les troubles psychomoteurs aujourd`hui : entre ajuriaguerra et la

LES TROUBLES PSYCHOMOTEURS AUJOURD'HUI : ENTRE
AJURIAGUERRA ET LA THÉORIE DES SYSTÈMES DYNAMIQUES
Jean-Michel Albaret
De Boeck Supérieur | Développements
2013/1 - n° 14
pages 4 à 12
ISSN 2103-2874
Article disponible en ligne à l'adresse:
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http://www.cairn.info/revue-developpements-2013-1-page-4.htm
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Pour citer cet article :
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Albaret Jean-Michel, « Les troubles psychomoteurs aujourd'hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes
dynamiques »,
Développements, 2013/1 n° 14, p. 4-12.
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4 Développements / avril 2013
Les troubles
psychomoteurs
aujourd’hui : entre
Ajuriaguerra
et la théorie
des systèmes
dynamiques1
Résumé
Lorsque de Ajuriaguerra et Soubiran (1959) définissent
les troubles psychomoteurs comme «oscillant entre le
neurologique et le psychiatrique», ils fournissent tout
à la fois un cadre général de réflexion et une mise en
garde contre une attitude réductionniste qui guette cette
symptomatologie exigeante pour le clinicien. Les troubles
psychomoteurs chez l’enfant s’organisent en effet à partir de
composantes sémiologiques de natures diverses: perceptive,
cognitive, motrice, affective et relationnelle. Le trépied
symptomatologique, comme l’appelle Corraze (1999, 2010),
précise les caractères constitutifs de ces troubles: 1)ce sont
des troubles perceptivo-moteurs qui affectent les différentes
fonctions d’exploration, d’action et de communication ainsi
que les intégrations émotionnelles; 2)ils se manifestent
par des signes neurologiques doux qui signent l’existence
d’un dysfonctionnement cérébral a minima; 3)ils sont
associés à un complexe psychopathologique. La pluralité
étiologique exige alors, comme le pressentait Ajuriaguerra,
une analyse des différentes dimensions: biologique,
écologique et téléologique ou intentionnelle. Les théories des
systèmes dynamiques et de l’auto-organisation considèrent
la motricité comme une propriété émergente du système
perceptivo-moteur, soit la résultante des interactions entre
les composantes du système neuro-musculo-squelettique
et les contraintes globales (environnementales, cognitives
et psychiques) qui s’exercent sur ces dernières. Le trouble
psychomoteur est alors vu comme la «solution» dont
l’individu dispose dans la relation avec les milieux physiques
et sociaux lorsqu’il est confronté à une tâche ou une situation
nécessitant la mise en place de mécanismes d’adaptation. Ces
théories fournissent l’occasion de dépoussiérer un héritage
qui fait la part belle à une vision «globale» de l’individu
en évitant les réductionnismes à l’une ou l’autre de ses
dimensions constitutives: neurologique, psychologique ou
psychiatrique, sociale.
Mots clés
troubles neurodéveloppementaux
signes neurologiques doux
systèmes complexes
Jean-Michel ALBARET
Maître de Conférences, Université de Toulouse,
UPS, PRISSMH EA 4561, 118 route de Narbonne,
31062 Toulouse cedex 9 ; directeur de l’Institut de
Formation en Psychomotricité de Toulouse.
Summary
When de Ajuriaguerra and Soubiran (1959) define
psychomotor disorders as “oscillating between
neurology and psychiatry” they provide both an
overall frame of reflection and a word of caution
against reductionism which besieges the clinician.
Psychomotor disorders in children are composed
of different semiological components of a variety of
natures: perceptual, cognitive, motor, emotional and
relational. The semiological tripod, as Corraze (1999,
2010) names it, specifies the essential traits of these
disorders: 1)they are perceptual-motor disorders
affecting the exploration, action and communication
functions as well as emotional integration ; 2)they
occur in the form of soft neurological signs which
reflect a minimal brain dysfunction ; 3)they are
associated with a psychopathological complex.
The etiological plurality requires, as Ajuriaguerra
expected, an analysis of different dimensions:
biological, ecological and teleological or intentional.
Dynamic systems and self-organization theories
consider motricity as an emergent property of the
perceptual-motor system, that is the result of interac-
tions between components of the neuro-musculos-
keletal system and global constraints (environmental,
cognitive and psychological) on these components.
