influence de la magnetite dans le comportement magnetique des

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Journal des Sciences
INFLUENCE DE LA MAGNETITE DANS LE COMPORTEMENT
MAGNETIQUE DES ROCHES.
APPLICATION A LA CARTOGRAPHIE GEOLOGIQUE.
NABA Séta*, LOMPO Martin*, KAGAMBEGA Nicolas*, MININGOU Mariette*
et DIALLO Pathé Dinna**
* Département de Géologie, Université de Ouagadougou, 03 BP 7021, Ouagadougou 03, Burkina
Faso,
** Département de Géologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, BP 5396 Dakar - Fann ,
Sénégal
Correspondance: [email protected]
Abstract:
The Paleoproterozoic TTG (Tonalites, Trondhjemites,
granodiorites) and biotite bearing granites have been mapped
on a 3000 km2 area in Eastern Burkina Faso (West Africa).
Cores samples have been taken in this area using a regular
grid of 2 x 2 km. The results of magnetic susceptibility
measurement show that the high values are due to presence of
magnetite’s particles in the rocks. These magnetite’s particles
disseminated in rocks explain the lack of correlation between
rocks nature and the total magnetic field anomalies. To make
profitable aeromagnetic data particulary in mining prospecting
it is recommended to dispose of petrophysics data (magnetic
susceptibility and magnetic mineralogy) for reliable
geological interpretation.
Résumé:
Des complexes TTG (Tonalites, Trondhjémites, granodiorites)
et des granites à biotite d’âge paléoprotérozoïque ont été
cartographiés sur une superficie de 3000 km2 dans la région
Est du Burkina Faso (Afrique de l’Ouest). Ces roches ont
aussi fait l’objet d’un échantillonnage carotté sur une maille ±
régulière de 2 km x 2 km. La minéralogie magnétique et les
mesures de susceptibilité magnétique effectuées sur ces
granitoïdes montrent que les fortes valeurs de susceptibilité
magnétique sont dues à la présence de magnétites dans les
roches. Cette magnétite disséminée dans les roches granitiques
est la cause majeure du manque de corrélation entre le faciès
pétrographique et les anomalies du champ magnétique total
(CMT).
Pour rentabiliser les données de l’aéromagnétisme notamment
dans le domaine de la prospection minière, il est recommandé
de disposer de données pétrophysiques (susceptibilité et
minéralogie magnétique) pour des interprétations géologiques
fiables.
Keywords : West Africa, Burkina Faso, Total magnetic field, Mots clés : Afrique de l'Ouest, Burkina Faso, Champ
Magnetic susceptibility, aeromagnetic, magnetite, granitoids, Magnétique
Total,
Susceptibilité
Magnétique,
mapping.
Aéromagnétisme, Magnétite, Granitoïdes, Cartographie.
INTRODUCTION
La susceptibilité magnétique est dans certaines
conditions, un puissant moyen d’étude des faciès
pétrographiques et permet même à l’intérieur d’un
même massif granitique, de mettre en évidence les
différents types pétrographiques (Gleizes, 1992,
Bouchez, 1997). On peut donc utiliser la technique
de susceptibilité magnétique, pour préciser les
interprétations géologiques à des échelles
cartographiques et plus précisément, à partir des
données de géophysique aéroportée, largement
disponibles pour le Craton Ouest Africain (levés :
Ghana, 1960, 1995-97, 1997-98 ; Togo, 1964 ;
Burkina Faso, 1970, 1983, 1988-89, 1989-2000 ;
S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004)
Mali, 1977 ; Niger, 1977, 1995 ; Sénégal, 1962 ;
Côte d’Ivoire, 1976 ; Liberia, 1968 ; Sierra Leone,
1958 ; Guinée, 1981, 1997) (voir Paterson, 1997).
En effet, les données aéromagnétiques sont utilisées
couramment pour détecter les zones d’anomalies
magnétiques susceptibles de correspondre à des
concentrations
métallifères,
et
pour
la
reconnaissance géologique à différentes échelles
cartographiques, surtout dans les régions où la
couverture de sols ou de végétaux est importante.
