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10 Clinicien plus • juillet/août 2013
Pour les blessures mineures, il y a de plus en plus de « pansements liquides » commercialisés. Quels sont les
avantages et les inconnients de ces produits ainsi que leurs canismes physiopathologiques?
Question posée par Dre Monique Bourbeau, Boucherville (Québec)
Pansements liquides
1
À l’heure actuelle, sur le marché, il existe plusieurs produits de pansements dits liquides (Tableau 1). Certains se spécialisent
dans les coupures superficielles et les éraflures alors que d’autres sont utilisés pour les lacérations mineures comme alterna-
tive aux points de sutures.
Tous n’utilisent donc pas les mêmes composantes; le principe de fond reste cependant le même. Les pansements liquides
sont composés de monomères liquides dissous dans un solvant (habituellement dans l’alcool ou dans l’eau) qui, lorsqu’exposés
à la peau, s’engagent dans une réaction exothermique menant à la formation de tissus polymériques résistants. Cette fine
couche de polymères fige et protège la plaie.
Chacun des types de pansements comporte des avantages et des inconvénients (Tableau 2).
Dr Simon Nigen et Dr Yanick Verlaan, résident, ont pondu à cette question.
Tableau 1
Pansements liquides disponibles sur le marché et indications
Nom commercial Ingrédients Indications
Dermabond Advanced™ 2-cyanoacrylate d’octyle Lacérations mineures
Band-Aid Single Step®, PeriAcryl®, Xoin®, cyanoacrylate d’éthyle Coupures superficielles et éraflures
Gesika®, Indermil®Tissue Adhesive
LiquiBand®, HistoacrylMD, cyanoacrylate de n-butyle Lacérations mineures
Glubran®
New-Skin®Alcool, huiles de clous Coupures superficielles et éraflures
de girofle, solution de proxyline,
sulfate d’hydroxy-8 quinoléine
NexcareMC Hexaméthyldisiloxane, Coupures superficielles et éraflures
2,2,4-triméthylpentane,
polyphénylméthylsiloxane
Tableau 2
Propriétés des pansements selon leur catégorie
Avantages Inconvénients
Lacérations mineures Moins douloureux • Risque de bris du pansement si le site de la plaie est sujet aux mouvements
Pas d’anesthésie au préalable répétés (mains, pieds, articulations)
Réparation plus rapide • Moins efficace si forte pilosité
Pas de points de suture • Non efficace sur les muqueuses
à enlever • Moins efficace si patient avec trouble de circulation
Hydrofuge • Possibilité de réaction allergique
• Esthétisme
Coupures superficielles Esthétisme • Moins efficace sur coupures et éraflures extensives et profondes
Durable • Moins efficace si patient avec trouble de circulation
Facile à utiliser Possibilité de réaction allergique
Prévient les infections
Utile pour les sites
difficilement accessibles
avec les pansements traditionnels
• Hydrofuge
Clinicien plus • juillet/août 2013 11
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Que pensez-vous des nouvelles
normes en soins avancés en
réanimation cardiovasculaire
(SARC)?
Question posée par
Dr Daniel Couture,
Deauville (Québec)
Soins avancés en réanimation cardiovasculaire
2Je n’en pense que du bien... La dernière mise à jour des recommandations des
SARC date de 2010. Les points à retenir par rapport aux recommandations de
2005 sont les suivants :
1. Le capnographe est recommandé pour la confirmation du bon
positionnement du tube endotrachéal;
2. L’accent est mis sur la bonne qualité du massage (100 bpm, 5 cm de
profondeur, laisser le thorax se ré-expandre complètement avant
d’effectuer l’autre compression) plutôt que sur la ventilation puisque le
massage est associé à un certain degré de ventilation (les données sont
insuffisantes pour exclure la ventilation de l’algorithme);
3. L’atropine n’est plus recommandée de routine dans l’asystolie et la
dissociation électromécanique;
4. Les médicaments inotropes en perfusion sont maintenant recommandés
comme alternative à l’entraînement épicardique dans la bradycardie
instable ou symptomatique;
5. L’adénosine est recommandée dans la prise en charge initiale des
tachycardies monomorphes à complexes larges non différenciées
(tachycardie ventriculaire versus tachycardie supraventriculaire
paroxystique avec aberrations de conduction).
Sinon, il n’y a pas d’autres changements marquants.
Dr Mathieu Bernier a répondu à cette question.
Quelles sont
les recommandations
concernant les sténoses
carotidiennes complètes et
asymptomatiques chez un
patient à haut risque?
— Question posée par
Dr Jacques Boisselle,
Jonquière (Québec)
Sténoses carotidiennes
3Le traitement des sténoses carotidiennes asymptomatiques de 60 à 99 % reste
quelque peu controversé et dépend de l’expertise du centre hospitalier.
