maladie d`alzheimer et maladies apparentees contribution au

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MALADIE D’ALZHEIMER ET MALADIES APPARENTEES
CONTRIBUTION AU PLAN ALZHEIMER
DU LEEM ET DU LEEM RECHERCHE
ETATS DES LIEUX ET PROPOSITIONS
22 OCTOBRE 2007
LE LEEM
Les entreprises du médicament sont 300 à opérer en France. Elles y emploient près de
100 000 personnes, y créent 550 emplois nouveaux par an et y investissent chaque
année environ 3,9 milliards d'euros dans la recherche de nouveaux médicaments. Les
entreprises représentées par le Leem réalisent 98,7% de l'activité du médicament en
France. Au niveau mondial (Etats-Unis, Europe et Japon), ce sont plus de 60 milliards
d'euros qui sont investis chaque année par les entreprises du médicament pour
rechercher et mettre au point de nouveaux traitements innovants. Les entreprises du
médicament ont en effet pour mission de créer et de développer des médicaments et
vaccins nouveaux à usage humain, pour les maladies graves comme pour les maladies
"sociétales" liées au bien être et aux pathologies du quotidien. Le rôle du Leem consiste
à élaborer et à faire respecter l'éthique de la profession, à faciliter les échanges entre ses
membres, à défendre leurs intérêts collectifs et à resserrer les liens avec les autres
professions de santé.
LE LEEM RECHERCHE
Le Leem Recherche est une association paritaire entre les organismes de recherche
publique impliqués dans la santé humaine et les entreprises du médicament et de la
biotechnologie. Ses objectifs sont de faire reconnaître les enjeux de la recherche
thérapeutique et de promouvoir son développement en France par des propositions et
des initiatives.
Le Leem Recherche agit particulièrement pour faciliter les partenariats de recherche
entre les univers public et privé. Il constitue pour les pouvoirs publics un partenaire
représentatif privilégié. Inserm, CEA, Inra, Institut Pasteur, CNRS, AP-HP et hôpitaux,
Institut Gustave Roussy, Institut Curie, Génopôle d´Evry, Universités et Facultés, ainsi
que la FHF, l’Afssa, le Ministère de la recherche, le Ministère de l’Industrie, Medicen et
les Académies de Médecine et de Pharmacie, tout comme l’AFM, l’INCa et le Généthon
participent au Conseil d’Administration et au Conseil Scientifique du Leem Recherche.
Plus de quarante entreprises du médicament possédant une R&D internationale y
représentent la recherche privée.
Parmi les principales actions, le Leem Recherche propose chaque année une Ecole
d’Eté destinée à former les chercheurs publics à la R&D du médicament. Il édite un
annuaire des centres de recherche privés, décerne 6 bourses post-doctorales. Des
conférences scientifiques ouvertes à tous sont organisées en province.
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2
INTRODUCTION
Dès l’annonce par le Président de la république du Plan Alzheimer, les industriels se sont
mobilisés.
Une task force regroupant tous les industriels impliqués dans la recherche et la prise en
charge de la maladie a été créée au sein du Leem et le Leem Recherche a réuni un
groupe de travail spécifique dans le cadre de son conseil scientifique.
C’est ainsi qu’a pu être rédigée cette contribution, centrée sur la recherche, visant à faire
un état des lieux de la recherche privée, en France, dans le domaine de la maladie
d’Alzheimer, et de préciser les goulots d’étranglements et les priorités à prendre en
compte dans tous les domaines de la recherche (Recherche Amont, Recherche
Translationnelle, Recherche Clinique et Recherche Epidémiologique).
L’objectif est de proposer à la commission des pistes de progrès pragmatiques
réalisables et mesurables pour l’aider à bâtir le Plan Alzheimer.
Par ailleurs, le rôle « social » des entreprises dans cette maladie qui représente un
désastre pour notre société a été rappelé en quelques chiffres.
Le Leem et l’ensemble des entreprises concernées ont vivement apprécié l’esprit dans
lequel le Professeur Ménard mène sa mission, son efficacité, son exigence de renouveau
et de créativité.
Impliqué très tôt, grâce au Conseil Scientifique du Leem Recherche, dans la réflexion
visant à faire de la maladie d’Alzheimer un modèle de dynamisation de la recherche en
France, le Leem participera activement au débat public sur le contenu du Plan, qui a été
annoncé pour le mois de novembre 2007.