Théoriquement, la variation des réponses
magnétiques indique celle de la nature ou de la
forme des corps géologiques mesurés.
- 20 -
Cependant, il est bien établi (Henkel, 1991; Clark,
1997) que le passage des informations magnétiques
aux informations géologiques est très délicat. Il n’est
pas possible d’attribuer de façon univoque un type
de roche à une signature magnétique. La seule
mesure des propriétés magnétiques n’a de sens que
si on peut les relier, au moins au premier ordre, avec
les sources de ces propriétés, c’est-à-dire les
minéraux magnétiques de la roche. Ainsi, la
présence de minéraux ferromagnétiques tels que la
magnétite, confère à la roche un comportement
ferromagnétique produisant des réponses de
susceptibilité totale très élevées (> 50 x 10-5 SI).
La majeure partie du Craton Ouest Africain est
couvert par des levés aéromagnétiques disponibles,
mais à utilisation malheureusement limitée dans le
secteur minier ; l'optimisation de cette utilisation
peut se faire sur la cartographie géologique, en
associant des données pétrophysiques. Très peu
d'études représentatives (régionales) de susceptibilité
magnétique ont été faites en Afrique de l'Ouest.
Le but de cet article est : (i) de caractériser la phase
minérale
à
l’origine
du
comportement
ferromagnétique des granites, (ii) d’expliquer le
manque de corrélation dans ces conditions entre la
susceptibilité magnétique et le faciès pétrographique
d’une part et entre les données du champ
magnétique total et le faciès pétrographique d’autre
part, (iii) de mettre à contribution la susceptibilité
magnétique dans l’interprétation des données de la
géophysique aéromagnétique.
MINERALOGIE MAGNETIQUE
Aimantation
Ms
Mr
Ferromagnétisme (Magnétite, titanomagnétite...)
...)
l e,
ibo
ph
m
a
s,
ica
(m
Kpara
e
.)
sm
ite, ..
mén
éti
te, il
n
émati
g
(h
e
ma
tism Kaf
ra
agné
Pa iferrom
Ant
Kf
Kdia
Champ inducteur (H)
Diamagnétism
e (quartz, feldsp
ath, calcite, ...)
Figure 1
Figure 1 : Courbes d'aimantation en fonction du
champ pour les différents types de
comportements magnétiques (Kdia, Kpara, Kaf,
et Kf sont respectivement les susceptibilités
diamagnétique, paramagétique,
antiferromagnétique et ferromagnétique ; Mr =
aimantation rémanente ; Ms = aimantation à
saturation ; H = champ inducteur (d'après
Gleizes, 1992).
S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004)
La minéralogie magnétique a pour objet la
caractérisation des phases minérales responsables du
comportement magnétique global de la roche. Les
minéraux sont classés globalement en quatre grandes
familles selon leur état magnétique (fig.1) en
présence ou en l’absence d’un champ extérieur
(Hrouda, 1982 ; Bouchez, 1997).En l’absence d’un
champ extérieur, les minéraux diamagnétiques,
paramagnétiques et antiferromagnétiques ont une
susceptibilité magnétique nulle. Ce qui n’est pas le
cas pour les minéraux ferromagnétiques au sens
large. En présence d’un champ extérieur, les
minéraux diamagnétiques ont une susceptibilité
négative. Les minéraux paramagnétiques et
antiferromagnétiques ont une susceptibilité positive
et faible. Les minéraux ferromagnétiques ont une
susceptibilité positive et forte. Pour cette dernière
famille, il subsiste une aimantation lorsque le champ
extérieur cesse d’agir : c’est l’aimantation
rémanente.
Au-dessus
des
températures
respectivement de Néel et de Curie, les minéraux
antiferromagnétiques et ferromagnétiques prennent
un comportement paramagnétique.
