Journal des Sciences INFLUENCE DE LA MAGNETITE DANS LE COMPORTEMENT MAGNETIQUE DES ROCHES. APPLICATION A LA CARTOGRAPHIE GEOLOGIQUE. NABA Séta*, LOMPO Martin*, KAGAMBEGA Nicolas*, MININGOU Mariette* et DIALLO Pathé Dinna** * Département de Géologie, Université de Ouagadougou, 03 BP 7021, Ouagadougou 03, Burkina Faso, ** Département de Géologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, BP 5396 Dakar - Fann , Sénégal Correspondance: [email protected] Abstract: The Paleoproterozoic TTG (Tonalites, Trondhjemites, granodiorites) and biotite bearing granites have been mapped on a 3000 km2 area in Eastern Burkina Faso (West Africa). Cores samples have been taken in this area using a regular grid of 2 x 2 km. The results of magnetic susceptibility measurement show that the high values are due to presence of magnetite’s particles in the rocks. These magnetite’s particles disseminated in rocks explain the lack of correlation between rocks nature and the total magnetic field anomalies. To make profitable aeromagnetic data particulary in mining prospecting it is recommended to dispose of petrophysics data (magnetic susceptibility and magnetic mineralogy) for reliable geological interpretation. Résumé: Des complexes TTG (Tonalites, Trondhjémites, granodiorites) et des granites à biotite d’âge paléoprotérozoïque ont été cartographiés sur une superficie de 3000 km2 dans la région Est du Burkina Faso (Afrique de l’Ouest). Ces roches ont aussi fait l’objet d’un échantillonnage carotté sur une maille ± régulière de 2 km x 2 km. La minéralogie magnétique et les mesures de susceptibilité magnétique effectuées sur ces granitoïdes montrent que les fortes valeurs de susceptibilité magnétique sont dues à la présence de magnétites dans les roches. Cette magnétite disséminée dans les roches granitiques est la cause majeure du manque de corrélation entre le faciès pétrographique et les anomalies du champ magnétique total (CMT). Pour rentabiliser les données de l’aéromagnétisme notamment dans le domaine de la prospection minière, il est recommandé de disposer de données pétrophysiques (susceptibilité et minéralogie magnétique) pour des interprétations géologiques fiables. Keywords : West Africa, Burkina Faso, Total magnetic field, Mots clés : Afrique de l'Ouest, Burkina Faso, Champ Magnetic susceptibility, aeromagnetic, magnetite, granitoids, Magnétique Total, Susceptibilité Magnétique, mapping. Aéromagnétisme, Magnétite, Granitoïdes, Cartographie. INTRODUCTION La susceptibilité magnétique est dans certaines conditions, un puissant moyen d’étude des faciès pétrographiques et permet même à l’intérieur d’un même massif granitique, de mettre en évidence les différents types pétrographiques (Gleizes, 1992, Bouchez, 1997). On peut donc utiliser la technique de susceptibilité magnétique, pour préciser les interprétations géologiques à des échelles cartographiques et plus précisément, à partir des données de géophysique aéroportée, largement disponibles pour le Craton Ouest Africain (levés : Ghana, 1960, 1995-97, 1997-98 ; Togo, 1964 ; Burkina Faso, 1970, 1983, 1988-89, 1989-2000 ; S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004) Mali, 1977 ; Niger, 1977, 1995 ; Sénégal, 1962 ; Côte d’Ivoire, 1976 ; Liberia, 1968 ; Sierra Leone, 1958 ; Guinée, 1981, 1997) (voir Paterson, 1997). En effet, les données aéromagnétiques sont utilisées couramment pour détecter les zones d’anomalies magnétiques susceptibles de correspondre