Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire 2015 ; 19(4) : 235-236 235
cas clinique
(AC/FA) avait révélé un infarctus du myocarde (IDM) sans douleur
clinique (sus-décalage de ST en inférolatéral sur l’ECG avec une
troponine à 0,16 µg/l pour une normale à 0,01). À J6, un épan-
chement péricardique circonférentiel était diagnostiqué avec
une majoration à 14 mm à l’IRM à J9 sans trouble de la cinétique
segmentaire.
Le patient, transfusé de 3 culots globulaires à J6 et J13, était
autorisé à sortir à J14 sous bi-agrégation plaquettaire et anti-
coagulation ecace. Réadmis à J17 (J13 post-infarctus) pour
une tamponnade péricardique avec un épanchement de 3 cm
circonférentiel et compressif, avec constriction de l’oreillette
droite, un drainage fut immédiatement décidé.
Réalisé par voie sous-xiphoïdienne, cela permit d’évacuer 700ml
de liquide sérosanglant. Après la phase initiale de l’évacuation
du liquide, ce dernier devint de plus en plus sanglant et abon-
dant, témoignant d’un saignement actif d’origine cardiaque.
Afin de contrôler le saignement majeur, une sternotomie mé-
diane fut immédiatement réalisée. De multiples ruptures de la
paroi antérieure du ventricule droit furent observées. L’évolution
fut rapidement défavorable devant l’impossibilité de suturer le
myocarde, infarci dans plusieurs zones, responsable d’une hé-
morragie majeure.
3. DISCUSSION
Les trois principales causes de décès après un infarctus du myo-
carde sont le choc cardiogénique, la fibrillation ventriculaire et la
rupture myocardique [2]. Cette dernière survient habituellement
environ 7 à 8 jours après un infarctus et s’accompagne d’une
mortalité de 40% [3].
Certains facteurs de risque prédisposent à cette rupture myocar-
dique et trois d’entre eux étaient présents dans le cas rapporté:
l’âge supérieur à 60 ans, l’absence d’antécédent coronarien et les
Tamponnade à J17 d’une lobectomie
pour cancer bronchique T2N0 : la rupture
du ventricule droit après un infarctus presque
«silencieux » oublié !
Laura Haddad, Joao-Carlos Das-Neves-Pereira, Alex Arame, Françoise Le Pimpec-Barthes*
RÉSUMÉ
L’hémopéricarde, par rupture de la paroi libre du ventricule, après un infarctus du myocarde (IDM), est une complication connue mais exceptionnelle
après une lobectomie pour cancer bronchopulmonaire (CBP). Nous rapportons le cas d’un patient de 84 ans opéré en urgence d’une tamponnade à J17
d’une lobectomie, initialement compliquée d’un IDM silencieux. Une rupture myocardique fut découverte en peropératoire et l’absence d’anticipation a
nui à une prise en charge optimale, conduisant au décès du patient.
Mots clés: hémopéricarde, infarctus du myocarde, lobectomie, cancer bronchique.
ABSTRACT
Tamponade at D17 from a lobectomy for lung cancer T2N0: rupture of the right ventricular free wall after a silent myocardial infarction
The haemopericardium, by rupture of the ventricular free wall, is a known lethal complication after myocardial infarction (MI), but rare after lobectomy
for lung cancer. We report the case of an 84-year-old patient who underwent emergency surgery at D17 after lobectomy, because of a tamponade by
myocardial rupture, complicating MI revealed at D4. The lack of early diagnosis of post-MI complication precluded optimal therapeutic intervention
strategy leading to the death of the patient.
Keywords: hemopericardium, myocardial infarction, lobectomy, lung cancer.
Service de chirurgie thoracique et transplantation pulmonaire,
hôpital européen Georges-Pompidou, Paris, France.
Conflit d’intérêt : aucun. / Conflict of interest statement: none declared.
1. INTRODUCTION
La tamponnade péricardique par hémopéricarde dans les suites
d’une lobectomie pour un cancer bronchique peut survenir dans
les stades avancés de CBP et correspond le plus souvent à une
carcinose péricardique [6]. Le drainage en urgence par une voie
sous-xiphoïdienne permet alors de faire le diagnostic et de lever
la compression cardiaque. Lorsque la lobectomie initiale a été
faite sans ouverture péricardique et qu’il s’agit d’un CBP de stade
précoce, une étiologie non tumorale à la tamponnade doit être
recherchée afin de proposer une prise en charge thérapeutique
optimale.
Nous rapportons le cas d’un patient ayant présenté un hémopé-
ricarde par rupture myocardique contenue et méconnue, à J17
d’une lobectomie inférieure droite simple, avec curage hilaire et
médiastinal radical, pour un cancer non à petites cellules (CNPC)
classé T2N0. Le traitement de la tamponnade par voie sous-xi-
phoïdienne, omettant l’IDM postopératoire précoce passé ina-
perçu, n’a pas permis de contrôler une rupture sur un infarcisse-
ment cardiaque étendu.
2. OBSERVATION
Un patient de 84 ans est réadmis en urgence à J17 d’une lo-
bectomie inférieure droite pour un CNPC de type épidermoïde
bien diérencié classé T2N0, dans un tableau de tamponnade
péricardique. À J4 de l’intervention initiale, un œdème aigu du
poumon (OAP) sur arythmie complète par fibrillation auriculaire