Dès à présent, le Leem souhaite insister sur le rôle important que pourront jouer les
industriels de santé s’ils sont étroitement associés à une structure nationale de recherche
sur la maladie d’Alzheimer, telle qu’elle a été évoquée par le Président de la République
dans son allocution du 21 septembre 2007.
22.10.07 DASPEM/LEEM
3
L’IMPLICATION DES ENTREPRISES DU MEDICAMENT DANS LA
LUTTE CONTRE LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES
APPARENTEES, EN QUELQUES CHIFFRES
RECHERCHE MENEE PAR LES INDUSTRIELS
1. Dans le monde (données bibliographiques)1
118 laboratoires, dont 80 sociétés de Biotech développent
148 molécules, dont
57 en préclinique
42 en phase I
41 en phase II
2. En France (enquête Leem)
6 laboratoires et 2 sociétés de Biotech développent
29 molécules dont
9 en préclinique
5 en phase I
6 en phase II
12 en phase III et IV
En 2006, 17 laboratoires ont réalisé :
en France, 21 études cliniques dont 12 phases III et IV incluant 4 742
patients, dont plus de la moitié dans l’indication MCI2
à l’international, 40 études cliniques incluant 12 145 patients
SOUTIENS DES INDUSTRIELS FRANÇAIS A LA RECHERCHE ET A LA PRISE EN
CHARGE DES MALADES ATTEINTS DE LA MALADIE D’ALZHEIMER ET
APPARENTEES
Ces soutiens s’élèvent sur 3 ans (2004-2005-2006) à près de
72 millions d’€
Soutiens à la recherche (PHRC et recherche épidémiologique)
> 51 millions d’€
Soutiens à des actions de formation
> 17 millions d’€
Soutiens auprès d’associations/institutions
> 3,5 millions d’€
1
Ces données bibliographiques rendent difficile l’interprétation du nombre de phases III et IV (études académiques et
industrielles), elles ne sont donc pas détaillées dans cette synthèse.
2
MCI : Mild Cognitive Impairement
22.10.07 DASPEM/LEEM
4
RECHERCHE
Le grand défi posé aux industriels par la maladie d’Alzheimer et les syndromes
apparentés est celui de la découverte et du développement de nouveaux médicaments
qu’il s’agisse de traitements symptomatiques ou étiologiques, spécifiques de la maladie
(ex : ciblant la protéine amyloïde…) ou non (ex : neuroprotecteurs…)
ETAT DES LIEUX
L’état des lieux réalisé montre que la France est bien placée en termes de recherche
clinique dans la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées (« MCI » notamment).
En effet, dans l’enquête du Leem qui a été réalisée en septembre 2007, auprès de 17
laboratoires3 représentant 61 % du marché français :
-
21 études cliniques ont été réalisées, en 2006, en France, dans la maladie
d’Alzheimer et le MCI4, incluant 4 742 patients
-
A l’international, les mêmes laboratoires ont réalisé dans le même temps et pour
les mêmes indications, 40 études cliniques incluant 12 145 patients
La France apparaît donc bien placée dans la compétition internationale : elle a participé à
près de la moitié des études et représente 39 % des patients inclus. Il faut néanmoins
tempérer ces résultats en tenant compte d’un biais de sélections (réponses majoritaires
de laboratoires ayant des produits en développement en France dans la maladie
d’Alzheimer) et de la part prédominante des études de phases III (12 études de phase III
contre 6 en phase II et 5 en phase I). Si l’on exclut une vaste étude française dans le
MCI, la France ne représente plus que 15% des patients inclus.
Par contre, il existe un décrochage manifeste de la France en termes de recherche et de
développement précoce comme le montre une enquête bibliographique5
faite par le
Leem et couplée à une enquête ad hoc auprès de 22 laboratoires6 impliqués dans la
recherche de la maladie d’Alzheimer.
3
Altana-Nycomed, AstraZeneca, Boehringer-Ingelheim, Eisai, GSK, Ipsen, Janssen-Cilag, Lilly, Lundbeck, MSD,
Novartis, Pfizer, Pierre Fabre Médicament, Roche, Sanofi-Aventis, Servier,Wyeth.
