’elles occupent. Les espèces sont considérées comme ayant une occupation restreinte quand elles ne sont recensées que dans un maximum de 3 carrés. La rareté démographique d’une espèce est évaluée selon le nombre d’individus capturés. Une population est considérée comme rare quand le nombre d’individus capturés ne dépasse jamais 3. Enfin, la spécificité d’habitat d’une espèce est haute lorsqu’elle n’apparaît que dans un ou deux habitats types. Pour cela, les localités prospectées sont regroupées en 13 habitats aquatiques types (tab. 2) en suivant la typologie établie pour le sud-est de la péninsule ibérique (Millán et al. 1996, 2002) et adaptée aux habitats aquatiques rifains (Bennas et al. 2005). Persistance (P). La persistance des espèces dans l’aire d’étude est exprimée par le temps écoulé après leurs dernières captures dans le Rif. Ainsi, les espèces régulièrement capturées ne sont pas chiffrées. Pour assigner à chacune des espèces une valeur de persistance (P) dans le temps, la période de prospection d’une durée de vingt ans approximativement a été divisée en quatre intervalles chiffrés de 0 à 3 en allant du plus récent au plus ancien. Rareté de l’habitat (HR). Certains habitats types sont plus rares que les autres, ainsi les espèces liées à des habitats rares auront une plus forte probabilité de disparaître que celles habitant des habitats aquatiques plus communs. La rareté de chaque type d’habitat est exprimée par le nombre de carrés UTM (10 km) dans lesquels apparaît cet habitat. La rareté de l’habitat contribue à la vulnérabilité des espèces ayant une haute spécificité d’habitat (tab. 1). Pour cela, ce critère a été considéré pour les espèces qui apparaissent dans un maximum de 2 habitats types. La valeur octroyée à chaque espèce est obtenue en réalisant la somme de la valeur de rareté de chaque habitat type (tab. 2) et en divisant par le nombre des habitats où apparaît l’espèce. Perte de l’Habitat (HL). La fragmentation ou la perte de l’habitat aura une influence directe sur le degré de vulnérabilité des espèces. Ainsi, les impacts que subissent les habitats types sont inventoriés et regroupés en quatre catégories (Abellán et al. 2005 a, 2005b, 2005c; Sánchez Fernández et al. 2003, 2004a, Vulnérabilité des coléoptères aquatiques du Rif Tableau 3. Valeurs de vulnérabilité des habitas types dans l’aire d’étude Infrastructures Agriculture Rejets Autres Valeur de vulnérabilité Oued cours supérieur 0 0 0 1 1 Oued cours moyen 1 1 0 1 3 Oued cours inférieur 1 1 1 1 4 Source 0 0 0 1 1 Source captée 0 1 0 1 2 Cours d’eau salé 0 1 0 1 2 Tourbière 0 1 0 1 2 Daya 0 0 0 1 1 Marais 1 1 1 1 4 2005, 2008 a) : - A. Infrastructures, dans cette catégorie sont réunies toutes sortes d’impacts causant une altération du cours principal ou des plaines d’inondation, comme les barrages, les ponts, les déviations de l’eau par canalisation, la proximité des centres urbains, l’extraction du sable ou du gravier, etc. ; - B. Agricoles, les impacts qui dérivent de l’activité agricole, comme le détournement des cours d’eau, le captage des sources, le pompage des eaux, en plus des pollutions diffuses par les fertilisants et les pesticides ; - C. Rejets, ce sont essentiellement les rejets urbains et industriels ; - D. Autres impacts, cette catégorie englobe les impacts causés par le pâturage, l’avifaune aquatique, les activités touristiques et la présence d’espèces allochtones. On a considéré qu’un impact déterminé ne menace un habitat aquatique type que si un nombre considérable de milieux aquatiques (plus de la moitié) de la zone d’étude sont sous l’influence de cet impact. Le nombre de menaces qui pèsent sur chacun des habitats types est évalué à partir de la somme des différents impacts A, B, C et D agissant sur chacun d’eux (tab. 3). L’étape suivante consiste à associer les menaces de chaque habitat avec les espèces, en fonction des types d’habitats abritant chacune des espèces. Cette relation dénommée perte de l’habitat n’a pas été considérée pour les habitats artificiels comme les canaux d’irrigation, les abreuvoirs, etc. étant donné qu’il s’agit d’habitats crées par l’homme. En outre, les espèces retenues sont celles qui colonisent un maximum de 2 habitats types différents. Vulnérabilité nationale et internationale L’évaluation du degré de vulnérabilité, des coléoptères aquatiques, à une échelle nationale et internationale, a été considérée uniquement pour les 15 espèces endémiques capturées dans le Rif. Le calcul de la vulnérabilité est basé sur les mêmes critères utilisés pour l’évaluation de la vulnérabilité régionale ; toutefois certains ont été modifiés en vue de leur accommodation à un contexte national et global. Ainsi les données utilisées concernant les espèces relèvent de l’ensemble des populations de ces taxons et ont été tirées des travaux figurant dans le tableau 4. Les critères de distribution générale et de l’endémisme maintiennent les mêmes valeurs adoptées pour la vulnérabilité régionale. Toutefois, les autres critères ont été modifiés en vue Tableau 4. Données et références bibliographiques utilisées pour définir les valeurs du critère rareté (Nombre de provinces, abondance relative et habitat type préféré) et du critère persistance (dernière capture) des espèces endémiques capturées dans l’aire d’étude. Nb. provinces Abondance relative sup. à 3 Habitat type préféré Dernière capture Ochthebius (Ochthebius) lanarotis Ferro 1985 2 Non 6 2006 Capture personnelle Hydrochus obtusicollis Fairmaire 1877 3 oui 4,7 2006 Capture personnelle Limnebius mesatlanticus Thery 1939 3 oui 1 1999 Bennas et al., 2001 Taxon Référence bibliographique Limnebius kamali Sáinz-Cantero & Bennas 2006 2 Non 1,4 2006 Capture personnelle Deronectes theryi (Peyerimhoff 1925) 4 Non 1 2006 Capture