Cependant, une analyse de trois études adressant le sujet (Veterans Affairs
Cooperative Study Group1, The Asymptomatic Atherosclerosis Study2et Asymp-
tomatic Carotid Surgery Trial3) a permis de déterminer que les patients avec co-
morbidités bénéficient moins de la chirurgie, et qu’un centre le risque d’AVC
péri-opératoire et de décès est supérieur à 3 % doit s’abstenir d’offrir la
chirurgie.
Références :
1. Study design for randomized prospective trial of carotid endarterectomy for asymptomatic
atherosclerosis. The Asymptomatic Carotid Atherosclerosis Study Group. Stroke 1989; 20(7):844-849.
2. Moore WS, Vescera CL, et coll. Selection process for surgeons in the Asymptomatic Carotid
Atherosclerosis Study. Stroke 1991; 22(11):1353-7.
3. Halliday AW, Thomas D, Mansfield A. The Asymptomatic Carotid Surgery Trial (ACST). Rationale and
design. Steering Committee. Eur J Vasc Surg 1994; 8(6):703-10.
Dre Nicole Khairallah a répondu à cette question.
Clinicien plus • juillet/août 2013 13
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Est-ce que le sorbitol ou le
xylitol sont des médicaments
tout à fait anodins chez les
diatiques?
Question posée par
Dr Jean-Pierre Leung,
Calgary (Alberta)
Sorbitol
Le sorbitol et le xylitol sont des sucres-alcools qu’on retrouve dans des ali-
ments sucrés artificiellement dont l’absorption est incomplète. On les consid-
ère des succédanés de sucre dits nutritifs et on les retrouve dans la gomme à
mâcher, les bonbons, les confitures, les sirops, la crème glacée, les barres nu-
tritives et les pastilles contre la toux. La réponse glycémique est donc plus faible
que celle liée aux sucres habituels.
Si on veut être précis en ce qui concerne la quantité de glucides ingérés, on
doit déduire la moitde ces sucres-alcools de la quantité de glucides qui est ins-
crite sur les étiquettes. Par exemple, si on a 30 g de glucides et 6 g de sorbitol
sur une étiquette, on doit considérer qu’on a pris 27 g de glucides [30 g - (50 %
de 6 g)]. Selon la quantité de ces sucres-alcools consommés, il n’est pas tou-
jours nécessaire d’en tenir compte dans le calcul des glucides.
Références :
1. DIABÈTE QUÉBEC, Calcul avancé des glucides, [En ligne], 2009.
[http://www.diabete.qc.ca/html/materiel_publications/calcul_glucides.html] (Consulté le 5 mars 2013).
2. Unité de jour de diabète de l’Hôtel-Dieu du CHUM. Connaître son diabète...pour mieux vivre. 7eédition
(2009), Éditions Rogers Medias, Montréal, 310 p.
Dre Hortensia S. Mircescu a répondu à cette question.
4
Quelle formule utiliser pour
calculer la clairance de la
catinine en gériatrie?
Question posée par
Dr Gilles Langevin,
Québec (Québec)
Clairance de la créatinine en gériatrie
5Il existe plusieurs formules pour calculer la clairance de la créatinine : celles qui
sont les plus utilisées sont la Modification of Diet in Renal Disease (MDRD) et
l’équation de Cockcroft-Gault. D’autres formules sont régulièrement publiées,
mais elles sont toujours comparées aux deux formules précédentes ainsi qu’aux
clairances mesurées sur des collectes urinaires de 24 heures.
Dans la pratique gériatrique, l’équation de Cockcroft-Gault est retenue, car il
s’agit de la formule qui présente le moins de variabilité en comparaison aux
clairances mesurées. Cette formule peut parfois sous-estimer la clairance, mais
elle a l’avantage de prendre en considération non seulement l’âge, mais aussi le
poids du patient. Avec la formule MDRD, on note une tendance à la surestimation
de la clairance, surtout chez les patients plus âgés. Compte tenu que le but de ce
calcul est pour des ajustements de dose de dicament, on prére une re sous-
estimation plutôt qu’une surestimation de la clairance.
Quand on utilise ces formules, il faut se souvenir qu’idéalement on utilise des
valeurs stables, et que, pour un patient avec un surpoids, il faut utiliser le poids
idéal et non pas le poids el, car la créatinine provient des muscles et non du gras.
Voici l’équation de Cockcroft-Gault : (140 - âge) x poids/créatinine x 1,223.
Pour une femme, on multiplie le résultat par 0,85.
Dre Lucie Boucher apondu à cette question.