4
MCI : Mild Cognitive Impairement
5
Revue de la littérature, tableau des molécules en développement (annexe 1)
6
Abbott, Amgen, Astellas, AstraZeneca, BMS, Eisai, Guerbet GSK, Ipsen, Janssen Cilag (Johnson & Johnson), Lilly,
Lundbeck, MSD, Novartis, Pfizer, Pierre Fabre, Roche, Sanofi-Aventis, Servier, Takeda, Teva, Wyeth
22.10.07 DASPEM/LEEM
5
Ainsi, dans le monde, 118 laboratoires dont 80 sociétés de biotech développent 148
molécules, alors que, en France, 6 laboratoires et seulement 2 sociétés de biotech ne
développent que 29 molécules.
Ce décrochage au niveau de l’industrie pharmaceutique se traduit par un petit nombre de
laboratoires (3 français) qui développent en préclinique, en France, 9 molécules
seulement, à côté des 13 laboratoires, cités dans l’enquête bibliographique comme ayant
au moins l’une des 16 molécules en développement préclinique dans le monde.
Ce constat est identique, en ce qui concerne la recherche clinique précoce (phases I et
II) et la recherche translationnelle avec 5 produits seulement en phase I en France,
contre 25 à l’international et 6 produits en phase II en France, contre 23 à l’international.
Un autre témoin de cette situation préoccupante concerne le nombre de biotech dédié à
la recherche et au développement de molécules dans la maladie d’Alzheimer et les
maladies apparentées : 2 biotech seulement ont été identifiées en France7, avec un
produit en développement dans la maladie d’Alzheimer (elles sont 5 si on inclut
l’ensemble des maladies neurodégénératives).
L’analyse bibliographique du Leem2 montre pourtant que c’est un domaine extrêmement
dynamique avec plus de 80 sociétés dans le monde essentiellement d’origine américaine
qui développent 80 molécules.
CONCLUSION DE L’ETAT DES LIEUX
La recherche clinique se maintient à un niveau satisfaisant mais les recherches amont et
translationnelle ne sont pas à la hauteur des ambitions de la France.
7
2
Base France Biotech
Revue de la littérature, tableau des molécules en développement (annexe 1)
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6
PROPOSITIONS POUR LE PLAN ALZHEIMER
Les propositions d’amélioration du Leem Recherche concernent les quatre domaines de
la recherche : la Recherche Amont, la Recherche Translationnelle, la Recherche Clinique
et la Recherche Epidémiologique.
Elles ont fait l’objet de discussions basées sur les freins et les goulots d’étranglements
identifiés par les industriels et par les académiques et sont le résultat d’une vision
consensuelle obtenue dans un groupe mixte public-privé, réuni avec la participation de
l’Afssaps, au sein du Leem Recherche8
RECHERCHE AMONT
Les freins ou goulots d’étranglements identifiés par les chercheurs du public comme par
ceux du privé concernent en premier la valorisation, qui est beaucoup trop compliquée,
notamment quand des équipes rattachées à plusieurs EPST coexistent dans un centre
de recherche. L’absence de visibilité des centres de recherche académiques, pour le
privé, et la difficulté à identifier le bon interlocuteur de centres de recherche privée, pour
le public, sont regrettables et à l’origine d’une insuffisance de réunions d’échanges entre
chercheurs du public et du privé. L’insuffisance numérique des centres de recherche
privés notamment internationaux est certainement un handicap pour la France.
8
AUGENDRE FERRANTE Béatrice-Lilly, BASEILHAC Eric-Janssen, OSTINELLI Juliette-AstraZeneca, CHOSSAT
Florence-CIS bio international, COROT Claire-Guerbet, DUVEAU Françoise-Eisaï, GOLDFARB Gérard-Abbott,
JUNIEN Jean-Louis-Genfit, KEIME-GUIBERT Florence-Servier, LALAUDE Olivier-MSD, LESTAGE Pierre-Servier,
MATHIEX-FORTUNET Hélène-Ipsen, PERE Jean-Jacques-Novartis, Olivier Frachon-BMS, SACCAVINI JeanClaude-CIS bio international, SAUTY Evelyne-GSK, SCATTON Bernard-Sanofi-Aventis, SOKOLOFF Pierre-Institut de
Recherche Pierre Fabre, TROY Sylvie-Pfizer, TRUFFINET Philippe-Sanofi-Aventis, AMOUYEL Philippe-Lille,
ANDRIEU Sandrine-Toulouse, BLIN Olivier-Marseille, BUEE Luc-Lille, DUBOIS Bruno-Paris, HANTRAYE PhilippeOrsay, OUSSET Jean-Pierre-Toulouse, PASQUIER Florence-Lille, RASCOL Olivier-Toulouse, ZALC Bernard-Paris,
FORNAIRON Sophie-Afssaps.
