Nouspouvonssynthétiserl’apportdecesrecherchesenmettantenavanttroisargumentsmajeurs
enfaveurd’uneapprochecognitivistedeladécision.
Enpremierlieu,cetteperspectiveprendencomptelacapacitédejugementdesdécideurs,plutôt
quedelesréduireàdesimplesmachinescalculatoiresetpurementrationnelles.Enétudiantlafaçon
dontlesindividuspensent,nouslesreplaçonsaucentreduprocessusdécisionnel(Cossette2004;
LarocheetNioche2006).
Etudiercequisepassedansl’espritdesacteurspermetdemieuxcomprendrecommentilsfontleurs
choix.Parexemple,s’intéresseràleurscroyances(Munier1994;Weick1995),àleursintuitions
(BertoluccietPinzon2015),àleurspréférences,àleursmotivationsouencoreauxbiaisquipeuvent
influencerleursdécisions(Schwenk1984;LarocheetNioche2006)permettradesaisirlanature
complexeduprocessusdécisionnel.
Lesecondintérêtquenousvoyonsàcechampdelarechercheestqu’ilconsidèreavecintérêtles
interactionsentrelesindividus.Lesgenspensentetagissentaussienfonctiondecequ’ilscroient
quelesautrescroient(cequeOrléan,2002,appellelacroyancesociale).SimonetMarch,quifurent
despionniersdel’introductionducognitifdansl’analysedeladécision,mirentenavantcerôle
essentieldesrelationsaucœurduprocessus(Simon1979;MarchetSimon1958;Cohen,March,et
Olsen1972;Huault2009).Marchprésentaitd’ailleursl’organisationcommeunespacepolitique,un
élémentessentielpourcomprendrecommentfonctionnentlescollectifsetcommentsont
construiteslesstratégies.Parailleurs,plusieurspsychologuesspécialistesdudéveloppementde
l’enfant,maisaussidifférentschercheursengestion,ontmontrédansquellemesurel’espritse
structureetapprendàtraversl’interactionavecautrui(Vygotski1929;Weick1995;Jovchelovitch
2006;Vergnaud2007;Piaget2013).Cetteanalysepermetd’appréhenderlafaçondontnospropres
penséespeuventêtreinfluencéesparnotreenvironnementsocial,parlesnormes,lesrègles,les
institutionsouencorelesconventions(Orléan2002;Orléan2004),quidéterminentcequenous
considéronscommeacceptableounondepenser.Aunerationalitépureetinstrumentale,la
perspectivecognitivisteopposedoncunerationalitécognitive(Munier1994),quiconsisteà
s’appuyersurlesopinionsquenousobservonschezautruipourconstruirenotrepropre
raisonnementetargumentation.PiagetetVygotski(Piaget2013;Vygotski1929),deuxpsychologues
dudéveloppementdel’enfant,ontd’ailleursmontréquelalogiqueestdenaturefondamentalement
sociale.Lalogiquedesenfantsseconstruitaucontactdeleurenvironnement,sestructure
progressivement.Lasociétéparticipeactivementàdéterminerainsilafaçonqu’aurontlesenfantsde
connaître.
Enfin,lesrecherchescognitivistes,souventconçuessuruneépistémologieconstructiviste,
considèrentquel’environnementestfondamentalementcomplexe(LeMoigne1990;Weick1995;
Cossette2004;LarocheetNioche2006;Vergnaud2007).Lesindividus,pouragir,ontdoncbesoinde
lesimplifier,del’ordonnerselondesschèmes(desstructuresmentales)pourluidonnerunsenset
éviterdesombrerdanslechaos.Laréalitétellequenouslapercevonsn’estdoncpasunedonnée
extérieureausujetmaisuneconstructiondel’espritLathéoriedel’enaction(Weick1995),en
particulier,expliquecommentnousconstruisonsl’environnementenagissantsurlui,etcomment,
enretour,ilnouscontraint.
Nousallonsdoncnousattacheràprésentàdécrireetàexpliquercesschèmes.Pourcela,ilnousfaut
commencerpardéfinirlesreprésentations,quisontdesensemblesdeschèmes,pour,petitàpetit,
entrerplusfinementdanslastructuremêmedecetobjetcognitif.