The psychomotor disorder is seen as a solution used
by the subject in his interaction with both physical
and social environments when he faces a task or
situation requiring the use of coping mechanisms.
These theories provide the opportunity to resurrect
a heritage that puts the emphasis on a holistic view
of the individual patient while avoiding neurological,
psychological, psychiatric or social reductionisms.
Keywords
neurodevelopmental disorder
soft neurological sign
complex system
4 Développements / septembre 2013
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Développements / septembre 2013 5
Les troubles psychomoteurs aujourd’hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes dynamiques
Le trouble psychomoteur chez
Julian de Ajuriaguerra
La position d’Ajuriaguerra et de ses collabora-
teurs sur les troubles psychomoteurs s’organise
autour de plusieurs points. Le premier point est
une critique des types psychomoteurs de Wallon
(1925). Ajuriaguerra et Stambak (1969, p. 455)
remarquent tout d’abord que le travail de Wallon
«tente de classer ces désordres infantiles dans les
mêmes termes que ceux utilisés en neurologie de
l’adulte et de les rapporter à des catégories qui
sont trop étroitement réduites à des facteurs étio-
logiques». Ils ajoutent que la valeur localisatrice
de ces types psychomoteurs a été «surestimée» et
que «de tels types sont plus théoriques que réels».
Le deuxième point est leur diversité. Ajuriaguerra
et Stambak (1969, p.454) soulignent que l’appel-
lation de trouble psychomoteur concerne « un
grand nombre de troubles […], dont la caractéris-
tique commune est un mouvement difficile, sans
grâce (ungraceful). Les mouvements sont sacca-
dés, mal intégrés et mal coordonnés, comme on
peut le voir dans les activités quotidiennes comme
l’habillage, l’écriture, le dessin et le jeu, sous forme
de mouvements maladroits qui rendent difficiles
l’automatisation de ces activités.»
Le troisième point concerne l’étiologie du trouble
psychomoteur qui «ne peut être établie simple-
ment en appariant un état donné comme un tout
à un modèle neurologique donné. Elle peut seu-
lement être établie par une anamnèse soignée,
une investigation du développement, et un exa-
men neurologique et psychologique exhaustif»
(ibid., p.456).
Les «caractères généraux […] des désordres psy-
chomoteurs» sont précisés dans une publication
considérée comme fondatrice par nombre de
psychomotriciens (Ajuriaguerra, 1974, p. 268 ;
Bonvalot-Soubiran, 1959, p.433):
«Les désordres (ou syndromes) psychomoteurs
ne répondent pas à une lésion en foyer à l’origine
des syndromes neurologiques classiques.
Ils sont plus ou moins automatiques, plus ou
moins motivés, plus ou moins subis, plus ou
moins voulus.
Liés aux affects, mais attachés au soma par leur
fluence à travers la voie finale commune, ils ne
présentent pas, pour cette raison, des caractéris-
tiques de dérèglement d’un système défini.
Persistants ou labiles dans leur forme, mais va-
riables dans leurs expressions, ils restent, chez un
même individu, intimement liés aux afférences et
aux situations.
Ils ont souvent un caractère expressionnel carica-
tural et gardent des caractères primitifs (quoique
modifiés par l’évolution ultérieure) qui les rap-
prochent de phases primitives de contact ou de
répulsion, de passivité ou d’agression. Parfois,
ils n’ont même plus la forme du mouvement pri-
maire, mais seulement la valeur d’un symbole.»1
Au sein de cet ensemble, l’analyse que développe
Ajuriaguerra (1974) des troubles de la motricité
intentionnelle, et principalement de la débilité
motrice, mérite réflexion. Il s’oppose tout d’abord
à une extension de cette notion, extension «fon-
dée sur des bases anatomiques vagues » et no-
tamment les «manifestations qui ont été définies
autrement et qui entrent dans un cadre clinique
connu » comme « des formes d’encéphalopa-
thies grossières», les «formes d’infantilisme mo-
teur…», les «désordres de type hémiparétique
ou paraparétique, […] choréo-athétosiques», ou
encore les syndromes liés à des «lésions focales
précises» (ibid., p.264), rappelant ainsi les carac-
téristiques et le caractère spécifique de la sémiolo-
gie psychomotrice. Il critique l’absence d’«étude
génétique cohérente», au sens développemental
du terme, et indique que «la symptomatologie
dans une sémiologie neuropsychiatrique infan-
tile doit être cherchée et valorisée par rapport à
la chronologie, à l’évolution du symptôme dans
le temps. Ce n’est qu’ainsi qu’elle peut prendre
une valeur soit physiologique, soit pathologique.
