VAUDON : essai sur une extension de la transformation de LORENTZ aux référentiels accélérés 115 XV Trajectoires particulières La relation établie entre les constantes du mouvement dans un champ de gravitation statique à symétrie sphérique permet de remonter de manière analytique à certaines caractéristiques du mouvement. I – Trajectoire radiale Nous nous intéressons dans un premier temps à un mouvement purement radial, et donc pour lequel il n’existe pas de vitesse suivant la composante ϕ. De la relation établie au chapitre précédent entre les constantes du mouvement : dr ) − c K ( d = τ 2 −K 2 r 2 2 t K ϕ2 + 2 = −c 2 r 1 + 2Φ 2 c (XV-1) On en déduit l’équation différentielle afférente à la dimension radiale et au temps propre : (ddrτ ) 2 K ϕ2 1 + 2Φ 2 c = −c2 1 + 2Φ −cK + 2 r c2 2 2 t (XV-2) Pour un objet en chute libre radiale, la constante Kϕ est nulle, et on obtient : (ddrτ ) − c K 2 2 2 t = −c2 1 + 2Φ 2 c (XV-3) Cette expression peut être dérivée, ce qui permet d’éliminer la constante du mouvement Kt : 115 VAUDON : essai sur une extension de la transformation de LORENTZ aux référentiels accélérés ( ) 2 dr 2 dr d r2 = −c2 d 1 + 2Φ 2 dτ dτ dr c dτ 116 (XV-4) soit encore : d 2 r = − c 2 1 dΦ = − dΦ 2 dr c2 dr dτ (XV-5) Avec les notations habituelles, on remplace le potentiel gravitationnel Φ par son expression : ) ( d 2r = − d − GM = − GM dr r dτ 2 r2 (XV-6) et nous reconnaissons la relation fondamentale de la dynamique, dans laquelle l’accélération est évaluée par rapport au temps propre. Pour un calcul explicite de la vitesse en chute libre, il est opportun de repartir de l’expression (XV-3). La résolution s’obtient en posant : (drdt ) ddtτ 2 2 2 ( ) 2 K 2t 2 2 2 2Φ − c2K 2t = dr 2 − c K t = −c 1 + dt c2 1 + 2Φ c2 (XV-7) soit donc : ( ) = c 1 + 2cΦ dr dt 2 2 2 2 3 2 − c 2 1 + 2Φ 2 Kt c (XV-8) Pour un objet à vitesse nulle à l’infini, on a E = E0 et donc Kt = 1. On obtient ainsi : (drdt ) = c 1 + 2cΦ 2 2 2 2 3 − 1 + 2Φ c2 (XV-9) soit une expression en tout point analogue à celle obtenue dans le cas d’un champ de gravitation uniforme. En partant de l’infini, la vitesse augmente dans un premier temps conformément à la relation donnée par la mécanique classique, puis des modifications importantes apparaissent lorsqu’on s’approche du rayon de SCHWARZSCHILD. Puisque ce dernier est défini par la relation : 1 + 2Φ =0 c2 (XV-10) on déduit de (XV-9) que la vitesse d’un point matériel est nulle lorsqu’elle atteint le rayon de SCHWAZSCHILD. 116 VAUDON : essai sur une extension de la transformation de LORENTZ aux référentiels accélérés 117 A faible vitesse le mouvement est uniformément accéléré et cette vitesse passe nécessairement par un maximum avant de décroître vers 0 à l’horizon de SCHWARZSCHILD. Ce maximum peut être calculé en annulant la dérivée de l’expression (XV-9) par rapport au temps : 2 4Φ 1 + 2Φ − 6Φ 1 + 2Φ = − 2Φ 1 + 2Φ 1 + 6Φ = 0 c2 c2 c2 c2 c2 c2 c2 (XV-11) Cette dérivée s’annule pour deux rayons