22.10.07 DASPEM/LEEM
7
Les chercheurs du privé insistent aussi sur leur souhait de travailler avec leurs
partenaires du public sur un mode de gestion par projet.
RECHERCHE AMONT : LES PROPOSITIONS DU GROUPE RECHERCHE
ALZHEIMER DU LEEM RECHERCHE
1. Faire de la recherche sur la maladie d’Alzheimer un projet pilote pour développer
une vraie politique de valorisation avec « guichet unique » pour les industriels.
2. Assurer une meilleure visibilité
-
Côté industriel : affiner l’annuaire du Leem Recherche, en spécifiant les
interlocuteurs dans le domaine de la maladie d’Alzheimer en France et si possible à
l’étranger
-
Côté académique : enrichir l’observatoire national de la recherche sur la
maladie d’Alzheimer (ONRA) en identifiant les centres académiques qui ont de nombreux
partenariats avec le privé.
3. Développer les trois pôles de compétitivité : Lille/Longévité ; Nice-MontpellierMarseille/Orpheme ; Ile de France/Médicen, et le Gérontopôle de Toulouse, en favorisant
le regroupement des centres de recherche académiques. Les faire connaître
(participation aux congrès internationaux et grandes manifestations biotech) et attirer
ainsi un maximum de projets internationaux (industriels et de biotech).
4. Former les chercheurs académiques à la gestion par projet.
22.10.07 DASPEM/LEEM
8
RECHERCHE TRANSLATIONNELLE
La Recherche Translationnelle, également appelée médecine expérimentale a pour
objectif d’assurer le continuum soins-recherche. Elle est impliquée à tous les niveaux de
la chaîne de découverte des médicaments, depuis l’identification et la validation de cibles
pertinentes jusqu’à la sélection de patients par l’expression de biomarqueurs. Dans ce
sens,
une
Recherche
Translationnelle
de
qualité
est
vitale
pour
l’industrie
pharmaceutique, dont la mission est de découvrir et développer des médicaments plus
actifs et plus sélectifs9.
La Recherche Translationnelle doit nécessairement se développer à proximité du patient
afin de permettre un flux bidirectionnel des connaissances de la recherche cognitive vers
son application au patient et des observations faites chez le malade vers la recherche
cognitive.
Continuum soins-recherche : du patient au patient
Faire bénéficier le plus vite possible les patients
des découvertes les plus récentes
Recherche
Translationnelle
Recherche
Cognitive
Nouveaux moyens diagnostiques
Nouveaux traitements
Recherche
Clinique
Patients
Une organisation de Recherche Translationnelle innovante doit être réalisée dans un
environnement scientifique et technique multidisciplinaire, assurant l’accès aux
technologies de recherche comme aux malades. Cela implique : des plates-formes
technologiques performantes, des centres de ressources biologiques ou biobanques, des
9
Groupe de travail : INCa / Leem Recherche (annexe 2)
22.10.07 DASPEM/LEEM
9
laboratoires et/ou centres d’investigations biologiques ou cliniques dédiés à la recherche
et une mise en réseau des technologies et des expertises.
Les freins ou goulots d’étranglements rencontrés par les chercheurs du public ou du privé
sont les mêmes et concernent les collaborations entre centres de recherche (publics ou
privés) et investigateurs (public) ou développeurs (privé) ; le développement insuffisant
des biomarqueurs et les collaborations précoces avec l’Afssaps pour l’utilisation de ces
biomarqueurs dans les études cliniques, puis leur validation.
Dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, les biomarqueurs biologiques (LCR et plasma)
vont jouer un rôle essentiel dans le développement de nouveaux médicaments mais
aussi dans la pratique clinique.
Néanmoins, deux exemples de plates-formes technologiques à développer tout
particulièrement, concernent l’imagerie et les centres de ressources biologiques.
L’imagerie occupe dans la recherche (préclinique et clinique) sur la maladie d’Alzheimer
une place privilégiée. La France dispose d’infrastructures et de compétences
internationalement reconnues, mais les plates-formes destinées à la recherche
préclinique (ex : « neurospin ») sont encore insuffisantes et l’accès aux équipements des
patients inclus dans les études est difficile. Des efforts sont à faire pour mieux connaître
les besoins des industriels (ex : ligands) et travailler à la normalisation et à la validation
des outils d’imagerie disponibles (ex : PIB, « Pittsburg Compound B » marqueur
d’imagerie en PET scanner des dépôts de protéine amyloïde cérébrale).