Créer une sémiologie propre à l’enfant doit être
notre but» (ibid., p.265). Il rappelle ensuite les
différentes recherches faites avec Stambak (1960,
1963) sur l’évaluation du tonus musculaire, qui
concluent à l’«évolution mesurable de l’extensi-
bilité par rapport à des valeurs connues et à un
âge donné», alors que l’évolution du ballant2 ne
peut être mesurée mais doit être comprise «par
rapport au développement de sa personnalité,
de sa maturation émotivo-affective et des com-
posantes typologiques » (Ajuriaguerra, 1974,
p. 265-266), ainsi que sur l’évolution contras-
tée des différents types de syncinésies. Ailleurs,
Ajuriaguerra et Stambak (1969, p.449) mettent
en avant l’importance de la mesure des compé-
tences motrices, soulignant l’absence de facteur
général dans ce domaine et l’intérêt des échelles
1. Ce texte a fait l’objet d’une communication au Col-
loque d’hommage à Julian de Ajuriaguerra qui s’est
tenu à Paris en juillet 2010 et d’une publication dans
les Actes du Colloque : Joly, F., & Berthoz, A. (Eds.)
(2013). Développement corporel et relation avec autrui
- Actes du colloque d’hommage à J. de Ajuriaguerra au
collège de France. Paris : Ed. du Papyrus.
2. Le ballant est la capacité de résolution du tonus
musculaire qui s’observe en mobilisant les différentes
articulations. La manœuvre classique de mise en évi-
dence consiste à demander au sujet de « laisser les
bras mous comme une poupée de chiffon».
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J.-M. AlbAret
6 Développements / septembre 2013
révisées d’Oseretsky, de Guilmain ou de Sloan (à
savoir l’échelle de Lincoln-Oseretsky) ainsi que
les mesures de la dextérité manuelle et des dif-
férentes praxies, regrettant au passage que l’on
ne dispose pas, à l’époque, pour les praxies ges-
tuelles d’« échelles développementales pour ce
genre d’activités». On notera par ailleurs que la
mise au point des épreuves de niveau et style mo-
teurs effectuée par Stambak (1965) fait suite à une
demande d’Ajuriaguerra et correspondait à «une
exigence d’analyse fine dans chacun des domaines
envisagés […] préconisée par Ajuriaguerra lors de
la création de sa consultation pour troubles psy-
chomoteurs à l’hôpital Henri-Rousselle» (ibid.).
On voit ainsi que les différents travaux d’Ajuria-
guerra concernant les troubles psychomoteurs
insistent sur plusieurs points:
1) la pluralité étiologique et l’originalité du
trouble qui doit se garder de différents ré-
ductionnismes, aussi bien du côté de la neu-
rologie que de la psychologie;
2) le caractère évolutif de la sémiologie avec le
développement de l’individu;
3) la nécessité de s’appuyer sur des tests permet-
tant de mesurer les aptitudes psychomotrices.
Le trouble psychomoteur
aujourd’hui
S’agissant de la définition3 et des caractères consti-
tutifs des troubles psychomoteurs, les éléments que
nous mettons en avant ne sont pas en contradic-
tion avec les définitions princeps, contrairement à
ce que certains écrits laissent entendre (Joly, 2010;
Rodriguez, 2010). Le fait d’affirmer le caractère
neurodéveloppemental du trouble ne signifie en
aucune manière que la sémiologie psychomotrice
3. « Le trouble psychomoteur se manifeste à la fois
dans la façon dont le sujet est engagé dans l’action et
dans la relation avec autrui. Les troubles psychomo-
teurs sont des troubles neurodéveloppementaux qui
affectent l’adaptation du sujet dans sa dimension per-
ceptivo-motrice. Leurs étiologies sont plurifactorielles
et transactionnelles associant des facteurs génétiques,
neurobiologiques, psychologiques et/ou psychoso-
ciaux qui agissent à différents niveaux de complé-
mentarité et d’expression. Ils sont souvent situation-
nels et discrets, entravant en priorité les mécanismes
d’adaptation, constituant une source de désagrément
et de souffrance pour le sujet et son milieu social.