personnelle Esolus filum (Fairmaire 1870) 3 Non 1 1999 Bennas & Sáinz-Cantero 2007 Laccobius (Ortholaccobius) pommayi Bedel 1881 3 Non 2,6 2006 Capture personnelle Normandia substriata (Grouvelle 1889) 4 oui 1 2006 Capture personnelle Normandia villosocostata (Reiche 1879) 7 oui 1 1999 Chavanon et al., 2005 Hydraena (Hydraena) africana Kuwert 1888 7 Non 1,2,4,8 2006 Capture personnelle 313 N. Bennas, D. Sánchez-Fernández, P. Abellán & A. Millán sont groupées dans 4 classes d’intervalles de valeurs, lesquels vont de 0 à 18: maximale, haute, moyenne et faible (Tab. 5). Tableau 5. Classe de vulnérabilité, VV : valeur de vulnérabilité. VV 0–4 5–8 9–13 14–18 Classe Faible Moyenne Haute Maximale Résultats et discussion Parmi les 164 espèces de coléoptères aquatiques capturées dans le Rif et analysées, 72 % présentent un degré de vulnérabilité faible à l’échelle régionale, 23 % un degré de vulnérabilité moyen et uniquement 5 % un haut degré de vulnérabilité à l’échelle du Rif. Aucune espèce ne présente une vulnérabilité maximale. Les espèces considérées comme vulnérables dans le Rif sont les huit espèces présentant une haute vulnérabilité (tab. 6). La moitié sont des Hydraenidae, l’autre moitié représentent les familles des Hydrochidae avec deux espèces, les Dytiscidae et les Haliplidae avec une espèce chacune. Ces espèces méritent d’être incluses dans le futur catalogue des invertébrés menacés du nord du Maroc. Les habitats naturels types les plus rares dans le Rif, sont les marais, les tourbières et les cours d’eau salés. Les deux premiers sont également les plus menacés (tab. 3) (Reille 1977, Bayed & Chaouti 2005 ; Chaouti & Bayed 2005). Le degré de vulnérabilité nationale et internationale des 15 espèces endémiques du Maghreb, obtenu en appliquant les 6 critères de vulnérabilité, est représenté dans les tableaux 7 et 8. Les espèces les plus vulnérables peuplent principalement les cours supérieurs et moyens des oueds. Dans une moindre mesure, les autres habitats concernés sont les sources, les tourbières et les cours d’eau salés. Parmi ces habitats, les plus rares à l’échelle nationale sont les tourbières et les cours d’eau salés (Margat 1961 ; Reille 1977). A l’échelle internationale, ce sont les cours d’eau salés qui constituent l’habitat le plus rare (Moreno et al. 1996, 1997). Les tourbières constituent un habitat peu commun dans le domaine paléarctique occidental, notamment dans sa partie méridionale (péninsule de leur adaptation à un cadre géographique plus ample. Le critère de rareté (R) des espèces, basé sur la combinaison de la rareté d’occupation, de la rareté démographique et de la spécificité d’habitat, est évalué à l’échelle nationale ou aussi dans l’ensemble de son aire de répartition. Une espèce présente la rareté d’occupation quand elle n’est recensée que dans un maximum de 2 provinces marocaines. Elle présente une rareté démographique, lorsqu’il n’existe pas de capture de plus de trois individus dans toutes les citations bibliographiques mentionnant l’espèce. Enfin, l’espèce présente une spécificité d’habitat, lorsqu’elle n’apparaît que dans deux habitats types. La combinaison de ces trois types de rareté permet d’octroyer une valeur de 0 à 3 à chacune des espèces considérées. La persistance (P) : elle est calculée sur la base des mêmes critères utilisés pour la vulnérabilité régionale des espèces mais dans ce cas, on se réfère à la dernière citation de l’espèce dans l’ensemble de son aire de répartition. La rareté de l’habitat (HR) : la rareté ou la singularité de l’habitat à l’échelle nationale ou globale, selon qu’il s’agit respectivement d’une évaluation de vulnérabilité nationale ou internationale, a été évaluée à partir des données bibliographiques et de l’expérience des auteurs. La valeur de la rareté des habitats oscille entre 0 et 3, selon qu’il s’agit d’un habitat très commun (0), assez commun (1), assez rare (2) ou très rare (3). Pour chacune des espèces, la valeur de rareté de l’habitat sera la moyenne des valeurs de rareté des habitats où elle apparaît. Les valeurs obtenues sont groupées dans 4 intervalles de valeurs, chiffrés de 0 à 3. La perte de l’habitat (HL) désigne le degré de menace de l’habitat à l’échelle nationale ou globale, selon qu’il s’agit respectivement d’une évaluation de vulnérabilité nationale ou internationale. L’espèce reçoit une valeur de 0 à 3 selon le degré de menace de son habitat. Les valeurs de vulnérabilité régionale, nationale et internationale Tableau 6. Coléoptères aquatiques hautement vulnérables à l’échelle du Rif. DG : Distribution Générale ; E : Endémisme ; R : Rareté ; P : Persistance ; RH : Rareté de l’habitat ; PH : Perte de l’habitat ; DV : Degré de vulnérabilité. Ochthebius (Ochthebius) lanarotis Ferro 1985 Hydrochus obtusicollis Fairmaire 1877 Hydrochus tariqi Ribera, Hernando & Aguilera 1999 Limnebius mesatlanticus Thery 1939 Limnebius extraenus d’Orchymont 1938 Ochthebius atriceps Fairmaire 1879 Haliplus (Liaphlus) andalusicus Wehncke 1874 Metaporus meridionalis (Aube 1836) 314 DG 3 3 3 3 3 3 0 0 E 2 3 1 2 1 1 0 0 R 2 3 3 3 2 2 3 3 P 0 0 2 1 1 1 2 2 RH 3 1 0 0 0 1 1 1 PH 2 1 2 0 2 1 3 3 VV 12 11 11 9 9 9 9 9 DV Haut Haut Haut Haut Haut Haut Haut Haut Vulnérabilité des coléoptères aquatiques du Rif Tableau 7. Coléoptères aquatiques hautement vulnérables à l’échelle du Maroc. DG : Distribution Générale ; E : Endémisme ; R : Rareté ; P : Persistance ; RH : Rareté de l’habitat ; PH : Perte de l’habitat ; DV : Degré de vulnérabilité. Hydrochus obtusicollis Fairmaire 1877 Ochthebius (Ochthebius) lanarotis Ferro 1985 Limnebius mesatlanticus Thery 1939 Limnebius kamali Sáinz-Cantero & Bennas 2006 Deronectes theryi (Peyerimhoff 1925) Esolus filum (Fairmaire, 1870) Laccobius (Ortholaccobius) pommayi Bedel 