Les biobanques deviennent aussi un enjeu stratégique de la recherche médicale et un
facteur important de compétitivité. Elles doivent répondre à des critères de qualité de
haut niveau (traçabilité, sécurité…) et à des normes internationales très contraignantes.
Elles nécessitent des moyens financiers importants et aujourd’hui insuffisants.
Ces collections enfin doivent être plus facilement accessibles pour les partenaires
industriels. A titre d’exemple, une charte d’éthique10 a été faite par l’INCa, avec la
participation du Leem afin de clarifier le contexte juridique actuel encadrant l’utilisation
des échantillons à des fins de recherche. Elle propose des règles permettant de garantir
au chercheur comme au patient, le respect du droit et de l’éthique tout en facilitant la
recherche publique et privée.
10
Institut National du Cancer : www.e-cancer.fr
22.10.07 DASPEM/LEEM
10
Pour les académiques, un frein supplémentaire majeur réside dans la difficulté à faire
reconnaître la réalité et l’importance de la recherche translationnelle et à la financer (à
l’hôpital, comme dans les EPST).
RECHERCHE TRANSLATIONNELLE : LES PROPOSITIONS DU GROUPE
RECHERCHE ALZHEIMER DU LEEM RECHERCHE
1. Profiter des trois pôles de compétitivité et du Gérontopôle, cités précédemment
pour rapprocher chercheurs et cliniciens pour favoriser les rencontres public-privé, pour
faire connaître la Recherche Translationnelle Française dans la maladie d’Alzheimer
(exemple : faire venir les dirigeants des centres de recherche internationaux en présence
de la ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur et leur présenter les points
forts de la recherche française).
2. Former les chercheurs et cliniciens académiques aux richesses et aux contraintes
de la Recherche et du Développement privé en organisant des formations (à l’instar de
l’Ecole d’Eté du Leem Recherche11), en nommant des Professeurs Associés Industriels
et en favorisant des bourses CIFRE.
3. Impliquer l’Afssaps12 et l’EMEA13 très précocement dans la réflexion sur les
biomarqueurs (conseils en développement) en leur demandant de flécher prioritairement
la maladie d’Alzheimer.
4. Favoriser la recherche sur les biomarqueurs, absolument indispensable au
développement de nouvelles molécules : renforcer les plates-formes, favoriser les efforts
de normalisation, créer des centres d’imagerie dédiés à la recherche, faciliter l’accès aux
biobanques par les industriels.
5. Flécher les financements ANR14 et OSEO15 vers la maladie d’Alzheimer,
financements de projets notamment partenariaux, mais aussi de plates-formes ou
infrastructures (ex : biobanques, imagerie).
6. Participer activement au projet européen IMI (initiative Médicament innovant16) en
proposant des projets français partenariaux académiques / industriels / biotech.
11
Ecole d’été du Leem Recherche : http://www.leem-recherche.org (annexe3)
Afssaps : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de santé
13
EMEA : : European Agency for the Evaluation of Medicinal Products (Agence Européenne des medicaments)
14
ANR : Agence Nationale de Recherche
15
OSEO : regroupement de l’Agence française de l’innovation et de la banque de développement des PME
16
Commission européenne : http://ec.europa.eu/index_fr.htm
12
22.10.07 DASPEM/LEEM
11
RECHERCHE CLINIQUE
Les travaux faits par le Leem, grâce aux enquêtes 2002 et 200417-18 réalisées avec AEC
Partners ont permis de lancer un cri d’alarme sur la recherche clinique française qui a
conduit à une réflexion approfondie, lors du Conseil Stratégique des Industries de Santé
de 2005. Des mesures ont été prises dont la plus emblématique a été la création du
CeNGEPS, groupement d’intérêt public, entièrement financé par les industriels (environ
10 millions d’euros par an) sous forme d’une taxe prélevée sur le chiffre d’affaires. Son
but est d’aider les investigateurs hospitaliers à recruter plus, plus vite et mieux,
notamment en mettant à leur disposition du personnel. Ce CeNGEPS se met en place, il
est donc trop tôt pour en apprécier l’efficacité, par contre une véritable dynamique s’est
créée autour de la recherche clinique permettant, en 2006, de voir une discrète
augmentation du nombre des études soumises à l’Afssaps, la répartition entre aire
thérapeutique restant stable, notamment dans le domaine du système nerveux central.