à des concentrations métallifères, et pour la reconnaissance géologique à différentes échelles cartographiques, surtout dans les régions où la couverture de sols ou de végétaux est importante. Théoriquement, la variation des réponses magnétiques indique celle de la nature ou de la forme des corps géologiques mesurés. - 20 - Cependant, il est bien établi (Henkel, 1991; Clark, 1997) que le passage des informations magnétiques aux informations géologiques est très délicat. Il n’est pas possible d’attribuer de façon univoque un type de roche à une signature magnétique. La seule mesure des propriétés magnétiques n’a de sens que si on peut les relier, au moins au premier ordre, avec les sources de ces propriétés, c’est-à-dire les minéraux magnétiques de la roche. Ainsi, la présence de minéraux ferromagnétiques tels que la magnétite, confère à la roche un comportement ferromagnétique produisant des réponses de susceptibilité totale très élevées (> 50 x 10-5 SI). La majeure partie du Craton Ouest Africain est couvert par des levés aéromagnétiques disponibles, mais à utilisation malheureusement limitée dans le secteur minier ; l'optimisation de cette utilisation peut se faire sur la cartographie géologique, en associant des données pétrophysiques. Très peu d'études représentatives (régionales) de susceptibilité magnétique ont été faites en Afrique de l'Ouest. Le but de cet article est : (i) de caractériser la phase minérale à l’origine du comportement ferromagnétique des granites, (ii) d’expliquer le manque de corrélation dans ces conditions entre la susceptibilité magnétique et le faciès pétrographique d’une part et entre les données du champ magnétique total et le faciès pétrographique d’autre part, (iii) de mettre à contribution la susceptibilité magnétique dans l’interprétation des données de la géophysique aéromagnétique. MINERALOGIE MAGNETIQUE Aimantation Ms Mr Ferromagnétisme (Magnétite, titanomagnétite...) ...) l e, ibo ph m a s, ica (m Kpara e .) sm ite, .. mén éti te, il n émati g (h e ma tism Kaf ra agné Pa iferrom Ant Kf Kdia Champ inducteur (H) Diamagnétism e (quartz, feldsp ath, calcite, ...) Figure 1 Figure 1 : Courbes d'aimantation en fonction du champ pour les différents types de comportements magnétiques (Kdia, Kpara, Kaf, et Kf sont respectivement les susceptibilités diamagnétique, paramagétique, antiferromagnétique et ferromagnétique ; Mr = aimantation rémanente ; Ms = aimantation à saturation ; H = champ inducteur (d'après Gleizes, 1992). S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004) La minéralogie magnétique a pour objet la caractérisation des phases minérales responsables du comportement magnétique global de la roche. Les minéraux sont classés globalement en quatre grandes familles selon leur état magnétique (fig.1) en présence ou en l’absence d’un champ extérieur (Hrouda, 1982 ; Bouchez, 1997).En l’absence d’un champ extérieur, les minéraux diamagnétiques, paramagnétiques et antiferromagnétiques ont une susceptibilité magnétique nulle. Ce qui n’est pas le cas pour les minéraux ferromagnétiques au sens large. En présence d’un champ extérieur, les minéraux diamagnétiques ont une susceptibilité négative. Les minéraux paramagnétiques et antiferromagnétiques ont une susceptibilité positive et faible. Les minéraux ferromagnétiques ont une susceptibilité positive et forte. Pour cette dernière famille, il subsiste une aimantation lorsque le champ extérieur cesse d’agir : c’est