Dans les roches granitiques, les minéraux
diamagnétiques sont en général les silicates blancs
(quartz, feldspath) et la calcite. Les minéraux
paramagnétiques sont les silicates ferrifère (micas,
amphibole, pyroxène, etc.). Les minéraux
antiferromagnétiques sont l’hématite et l’ilménite et
les minéraux ferromagnétiques sont la magnétite, la
titanomagnétite et la pyrrhotite monoclinique. En
générale la magnétite cristallise en phase avec les
silicates ferromagnésiens de la roche lorsque la
fugacité en oxygène du magma l’autorise (Bouchez,
1997).
Dans les granites paramagnétiques seuls les silicates
ferrifères ont une contribution majeure à la
susceptibilité de la roche. Dans ce cas la
susceptibilité globale de la roche est ≤ 50 x 10-5 SI
(Rochette, 1987 ; Jover et al.,1989, Gleizes, 1992 ;
Bouchez, 1997). Alors que dans les granites
ferromagnétiques en plus des silicates ferrifères, on
note la présence de particules magnétiques. Ce sont
ces dernières qui ont une forte contribution à la
susceptibilité totale de la roche. Leur susceptibilité
est > à 50 x 10-5 SI. On peut alors définir deux types
principaux de granites (Rochette, 1987 ; Jover et
al.,1989, Gleizes, 1992 ; Bouchez, 1997) : (1) les
granites paramagnétiques et (2) les granites
ferromagnétiques. Cette distinction rejoint celle qui
est faite au japon (Ishihara, 1977, Takahashi et al.,
1980) entre granites à ilménite (paramagnétiques) et
granites à magnétite (ferromagnétiques).
- 21 -
Les observations présentées dans cette note, ont été
faites dans la région Est du Burkina Faso (fig. 2a)
constituée à 80% de granitoïdes (Vyain, 1967 ; Bos,
1967 ; Hottin et Ouédraogo, 1975). 70% de ces
granitoïdes sont des complexes de type TTG, c'est à
dire, composés de tonalites, trondjhémites et
granodiorites (Pons et al., 1995 ; Naba, 1999). Au
sein de ces complexes, affleurent des granitoïdes de
génération postérieure, qui sont essentiellement des
granites à biotite sans foliation majeurs observables
sur le terrain (Lompo et al., 1995). Notre étude porte
sur l’Alignement Plutonique Tenkodogo-Yamba
(APTY), granite à biotite, qui s’étend sur 125 km
avec 15 à 25 km de large. Son encaissant est
totalement constitué par un batholite TTG, sauf dans
la partie NE où l'APTY est en contact avec une
ceinture de roches vertes(fig. 2b).
ZONE D'APPLICATION - CADRE GEOLOGIQUE
METHODOLOGIE
Figure 2a : Carte géologique de synthèse de la
région du Liptako-Gourma (Naba et al., 2000) 1roches vertes birimiennes, 2- granitoïdes foliés, 3granitoïdes non foliés, 4- Couverture
sédimentaire 5- Trajectoires de schistosité
(structures précoces) 6- failles, 7- Zone d’étude
0°20'W
0°20'E
0°00
1
2
12°40'
N
12°40'
N
3
4
0
5
5
6
10 km
12°20'
N
12°20'
N
YAMBA
Tibga
Diapangou
DIABO
12°00'
N
FADA N'GOURMA
Kindzéoguin
12°00'
N
SATENGA
TENKODOGO
11°40'
N
0°20'W
0°00'
0°20'E
11°40'
N
Figure 2b
Figure2b : Zone d'étude : Levé SM et ASM
(Naba, 1999). 1- ceintures de roches vertes, 2Encaissant Tonalites -Trondhjémites granodiorites (TTG), 3- Granite à biotite de type
Alignement Plutonique Tenkodogo-Yamba 4Sites d’échantillonnage pour les mesures de
susceptibilité magnétique 5- Trajectoires de
schistosité/foliation (interprétées à partir des
mesures structurales de terrain des auteurs
antérieurs). 6- failles.