1881 Normandia substriata (Grouvelle 1889) Normandia villosocostata (Reiche 1879) Hydraena (Hydraena) africana Kuwert 1888 DG 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 E 3 2 2 3 2 1 1 1 1 2 R 3 1 2 2 1 1 1 2 2 0 P 0 0 1 0 0 1 0 0 0 1 RH 1 2 1 1 1 1 2 1 1 1 PH 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 DV 11 10 10 10 8 8 8 8 8 8 Haut Haut Haut Haut Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen obtusicollis, Ochthebius lanarotis, Limnebius mesatlanticus et Limnebius kamali. Les deux premiers le sont également à l’échelle internationale. Le reste des espèces présentent un degré de vulnérabilité moyen aussi bien à l’échelle nationale que globale. Les deux espèces classées comme hautement vulnérables, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale, sont des endémiques marocaines dont une (Hydrochus obtusicollis) est exclusive au Rif. Ces deux espèces sont hautement vulnérables d’une part à cause de leur distribution très restreinte, d’autre part à cause de la rareté, de la spécificité et de la perte de leurs habitats (tabs 7–8). Parmi les huit espèces hautement vulnérables dans le Rif, 6 sont des endémiques (1 rifaine, 2 marocaines, 1 maghrébine et 2 ibéro-maghrébines), les deux autres sont des espèces assez communes, dont l’aire de distribution couvre la Méditerranée occidentale. Trois des huit espèces classées comme hautement vulnérables à l’échelle du Rif, le sont également à l’échelle du Maroc et à une échelle globale pour les deux premières (tabs 6–8). lbérique et Maghreb). Les autres habitats aquatiques (cours supérieurs des oueds, cours moyens et inférieurs et les sources) sont des milieux communs à une échelle globale (Abellán et al. 2005a) et assez communs à l’échelle nationale (Dakki 1997). En ce qui concerne le critère PH, les cours d’eau, les sources et les mares sont les habitats les moins altérés à une échelle globale (Abellán et al. 2005a) et légèrement altérés à l’échelle du Maroc. Par contre, les espèces capturées dans les cours d’eau salés sont chiffrées par 3 et 2 points, selon qu’il s’agit respectivement d’un contexte global ou national. En effet, si au Maroc cet habitat est jusqu’à présent assez bien conservé, dans l’ensemble de la région méditerranéenne, il est par contre très altéré (Gagneur 1987 ; Vidal-Abarca et al. 2000). Toutefois, les habitats les plus menacés à l’échelle nationale sont les marais et les cours inférieurs des oueds (Pearce & Crivelli 1994 ; Dakki 1997), suivis par les tourbières (Reille 1977). Un Hydrochidae et 3 Hydraenidae s’avèrent hautement vulnérables à l’échelle du Maroc : Hydrochus Tableau 8. Coléoptères aquatiques hautement vulnérables à l’échelle internationale. DG : Distribution Générale ; E : Endémisme ; R : Rareté ; P : Persistance ; RH : Rareté de l’habitat ; PH : Perte de l’habitat ; DV : Degré de vulnérabilité. Ochthebius (Ochthebius) lanarotis Ferro 1985 Hydrochus obtusicollis Fairmaire 1877 Laccobius (Ortholaccobius) pommayi Bedel 1881 Limnebius mesatlanticus Thery 1939 Esolus filum (Fairmaire 1870) Limnebius kamali Sainz-Cantero & Bennas 2006 Deronectes theryi (Peyerimhoff 1925) Normandia substriata (Grouvelle 1889) Normandia villosocostata (Reiche 1879) Hydraena (Hydraena) africana Kuwert 1888 DG 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 E 2 3 1 2 1 3 2 1 1 2 R 1 3 1 2 1 2 1 2 2 0 P 0 0 0 1 1 0 0 0 0 0 RH 3 1 3 0 0 0 0 0 0 0 PH 3 1 2 0 0 0 0 0 0 0 VV 12 11 10 8 8 8 6 6 6 5 DV Haut Haut Haut Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen Moyen 315 N. Bennas, D. Sánchez-Fernández, P. Abellán & A. Millán La première espèce classée, à une échelle globale, est une espèce endémique du Maroc, appartenant au genre Ochthebius groupe notabilis. Il s’agit d’une espèce associée aux cours d’eau salés, habitat type assez rare à l’échelle internationale. L’espèce a été décrite comme une sous-espèce de sa congénère Ochthebius salinator ssp. lanarotis Ferro 1985 et élevée au rang d’espèce par Jäch (1992). Ensuite, elle a été considérée comme un complexe de deux sous-espèces vicariantes, Ochthebius lanarotis gereckei en Sicile et la sous-espèce nominale au Maroc (Jäch 1993a). Actuellement, les deux sous-espèces ont été élevées au rang d’espèces (Audisio & De Biase 1995; Lobl & Smetana 2004). Au Maroc, l’espèce a été décrite à partir d’un matériel provenant de l’oued Sebou dans la province de Fès au Moyen Atlas (Ferro 1985 ; Jäch 1992, 1993a). Dans le Rif, l’espèce a été localisée dans la province de Tanger (Bennas et al. 2001). Sa congénère Ochthebius salinator Peyerimhoff 1924 n’est connue au Maroc que de deux localités situées à l’extrême sud du pays, aux environs de Ouarzazate (Ferro 1985 ; Jäch 1992) dans l’Anti Atlas. Dans le Rif, elle a été repérée dans deux cours d’eau salés : l’oued Khendek et l’oued Asssenou, situés respectivement dans les provinces de Sidi Kacem et de Taounate (Bennas et al. 2001). Vu la grande ressemblance entre les édéages de ces deux espèces, des Ochthebius capturés récemment dans l’oued Khendek ont été révisés par le Dr. Manfred Jäch qui les a identifiées comme O. lanarotis (Jäch pers. com. 2007). Par conséquent les citations de Ochthebius salinator dans le Rif (Bennas et al. 2001) se reportent sur sa congénère Ochthebius lanarotis (Bennas et al. 2008). Malgré ces nouvelles captures, sa répartition au Maroc est très fragmentée. La haute spécificité d’habitat qu’elle présente vis-à-vis des cours d’eau salés, et la rareté de ce genre d’habitat au Maroc, font que son aire d’occupation actuelle ne dépasse guère 400 km2, restreinte à 5 localités appartenant à 4 provinces très dispersées (Tanger, Fès, Sidi Kassem et Taounate) (Ferro 1985 ; Jäch 1992, 1993a ; Bennas et al. 2001, 2008). En plus de sa répartition restreinte, l’espèce présente