l’aimantation rémanente. Au-dessus des températures respectivement de Néel et de Curie, les minéraux antiferromagnétiques et ferromagnétiques prennent un comportement paramagnétique. Dans les roches granitiques, les minéraux diamagnétiques sont en général les silicates blancs (quartz, feldspath) et la calcite. Les minéraux paramagnétiques sont les silicates ferrifère (micas, amphibole, pyroxène, etc.). Les minéraux antiferromagnétiques sont l’hématite et l’ilménite et les minéraux ferromagnétiques sont la magnétite, la titanomagnétite et la pyrrhotite monoclinique. En générale la magnétite cristallise en phase avec les silicates ferromagnésiens de la roche lorsque la fugacité en oxygène du magma l’autorise (Bouchez, 1997). Dans les granites paramagnétiques seuls les silicates ferrifères ont une contribution majeure à la susceptibilité de la roche. Dans ce cas la susceptibilité globale de la roche est ≤ 50 x 10-5 SI (Rochette, 1987 ; Jover et al.,1989, Gleizes, 1992 ; Bouchez, 1997). Alors que dans les granites ferromagnétiques en plus des silicates ferrifères, on note la présence de particules magnétiques. Ce sont ces dernières qui ont une forte contribution à la susceptibilité totale de la roche. Leur susceptibilité est > à 50 x 10-5 SI. On peut alors définir deux types principaux de granites (Rochette, 1987 ; Jover et al.,1989, Gleizes, 1992 ; Bouchez, 1997) : (1) les granites paramagnétiques et (2) les granites ferromagnétiques. Cette distinction rejoint celle qui est faite au japon (Ishihara, 1977, Takahashi et al., 1980) entre granites à ilménite (paramagnétiques) et granites à magnétite (ferromagnétiques). - 21 - Les observations présentées dans cette note, ont été faites dans la région Est du Burkina Faso (fig. 2a) constituée à 80% de granitoïdes (Vyain, 1967 ; Bos, 1967 ; Hottin et Ouédraogo, 1975). 70% de ces granitoïdes sont des complexes de type TTG, c'est à dire, composés de tonalites, trondjhémites et granodiorites (Pons et al., 1995 ; Naba, 1999). Au sein de ces complexes, affleurent des granitoïdes de génération postérieure, qui sont essentiellement des granites à biotite sans foliation majeurs observables sur le terrain (Lompo et al., 1995). Notre étude porte sur l’Alignement Plutonique Tenkodogo-Yamba (APTY), granite à biotite, qui s’étend sur 125 km avec 15 à 25 km de large. Son encaissant est totalement constitué par un batholite TTG, sauf dans la partie NE où l'APTY est en contact avec une ceinture de roches vertes(fig. 2b). ZONE D'APPLICATION - CADRE GEOLOGIQUE METHODOLOGIE Figure 2a : Carte géologique de synthèse de la région du Liptako-Gourma (Naba et al., 2000) 1roches vertes birimiennes, 2- granitoïdes foliés, 3granitoïdes non foliés, 4- Couverture sédimentaire 5- Trajectoires de schistosité (structures précoces) 6- failles, 7- Zone d’étude 0°20'W 0°20'E 0°00 1 2 12°40' N 12°40' N 3 4 0 5 5 6 10 km 12°20' N 12°20' N YAMBA Tibga Diapangou DIABO 12°00' N FADA N'GOURMA Kindzéoguin 12°00' N SATENGA TENKODOGO 11°40' N 0°20'W 0°00' 0°20'E 11°40' N Figure 2b Figure2b : Zone d'étude : Levé SM et ASM (Naba, 1999). 1- ceintures de roches vertes, 2Encaissant Tonalites -Trondhjémites granodiorites (TTG), 3- Granite à biotite de type Alignement Plutonique Tenkodogo-Yamba 4Sites d’échantillonnage pour les mesures de susceptibilité magnétique 5- Trajectoires de schistosité/foliation (interprétées à partir des mesures structurales de terrain des auteurs antérieurs). 