LETTRES
D
~
INFORMATION
DU
CENTRE
DE
RECHERCHES
ARCHÉOLO
G
IQUES
30
...
ARCHEOLOGIE
DU
MIDI
MÉDITERRANÉEN
12
Ce
ntre
d e
Re
cherchee
Archeologiques
S o
phia
Antipo
l
is
0
6565
VAL
B
ON
N E
CE
O
EX
LETTRE D'INFORMATION
Archéologi
e
du
Mid
i
Médit
er
ranéen
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la
rédaction
Suzanne ROSCJAN
La
lettre
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Archéologie
du
Midi
\Jéditerranéen
est
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rr
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ROSCIAN
C.
\.R.S.
C.
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la
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077
50-6279
Desson
et
maquette
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la
couverture
: Jean
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r(
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31
PROBABILITES ET
DETERMINATION
D'ORIGINE
Maurice
PICON"
Déterminer
l'or
igine
d'une
céramique
par
des
thode
s
géochimi
ques
est
une
démarche
essentiellement
probabiliste.
Mais
une
difficult
é
ex
iste
ici
, dans
la
mesure
les
probabilités
en
question
so
nt
impossibles
à
calcule
r,
ce
qui
impose
de
raisonner
sur
des
critères
de
substitution
qui
sont
à l
'o
rigine
de
bi
en des
confus
ions. Aussi es
t-il
indispe
nsable,
pour
qui
s'
inté
resse
aux
mét
hode
s
géo
c
himiques,
de
·s
'a
rrêter
un
moment
sur
ces
pro
blèmes.
C'est
donc
à des ré
fl
e
xions
pr
él
iminai
res
indispensa
ble
s que c
et
exposé voudr
ai
t
introduire.
1. RES
SE
MBLANCE
S
ET
PROBAB
ILIT
ES
DE
LO
CALISA
TI
ON
Nou
s pa
rtirons
d'un
e
xempl
e
th
éo
rique,
auquel nous
donn
e
rons
une
apparen
ce
c
oncrète
en
faisant
int
e
rv
e
nir
des
li
e
ux
r
éels
et des ré
férences
r
am
iques
existantes
.
L'exemple
théorique
se
ra
un
gr
oupe
de
ramiques
ayant
une
origine
commun
e,
mais
inconnue
. Nous
désignerons
ce
groupe
par
A. Les
élémen
ts
réels
in
ter
venant
dans
le
raisonnemen
t
seront
les
productions
de
l'atelier
de
la
Butte
des
Carmes
à
Marseille.
Nous
co
nnaissons les c
ompo
s
ition
s, rée
Il
es, des r
amiqu
es de la
Butt
e des
Carmes,
et
notamment
l
es
val
eur
s
moy
ennes des
div
ers
co
nstituant
s c
himiques
é
tudiés.
Nous supposons
par
ai
ll
eurs
que nous
conna
issons aussi
les
compositions
moyenn
es des
céramiques
du
groupe
A,
et
que
celles-ci
ne
sont
pas
très
différentes
des
composi
t
ions
moyennes
de
la
Butte
des
Carmes.
Nous avons donc 2
gro
upes
de
r
am
iqu
es
d
ont
les
co
mposition
s se
ressembl
ent
,
et
nous nous
demandons
que
lle
s
ignification
a
ccorder
à une te
lle
ressemblan
ce.
I
nd
iqu
erait-e
l
le,
si le
groupe
A
était
un
groupe
réel,
que
le
s
céramique
s du
groupe
A
sont
originaires
de
la
Bu
tt
e des
Carmes,
ou
qu'elles
ont
une
origine
voisi
ne?
Pour
t
ente
r
d'y
voir
plus
clair,
nous
allons
essayer
de
calculer
la
probabilité
qu'aurait
un
a
tel
ier,
s'insta
llant
en Provence, de
pr
ésen
ter
par
Je se
ul
fait
du hasa
rd
une
com
p
osit
io
n
moyenne
qui ne
so
it
pas plus é
loi
gnée
de
ce
l
le
de
la
Butte
des
Ca
rmes
que ne
l'
est ce
lle
du gr
ou
pe
A.