une haute vulnérabilité à une échelle globale, non seulement pour la rareté de son habitat de prédilection mais aussi pour les impacts auxquels il est soumis (Gagneur 1987 ; Velasco et al. 2006). Pour toutes ces raisons l’espèce constitue donc un candidat idéal pour qu’elle soit inscrite sur les listes rouges nationales ou internationales dans la catégorie : « En danger » : ENB2ab(iii), en accord avec le critère B2 (zone d’occupation estimée à moins de 500 km2) et aux sous-critères a (population gravement fragmentée ou présente au plus dans dix localités) et b(iii) (superficie, 316 étendue et/ou qualité de l’habitat) (IUCN 2001). La deuxième espèce classée aussi bien à l’échelle régionale que globale, présente une haute vulnérabilité à une échelle nationale. Il s’agit de l’unique endémique du Maroc en général et du Rif en particulier appartenant à la famille des Hydrochidae. C’est une espèce très rare, connue actuellement par quelques individus, dont la majorité (6) ont été localisés durant notre étude dans le Rif (Bennas et al. 2007). Si l’on exclut, pour son imprécision, la localité de Tanger au XIXème siècle, l’aire d’occupation actuelle de cette espèce reste limitée à 300 km2 sur la diagonale qui relie les localités de Bab Berret à Jbel Ouetka en passant par Fifi (Bennas et al. 2007). L’espèce a été localisée dans une tourbière et deux résurgences, habitats soumis aux impacts dérivant des activités agricoles et du pâturage. L’espèce présente une haute vulnérabilité, pour sa distribution très restreinte et fragmentée et pour l’altération de son habitat. Malgré ce haut degré de vulnérabilité l’espèce ne bénéficie actuellement d’aucune mesure de protection, ni à l’échelle régionale, ni nationale, ni internationale et ne figure pas sur des listes ou des catalogues d’espèces protégées. Pour toutes ces raisons, Hydrochus obtusicollis nécessite que des mesures urgentes de protection soient prises pour son maintien parmi les coléoptères aquatiques du monde. Ce rare Hydrochus, constitue, sans aucun doute, un candidat idéal pour qu’il soit inscrit et de manière urgente sur la liste des espèces hautement menacées, à l’échelle du Maroc, selon les directives de l’UICN (2001), et ce dans la catégorie « En danger » : ENB2ab(iii), en accord avec le critère B2 (zone d’occupation estimée à moins de 500 km2) et aux sous-critères a (population gravement fragmentée ou présente au plus dans dix localités) et b(iii) (superficie, étendue et/ou qualité de l’habitat. (IUCN 2001). De la même manière son inscription sur la liste rouge de la UICN, doit également être prise en considération. Toutefois, des prospections très poussées recherchant ce rare Hydrochus s’avèrent nécessaires afin de localiser la ou les localités abritant une bonne population de cette espèce, ce qui va permettre par la suite de déterminer son optimum écologique et son cycle biologique. Ces outils sont indispensables pour l’élaboration d’une stratégie d’action pour sa conservation. Les deux endémiques, ibéro-maghrébins, hautement vulnérables à l’échelle du Rif, sont : Hydrochus tariqi et Limnebius extraenus. Dans le cas de la première espèce, son aire de distribution est plus restreinte à la catégorie chorologique qu’on lui a attribuée. Il s’agit en fait d’un endémique bético-rifain, connu dans le Rif par deux localités (Bennas & Sáinz-Cantero, 2001) et dans la province de Cádiz, dans le domaine bétique au sud Vulnérabilité des coléoptères aquatiques du Rif de la péninsule ibérique (Jäch et al.1999; Ribera et al. 1999; Foster & Ribera 2000). Dans le cas de L. extraenus, sa distribution est restreinte au sud-ouest de la péninsule ibérique (Aceituno-Castro & SáinzCantero 1996; Sáinz-Cantero & Aceituno-Castro 1997) et dans le Rif à sa partie occidentale (Jäch 1993b ; Bennas et al. 2001). L’habitat type (cours moyen des oueds) où la présence de ces deux espèces a été décelée dans le Rif est, en outre, soumis à différents types d’impacts (tab. 3). Pour toutes ces raisons, les deux espèces méritent d’être incluses dans le catalogue régional d’espèces menacées. En ce qui concerne l’endémique maghrébin O. atriceps, sa vulnérabilité dans le Rif est surtout due à sa rareté. L’espèce n’a été localisée que dans trois points d’eau installés dans des ambiances semi-arides du Rif oriental (Bennas et al. 2001). A côté de ces espèces apparaissent comme hautement vulnérables dans le Rif, deux espèces assez communes, dont l’aire de distribution couvre la Méditerranée occidentale. Il s’agit de l’Haliplidae : Haliplus andalusicus et du Dytiscidae : Metaporus meridionalis. Les deux espèces ne sont connues dans le Rif que par deux citations chacune : Tanger (Bedel 1925 ; Vondel 1991) et les marais de Smir aux environs de Tétouan (Bennas & Sáinz-Cantero 2006). En plus de leur rareté, l’habitat type (Marais de Smir) où les deux espèces étaient localisées, a été l’objet, il y a deux décades, de plusieurs aménagements qui ont causé la perturbation de cet habitat naturel (Bayed & Chaouti 2005 ; Chaouti & Bayed 2005). Malgré les nombreuses prospections réalisées dans le site, ces deux espèces n’ont pas pu être localisées. Leur vulnérabilité dans le Rif est donc surtout en relation avec la perte de leur habitat. La troisième espèce classée aussi bien à l’échelle nationale que globale est également hautement menacée dans le Rif. Il s’agit de l’endémique marocain L. mesatlanticus. Ce petit Limnebius, répond à la majorité des critères de vulnérabilité. En plus de sa rareté d’occupation et démographique, il présente une haute spécificité d’habitat. En effet, dans l’ensemble du Maroc, l’espèce n’a été localisée que dans trois localités : une source au Moyen Atlas (Kocher 1958 ; Jäch 1993b) correspondant à la localité type, un cours d’eau de montagne