S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004)
Trois niveaux d'approche ont soutenu nos
observations :
(1) L’étude de la minéralogie magnétique des
granites paramagnétiques se fait généralement au
microscope polarisant (caractérisation des silicates
de la roche). Celle des granites ferromagnétiques est
par contre plus complexe. La caractérisation des
minéraux magnétiques peut se faire par la mesure
des températures de déblocage. Cette température
correspond à la température de curie ou de Néel et
est propre à chaque minéral ferromagnétique
(Archanjo et al., 1995 ; Clark, 1997). Elle peut aussi
se faire par l’étude au microscope polarisant
(Lumière réfléchie). L’étude de la minéralogie
magnétique de l’APTY a été réalisée au microscope
polarisant (en lumière transmise et en lumière
réfléchie).
(2) Pour les données de susceptibilité magnétiques
des roches, l’échantillonnage a été fait suivant une
maille plus ou moins régulière de 2 x 2 km, couvrant
l'ensemble de l’APTY et une partie de l'encaissant
immédiat ; un total de 273 sites ont été
échantillonnés sur une superficie d’environ 3000
km2 et se répartissent comme suit : 230 sur l’APTY
et 43 sites sur l'encaissant TTG. Dans chaque site
deux échantillons carottés distants de 0,5 m à 10 m
ont été prélevés soit un total de 546 échantillons
carottés. Chaque carotte est débitée en forme
cylindrique de diamètre 2,5 cm (diamètre de la
carotteuse) et de hauteur 2,2 cm. Quatre de ces
échantillons cylindriques sont retenus par site pour
les mesures de susceptibilité magnétique. Les
mesures ont été effectuées à l’aide du susceptomètre
Kappabridge Kly2 Digico (Laboratoire de
pétrophysique et de tectonique de Toulouse) opérant
en champ alternatif faible (4 x 10-4 T) avec une
fréquence de 920 Hz. On calcul ensuite la
- 22 -
susceptibilité axiale de l’échantillon pour 15
positions différentes dont certaines sont symétriques
2 à 2. La susceptibilité moyenne (Km = Σ Ki/4) de
chaque site est ensuite calculée à partir des
susceptibilités des quatre échantillons du site (voir
Naba, 1999).
(3) Pour une application à l'échelle cartographique,
nous avons comparé nos données ASM à ceux du
levé aéroporté (Paterson et al., 1985) qui a été réalisé
à l’aide de magnétomètres à précession nucléaire
(protons), donnant des enregistrements numériques à
un intervalle d’une seconde sur des bandes
magnétiques avec une résolution de 0,1 nT. Ces
données ont été lissées, compilées et présentées sous
forme de cartes d’anomalies magnétiques du champ
total après soustraction du champ de référence
géomagnétique international pour la période des
travaux. L’anomalie magnétique dans ce cas reflète
la variation de la teneur en minéraux magnétiques
des roches voisines de la surface (Telford et al.,
1974).
RESULTATS
Analyse de la susceptibilité magnétique. Sur
l’ensemble de l’aire d’étude, 70,2 % des sites sont
ferromagnétiques (Km > 50 x 10-5 SI), 19 % des
sites sont paramagnétiques (Km ≤ 50 x 10-5 SI) et
10,8 % des sites sont mixtes (site où au moins un des
échantillons est ferromagnétique). Afin de pouvoir
comparer les données de susceptibilité magnétique
et ceux du champ magnétique total (CMT),
seulement une distinction est faite entre le
paramagnétisme et le ferromagnétisme. Par
conséquent, les sites mixtes en moyenne
ferromagnétiques seront additionnés aux sites
purement ferromagnétiques et les sites mixtes en
moyenne paramagnétiques, seront additionnés aux
sites purement paramagnétiques. Ce qui fait observer
des proportions de 76,68% de sites ferromagnétiques
contre 23,32% de sites paramagnétiques.