1.
1.
Probabi
1 i
tés
simpl
es
Considérons
à
titre
d'exem
pl
e
le
pourcentage
moyen
en
oxyde
de
titan
e,
Ti
0
2,
des
produ
ct
ions de la
Butte
des
Car
mes,
qui
est
de 0,
67.
Nous supposons que le
groupe
A
pr
ésente po
ur
ce
même
constituant
une
composition
moyenne
éga
le à
0,7
1 %.
Dans ces
conditions,
quelle
probabilité
y
aurait-il
pour
qu'un
atelier
s'installant
en Provence
présente
par
le
seul
fait
du hasard une
composition,
pou
r
l'oxyde
de
titane,
qui
ne
s'éca
r
te
pas de
plus
de 0,04 de la
moyenne
des
productions
de
la
Bu
tte
des
Carmes?
Aut
re
ment
dit
, que
ll
e
pr
obabi
lit
é y a
ur
a
it
-i
l
po
ur que cet
atel
ie
r to
mbe
par l
'effet
du hasard s
ur
des a
rgil
es
dont
le
pour
ce
nt
age
moyen
en
oxyde
de
tit
ane so
it
compr
is
entre
0,63
et
0,7
1 ?
Labornluorl"
dt'
ramologie. URA J du C.R.A.,
Mai
son de
l'
Orient m
édite
rranéen, 1
rut>
Haulin,
693
6 ~
Lyon
Cedex 2.
32
La
réponse
à
cette
question
suppose
évidemment
que
J'on
connaisse
quelles
sont
les
différentes
argiles
que
les
potiers
pouvaient
rencontrer
en
Provence,
et
que
l'on
dispose
à
leur
propos
de
données
statistiques
détaillées.
Supposons
que
nous
possédions
ces
données
et
que
celles-ci
seient
exprimées
sous
forme
d'histogrammes
qui
rassemblent,
pour
chacun
des
constituants
chimiques,
les
compositions
moyennes
des
différents
gisements
d'argile
provençaux.
C'es
t
J'histo-
gramme
correspondant
à
l'oxyde
de
titane,
Ti02,
que
J'on
suppose
reproduit
sur
la
figure
1.
La
probabilité
pour
qu'un
atelier
installé
en
Provence
utilise
une
argile
dont
le
pourcentage
moyen
d'oxyde
de
ti
ta
ne
soit
compris
entre
0,63
et
0,71
est
égale
à
(sfi/S),
sri
est
la
surface
de
J'histogramme
comp
rise
entre
les
limites
0,63%
et
0,71 %,
tandis
que
S
est
la
surfac
e
totale
de
l'histogramme.
On
voit
en
effet,
sur
la
portion
agrandie
de
l'histogramme
représentée
sur
la
figure
2,
que
J'on a
Sfi
=
(nfi
x s),
nTi
est
le
nombre
de
gisements
provençaux
dont
les
pour
centag
es
moyens
en
oxyde
de
titane
sont
com
pris
entre
0,63
et
0,71, s
étant
la
surface
de
chacun
des
carrés
représentant
les
différents
gisements
provençaux.
De
la
même
façon,
si N
est
le
nombre
total
des
gisements
provençaux
étudiés,
on
a S = Ns,
d'où
(Sfi/S)
=
(nfi/N).
Or
ceci
représente
bien
la
probabilité
cherchée,
puisqu'il
y
aurait
en
Provence,
nTi
gisements
d'ar~ile
qui
satisfont
aux
condi
tions
imposées
pour
Je
titane,
sur
un
total
de
N
gisements
etudiés
. En
choisissant
au
hasard
un
gisement
d'argile
en
Provence,
on
aurait
donc
nfj/N
chances
pour
que
son
pourcentage
moyen
en
oxyde
de
titane
soit
compris
entre
0,63
et
0,71.