6- failles. S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004) Trois niveaux d'approche ont soutenu nos observations : (1) L’étude de la minéralogie magnétique des granites paramagnétiques se fait généralement au microscope polarisant (caractérisation des silicates de la roche). Celle des granites ferromagnétiques est par contre plus complexe. La caractérisation des minéraux magnétiques peut se faire par la mesure des températures de déblocage. Cette température correspond à la température de curie ou de Néel et est propre à chaque minéral ferromagnétique (Archanjo et al., 1995 ; Clark, 1997). Elle peut aussi se faire par l’étude au microscope polarisant (Lumière réfléchie). L’étude de la minéralogie magnétique de l’APTY a été réalisée au microscope polarisant (en lumière transmise et en lumière réfléchie). (2) Pour les données de susceptibilité magnétiques des roches, l’échantillonnage a été fait suivant une maille plus ou moins régulière de 2 x 2 km, couvrant l'ensemble de l’APTY et une partie de l'encaissant immédiat ; un total de 273 sites ont été échantillonnés sur une superficie d’environ 3000 km2 et se répartissent comme suit : 230 sur l’APTY et 43 sites sur l'encaissant TTG. Dans chaque site deux échantillons carottés distants de 0,5 m à 10 m ont été prélevés soit un total de 546 échantillons carottés. Chaque carotte est débitée en forme cylindrique de diamètre 2,5 cm (diamètre de la carotteuse) et de hauteur 2,2 cm. Quatre de ces échantillons cylindriques sont retenus par site pour les mesures de susceptibilité magnétique. Les mesures ont été effectuées à l’aide du susceptomètre Kappabridge Kly2 Digico (Laboratoire de pétrophysique et de tectonique de Toulouse) opérant en champ alternatif faible (4 x 10-4 T) avec une fréquence de 920 Hz. On calcul ensuite la - 22 - susceptibilité axiale de l’échantillon pour 15 positions différentes dont certaines sont symétriques 2 à 2. La susceptibilité moyenne (Km = Σ Ki/4) de chaque site est ensuite calculée à partir des susceptibilités des quatre échantillons du site (voir Naba, 1999). (3) Pour une application à l'échelle cartographique, nous avons comparé nos données ASM à ceux du levé aéroporté (Paterson et al., 1985) qui a été réalisé à l’aide de magnétomètres à précession nucléaire (protons), donnant des enregistrements numériques à un intervalle d’une seconde sur des bandes magnétiques avec une résolution de 0,1 nT. Ces données ont été lissées, compilées et présentées sous forme de cartes d’anomalies magnétiques du champ total après soustraction du champ de référence géomagnétique international pour la période des travaux. L’anomalie magnétique dans ce cas reflète la variation de la teneur en minéraux magnétiques des roches voisines de la surface (Telford et al., 1974). RESULTATS Analyse de la susceptibilité magnétique. Sur l’ensemble de l’aire d’étude, 70,2 % des sites sont ferromagnétiques (Km > 50 x 10-5 SI), 19 % des sites sont paramagnétiques (Km ≤ 50 x 10-5 SI) et 10,8 % des sites sont mixtes (site où au moins un des échantillons est ferromagnétique). Afin de pouvoir comparer les données de susceptibilité magnétique et ceux du champ magnétique total (CMT), seulement une distinction est faite entre le paramagnétisme et le ferromagnétisme. Par conséquent, les sites mixtes en moyenne ferromagnétiques seront additionnés aux sites purement ferromagnétiques et les sites mixtes en moyenne paramagnétiques, seront additionnés aux sites purement paramagnétiques. Ce qui