CHIRURGIE THORACIQUE CARDIO-VASCULAIRE - 2012 ; 16(4) : 219-224 223
t r a n s p l a n tat i o n
(p < 0,05). L’expression de TLR4 augmente progressivement
pendant la CRN avec, à 4 heures, un taux supérieur à 2 heures
(p < 0,01). L’expression de SLAIIDR est initialement plus
basse par rapport au contrôle (p < 0,05 à 1 heure) et son aug-
mentation est plus tardive. Elle est également plus importante
à 4 heures qu’à 2 heures (p < 0,05). L’expression d’interféron g
(INFg) augmente de façon non significative pendant la CRN.
4. DISCUSSION
Pour répondre à la pénurie de greffons rénaux, les équipes
de transplantation ont élargi leurs critères de sélection des
donneurs. De nombreuses publications ont montré que les
DDAC représentent une source valable de greffons malgré
la période d’ischémie chaude à laquelle ils sont soumis. Des
différents modes de reconditionnement, la CRN semble don-
ner les meilleurs résultats. Ces prélèvements sont strictement
encadrés par l’ABM qui a défini les conditions dans lesquelles
ils doivent se dérouler et en précisant notamment les durées
d’ischémie chaude et froide tolérées. La mise au point d’un
modèle chez le gros mammifère permet l’étude des greffons
obtenus dans ces conditions, sans être limité par les impératifs
cliniques d’une greffe.
Dix CRN ont été réalisées. Le modèle mis au point est re-
productible. En effet, les objectifs hémodynamiques et ga-
zométriques ont toujours été atteints. La période d’ischémie
chaude se limite aux 30 minutes d’asystolie maximale tolérée
et ne tient pas compte de la période de low flow pendant le
massage cardiaque externe, ce qui est critiquable. Cette partie
du modèle a d’ailleurs été récemment améliorée. On peut ce-
pendant considérer que les lésions liées à l’ischémie chaude
sont principalement dues à la période de no flow. L’injection
d’héparine avant l’asystolie est également un point critiquable
de ce modèle qui sera facilement corrigé au cours des pro-
chaines expérimentations.
Sur le plan du sang périphérique, si la CRN est en elle-même
un facteur d’inflammation, celle-ci ne semble pas se majorer
avec la durée de la CRN. On constate en effet une stabilité
de l’expression des cytokines impliquées dans la réponse in-
flammatoire précoce (TNFa et IL6) et une diminution de
celle de l’IL8 dont l’expression augmente avec la durée d’is-
chémie chaude [13]. Néanmoins, si l’activation leucocytaire
ne semble pas plus importante entre 2 heures et 4 heures de
CRN, l’analyse transcriptomique suggère que l’expression des
gènes TLR4 et SLAIIDR, marqueurs de l’activation immuni-
taire, augmente avec la durée de la CRN. On peut donc sup-
poser que la poursuite de la CRN au-delà de 4 heures pour-
rait entraîner une activation plus importante de la réponse
immunitaire.
Concernant le tissu rénal, l’expression des transcrits des gènes
de la réponse inflammatoire/immunitaire est globalement
stable pendant la CRN. Concernant la réponse des reins à
l’hypoxie et au stress oxydant, il existe à 4 heures de CRN,
une mise en route des mécanismes de réponse à l’hypoxie
induits par HIF1-a qui n’existe pas après 2 heures de CRN.
Les protéines HIF sont des médiateurs de l’adaptation cel-
lulaire à l’hypoxie. Ce sont des hétérodimères constitués
d’une sous-unité a régulée par l’oxygène et d’une sous-uni-
té b. Deux isoformes de la sous-unité a ont été identifiées :
HIF1-a exprimé dans les cellules épithéliales tubulaires et
HIF2-a dans les cellules glomérulaires, endothéliales et in-
terstitielles. Elles sont régulées d’une manière très similaire.
En présence d’oxygène, la sous-unité a subit une hydroxyla-
tion, par des prolylhydroxylases, dès sa sortie du noyau, puis
est liée par la protéine von Hippel-Lindau, qui induit une ac-
tivité d’ubiquitination, ce qui mène à la dégradation de cette
sous-unité a par le protéasome cytoplasmique. Quand il n’y
a pas suffisamment d’oxygène disponible pour jouer le rôle
de substrat pour la réaction d’hydroxylation, HIFa ne suit
pas la voie destructrice, s’accumule et est transloquée dans
le noyau cellulaire afin de former un complexe fonctionnel
avec HIFb et des co-activateurs transcriptionnels. La liaison
de l’hétérodimère HIF aux éléments de réponse à l’hypoxie
des gènes cibles initie la transcription [14,15]. Parmi les gènes
cibles, on retrouve EPO, Vascular Endothelial Growth Factor
(VEGF) et hémoxygénase 1 (HO1). On constate d’ailleurs
une augmentation globale de l’expression de ces gènes durant
la CRN par rapport au contrôle rein sain. Cette expression ne
Figure 7. Étude transcriptomique des leucocytes sanguins pendant la CRN (n = 6).