dans le Haut Atlas (Kocher 1958) et un autre dans la région de Kétama dans le haut Rif central (Bennas et al. 2001). En outre, l’espèce a été chiffrée pour le critère persistance étant donné qu’il y a plus d’une décade qu’aucune nouvelle capture de cette espèce n’a été faite et ce, malgré les prospections répétées dans la même localité de capture rifaine. Ce petit Limnebius doit s’inscrire et de manière urgente dans le futur catalogue des invertébrés menacés à l’échelle régionale et nationale, non seulement pour sa rareté mais aussi pour la perte de son habitat. En effet, les habitats aquatiques où l’espèce a été capturée connaissent une activité touristique de plus en plus croissante. La pollution engendrée par ce type de tourisme anarchique, est loin d’être négligeable, et des mesures de protection devraient être prises pour la préservation de ces habitats. Les six espèces suivantes : E. filum, L. pommayi, D. theryi, N. substriata, N. villosocostata et H. africana présentent une vulnérabilité moyenne aussi bien à l’échelle nationale que globale (tabs 7-8), bien que, les quatre dernières espèces perdent légèrement de leur valeur de vulnérabilité à l’échelle globale. A l’exception de L. pommayi, les autres espèces sont des coléoptères rhéophiles associés exclusivement aux cours supérieurs des oueds. Le captage et le détournement des cours supérieurs des oueds, comme conséquence de la mise en place des agglomérations à proximité des ressources hydriques, constituent des impacts assez fréquents au Maroc en général et au Rif en particulier. Les habitats rifains hébergeant l’endémique maghrébin Esolus fillum, doivent bénéficier de mesures urgentes de protection, étant donné que les citations en Algérie (Berthélemy 1964 ; Olmi 1976) remontent à l’époque des pionniers de l’entomologie Peyerimhoff et Alluaud dont les collections ont été étudiées par Berthélemy et Olmi. Par ailleurs, la seule évidence de la persistance de cette espèce au Maghreb correspond aux captures réalisées dans le Rif (Bennas & Sáinz Cantero 2007). En ce qui concerne le cas particulier de L. pommayi, espèce présentant une forte prédilection pour les eaux chargées en sels (Gentili & Chiesa 1975), elle n’est connue jusqu’à présent au Maroc que dans le Rif (Bennas 2002). Sa vulnérabilité est donc en relation avec sa grande spécificité d’habitat et la rareté de ce genre d’habitat type à différentes échelles. La vulnérabilité de l’endémique rifain L. kamali doit être prise avec une certaine prudence étant donné que l’espèce vient d’être découverte. Des prospections plus poussées à l’échelle de tout le Maroc permettront de la classer correctement. A côté des coléoptères aquatiques présentant un haut degré de vulnérabilité dans le Rif, doivent être considérées d’autres espèces comme : Haliplus (Liaphlus) rubidus Perris 1857, Laccophilus poecilus Klug 1883, Hydroporus basinotatus Reiche 1864, Acilius (Homoelytrus) duvergeri Gober 1874, Cybister (Cybister) tripunctatus Laporte de Castelnau 1834 et Cybister (Cybister) vulneratus Klug 1834 qui n’ont pas fait l’objet de nouvelles captures depuis le début du siècle et ce non seulement dans le Rif mais à l’échelle 317 N. Bennas, D. Sánchez-Fernández, P. Abellán & A. Millán de tout le Maroc. Parmi ces espèces A. duvergeri est déjà inscrite sur la liste rouge IUCN, alors que les autres espèces ne bénéficient jusqu’à présent d’aucune mesure de protection. Leur statut au Maroc est loin d’être défini. Leur degré de vulnérabilité n’a pas pu être analysé à cause du manque de données sur les captures au Maroc. Des campagnes de prospections à la recherche de ces espèces s’imposent avant d’avancer l’hypothèse de leur extinction dans ce pays. Les stratégies pour la conservation des insectes doivent être prises comme un challenge, étant donné que pour les gestionnaires les insectes sont souvent considérés comme des êtres insignifiants. Une des stratégies pour orienter l’effort de conservation des insectes et gagner ce challenge, devra être portée davantage sur la réduction des impacts, la création et la conservation des réserves présentant une grande hétérogénéité d’habitats (Samways 2007). Toutefois, et malgré ce plan d’action, les espèces rares à distribution restreinte et ayant une haute spécificité d’habitat restent généralement exclues (Prendergast et al. 1993). Le réseau des aires protégées du Rif, ne couvre hélas pas la totalité des localités abritant les coléoptères aquatiques menacés. A l’exception du Parc National de Talassemtane (5 dernières espèces : tabs 6-7) et des marais de Smir qui sont inscrits dans la convention Ramsar (2 dernières espèces : tab. 5), le reste des localités abritant les espèces hautement vulnérables à différentes échelles, restent dépourvu de protection. Afin d’assurer la conservation de cette biodiversité, les insectes doivent désormais, être considérés au moment de la création de nouvelles aires prioritaires de conservation et lors de la réévaluation de celles déjà établies et ce notamment à une échelle régionale (Pressey et al. 1993). Dans ce sens, la grande aptitude des coléoptères aquatiques à être de bons indicateurs de biodiversité et des sites à intérêt particulier de conservation, a été à maintes reprises démontrée (Ribera & Foster 1993 ; Bilton et al. 2006; Sánchez Fernández et al. 2006). L’étape préalable, à la proposition d’un réseau d’espaces à protéger pour assurer une bonne conservation de cette biodiversité à l’échelle du Rif, consiste à identifier des habitats hébergeant les espèces les plus menacées. L’élaboration des listes rouges est un bon outil lors de l’identification des habitats prioritaires de conservation. Toutefois, la simple inscription des insectes sur ces listes, s’avère un moyen insuffisant pour assurer leur