
Prise en charge des dyslipidémies chez le sujet âgé
La prise en charge des dyslipidémies repose d’abord sur la mise en œuvre de mesures
hygiéno-diététiques. Un régime de type méditerranéen et une activité physique adaptée ont
montré un effet bénéfique sur la mortalité globale, cardiovasculaire et par cancer. Toutefois,
chez la personne âgée, les régimes doivent être appliqués avec discernement afin de prévenir
tout risque de dénutrition. Quant à l’activité physique régulière, elle est en général difficile à
suivre, notamment chez les sujets les plus âgés, polypathologiques et dépendants. Outre les
stratégies non-médicamenteuses, plusieurs thérapeutiques sont utilisées dans la prise en
charge des dyslipidémies, au premier rang desquelles les statines. Toutefois, peu de données
sur ces traitements sont disponibles chez les patients très âgés.
Les statines
Les statines diminuent les concentrations plasmatiques de LDL-C, principalement via
l’inhibition l’HMG-CoA réductase (enzyme permettant la production des précurseurs du
cholestérol), mais également en intervenant sur les récepteurs du LDL-C. D’autres effets
indépendants de ceux liés à l’action sur le cholestérol (effets pléiotropes) ont été suggérés
dans des études observationnelles (action sur le stress oxydatif, anti-inflammatoire, sur la
fonction endothéliale, prévention du déclin cognitif…), mais non confirmés à ce jour. A titre
d’exemple, au début des années 2000, des études transversales avaient suggéré une prévalence
moindre des troubles cognitifs chez des sujets âgés traités par statines. Cet effet bénéfique
potentiel a été infirmé ultérieurement par des études longitudinales et des essais d’intervention
qui n’ont retrouvé aucune association, ni aucun effet des statines dans la survenue ou
l’évolution des troubles cognitifs. A l’heure actuelle, la place des statines en pratique clinique
ne concerne que le domaine de la prévention cardio-vasculaire.
Comme tout médicament, les statines présentent certains effets indésirables, auxquels il
convient d’être très attentif, notamment chez les sujets âgés souvent polypathologiques et
polymédiqués, et par conséquent plus exposés aux effets secondaires mais également aux
interactions médicamenteuses.
Les principaux effets secondaires décrits sont essentiellement des perturbations du bilan
hépatique, des atteintes musculaires avec notamment des rhabdomyolyses, et des effets
secondaires non spécifiques, tels que dyspepsie, douleurs abdominales, nausées ou diarrhées.
Ces effets indésirables surviennent essentiellement lors des 3 premiers mois de traitement et
sont favorisés par certains facteurs tels l’insuffisance rénale, l’insuffisance hépatique, la
présence de maladie chroniques et certains traitements concomitants. Les principales
interactions médicamenteuses concernant les statines sont présentées dans le tableau 2.
Tableau 2: Principales interactions médicamenteuses des statines (adapté de Friocourt, 2007)
Médicaments pouvant augmenter la concentration de statines
Macrolides (azithromycine, clarithromycine, érythromycine, telithromycine)
Antifongiques, dérivés azolés (itraconazole, kétoconazole, miconazole, posaconazole, voriconazole)
Anticalciques (diltiazem, vérapamil)
Inhibiteurs de la protéase du VIH
Médicaments dont les concentrations peuvent être augmentées par les statines
Antivitamine K (AVK) coumariniques (INR augmenté d’environ 0,3)