particuliers r1 et r2 tels que : 1 + 2 Φ2 = 1 − 2 GM =0 c rc2 1 + 6 Φ2 = 1 − 6 GM =0 c rc2 et (XV-12) soit donc : r1 = 2 GM rc2 r2 = 6 GM rc2 et (XV-13) La première valeur est associée au rayon de SCHWARZCHILD, et correspond à une vitesse nulle du point matériel. La seconde valeur correspond à la vitesse maximum atteinte par le point matériel dans son approche du centre de gravitation : son expression est obtenue pour 2Φ/c² = -1/3 : (drdt ) = c (23 ) − (23 ) = 274 c 2 2 2 3 2 (XV-14) Une représentation complète de la vitesse au carré en fonction de la distance d’approche est représentée figure (XV-1) ci-dessous, avec des valeurs numériques correspondant au soleil : G = 6.67 E-11N.m2.Kg-2 et M = 2 E30 Kg (XV-15) 2.5E+16 Vr² = (dr/dt)² (m/s)² mécanique classique 2.0E+16 1.5E+16 (4/27)c² 1.0E+16 5.0E+15 Métrique de SCHWARZSCHILD r (m) 0.0E+00 r1 0.0E+00 r2 1.0E+04 2.0E+04 3.0E+04 4.0E+04 5.0E+04 6.0E+04 7.0E+04 8.0E+04 9.0E+04 1.0E+05 117 VAUDON : essai sur une extension de la transformation de LORENTZ aux référentiels accélérés 118 Figure (XV-1) : Vitesse au carré en fonction de la distance d’approche pour une trajectoire radiale avec une vitesse nulle à l’infini. La masse gravitationnelle est celle du soleil. Alors que la mécanique classique prévoit une vitesse qui croit indéfiniment lorsqu’on s’approche du centre de gravitation, la métrique de SCHWARZCHILD prévoit un comportement singulier à partir d’une distance égale à 3 fois le rayon de SCHWARZSCHILD où elle atteint un maximum relatif : Vr = 2 c 27 (XV-16) On observe ensuite une décroissance rapide de cette vitesse qui devient nulle sur le rayon de SCHWARZSCHILD, avant de tendre à nouveau vers l’infini, en valeur absolue, après avoir franchi cette singularité. Lorsqu’on communique une vitesse initiale au point matériel, la différence de trajectoire n’est sensible au voisinage du rayon de SCHWARZSCHILD que si cette vitesse est significative. De la relation définissant la constante Kt : Kt = E = E0 1 − 2 GM rc2 (XV-17) ( ) 2 2 2 dϕ dr r dt dt 1 1− 2 2 + c 1 − 2 GM GM 1 − 2 2 rc2 rc on déduit que si pour r tendant vers l’infini, la vitesse initiale est égale à V0x, la constante Kt a pour valeur : Kt = 1 (XV-18) V2 1 − 02x c l’évolution de la vitesse radiale prend alors la forme suivante : (drdt ) = c 1 + 2cΦ 2 2 2 2 3 2 ( ) 3 2 = c2 1 + 2Φ − c2 − V2 1 + 2Φ − c 2 1 + 2Φ 0x Kt c2 c2 c2 (XV-19) dont une représentation graphique est donnée sur la figure (XV-2) ci-dessous. Le photon constitue toujours un cas particulier, car le temps propre devient nul, ce qui rend plusieurs relations singulières. Pour un photon arrivant de l’infini avec une vitesse c, la constante Kt est nulle est nous obtenons : 118 VAUDON : essai sur une extension de la transformation de LORENTZ aux référentiels accélérés (drdt ) = c 1 + 2cΦ 2 119 2 2 (XV-20) 2 Cette relation est cohérente avec la définition du temps propre pour un objet se déplaçant suivant une direction radiale dans un champ de gravitation : − c 2 dτ 2 = dr 2 − c2dt 2 1 + 2Φ 2 c 1 + 2Φ c2 (XV-21) puisque dans le cas du photon, nous devons vérifier dτ = 0 en accord avec la relation (XV-20) ci-desssus. On obtient alors une vitesse de la lumière progressivement décroissante depuis l’infini jusqu’à l’horizon de SCHWARZSCHILD, dont une représentation sur les derniers milliers de kilomètres est donnée figure (XV-3). 