conservation et ce, probablement à cause du nombre élevé d’espèces à inclure s’ajoutant à la difficulté de leur identification. Ainsi, afin de faciliter leur protection, une bonne stratégie complémentaire, pourrait être celle de protéger les niveaux taxonomiques les plus élevés, tels que les genres ou même les familles, lorsque ceux-ci 318 englobent un nombre élevé d’espèces menacées (Abellán et al. 2005a). La protection des espèces hautement vulnérables à l’échelle du Rif implique la protection de trois genres: Hydrochus, Limnebius et Ochthebius. Les espèces représentant ces genres aussi bien au Maroc que dans le reste de leur aires de distribution, ont une haute valeur patrimoniale, et la majorité sont des endémiques ou à distribution très restreinte, confinées aux habitats aquatiques à intérêt particulier de conservation (Ribera 2000 ; Sánchez Fernández et al. 2004 b, 2006; 2008 a; Abellán et al. 2005b). En plus, il s’agit de genres facilement reconnaissables ce qui rend facile le processus de suivi de leurs populations. A une échelle globale, cette stratégie pourra être étendue à toute la famille notamment celle des Hydraenidae. En effet, elle englobe, des espèces dotées d’un haut degré d’isolement et un grand pouvoir de spéciation (Berthelemy & Whytton da Terra 1977; Ribera 2000; Abellán et al. 2007), ce qui leur a conféré un fort taux d’endémisme. En plus, elle renferme la majorité des espèces menacées, notamment sur la rive nord méditerranéenne. Pour toutes ces raisons, la protection de l’ensemble de cette famille agira avec un effet de parapluie sur l’ensemble de ses espèces, bien que certaines, banales, y soient incluses. En terme d’habitats, les habitats types peuplés par les espèces hautement vulnérables dans le Rif et à différentes échelles sont les : cours supérieurs et moyens des oueds, les sources, les tourbières et les cours d’eau salés. Bien que les quatre premiers habitats types soient représentés dans le réseau des espaces protégés du Rif (Parc National de Talassemtane, SIBE de Bouhachem) les cours d’eau salés du Rif, persistent encore sans aucune mesure de protection. Sur la rive nord méditerranéenne, à l’exception des tourbières, et des cours moyens des oueds, les autres habitats types s’avèrent également d’une importance capitale pour la conservation des espèces menacées (Abellán et al. 2005a ; Sánchez Fernández et al. 2006). Cette similitude est due au fait que la communauté des coléoptères aquatiques du sud-est de la péninsule ibérique est plus affine à celle du nord du Maroc qu’à celles des autres domaines biogéographiques de péninsule Ibérique (Ribera 2000 ; Millán et al. 2006). La protection de ces habitats types à l’échelle de tout le bassin méditerranéen contribuera à la protection des espèces menacées de part et d’autre du détroit de Gibraltar. Remerciements. Ce travail a partiellement bénéficié des Projets Wadi INCO2003 - MPC2 – 015226 et I + D CGL2006-04159 du Ministère de Educación y Ciencia de España et des actions intégrées Hispano-Marocaines sous les numéros A/3065/05, A/7333/06 et A/011013/07. Vulnérabilité des coléoptères aquatiques du Rif Références Abellán P., Sánchez-Fernández D., Velasco J., Millán A. 2005 a. Assessing conservation priorities for insects: status of water beetles in southeast Spain. Biological Conservation 121: 79-90. Abellán P., Sánchez-Fernández D., Ribera I., Velasco J., Millán A. 2005 b. Propuesta de una metodología para evaluar la vulnerabilidad de insectos. Boletín Sociedad Entomológica Aragonesa 36 : 4-8. Abellán P., Sánchez-Fernández D., Ribera I., Velasco J., Millán A. 2005c. Ochthebius glaber (Coleoptera, Hydraenidae), un coleóptero acuático endémico de la Península Ibérica con elevada especificidad de hábitat. Boletín Sociedad Entomológica Aragonesa 36 : 15-19. Abellán P., Gómez-Zurita J., Millán A., Sánchez-Fernández D., Velsaco J., Galián J., Ribera I. 2007. Conservation genetics in hypersaline inland waters: mitochondrial diversity and phylogeography of an endangered Iberian beetle (Coleoptera: Hydraenidae). Conservation Genetics 8: 79-88. Aceituno-Castro E. M., Sáinz-Cantero C. E. 1996. La familia Hydraenidae Mulsant, 1844 (Coleoptera) en la provincia de Huelva (España). Nuevos datos faunísticos. Graellsia 52:148-155. Audisio P., De Biase A. 1995. Materiali per un’analisi biogeografica delle specie italiane dei generi Hydraena ed Haenydra (Coleoptera, Hydraenidae). Fragmenta entomologica, Roma 27: 163-189. Bayed A., Chaouti A. 2005. Impact des aménagements hydrauliques, touristiques et urbains sur l’équilibre et le fonctionnement de la lagune et des marais de Smir, p. 79-89 in: Bayed A., Scapini F. (eds), Special Issue of Série des travaux de l’Institut Scientifique, Université Mohammed V-Agdal, Rabat. Bedel L. 1925. Catalogue raisonné des Coléoptères du Nord de l’Afrique. Haliplidae, Hygrobiidae, Dytiscidae, Gyrinidae. Tome 1, fascicule 2, p. 320-402. Société Entomologique de France, Paris. Benabid A. 1982. Bref aperçu sur la zonation altitudinale de la végétation climacique du Maroc. Ecologia Mediterranea 8: 301-315 Bennas N. 2002. Les coléoptères aquatiques Polyphaga du Rif (Nord du Maroc) : Faunistique, Ecologie et Biogéographie. Thèse Doctorat d’Etat. Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan. 383 p. Bennas N., Sáinz-Cantero C. E. 2001. Hydrochus aljibensis Castro & Delgado et H. tariqi Ribera, Hernando & Aguilera, deux nouveaux Hydrochidae pour le nord de l’Afrique. Latissimus 13: 10-11. Bennas N., Sáinz-Cantero C. E. 2006. Coléoptères aquatiques Adephaga de la chaîne rifaine marocaine (Coleoptera Gyrinidae, Haliplidae, Noteridae, Hygrobiidae, Dytiscidae). Memorie della Società Entomologica Italiana 85: 31-73. Bennas N., Sáinz-Cantero C. E. 2007. Nouvelles données sur les Coléoptères aquatiques du Maroc : les Elmidae Curtis, 1830 et les Dryopidae Billberg, 1820 du Rif (Coleoptera). Nouvelle Revue d’Entomologie (N.S.) 24 (1): 61-79. Bennas N., Sáinz-Cantero C. E., Alba-Tercedor J. 1992. Datos preliminares para un estudio biogeográfico del Macizo Bético-Rifeño basado en Coleópteros acuáticos. Zoologica Baetica 3 : 167-180. Bennas N., Sáinz-Cantero C. E. Ouarour A., Alba-Tercedor J. 2001. Nouvelles données sur les Coléoptères aquatiques du Maroc : Les Hydraenidae Mulsant, 1844 du Rif Faunistique & Biogéographie. Zoologica Baetica 12: 135-168. Bennas N., Abellán P., Millán A. 2005. Ecosystèmes aquatiques à intérêt particulier de conservation dans le Rif (Nord du Maroc) : Résultats préliminaires. Proceedings of the 2 International Congress WATMED. Marrakech 14-17 Novembre 2005: 1-11. Bennas N., Sanchez D; Abellán P., Millán A. 2007. Hydrochus obtusicollis Fairmaire, 1877 (Coleoptera, Hydrochidae), un coléoptère aquatique du Rif marocain hautement menacé. Boletín Sociedad Entomológica Aragonesa 40: 491-495. Bennas N., Sanchez D; Abellán P., Millán A. 2008. Ochthebius (Ochthebius) lanarotis Ferro 1985 (Coleoptera, Hydraenidae), un coléoptère endémique marocain spécifique des milieux aquatiques hypersalins. Boletín Sociedad Entomológica Aragonesa 43: 361-366. Berthélemy C. 1964. Elminthidae d’Europe occidentale et méridionale et d’Afrique du Nord (Coléoptères). Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de Toulouse 99: 244-285. Berthélemy C., Whytton Da Terra L. S. 1977. Hydraenidae et Elmidae du Portugal (Coleoptera). Annales de Limnologie 13 (1): 29-45. Berthélemy C., Whytton Da Terra L. S. 1980. Plécoptères du Portugal (Insecta). Annales de Limnologie 16 (2) : 159-182. Chaouti A., Bayed A. 2005. Effets d’une perturbation anthropique sur les conditions hydrologiques de la lagune de Smir (Nord-Ouest, Maroc). Revue des Sciences de l’ Eau 18 (Hors-série) : 181-197. Bilton D. T., McAbendroth L., Bedford A., Ramsay P. M., 2006. How wide to cast the net? Cross-taxon congruence of species richness, community similarity and indicator taxa in ponds. Freshwater Biology 51: 578-590. Dakki M. 1997. Faune nationale sur la biodiversité. Faune aquatique continentale Invertébrés et poissons). Observatoire national de l’Environnement du Maroc, programme des nations Unies pour l’Environnement PNUE. Ferro G. 1985. Hydraenidae (Col. Hydrophiloidea) del Norte de Africa XV. Contributo alla conoscenza degli Hydraenidae. Bulletin et Annales de la Société Royale Belge d’Entomologie 121 : 233-241. Foster G. N., Ribera I. 2000. Hydrochus aljibensis Castro & Delgado new for Portugal, and other records of interest. Latissimus 12 : 13. Gagneur J., 1987. Sur la vulnérabilité des écosystèmes aquatiques en Algérie. T.S.M.-l’Eau 82 (5): 209-212. Gentili E., Chiesa A. 1975. Revisione dei Laccobius Paleartici (Coleoptera, Hydrophilidae). Memorie della Società Entomologica Italiana 54: 5-187. IUCN 2001. IUCN Red List Categories and Criteria: Version 3.1. IUCN Species Survival Commission. IUCN, Gland, Switzerland and Cambridge, UK. Jäch M. A. 1992. Revision of the Palearctic species of the genus Ochthebius Leach, 1815. IX. The andraei and notabilis species groups (Coleoptera, Hydraenidae). Nachrichtenblatt der Bayerischen Entomologen 41 (1): 7-21. Jäch M. A. 1993a: Revision of the Palearctic species of the genus Ochthebius Leach 1815 XII. additional notes on the notabilis species group (Coleoptera: Hydraenidae). Entomological Problems 24 (1): 59-62. Jäch M. A. 1993b: Taxonomic revision of the Palearctic species of the genus Limnebius Leach, 1815 (Coleoptera: Hydraenidae). Koleopterologische Rundschau 63: 99–187. Jäch M. A., Díaz J. A., Gayoso A. 1999. « Acciones Integradas » : Excursion to Andalucia (Spain : Málaga, Cádiz), October 1998 (Coleoptera : Hydroscaphidae, Haliplidae, Gyrinidae, Dytiscidae, Hydrochidae, Dryopidae, Elmidae). Koleopterologische Rundschau 69 : 171-181. Kocher L. 1958. Catologue commenté des Coléoptères du Maroc (Hydrocanthares, Palpicornes, Brachelytres). Travaux de l‘Institut Scientifique Chérifien Série Zoologie 14(2) : 246 p. Löbl I., Smetana A. 2004. Catalogue of Palaearctic Coleoptera. Volume 2. Hydrophiloidea - Histeroidea - Staphylinoidea. Apollo Books. Stenstrup, Danemark. 942 p. Mace G. M., Lande R. 1991. Assessing extinction threats: toward a reevaluation of IUCN threatened species categories. Conservation Biology 5: 148-157. Margat J. 1961. Les eaux salées au Maroc, Hydrogéologie et Hydrochimie. Note et mémoire du service géologique, N°151 Edition du service géologique du Maroc, pp.134. McKinney M. L. 1999. High rates of extinction and threat in poorly studied taxa. Conservation Biology 16(1): 7-19. 319 N. Bennas, D. Sánchez-Fernández, P. Abellán & A. Millán Millán A., Moreno J. L., Velasco J. 2002. Los coleópteros y Heterópteros acuáticos y semi acuáticos de la provincia de Albacete. Catalogo faunístico y estudio ecológico. Publicaciones de la diputación de Albacete, Instituto de estudios albacetenses, serie 1, 140, 180 p, Albacete. Millán A., Velasco J., Vidal Abarca, M. Suárez M. L., Ramírez Díaz, L. 1996. Distribución espacial de los Adephaga acuáticos (Coleoptera) en la cuenca del río Segura (SE de la Península Ibérica) Limnética 12 (2): 13-29. Millán A., Abellán P., Ribera I., Sánchez-Fernández D., Velasco J. 2006. The Hydradephaga of the Segura basin (SE Spain): Twentyfive years studying water beetles (Coleoptera). Memorie della Società Entomologica Italiana 85: 137-158. Millsap B. A., Gore J. A., Runde D. E., Cerulean S. I. 1990. Setting priorities for the conservation of fish and wildlife species in Florida. Wildlife Monographs 111: 1-57. Moreno J. L., Suarez M. L., Vidal-Abarca M. R., 1996. Valor ecologico de las ramblas como ecosistemas acuaticos singulares. Tomo extraordinario. 