Données Afssaps
2004
2005
2006
1 223
1 045
1 148
Système nerveux central
15
18
17
Onco-hématologie
23
23
25
Infectiologie
9,5
10
9
9
8
9
Nombre d’essais cliniques
Aire thérapeutiques (%)
Cardiovasculaire
Néanmoins, la France s’est bien maintenue dans la compétition internationale. Comme
l’a montré l’enquête 2006 du Leem19, elle a gardé sa place de 2ème pays européen
recruteur de patients (0,19 patients / 1000 habitants) après la Scandinavie, avec 8 % des
patients recrutés dans le monde.
17
D’Enfert J, Lassale C, Prod’Homme P, et al. Attractivité de la France pour les essais cliniques : évaluation par les
laboratoires promoteurs. Thérapie 2003 ; 58 : 283-9.
18
Courcier-Duplantier S, Bouhours P, Pinton P, Sibenaler C, Lassale C et le groupe de travail « attractivité de la
France » du Leem. Attractivité de la France pour la recherche clinique internationale : une étude dresse un constat peu
favorable et suggère des voies d’amélioration. Thérapie 2004 ; 59 : 629-38.
19
La France est un pays attractif pour la recherche clinique internationale : enquête du Leem 2006. S. Courcier, C.
Sibenaler, M. Couderc, F. Trinquet, Y. Plétan, C. Lassale et le goupe de travail « Attractivité de la France » du Leem
22.10.07 DASPEM/LEEM
12
Concernant spécifiquement la maladie d’Alzheimer, les freins suivants au développement
de la recherche clinique en France ont été identifiés.
Pour les industriels : visibilité insuffisante sur les capacités de recrutement,
difficultés méthodologiques, études versus placebo impossibles, échelles non
traduites en français, problèmes d’obtention du consentement, de poursuite des
suivis à long terme, difficultés d’autorisation d’essais cliniques par l’Afssaps pour
certaines molécules très innovantes.
Pour les académiques : insuffisance de moyens (médecins, techniciens d’études
cliniques, secrétaires…), multiplicité des interlocuteurs industriels entre CROfiliale-maison-mère, consentements difficiles à obtenir en raison des notes
d’information dissuasives faisant renoncer de nombreux patients, difficultés
éthiques posées par un arrêt du traitement, parfois non prévu dans le protocole,
en fin d’étude ou par un recrutement compétitif aboutissant à la non-inclusion de
patients présélectionnés.
22.10.07 DASPEM/LEEM
13
RECHERCHE CLINIQUE : LES PROPOSITIONS DU GROUPE RECHERCHE
ALZHEIMER DU LEEM RECHERCHE
1.
S’appuyer sur le CeNGEPS pour flécher des ressources supplémentaires
(médecins, infirmières, TEC… qui devront être formés spécifiquement à la maladie et
suivre, dans la mesure du possible, les patients jusqu’à la fin de l’essai) vers les études à
promotion industrielle consacrées à la maladie d’Alzheimer.
C’est en répondant aux appels d’offres du CeNGEPS sur les réseaux que cette allocation
de ressource pourrait être réalisée :
2.
-
dès 2007 sur les réseaux Alzheimer déjà existants
-
à partir de 2008 sur un réseau national s’il peut se constituer
Accroître les ressources, notamment en personnel, en prenant mieux en compte la
production de l’ensemble de l’activité d’essais cliniques quelque soit les promoteurs, dans
le cadre des MERRI20.
Développer la recherche clinique au niveau des CM2R,21 en sélectionnant les plus
performants et en les recentrant vers les phases précoces, surtout s’ils s’appuient sur un
CIC, mais aussi au niveau des « grosses » consultations mémoires qui sont nécessaires à
la réalisation des phases III.
Améliorer la visibilité des PHRC et des études à promotion académique pour favoriser
les partenariats avec les industriels.
3.
Travailler en partenariat pour améliorer les formulaires d’information et de
consentement (industriels, investigateurs, associations de patients).
4.
Former les CROs (sociétés prestataires de service) aux particularités de la maladie
d’Alzheimer, en ajoutant un module spécifique aux modules de formation qui sont en
cours de finalisation entre industriels-CRO et Afssaps22.
5.
Flécher les études cliniques précoces réalisées dans la maladie d’Alzheimer comme
prioritaires au niveau de l’Afssaps, et développer, à titre pilote, une coordination efficace
entre Agences Nationales dans le cadre d’essais multicentriques.
6.