Dans
Je
cas
théorique
représenté
sur
la
figure 1
cette
probabilité
serait
d'environ
0,
J
0,
ce
qui
signifie
qu'il
y
aurait
J
chance
sur
10
pour
qu'un
potier
s'ins
talla
nt
en
Provence
utilise
une
argile
dont
les
pourcentages
en
oxyde
de
titane
soient
compris
entre
0,63
et
0,71.
1.2.
Probabilités
composées
Considérons
à
présent
un
second
c
onstituant
c
himique,
par
exemple
le
magnésium.
Le
pourcentage
moyen
en
oxyd
e
de
magnésium,
MgO, ou
magnésie,
des
productions
de
la
Butte
des
Carmes
est
de
3,6. Nous sup
poser
ons
que
celui
du
groupe
A
es
t de 3,4.
Un
calcul
identique
au
précédent,
effectué
sur
l'histogr
a
mme
de
s c
ompositions
moyennes
en
magnésie
des
différents
gi
sements
d'argile
pr
ove
nçaux,
nous
permettrait
d'écrire
que
la
probabilité
pour
qu'un
pot
i
er
qui
s'installera
it en Prov
en
ce
ait
affair
e à
des
ar~iles
dont
le
pourcentage
moyen
de
magnésie
soit
compris
entre
3,4
et
3,8
es
t
égale
a (sMg/S).
Dans
cette
expression
Sf\
lg
est
la
surface
de
l'histogramme
comprise
entre
les
limites
3,4 %
et
3,8
%,
S
étant
la
surfa
ce
totale
de
l'histogramme.
Nous
supposerons
que
c
ette
probab
i
lité
est
é
gale
à 0,05,
so
it 1 c
hance
sur 20.
Or
si
l'on
a 1 c
han
ce
sur JO
de
ren
c
ontrer
en
Provence
des
gisement
s
d'argile
dont
les
pourcentages
d'oxyde
de
titane
soie
nt
compris
e
ntre
0,63
et
0,7 J,
et
si
l'on
a 1
chance
sur 20
d'y
rencontrer
des
gisements
d'argile
don
t les po
urcentage
s
de
magn
és
ie
soient
compris
entre
3,4
et
3,8,
la
probabilité
d'
y
ren
co
ntrer
des
gi
sem
ents
pour
lesquels
ces
deux
c
ondition
s se
trou
v
er
aient simu
lt
aném
ent
r
ifié
es est
beaucou
p plus
faible,
théoriquement.
Ce
la
résulte
du
fait
que
parmi
tous
l
es
gisement
s
pro
v
en
çau
x d
ont
l
es
pour
c
entages
mo
yens
en
oxyde
de
t
itane
sont c
ompns
en
t
re
0,63
et
0,71,
une
parti
e
pos
de
des
p
ou
rce n
tage
s moyens de
magn
é
sie
mf
é
rieu
rs à 3,4,
une
au
t
re
part1e
de
s
33
pourcentages
supérieurs
à 3,8,
et
une
partie
seulement
des
pourcentages
compris
entre
3,4
et
3,8.
Pour
évaluer
cette
dernière
partie,
on
se
contentera
en
prem1ere
approximation
d'appliquer
la
règle
dite
des
probabilités
composées.
Celle-ci
indique que
la
probabilité
pour que les
deux
conditions
précédentes:
0,63 < % Tio2 < 0,71
et
3,4 < %
MgO
< 3,8
se
trouvent
simultanément
vérifiées
est
égale
au
produit
des
deux
probabilités
simples
correspondantes,
soit
(sri
x
SMg)
/S 2 Pour le
cas
théorique
considéré,
cette
probabilité
serait
donc
égale
à 0,1 x 0,05,
soit
0,005.