Leur analyse clinique s’appuie sur une connaissance
référentielle approfondie du développement normal.
Elle nécessite des investigations spécifiques, dont
l’examen psychomoteur, pour appréhender les aspects
qualitatifs et quantitatifs des perceptions, des repré-
sentations et des actions du sujet » (Définition du
CEDIFP, d’après Albaret, 2001).
est analysée, car il s’agit bien d’une analyse et non
d’un simple recueil, sans tenir compte de l’individu
qui en est porteur et indépendamment des milieux
dans lesquels elle s’exprime.
Les caractères des troubles psychomoteurs sont
les suivants (cf. figure1):
1) ce sont des troubles perceptivo-moteurs qui
affectent les différentes fonctions d’explo-
ration (aspects perceptifs), d’action (sur le
milieu physique), de communication (no-
tamment dans ses aspects non verbaux) et
les manifestations émotionnelles;
2) ils se manifestent par des signes neurolo-
giques doux qui signent l’existence d’un
dysfonctionnement cérébral a minima;
3) ils sont associés à un complexe psychopa-
thologique, comportant des facteurs émo-
tionnels et pouvant aller jusqu’à un véritable
trouble psychiatrique qui soulève la ques-
tion des comorbidités;
4) ils demandent une analyse des différentes
dimensions (biologique ou organique, éco-
logique, téléologique ou intentionnelle)
pour permettre la prise en compte de la plu-
ralité étiologique (Albaret, 2001; Corraze,
1981, 1999, 2010).
Figure 1. Trépied symptomatologique et pluralité
étiologique des troubles pscyhomoteurs
Nous partageons avec Ajuriaguerra le souci de ne
pas nous attacher exclusivement à l’étude d’un
«homme moteur» et la nécessité de reposition-
ner la motricité du sujet dans l’action entreprise,
en prenant en compte l’intentionnalité de celle-ci
mais également le contexte dans lequel elle s’effec-
tue, à savoir la relation qu’entretient le sujet avec
les milieux physique et social. Nous sommes donc
bien loin d’une simple prise en considération des
« fondements organogénétiques » (Rodriguez,
2010) auxquels d’aucuns voudraient nous confi-
ner, mais nous nous écartons cependant résolu-
ment de points de vue sur le trouble psychomoteur
qui nous paraissent entachés d’un réductionnisme
psychologique (Calza & Contant, 2001 ; Auer-
Martin, 2007). La question des signes doux, re-
prise par Ajuriaguerra (1974, p.273) sous la dé-
nomination de «symptomatologie neurologique
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Développements / septembre 2013 7
Les troubles psychomoteurs aujourd’hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes dynamiques
mineure» en référence aux travaux de Wender,
n’est pas réellement prise en compte par celui-ci
alors même qu’elle s’inscrit dans cette opposi-
tion à toute «lésion en foyer» tout en rappelant
l’attachement au «soma». La complexité et les
divergences quant à la détermination, l’analyse et
la signification de ces signes en ont rebuté plus
d’un. Ils obligent en effet le praticien à poser avec
force l’association intime des mécanismes percep-
tifs et moteurs et à développer, pour l’organisation
psychomotrice, une approche neuropsycholo-
gique de l’enfant, éléments qui étaient encore bal-
butiants à l’époque contrairement au rôle central
dévolu au tonus par exemple.
Les troubles de la motricité intentionnelle, dont
le trouble de l’Acquisition de la Coordination
(TAC) constitue le tableau cardinal, font l’objet
de recherches en nombre croissant dans dif-
rents pays avec des conférences de consensus
qui permettent d’harmoniser les différents points
de vue (Fox & Polatajko, 1994; Sugden, 2006;
Blank et al., 2012). Les quatre caractères précisés
plus haut sont aisément identifiables.