fait observer des proportions de 76,68% de sites ferromagnétiques contre 23,32% de sites paramagnétiques. Le contourage des données de susceptibilité magnétique en aires d’isovaleurs (fig. 3) montre que les granites paramagnétiques (contours d’isovaleurs ≤ 5 x 10-4 SI) occupent des îlots noyés dans les domaines de granites ferromagnétiques (contours d’isovaleurs > 5 x 10-4 SI). Le ferromagnétisme dominant, indique que l’essentiel des granites sont porteurs de minéraux ferromagnétiques tels la magnétite. Cette magnétite se distribue par ailleurs de manière aléatoire, en témoigne les nombreux maxima isolés dans l’APTY et dans son encaissant TTG. Cette mauvaise répartition est également constatée à l’échelle d’un site ou d’une carotte. La grande variabilité des données de susceptibilité magnétique suggère alors une dissémination de la S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004) phase minérale responsable du comportement ferromagnétique des granites (fig. 4). Figure 3 : Mesures de susceptibilité magnétique. Isovaleurs de susceptibilité magnétique (Km en10-4 SI) des granites de l'Alignement Plutonique Tenkodogo-Yamba et du proche encaissant TTG. L’intervalle des courbes est de 5 x 10-4 SI log(Km) -4,5 -4,2 -3,9 -3,6 -3,3 -3 -0,5 -2,7 -2,4 -2,1 -1,8 -1,5 -1,2 -1 -1,5 Sites "mixtes" à Km £ 50 x 10-5 SI Sites ferromagnétiques Km > 50 x 10-5 SI -2 -2,5 -3 -3,5 -4 -4,5 -5 -5,5 Sites paramagnétiques -5 (Km £ 50 x 10 SI) -6 -6,5 log[s(Km)] Figure 4 Figure 4 : Ecart moyen de la susceptibilité magnétique du site (4 échantillons) en fonction de la susceptibilité moyenne pour l'ensemble des sites de l'alignement et de l'encaissant TTG. Minéralogie magnétique. Pour les granites paramagnétiques de l’APTY, les principaux contributeurs à la susceptibilité sont la biotite et dans une moindre mesure, la muscovite. A ces minéraux s’ajoute l’amphibole présente dans l’encaissant TTG. Pour les granites ferromagnétiques l’étude en lumière réfléchie (fig. 5) montre que la fraction ferromagnétique est essentiellement constituée de - 23 - Norme la magnétite (± martitisée d’hématite) et l’ilménite cristallisent bien en phase avec les autres minéraux de la roche, en témoigne la forme des interfaces particules magnétiques - silicates plus ou moins rectilignes. D’autres part, on observe une forte présence d’ilménite dans la quasi-totalité des échantillons observés. Cette forte présence d’ilménite est d’ailleurs confirmée par le rapport TiO2/Fe2O3 Total compris entre 0,05 et 0,19 pour les échantillons analysés chimiquement (Naba, 1999) et des proportions modales d’ilménite plus fortes que celles de magnétite dans la totalité des granitoïdes à biotite. Cette tendance est inversée dans les sites de l’encaissant TTG (Tableau I et fig. 6). 70 Magnétite Ilménite 60 50 (*) = site de l’encaissant TTG EE 4* T15* DD 138* Sites (échantillons) de l’alignement DD 17* YB 28 YB 128 DD 28 DD 79 DD 130 30 T18 40 KI 17 Proportions relatives (en %) cristaux de magnétites de dimensions comprises entre 10 µm et 0,5 cm (Photo 1). Ces dimensions attestent du caractère polydomaine des grains de magnétites (Bouchez, 1997). Les cristaux sont soient isolés ou en agrégats légèrement anisotropes (Photo 2). Le cristal individuel, quelque soit ses dimensions, présente souvent une texture de remplacement caractérisée par une martitisation d’hématite (Photo 3). Dans d’autres cas le remplacement est un peu plus avancé et se traduit par l’existence de