Le contourage des données de susceptibilité
magnétique en aires d’isovaleurs (fig. 3) montre que
les granites paramagnétiques (contours d’isovaleurs
≤ 5 x 10-4 SI) occupent des îlots noyés dans les
domaines de granites ferromagnétiques (contours
d’isovaleurs > 5 x 10-4 SI). Le ferromagnétisme
dominant, indique que l’essentiel des granites sont
porteurs de minéraux ferromagnétiques tels la
magnétite. Cette magnétite se distribue par ailleurs
de manière aléatoire, en témoigne les nombreux
maxima isolés dans l’APTY et dans son encaissant
TTG. Cette mauvaise répartition est également
constatée à l’échelle d’un site ou d’une carotte. La
grande variabilité des données de susceptibilité
magnétique suggère alors une dissémination de la
S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004)
phase minérale responsable du comportement
ferromagnétique des granites (fig. 4).
Figure 3 : Mesures de susceptibilité magnétique.
Isovaleurs de susceptibilité magnétique (Km
en10-4 SI) des granites de l'Alignement
Plutonique Tenkodogo-Yamba et du proche
encaissant TTG. L’intervalle des courbes est de 5
x 10-4 SI
log(Km)
-4,5 -4,2
-3,9 -3,6
-3,3
-3
-0,5
-2,7 -2,4 -2,1 -1,8 -1,5 -1,2
-1
-1,5
Sites "mixtes" à
Km £ 50 x 10-5 SI
Sites ferromagnétiques
Km > 50 x 10-5 SI
-2
-2,5
-3
-3,5
-4
-4,5
-5
-5,5
Sites paramagnétiques
-5
(Km £ 50 x 10 SI)
-6
-6,5
log[s(Km)]
Figure 4
Figure 4 : Ecart moyen de la susceptibilité
magnétique du site (4 échantillons) en fonction de
la susceptibilité moyenne pour l'ensemble des
sites de l'alignement et de l'encaissant TTG.
Minéralogie magnétique. Pour les granites
paramagnétiques de l’APTY, les principaux
contributeurs à la susceptibilité sont la biotite et dans
une moindre mesure, la muscovite. A ces minéraux
s’ajoute l’amphibole présente dans l’encaissant
TTG. Pour les granites ferromagnétiques l’étude en
lumière réfléchie (fig. 5) montre que la fraction
ferromagnétique est essentiellement constituée de
- 23 -
Norme
la magnétite (± martitisée d’hématite) et l’ilménite
cristallisent bien en phase avec les autres minéraux
de la roche, en témoigne la forme des interfaces
particules magnétiques - silicates plus ou moins
rectilignes. D’autres part, on observe une forte
présence d’ilménite dans la quasi-totalité des
échantillons observés. Cette forte présence
d’ilménite est d’ailleurs confirmée par le rapport
TiO2/Fe2O3 Total compris entre 0,05 et 0,19 pour les
échantillons analysés chimiquement (Naba, 1999) et
des proportions modales d’ilménite plus fortes que
celles de magnétite dans la totalité des granitoïdes à
biotite. Cette tendance est inversée dans les sites de
l’encaissant TTG (Tableau I et fig. 6).
70
Magnétite
Ilménite
60
50
(*) = site de l’encaissant TTG
EE 4*
T15*
DD 138*
Sites (échantillons) de l’alignement
DD 17*
YB 28
YB 128
DD 28
DD 79
DD 130
30
T18
40
KI 17
Proportions relatives (en %)
cristaux de magnétites de dimensions comprises
entre 10 µm et 0,5 cm (Photo 1). Ces dimensions
attestent du caractère polydomaine des grains de
magnétites (Bouchez, 1997). Les cristaux sont soient
isolés ou en agrégats légèrement anisotropes (Photo
2). Le cristal individuel, quelque soit ses
dimensions, présente souvent une texture de
remplacement caractérisée par une martitisation
d’hématite (Photo 3). Dans d’autres cas le
remplacement est un peu plus avancé et se traduit
par l’existence de cristaux entiers d’hématite
présentant des taches de magnétite non encore
transformée (Photo 4). Au contact de cette
magnétite partiellement transformée, il y a souvent
des cristaux d’ilménite (Photo 5). De l'ilménite se
trouve également en exsolution dans la magnétite.