125 aniversario de la Real Sociedad Española de Historia Natural, Madrid, 411-416 pp. Moreno J. L., Millán A., Suarez M. L., Vidal-Abarca M. R., Velasco J. 1997. Aquatic Coleoptera and Heteroptera assemblages in waterbodies from ephemeral coastal streams (‘‘ramblas’’) of south-eastern Spain. Archiv für Hydrobiologie 141, 93-107 Myers N., Mittermeier R. A., Mittermeier C. G., Fonseca G. A. B., Kent J. 2000. Biodiversity hotspots for conservation priorities. Nature 403: 853–855 Nardi G. 2004. Adephagous water beetles: faunistics, ecology and conservation (Coleoptera, Gyrinidae, Haliplidae, Noteridae, Dytiscidae), 65-115 in: Cerretti P., Hardersen S., Mason F., Nardi G., Tisato M, Zapparoli M. (eds), Invertebrati di una foresta della Pianura Padana, Bosco della fontana, Secondo contributo. Conservazione Habitat Invertebrati, 3. Cierre Grafrica Editore, Verona, 304 p. Olmi M.1976. Coleoptera Dryopidae, Elminthidae. Fauna d’Italia. Vol. XII. Calderini, Bologna. 280 p. Pearce F., Crivelli A. J. 1994. Characteristics of Mediterranean Wetlands. MedWet/Tour du Valat Publications, France. 90 p p. Prendergast J. R., Quinn R. M., Lawton J. H., Eversham B. C., Gibbons D. W. 1993. Rare species, the coincidence of diversity hotspots and conservation strategies. Nature 365: 335-337. Pressey R. L., Humphries C. J., Margules C. R.,Vane-Wright R. I.,Williams P. H. 1993. Beyond opportunism: key principles for systematic reserve selection. Trends in Ecology & Evolution 8: 124-128. Reed J. M., Mills L. S., Dunning J. B., Menges E. S., McKelvey K. S., Frye R., Beissinger S. R., Anstett M., Miller P. 2002. Emerging issues in Population Viability Analysis. Conservation Biology 16(1): 7-19. Reille M. 1977. Contribution pollenanalytique à l’histoire holocène de la végétation des montagnes du Rif (Maroc septentrional). Bulletin AFEQ Quaternaire, 1977-1, 30 : 53-76. Ribera I., Foster G. 1993. Uso de Coleópteros acuáticos como indicadores biológicos (Coleoptera). Elytron 6: 61-75. Ribera 2000. Biogeography and conservation of Iberian water beetles. Biological Conservation 92 : 131-150. Ribera I., Hernando C., Aguilera P. 1999. An annotated checklist of the Iberian water beetles. Zapateri 8 [1998] : 43-111. Samways M. J. 2005. Insect Diversity Conservation. Cambridge University Press, Cambridge, UK. 320 Samways M. J. 2007. Insect Conservation: A Synthetic Management Approach. Annual Review of Entomology 52:465-87. Sánchez-Fernández D., Abellán P., Velasco J., Millán A. 2003. Coleópteros acuáticos y áreas prioritarias de conservación en la Región de Murcia. Monografías de la S.E.A. Zaragoza. Vol 10, 71 p. Sánchez-Fernández D., Abellán P., Ribera I., Velasco J., Millán A. 2004a. Vulnerabilidad de los coleópteros acuáticos de la Región de Murcia. Ecosistemas. (URL: http//www.aeet. org/ecosistemas/041/ investigacion1.html). Sánchez-Fernández D., Abellán P., Velasco J., Millán A. 2004b. Áreas prioritarias de conservación en la cuenca del río Segura utilizando los coleópteros acuáticos como indicadores. Limnetica 23(3-4): 209-228. Sánchez-Fernández D., Abellán P., Ribera I., Velasco J., Millán A. 2005. Estado de amenaza de Ochthebius montesi (Coleoptera, Hydraenidae), un coleóptero acuático muy raro y endémico del Sur de la Península ibérica. Boletín Sociedad Entomológica Aragonesa 36: 15-19. Sánchez-Fernández D., Abellán P., Mellado A., Velasco J., Millán A. 2006. Are water beetles good indicators of biodiversity in Mediterranean aquatic ecosystems? The case of the Segura river basin (SE Spain). Biodiversity and Conservation 15: 4507-4520. Sánchez-Fernández D., Bilton D., Ribera I., Abellán P., Velasco J., Millán A. 2008 a. Are protected the endemic water beetles in the Iberian Peninsula and Balearic Islands? Biological Conservation 141: 1612-1627. Sánchez-Fernández D., Abellán P., Velasco J., Millán A. 2008 b. Ochthebius glaber Montes & Soler, 1988: 271-274. In: Barea-Azcón, J. M., Ballesteros-Duperón, E. & Moreno, D. (es.), Libro Rojo de los Invertebrados de Andalucía. 4 Tomos. Consejería de Medio Ambiente, Junta de Andalucía, Sevilla, 1446 p. Sánchez-Fernández D., Abellán P., Velasco J., Millán A. 2008 c. Ochthebius montesi Ferro, 1984: 275-278. In: Barea-Azcón, J. M., Ballesteros-Duperón, E. & Moreno, D. (es.), Libro Rojo de los Invertebrados de Andalucía. 4 Tomos. Consejería de Medio Ambiente, Junta de Andalucía, Sevilla, 1446 p. Sáinz-Cantero C. E & Bennas N. 2006. Limnebius kamali sp. n. from North Morocoo (Coleoptera Hydraenidae). Revue Suisse de Zoologie 113 (3): 559-563. Sáinz-Cantero C. E., Acetuno-Castro E. M. 1997. Coleópteros acuáticos de Andalucía (España). I. Polífagos de la Sierra de Aracena (Huelva) (Coleóptera: Dryopidae, Elmidae, Helophoridae, Hydraenidae, Hydrochidae, Hydrophilidae). Elytron 11:183-196. Stojanovic M., Karaman S. 2006. Threat status and distribution of the earthworm genus Helodrilus Hoffmeister, 1845; sensu Zicsi 1985, on the Balkans and the neighboring regions. Biodiversity and Conservation 15:4601-4617. Velasco J., Millán A., Hernández J., Gutiérrez C., Abellán P., Sánchez F., Ruiz M. 2006. Response of biotic communities to salinity changes in a Mediterranean hypersaline stream. Saline systems 12 (2): 1-15. Verdú J. R., Galante E. eds 2006. Libro rojo de los invertebrados de España. Dirección general para la biodiversidad. Ministerio de Medio Ambiente Madrid. Vidal-Abarca M. R., Suárez M. L., Ramírez-Díaz L. 2000. Tipo funcional de humedal: ramblas/wadis. In: Monillo, C., Gonzalez J.L. (Eds.), Management of Mediterranean Wetlands. III: 17–38. Vondel Van B. J, 1991. Revision of the palearctique species of Haliplus subgenus Liaphlus Guignot (Coleoptera: Haliplidae). Tijdschrift voor Entomologie 134: 75-144.