S. Naba et al / J. Sci. Vol. 4, N° 1 (2004) - 21 -
Cependant, il est bien établi (Henkel, 1991; Clark,
1997) que le passage des informations magnétiques
aux informations géologiques est très délicat. Il n’est
pas possible d’attribuer de façon univoque un type
de roche à une signature magnétique. La seule
mesure des propriétés magnétiques n’a de sens que
si on peut les relier, au moins au premier ordre, avec
les sources de ces propriétés, c’est-à-dire les
minéraux magnétiques de la roche. Ainsi, la
présence de minéraux ferromagnétiques tels que la
magnétite, confère à la roche un comportement
ferromagnétique produisant des réponses de
susceptibilité totale très élevées (> 50 x 10-5 SI).
La majeure partie du Craton Ouest Africain est
couvert par des levés aéromagnétiques disponibles,
mais à utilisation malheureusement limitée dans le
secteur minier ; l'optimisation de cette utilisation
peut se faire sur la cartographie géologique, en
associant des données pétrophysiques. Très peu
d'études représentatives (régionales) de susceptibilité
magnétique ont été faites en Afrique de l'Ouest.
Le but de cet article est : (i) de caractériser la phase
minérale à l’origine du comportement
ferromagnétique des granites, (ii) d’expliquer le
manque de corrélation dans ces conditions entre la
susceptibilité magnétique et le faciès pétrographique
d’une part et entre les données du champ
magnétique total et le faciès pétrographique d’autre
part, (iii) de mettre à contribution la susceptibilité
magnétique dans l’interprétation des données de la
géophysique aéromagnétique.
MINERALOGIE MAGNETIQUE
Ms
Mr
Ferromagnétisme
(Magnétite, titanomagnétite...)
Kf
Kaf
Kdia
Diamagnétisme
(quartz, feldspath, calcite, ...)
Antiferromagnétisme
(hématite, ilménite, ...)
K
ara
Paramagnétisme
(micas, amphibole, ...)
Figure 1
Aimantation
Champ inducteur (H)
Figure 1 : Courbes d'aimantation en fonction du
champ pour les différents types de
comportements magnétiques (Kdia, Kpara, Kaf,
et Kf sont respectivement les susceptibilités
diamagnétique, paramagétique,
antiferromagnétique et ferromagnétique ; Mr =
aimantation rémanente ; Ms = aimantation à
saturation ; H = champ inducteur (d'après
Gleizes, 1992).
La minéralogie magnétique a pour objet la
caractérisation des phases minérales responsables du
comportement magnétique global de la roche. Les
minéraux sont classés globalement en quatre grandes
familles selon leur état magnétique (fig.1) en
présence ou en l’absence d’un champ extérieur
(Hrouda, 1982 ; Bouchez, 1997).En l’absence d’un
champ extérieur, les minéraux diamagnétiques,
paramagnétiques et antiferromagnétiques ont une
susceptibilité magnétique nulle. Ce qui n’est pas le
cas pour les minéraux ferromagnétiques au sens
large. En présence d’un champ extérieur, les
minéraux diamagnétiques ont une susceptibilité
négative. Les minéraux paramagnétiques et
antiferromagnétiques ont une susceptibilité positive
et faible. Les minéraux ferromagnétiques ont une
susceptibilité positive et forte. Pour cette dernière
famille, il subsiste une aimantation lorsque le champ
extérieur cesse d’agir : c’est l’aimantation
rémanente. Au-dessus des températures
respectivement de Néel et de Curie, les minéraux
antiferromagnétiques et ferromagnétiques prennent
un comportement paramagnétique.
Dans les roches granitiques, les minéraux
diamagnétiques sont en général les silicates blancs
(quartz, feldspath) et la calcite. Les minéraux
paramagnétiques sont les silicates ferrifère (micas,
amphibole, pyroxène, etc.). Les minéraux
antiferromagnétiques sont l’hématite et l’ilménite et
les minéraux ferromagnétiques sont la magnétite, la
titanomagnétite et la pyrrhotite monoclinique. En
générale la magnétite cristallise en phase avec les
silicates ferromagnésiens de la roche lorsque la
fugacité en oxygène du magma l’autorise (Bouchez,
1997).
Dans les granites paramagnétiques seuls les silicates
ferrifères ont une contribution majeure à la
susceptibilité de la roche. Dans ce cas la
susceptibilité globale de la roche est ≤ 50 x 10-5 SI
(Rochette, 1987 ; Jover et al.,1989, Gleizes, 1992 ;
Bouchez, 1997). Alors que dans les granites
ferromagnétiques en plus des silicates ferrifères, on
note la présence de particules magnétiques. Ce sont
ces dernières qui ont une forte contribution à la
susceptibilité totale de la roche. Leur susceptibilité
est > à 50 x 10-5 SI. On peut alors définir deux types
principaux de granites (Rochette, 1987 ; Jover et
al.,1989, Gleizes, 1992 ; Bouchez, 1997) : (1) les
granites paramagnétiques et (2) les granites
ferromagnétiques. Cette distinction rejoint celle qui
est faite au japon (Ishihara, 1977, Takahashi et al.,
1980) entre granites à ilménite (paramagnétiques) et
granites à magnétite (ferromagnétiques).