Ces particules magnétiques (magnétite, hématite et
ilménite) s’observent dans les zones à forte
concentration de silicates ferromagnésiens (biotite et
amphibole) et plus rarement au contact des silicates
blancs. Dans tous les cas, le contact entre la particule
magnétique et le silicate est plus ou moins bien
tranché. D’autres minéraux de magnétite et
d'ilménite se retrouvent en inclusion dans les
minéraux ferromagnésiens et, dans ce cas présentent
une texture anisotropique suivant la section
longitudinale du cristal (Photo 6). On constate que
Sites (échantillons) de
l’encaissant TTG
Figure 6
Figure 6 : Répartition de la magnétite et de
l’ilménite dans les sites de l’alignement et de son
proche encaissant TTG.
Site T18
KI17
DD130
DD79
DD28
YB28
YB128
T15*
DD17*
EE4*
DD138*
Magnétite 40,74
37,37
42,65
43,48
35,42
42,59
45
47,47
51,82
65,35
65,74
Ilménite
62,63
57,35
56,52
64,58
57,41
55
52,53
48,18
34,65
34,26
59,26
Tableau I : Proportions normatives comparatives de magnétites et d’ilménites.
(*) : sites de l’encaissant TTG
0°15’ W
0°00’
10200
YAMBA
12°15’ N
2 4 6 8 10 km
00
1 01
10
2
00
10100
0
1020
00
1
0
101
00
DIAPANGOU
0
20
10
0
02
2
10
0
0
12°00’ N
DIABO
102
00
10200
10200
101
0
00
10200
20
10
101
10
250
20
10
12°00’ N
50
10100
10100
1010
10100
0
1020
0
10000
9900
10
1010 0
1
10
00
102
00
20
0
Figure 7a
10 20 0
TENKODOGO
00
102
Limites de l’alignement plutonique Tenkodogo-Yamba
11°45’ N
10100
10100
10100
101
50
0°15’ W
0°00’
0°15’E
00°30’E
Figure 7a : Données aéromagnétiques (Paterson et al., 1985). Isovaleurs du champ magnétique total
(en nano-Teslas). L’intervalle des courbes est de 50 nT.
S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004)
- 24 -
D - 5(1a)
0°00’
D
)
(1
-2
Cp
)
7 (1
Cvs - 4(1)
Cp - 7(3)
s
Cv
-5
)
(1
-7
(3
)
0°15’ W
C
p
YAMBA
12°15’ N
D
0
2 4 6 8 10 km
D - 5(1b)
D
D
12°00’ N
D - 5 (1b)
D
Cvs - 3,4
D-
D
)
3(3
-2
)
(2
Cppr - 8
D
)
(1a
-5
-
2)
2(
Cp - 7(1)
Cvs - 4,5
Cp
(2)
D-2
D - 3(2)
Cp
)
Cvs -3,4
3.06
Cvs -4 (1)
Cp
4
3,
5
s- 4,5
Cv
Cvs 3)
- 7(
Cp
(3)
-7
Cp - 7(3)
Cvs - 4,5
)
(3
-7
sCv
D - 5(1b)
12°00’ N
- 7(
sCv
)
(1
-7
0°15’ W
Cp
(2)
-7
1)
4,5
Figure 7b
Cp - 7(3)
Cppr -8
Cvs - 4,5
Cp
TENKODOGO
Cp -7 (1)
7(3
Cp - 7(3)
-8
pr
Cp
Cppr - 8
Cvs - 3,4
D - 2(1)
Cp
DIABO
Cvs - 3,4
Cvs - 3,4
)
DIAPANGOU
b)
(1
)
(1
-2
(1a
(1) )
D-2 - 5(1a
D
Cvs - 4,5
2(1)
D - D - 5(1b)
(1)
D - 2 (1a)
5
D-
-5
-5
D - 3(2)
D
-3
)
(1
0°00’
Limites de l’alignement plutonique Tenkodogo-Yamba
0°15’E
11°45’ N
00°30’E
Figure 7b : Interprétation des données aéromagnétiques (Paterson et al., 1985). “Faciès magnétiques"
dans le secteur d'étude : Migmatite (D-5, D-2, D-3), Granites syntectoniques (Cp-7, Cppr-8), Zones de
volcano-sédiments (Cvs), Dykes de dolérite (δ).