3.5E+16 Vr² = (dr/dt)² (m/s)² 3.0E+16 mécanique classique 2.5E+16 2.0E+16 (4/27)c² 1.5E+16 1.0E+16 Métrique de SCHWARZSCHILD 5.0E+15 r (m) 0.0E+00 r1 0.0E+00 1.0E+04 2.0E+04 3.0E+04 4.0E+04 5.0E+04 6.0E+04 7.0E+04 8.0E+04 9.0E+04 1.0E+05 Figure (XV-2) : Vitesse au carré en fonction de la distance d’approche pour une trajectoire radiale avec une vitesse égale à 1E8 m/s pour r infini. La masse gravitationnelle est celle du soleil. 119 VAUDON : essai sur une extension de la transformation de LORENTZ aux référentiels accélérés 120 1.2E+17 Vr² = (dr/dt)² (m/s)² mécanique classique 1.0E+17 8.0E+16 (4/27)c² 6.0E+16 4.0E+16 Métrique de SCHWARZSCHILD 2.0E+16 r (m) 0.0E+00 r1 0.0E+00 1.0E+04 2.0E+04 3.0E+04 4.0E+04 5.0E+04 6.0E+04 7.0E+04 8.0E+04 9.0E+04 1.0E+05 Figure (XV-3) : Vitesse au carré en fonction de la distance d’approche pour une trajectoire radiale d’un photon ayant une vitesse égale à c à l’infini. La masse gravitationnelle est celle du soleil. II – Vitesse angulaire en fonction de la distance pour une trajectoire quelconque. Pour un objet libre de se mouvoir dans un champ gravitationnel, la mécanique classique prévoit que le mouvement s’effectue avec une vitesse aréolaire constante, d’où on déduit la constante de la loi des aires : r2 dϕ = cte dt En théorie de la gravitation, cette constante est généralisée en substituant le temps propre au temps du référentiel dans lequel la source gravitationnelle a une position fixe : r2 dϕ dϕ dt = r2 = Kϕ dτ dt dτ Nous pouvons extraire de cette relation la vitesse angulaire dans le référentiel du champ de gravitation, et la comparer avec la vitesse angulaire donnée par la mécanique classique. GM 1 + 2 Φ2 K ϕ 1 − 2 rc2 dϕ K ϕ dτ K ϕ c = 2 = = dt Kt Kt r dt r2 r2 Nous constatons que cette vitesse angulaire s’annule lorsque l’objet atteint le rayon de SCHWARZSCHILD, après être passée par un maximum que l’on obtient à une distance telle que : 120 VAUDON : essai sur une extension de la transformation de LORENTZ aux référentiels accélérés 121 1 − 2 GM d rc2 = − 2 + 6 GM = 0 dr r2 r3 r 4c2 soit donc pour un rayon : r = 3 GM c2 La figure (XV-4) représente l’évolution de cette vitesse angulaire, en fonction de la distance au centre de gravitation, pour un rapport Kϕ/Kt = 1E8. 2.0E+01 d(phi)/dt 1.5E+01 mécanique classique 1.0E+01 5.0E+00 0.0E+00 0.0E+00 5.0E+03 1.0E+04 1.5E+04 2.0E+04 2.5E+04 3.0E+04 r (m) 3.5E+04 Métrique de SCHWARZSCHILD -5.0E+00 Figure (XV-4) : Vitesse de rotation en fonction de la distance d’approche pour un rapport Kϕ/Kt = 1E8. La masse gravitationnelle est celle du soleil. 121