cristaux entiers d’hématite présentant des taches de magnétite non encore transformée (Photo 4). Au contact de cette magnétite partiellement transformée, il y a souvent des cristaux d’ilménite (Photo 5). De l'ilménite se trouve également en exsolution dans la magnétite. Ces particules magnétiques (magnétite, hématite et ilménite) s’observent dans les zones à forte concentration de silicates ferromagnésiens (biotite et amphibole) et plus rarement au contact des silicates blancs. Dans tous les cas, le contact entre la particule magnétique et le silicate est plus ou moins bien tranché. D’autres minéraux de magnétite et d'ilménite se retrouvent en inclusion dans les minéraux ferromagnésiens et, dans ce cas présentent une texture anisotropique suivant la section longitudinale du cristal (Photo 6). On constate que Sites (échantillons) de l’encaissant TTG Figure 6 Figure 6 : Répartition de la magnétite et de l’ilménite dans les sites de l’alignement et de son proche encaissant TTG. Site T18 KI17 DD130 DD79 DD28 YB28 YB128 T15* DD17* EE4* DD138* Magnétite 40,74 37,37 42,65 43,48 35,42 42,59 45 47,47 51,82 65,35 65,74 Ilménite 62,63 57,35 56,52 64,58 57,41 55 52,53 48,18 34,65 34,26 59,26 Tableau I : Proportions normatives comparatives de magnétites et d’ilménites. (*) : sites de l’encaissant TTG 0°15’ W 0°00’ 10200 YAMBA 12°15’ N 2 4 6 8 10 km 00 1 01 10 2 00 10100 0 1020 00 1 0 101 00 DIAPANGOU 0 20 10 0 02 2 10 0 0 12°00’ N DIABO 102 00 10200 10200 101 0 00 10200 20 10 101 10 250 20 10 12°00’ N 50 10100 10100 1010 10100 0 1020 0 10000 9900 10 1010 0 1 10 00 102 00 20 0 Figure 7a 10 20 0 TENKODOGO 00 102 Limites de l’alignement plutonique Tenkodogo-Yamba 11°45’ N 10100 10100 10100 101 50 0°15’ W 0°00’ 0°15’E 00°30’E Figure 7a : Données aéromagnétiques (Paterson et al., 1985). Isovaleurs du champ magnétique total (en nano-Teslas). L’intervalle des courbes est de 50 nT. S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004) - 24 - D - 5(1a) 0°00’ D ) (1 -2 Cp ) 7 (1 Cvs - 4(1) Cp - 7(3) s Cv -5 ) (1 -7 (3 ) 0°15’ W C p YAMBA 12°15’ N D 0 2 4 6 8 10 km D - 5(1b) D D 12°00’ N D - 5 (1b) D Cvs - 3,4 D- D ) 3(3 -2 ) (2 Cppr - 8 D ) (1a -5 - 2) 2( Cp - 7(1) Cvs - 4,5 Cp (2) D-2 D - 3(2) Cp ) Cvs -3,4 3.06 Cvs -4 (1) Cp 4 3, 5 s- 4,5 Cv Cvs 3) - 7( Cp (3) -7 Cp - 7(3) Cvs - 4,5 ) (3 -7 sCv D - 5(1b) 12°00’ N - 7( sCv ) (1 -7 0°15’ W Cp (2) -7 1) 4,5 Figure 7b Cp - 7(3) Cppr -8 Cvs - 4,5 Cp TENKODOGO Cp -7 (1) 7(3 Cp - 7(3) -8 pr Cp Cppr - 8 Cvs - 3,4 D - 2(1) Cp DIABO Cvs - 3,4 Cvs - 3,4 ) DIAPANGOU b) (1 ) (1 -2 (1a (1) ) D-2 - 5(1a D Cvs - 4,5 2(1) D - D - 5(1b) (1) D - 2 (1a) 5 D- -5 -5 D - 3(2) D -3 ) (1 0°00’ Limites de l’alignement plutonique Tenkodogo-Yamba 0°15’E 11°45’ N 00°30’E Figure 7b : Interprétation des données aéromagnétiques (Paterson et al., 1985). “Faciès magnétiques" dans le secteur d'étude : Migmatite (D-5, D-2, D-3), Granites syntectoniques (Cp-7, Cppr-8), Zones de volcano-sédiments (Cvs), Dykes de dolérite (δ). Enfin la forte proportion d’hématite secondaire qui se développe aux dépends de la magnétite pourrait justifier le faible ferromagnétisme (50 x 10-5 SI < Km < 10-3 SI) observé dans la majorité des sites. DISCUSSION ET CONCLUSION Comparaison SM / CMT. Les mesures de la susceptibilité magnétique (SM) au sol présentent des valeurs comparables aux données aéromagnétiques (CMT) ; voir figure 3 et figure 7a. L’interprétation de Paterson et al., 1985 (Fig. 7b) montre l’existence de cinq faciès