Enfin la forte proportion d’hématite secondaire qui
se développe aux dépends de la magnétite pourrait
justifier le faible ferromagnétisme (50 x 10-5 SI <
Km < 10-3 SI) observé dans la majorité des sites.
DISCUSSION ET CONCLUSION
Comparaison SM / CMT. Les mesures de la
susceptibilité magnétique (SM) au sol présentent des
valeurs comparables aux données aéromagnétiques
(CMT) ; voir figure 3 et figure 7a. L’interprétation
de Paterson et al., 1985 (Fig. 7b) montre l’existence
de cinq faciès magnétiques dans l’APTY [Cp7(1),
Cp7(3), Cppr-8, Cvs-3,4 et Cvs-4,5] et un nombre
plus important dans l’encaissant. Cette grande
variété de faciès correspondrait d'après les auteurs, à
une grande variété de faciès géologiques allant des
roches basiques (Cvs-3,4 et Cvs-4,5) aux roches
acides (Cp7(1), Cp7(3) et Cppr-8). La grande
similitude entre les deux cartes d’isovaleurs (fig. 3 ;
fig. 7a) est une preuve tangible de l’influence de la
nature de la roche sur les données de SM et de CMT.
Pourtant l’interprétation finale du magnétisme
aéroporté (Paterson et al., 1985) tend à attribuer les
secteurs à fortes susceptibilités magnétiques à une
réponse magnétique de roches basiques voir
S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004)
ultrabasiques. Cette interprétation est tout à fait
justifiée lorsqu’on tient seulement compte des
coupures théoriques de susceptibilité moyennes
(Telford et al., 1974) entre roches acides (650 x 106
uem) et roches basiques (2600 x 106 uem).
Cependant, bien que les susceptibilités soient de
l’ordre de grandeur de celles des roches basiques, on
constate que les roches sont des TTG et des granites
mais porteurs de magnétites dans la majorité. Les
auteurs justifient ces anomalies par la transformation
métasomatique d’une roche basique en un granite.
Mais la minéralogie magnétique et les mesures de
susceptibilité montrent que c’est plutôt une forte
présence de magnétite qui est exprimée sous forme
d’anomalies. De plus les études pétrographiques,
géochimiques et microstructurales (Naba, 1999)
montrent que les roches concernées sont entièrement
magmatiques. Ces roches en dehors de quelques
zones de cisaillement fini à post-magmatiques
diffus, n’ont pas subit de transformation
significative.
En conclusion, le passage des informations
magnétiques aux informations géologiques nécessite
des informations pétrophysiques (susceptibilité
magnétique et minéralogie magnétique). Les
- 25 -
données de l’aéromagnétisme ayant l’avantage de
mettre en évidence les anomalies magnétiques
d’ampleur
locale
ou
régionale
(échelle
cartographique), les analyses présentées dans cette
note, confirment la nécessité de disposer de données
pétrophysiques afin de mieux affiner l’interprétation
des données de géophysique aéromagnétique pour la
cartographie
géologique.
Les
granitoïdes
paléoprotérozoïques de l'Afrique de l'Ouest sont
semblables à ceux du Burkina Faso, c'est à dire de
type TTG et granites à biotite. Même si les études
pétrophysiques ne sont pas encore disponibles, il est
fort probable que les granitoïdes ferromagnétiques
soient les plus représentés et l'étude de cette note
montre qu'il faut tenir compte de l'effet magnétite
lorsque l'on veut faire une interprétation géologique
des données magnétiques.
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