14 Clinicien plus • juillet/août 2013
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Quels sont les indicateurs de la présence d’une infection bactérienne
lors d’une sinusite aig?
Question posée par Dr Len Grbac, Etobicoke (Ontario)
Infection bactérienne ou non
6
Le Center for Disease Control and Prevention (CDC) recommande de
réserver le diagnostic de rhinosinusite bactérienne aiguë pour les patients
qui présentent des symptômes compatibles pendant 7 jours au moins, avec
sécrétions nasales purulentes et au moins un des trois types de symptômes
suivants :
Douleur aux maxillaires;
• Sensibilité au visage ou aux dents (surtout si c’est unilatéral dans
les deux cas)1.
Le consensus canadien suggère comme critères au moins deux symptômes
majeurs parmi les suivants :
Douleur/pression faciale;
Obstruction nasale;
Sécrétions nasales purulentes/écoulement nasal postérieur coloré;
Hypo-osmie/anosmie2.
Il suggère de consirer ce diagnostic si une infection des voies riennes
supérieures dure plus de 10 jours ou si elle se détériore après 5 à 7 jours de
symptômes similaires.
férences :
1. Hickner JM, Bartlett JG, et coll. Principles of appropriate antibiotic use for acute rhinosinusitis in
adults: background. Ann Emerg Med 2001; 37(6):703-710.
2. Desrosiers M, Evans GA, et coll. Canadian clinical practice guidelines for acute and chronic
rhinosinusitis. J Otolaryngol Head Neck Surg 2011; 40 Suppl 2:S99-193.
Dr Louis-Philippe Boulet a pondu à cette question.
Clinicien plus • juillet/août 2013 15
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En riatrie, quand buter un
traitement, quoi donner et
quand arrêter un traitement
dans les pathologies
fquentes suivantes :
ostéoporose, hypertension
artérielle (HTA), Alzheimer,
dyslipidémie?
Question posée par
Dr Gilles Langevin,
Beauport (Québec)
Traitements en gériatrie
7En gériatrie, l’âge du patient, ses comorbidités, son niveau fonctionnel ainsi que
ses valeurs personnelles sont les différents éléments pris en considération lors de
la cision de buter ou d’arrêter un traitement. Le choix du traitement lui-même
se fera en fonction des autres médicaments pris par le patient ainsi que par son
mode d’élimination, hépatique ounal, afin d’ajuster les doses en conséquence.
Pour l’ostéoporose, on suit les lignes directrices disponibles en optimisant les
apports en calcium et en vitamine D. On ajoute en première intention un
bisphosphonate en s’assurant que le patient comprenne la manière de le pren-
dre ainsi qu’en ajustant la dose en présence d’insuffisance rénale. Advenant
des problèmes d’intolérance digestive, on utilisera la voie intraveineuse une
fois par année.
Pour l’hypertension, encore une fois nous suivons les recommandations des
lignes directrices. Si un patient présente de façon répétée une tension artérielle
supérieure à 160 mm Hg systolique ou 90 mm Hg diastolique, nous amorçons
un traitement pharmacologique qui sera un diurétique ou un inhibiteur de l’en-
zyme de conversion de l’angiotensine (IECA), ou un antagoniste des récepteurs
de l’angiotensine (ARA), ou un bloqueur des canaux calciques selon les
comorbidités du patient. L’utilisation des bêtabloquants pour le traitement de
l’hypertension chez la personne âgée n’est pas recommandée. Le traitement sera
ajusté selon la réponse clinique en surveillant la possibilité d’apparition d’hy-
potension orthostatique, que l’on retrouve plus souvent chez la personne âgée.
Lors du diagnostic de la maladie d’Alzheimer légère à modérée, un
traitement par un inhibiteur de la cholinestérase est toujours offert au pa-
tient. Le choix de la molécule dépend de prime abord du patient, de ses
comorbidités ainsi que du soutien qu’il a. Le traitement sera ajusou
modifié en fonction des effets secondaires et de la réponse clinique.
Il n’existe pas de recommandations pour le dépistage et le traitement de la
dyslipidémie chez la personne âgée en prévention primaire. La dyslipidémie
sera traitée chez les personnes à risque élevé d’événements cardiovasculaires
ou en prévention tertiaire. La première ligne de traitement demeure les statines,
mais il faut faire attention à l’apparition de douleurs musculaires, qui est plus
fréquente chez la personne âgée.
Finalement, il n’existe pas de consensus pour l’arrêt de traitement. Il faut
cependant revoir régulièrement la prescription et se demander pour quelle rai-
son le patient prend cette thérapie, et quels sont nos objectifs de traitement.
Dre Lucie Boucher a pondu à cette question.
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