Inclure chaque année dans les rencontres de Giens, une table ronde sur la maladie
d’Alzheimer : méthodologie, échelles, biomarqueurs en y invitant un représentant de
l’EMEA23 ou du CHMP24.
20
MERRI : Missions d’Enseignement, de Recherche, de Références et d’Innovation des établissements de santé
CM2R : Centres Mémoire de Ressources et de Recherche.
22
Afssaps : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de santé
23
EMEA : European Agency for the Evaluation of Medicinal Products (Agence Européenne des medicaments)
24
CHMP : Committee for Human Medicinal Products (Comité des médicaments humains)
21
22.10.07 DASPEM/LEEM
14
RECHERCHE EPIDEMIOLOGIQUE
L'épidémiologie permet d'observer les populations, les maladies et de générer des
hypothèses sur les déterminants de l'état de santé, qu'il s'agisse de facteurs de risque
environnementaux ou de mécanismes moléculaires génétiquement programmés.
A ce titre, elle joue un rôle majeur dans la démarche d'amélioration des connaissances
scientifiques et de développement du progrès médical et thérapeutique.
En France, cette recherche, essentiellement académique, doit être soutenue car ses
formations et ses enseignants sont en nombre insuffisant ce dont témoigne le niveau
quantitatif de sa production scientifique dans ce domaine. En effet, si l'on compare le
nombre de publications scientifiques de nature épidémiologique entre les pays de même
niveau de développement, rapporté à la taille des populations, la France se situe à la
18ème place, loin derrière les pays du nord de l'Europe (Danemark, Norvège, Suède,
Finlande), les Pays-Bas et le Royaume Uni qui font preuve d'un remarquable dynamisme
dans ce champ d'activité.
De plus, le manque d’outils performants et pérennes sur le territoire national constitue un
frein au développement de la connaissance et de l’expertise dans le domaine de
l’épidémiologie : les bases de données existantes ne sont pas toujours d’accès large et
aisé, les systèmes d’observation de « longue durée » (ex : Cohortes Paquid et Trois
Cités/E3C) ne disposent pas des financements diversifiés qui pourraient assurer leur
pérennité, les études d’épidémiologie génétique menées à partir de cas clairement
identifiés, essentielles à la recherche translationnelle, ne sont pas assez nombreuses.
Pourtant, pour les industriels du médicament comme pour les professionnels de santé
publique, l'épidémiologie apparaît clairement aujourd'hui comme un enjeu majeur.
En effet les études épidémiologiques sont indispensables, d'une part pour progresser
dans la découverte de médicaments toujours plus ciblés et spécifiques des populations
qu'elles auront permis d'identifier, d'autre part pour répondre aux exigences légitimes de
surveillance du risque et du bon usage attachées à la commercialisation des produits de
santé.
La maladie d'Alzheimer représente à cet égard, pour toutes les parties concernées, un
objectif considérable puisque, pour cette pathologie particulièrement, les données
épidémiologiques sont à ce jour très insuffisantes.
22.10.07 DASPEM/LEEM
15
Pour découvrir et développer des médicaments spécifiques, les industriels ont
impérativement
besoin
des
données
d'observation
que
seules
les
études
épidémiologiques, dans leur grande diversité d'approche (cohortes, cas/témoins,
épidémiologie génétique), seront à même de recueillir. Ces types de recherche existent
certes déjà et les industriels ont d'ailleurs largement contribué ces dernières années au
financement de certaines d'entre elles. Cependant un investissement humain et financier
important reste à faire, d'une part dans l'objectif de faciliter l'accès aux données et les
échanges pour tous les acteurs concernés (industriels et académiques) d'autre part pour
développer de nouveaux outils performants et pérennes. Une formation accrue des
médecins des CM2R et des centres de mémoire est indispensable pour favoriser la
recherche et permettre une informatisation harmonisée des données médicales.
RECHERCHE EPIDEMIOLOGIQUE : LES PROPOSITIONS DU GROUPE
RECHERCHE ALZHEIMER DU LEEM RECHERCHE
1.
Développer une formation de haut niveau en santé publique en épidémiologie,
notamment sur les thèmes du vieillissement et de la santé mentale, en s’appuyant sur la
création de l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique. Accroître la formation des
médecins des CM2R et des centres de mémoire et développer une informatisation
harmonisée des données médicales
2.
Utiliser au mieux les données publiées (méta-analyses) et envisager une utilisation
des données des études cliniques menées par les industriels à visée pharmacoépidémiologique.