magnétiques dans l’APTY [Cp7(1), Cp7(3), Cppr-8, Cvs-3,4 et Cvs-4,5] et un nombre plus important dans l’encaissant. Cette grande variété de faciès correspondrait d'après les auteurs, à une grande variété de faciès géologiques allant des roches basiques (Cvs-3,4 et Cvs-4,5) aux roches acides (Cp7(1), Cp7(3) et Cppr-8). La grande similitude entre les deux cartes d’isovaleurs (fig. 3 ; fig. 7a) est une preuve tangible de l’influence de la nature de la roche sur les données de SM et de CMT. Pourtant l’interprétation finale du magnétisme aéroporté (Paterson et al., 1985) tend à attribuer les secteurs à fortes susceptibilités magnétiques à une réponse magnétique de roches basiques voir S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004) ultrabasiques. Cette interprétation est tout à fait justifiée lorsqu’on tient seulement compte des coupures théoriques de susceptibilité moyennes (Telford et al., 1974) entre roches acides (650 x 106 uem) et roches basiques (2600 x 106 uem). Cependant, bien que les susceptibilités soient de l’ordre de grandeur de celles des roches basiques, on constate que les roches sont des TTG et des granites mais porteurs de magnétites dans la majorité. Les auteurs justifient ces anomalies par la transformation métasomatique d’une roche basique en un granite. Mais la minéralogie magnétique et les mesures de susceptibilité montrent que c’est plutôt une forte présence de magnétite qui est exprimée sous forme d’anomalies. De plus les études pétrographiques, géochimiques et microstructurales (Naba, 1999) montrent que les roches concernées sont entièrement magmatiques. Ces roches en dehors de quelques zones de cisaillement fini à post-magmatiques diffus, n’ont pas subit de transformation significative. En conclusion, le passage des informations magnétiques aux informations géologiques nécessite des informations pétrophysiques (susceptibilité magnétique et minéralogie magnétique). Les - 25 - données de l’aéromagnétisme ayant l’avantage de mettre en évidence les anomalies magnétiques d’ampleur locale ou régionale (échelle cartographique), les analyses présentées dans cette note, confirment la nécessité de disposer de données pétrophysiques afin de mieux affiner l’interprétation des données de géophysique aéromagnétique pour la cartographie géologique. Les granitoïdes paléoprotérozoïques de l'Afrique de l'Ouest sont semblables à ceux du Burkina Faso, c'est à dire de type TTG et granites à biotite. Même si les études pétrophysiques ne sont pas encore disponibles, il est fort probable que les granitoïdes ferromagnétiques soient les plus représentés et l'étude de cette note montre qu'il faut tenir compte de l'effet magnétite lorsque l'on veut faire une interprétation géologique des données magnétiques. BIBLIOGRAPHIE Archanjo, C. J., Launeau, P. & Bouchez, J. L., 1995 - Magnetic fabric vs. Magnetite and biotite shape fabrics of the magnetite-bearing granite pluton of Gameleiras (Northeast Brazil). Phys. earth plan. Inter. 89 : 63-75. Bos, P., 1967 - Notice explicative de carte géologique à 1/200 000 de Fada N'Gourma. Edit. B.R.G.M., Arch. D.G.M. Ouagadougou, 58 p. Bouchez, J. L., 1997 - Granite is never isotropic : an introduction to AMS studies of granitic rocks. in J.L. Bouchez, D.H.W. Hutton and W.E. Stephens (eds.), Granite : from segregation of melt to emplacement fabrics, Kluwer Academic Publishers, Dordrecht, pp. 95-112. Clark, D. 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