Troubles perceptivo-moteurs dans le TAC
Plusieurs travaux mettent en évidence les particula-
rités et les atteintes des différents systèmes percep-
tifs avec une faible discrimination proprioceptive et
kinesthésique (Laszlo et al., 1988), une mauvaise
perception de la durée relative des sons (Williams,
Woollacott, & Yvry, 1992), des perturbations dans
les perceptions visuelles (Hulme et al., 1982) et
la prise en compte des informations visuo-spa-
tiales (Wilson & McKenzie, 1998), ainsi que dans
le transfert intermodal (Newnham & McKenzie,
1993), une prise en compte des informations hap-
tiques altérée (Schoemaker et al., 2001).
Les fonctions d’action sur le milieu physique sont
également perturbées avec, notamment, des temps
de réaction et de mouvement allongés et plus
variables (Henderson et al., 1992; Van Dellen &
Geuze, 1988), une régularité moindre dans les
épreuves de pointillage (Geuze & Kalverboer,
1993), des coordinations générales (course,
sauts…) atypiques et se caractérisant principale-
ment par un manque d’amplitude, une limitation
des degrés de liberté des articulations ainsi qu’un
enchaînement séquentiel inapproprié des parties
du corps concernées par le mouvement (Larkin
& Hoare, 1992; Williams et al., 1985), des coor-
dinations bimanuelles d’autant plus échouées que
la coordination est complexe (Volman & Geuze,
1998) ou que les contraintes augmentent (Castelnau
et al., 2007), un contrôle proximal plutôt que
distal au niveau de l’écriture avec diminution
de la souplesse du geste (Missiuna, 1994), une
lenteur dans les épreuves visuo-motrices (Schoe-
maker et al., 2001), sans oublier la présence
de dysgraphie (Rosenblum & Livneh-Zirinski,
2008). Les enfants porteurs d’un TAC présentent
également des dyspraxies idéomotrice (Zoia et al.,
2002), idéatoire (Dewey, 1991), visuoconstruc-
tive (Wilson, 2004), voire orofaciale (Dewey, 1993)
avec des particularités dans le contrôle de la motri-
cité orale (Ho & Wilmut, 2010).
Signes neurologiques doux dans le TAC
Différents signes doux sont retrouvés comme
une instabilité posturale dans l’équilibre sta-
tique (Williams et al., 1985; Geuze, 2003), des
syncinésies (Licari, Larkin, & Miyahara, 2006),
des mouvements choréiformes et de l’hypoto-
nie (Hadders-Algra, 2002), une exagération de
certains réflexes tendineux (Williams & Burke,
1995), une faible régulation de la force muscu-
laire (Lundy-Ekman et al., 1991), un déficit de
la graphesthésie, une dysdiadococinésie et de la
lenteur (Losse et al., 1991).
Complexe psychopathologique dans le TAC
Il existe tout d’abord une psychopathologie réac-
tionnelle qui se développe autour d’une faiblesse
de l’estime de soi dans les différents domaines avec
une prédilection pour les compétences athlétiques
et la réussite scolaire, mais aussi d’une faiblesse
du support social et des différents processus de
maîtrise qui joue certainement un rôle dans l’ap-
parition de troubles anxieux (Miyahara & Piek,
2006; Skinner & Piek, 2001; Watson & Knott,
2006). L’étude de Green et al. (2006) montre, par
exemple, que 85% des 47familles d’enfants avec
TAC mentionnent la présence de problèmes émo-
tionnels et comportementaux sévères à l’aide du
questionnaire de Goodman (The Strengths and
Difficulties Questionnaire, Goodman 1997).
De façon plus générale, la présence de comorbidi-
tés avec un ensemble de troubles spécifiques des
apprentissages, de troubles externalisés et inter-
nalisés suscite des interrogations diverses sur la
raison de telles associations (Cairney, Veldhuizen,
& Szatmari, 2010; Soppelsa, Albaret, & Corraze,
2009). Différentes études mettent ainsi en avant
une association fréquente avec le Trouble Défi-
cit de l’Attention/Hyperactivité, que certains
auteurs regroupent sous l’appellation de Défi-
cit en attention, contrôle moteur et perception
(Gillberg, 2003). Une étude longitudinale menée
sur une dizaine d’années par Hellgren, Gillberg,
Bågenholm et Gillberg (1994) indique que ces
enfants présentent un risque élevé de troubles
psychiatriques, notamment de dépression.
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