Il
n'y
aurait
donc que 5
chances
sur
1000 pour
qu'un
atelier
s'implantant
en
Provence
ait
affaire
à
des
argiles
qui
ne
s'écartent
pas
plus
des
moyennes
de
la
Butte
des
Carmes
-pour
le
titane
et
Je
magnésium
-que
ne
le
font
les
céramiques
du
groupe
A.
Pour les n
constituants
chimiques
mesurés,
la
probabilité
précédente
serait
alors
égale
à (sJx s2x
••.
x
SMgX
STiX
•..
xsn)/sn.
1.3.
Interprétation
et
discussion.
Si
de
tels
calculs
sont
fréquemment
évoqués -
malgré
les
erreurs
qu'ils
comportent,
erreurs
qu'on
examinera
plus loin -
c'est
à
cause
de
l'interprétation
faussement
séduisante
qu'ils
suggèrent.
En
effet,
si l'on
prend
en
compte
un
nombre
suffisant
de
constituants
chimiques
et
si
les
ressemblances
qui
existent
entre
les
compositions
moyennes
des
productions
de
la
Butte
des
Carmes
et
celles
du
groupe
A
sont
fortement
marquées pour tous
ces
constituants,
la
probabilité
précédente
sera
très
voisine
de
zéro.
Or
une
probabilité
nulle
signifierait,
si le
groupe
A
était
un
groupe
réel,
qu'il n'y
aurait
aucune
chance
pour qu'un
atelier
s'implantant
en
Provence
trouve
des
argiles
dont
les
compositions
soient
aussi
proches
de
celles
de
la
Butte
de
Carmes
que le
sont
celles
du
groupe
A.
Une
telle
ressemblance
ne
peut
donc
résulter
du
hasard,
mais
nécessair
ement
d'une
relation
de
voisinage
liant
les
céramiques
du
groupe
A
et
l'atelier
de
la
Butte
des
Carmes
.
En
réalité
les
faits
sont
autres,
et
les
calculs
précédents
grossièrement
inexacts.
Outre
l'ignorance
l'on se
trouve
Je
plus souvent
des
caractéristiques
de
l'histo-
gramme
qui
réunit
les
compositions
moyennes
des
différentes
argiles
régionales,
ce
sont
les
probabilités
composées
dont
l'expression
théorique
est
irrecevable.
Si
l'o
n se
réfère
au
cas
pris
en
exemple,
nous avons
admis
cjue
les
céramiques
dont
les
pourcentages
moyens
en
oxyde
de
titane
se
trouvent
compris
entre
0,63
et
0,71
avaient
des
pourcentages
de
magnésie
absolument
quelconques,
régis
par
le
seul
hasard
à
l'intérieur
de
l'histogramme
régional
correspondant.
Or
il
n'en
est
rien.
Si
les
céramiques
de
la
Butte
des
Carmes
ont
des
pourcentages
en
oxyde
de
titane
et
en
magnésie
respectivement
égaux
à 0,67
et
3,6,
cela
ne
résulte
pas du ·
hasard,
mais
d'un
ensemb
le
de
causes
les
données
géologiques,
minéralogiques
et
cristallographi-
ques
ont
un
rôle
essentiel.
Or
les
mêmes
causes
feront
que
les
différentes
argiles
provençales
dont
les
compositions
moyennes pour l'oxyde
de
titane
se
situent
entre
0,63
et
0,71 %
auront
des
pourcentages
de
magnésie
qui
ne
s'écarteront
guère
,
dans
la
très
grande
majorité
des
cas,
du
pourcentage
moyen
de
la
Butte
des
Carmes:
3,6.
Aussi,
parmi
tous les
gisements
provençaux
d'argile
dont
les
pourcentages
moyens
en
oxyde
de
titane
sont
compris
entre
0,63
et
0,71,
la
fraction
dont
les
pourcentages
moyens
en
magnésie
sont
compris
entre
3,4
et
3,8
a-t-elle
toutes
les
chances
d'être
la
plus
importante.
Il
en
résulte
que la
probabilité
de
satisfaire
simultanément
aux
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