3.
Faciliter la rentabilisation des bases de données existantes par un accès plus
large et plus aisé.
4.
Développer et maintenir les cohortes, systèmes d’observation de longue durée,
type Paquid et Trois Cités, en augmentant les partenariats, obligatoirement multiples,
l’industrie pharmaceutique n’étant qu’un acteur possible à côté d’autres acteurs publics et
privés (autres industriels, assureurs…).
5.
Créer, en associant les industriels à la réflexion, des bases de « cas » aux
phénotypes bien déterminés, pour des études d’épidémiologie génétique notamment.
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ROLE SOCIAL DES ENTREPRISES DU MEDICAMENT
Les médicaments anti-Alzheimer ont modifié profondément la prise en charge de la
maladie en favorisant la reconnaissance des malades par la société et par les
professionnels de santé.
Parallèlement, les industriels ont également largement participé, par leurs actions et par
leurs financements, à la recherche académique (PHRC et recherche épidémiologique25)
et à la formation des soignants, des aidants et des familles.
Au total, pendant 3 ans (2004 à 2006), les industriels ont versé une contribution de près
de 72 millions d’euros pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. Plus de 51 millions
d’euros ont été versés pour soutenir la recherche académique (PHRC) et surtout la
recherche épidémiologique. Plus de 17 millions d’euros, ont été consacrés à des actions
de formation et 3,5 millions d’euros ont permis d’aider des associations de patients et des
institutions.
25
De grandes cohortes ont reçu le soutien des industriels : Paquid, Suvimax, E3C, d’autres études ont reçu des
subventions : études PsyII, observatoire Imagine, enquête EHPAD MA, Etude Regard, observatoire du déclin cognitif
rapide, cohorte rapid et real.fr…
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CONCLUSION
Même si le rôle « social » des entreprises est loin d’être négligeable, la priorité des
entreprises du médicament est la recherche et le développement de nouveaux
médicaments pour lutter contre cette maladie dévastatrice pour les patients et leur
entourage, et aujourd’hui incurable.
Le plan Alzheimer doit permettre à la France de maintenir et consolider une place
satisfaisante dans le domaine de la recherche clinique et de renforcer considérablement
sa recherche (recherche amont et recherche translationnelle). Pour y parvenir le Leem
Recherche suggère des propositions concrétes et réalisables qui pourraient faire de la
maladie d’Alzheimer un modèle
1. S’appuyer sur trois pôles de compétitivité (Lille/Longévité ; Nice-MontpellierMarseille/Orpheme ; Ile de France/Médicen) et le Gérontopôle de Toulouse pour attirer les
industriels et les biotechs
2. Simplifier la valorisation (guichet unique pour les industriels).
3. Former les académiques aux contraintes industrielles (Professeurs Associés de l’Industrie,
Bourses CIFRE, contrats d’interface…) et à la gestion par projet. Accroître les formations en santé
publique et en épidémiologie. Développer la formation des médecins des CM2R26 et des centres de
mémoire et permettre une informatisation harmonisée des données médicales.
4. Développer les financements de projets et d’infrastructures, en s’appuyant sur l’existant
(ANR-OSEO-IMI27…).
5. Désigner la maladie d’Alzheimer comme une priorité de l’Afssaps (Biomarqueurs, études
cliniques) et mandater l’Afssaps pour travailler en étroite collaboration avec l’EMEA28/CHMP29.
6. S’appuyer sur le CeNGEPS30 et sur les rencontres de Giens pour favoriser les études
cliniques (recrutement, méthodologie) et mieux prendre en compte la production de l’ensemble de
l’activité études cliniques quels que soient les promoteurs, dans le cadre des MERRI31.
7. Améliorer les formulaires d’information et de consentement des patients par un travail
conjoint (industriels et académiques) impliquant largement les associations de patients.
8. Développer les cohortes (systèmes d’observation de longue durée), les études cas-témoins,
les bases de données et élargir leur accès.
26
CM2R : Centres Mémoire de Ressources et de Recherche.
IMI : Commission européenne : http://ec.europa.eu/index_fr.htm
28
EMEA : European Agency for the Evaluation of Medicinal Products (Agence Européenne des medicaments)
29
CHMP : Committee for Human Medicinal Products (Comité des médicaments humains)
30
CeNGEPS : Centre National de Gestion des Essais de Produits de Santé
31
MERRI : Missions d’Enseignement, de Recherche, de Références et d’Innovation des établissements de santé
27
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