LES TROUBLES PSYCHOMOTEURS AUJOURD'HUI : ENTRE AJURIAGUERRA ET LA THÉORIE DES SYSTÈMES DYNAMIQUES Jean-Michel Albaret De Boeck Supérieur | Développements 2013/1 - n° 14 pages 4 à 12 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-developpements-2013-1-page-4.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Albaret Jean-Michel, « Les troubles psychomoteurs aujourd'hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes dynamiques », Développements, 2013/1 n° 14, p. 4-12. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. 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Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur ISSN 2103-2874 Résumé Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Lorsque de Ajuriaguerra et Soubiran (1959) définissent les troubles psychomoteurs comme « oscillant entre le neurologique et le psychiatrique », ils fournissent tout à la fois un cadre général de réflexion et une mise en garde contre une attitude réductionniste qui guette cette symptomatologie exigeante pour le clinicien. Les troubles psychomoteurs chez l’enfant s’organisent en effet à partir de composantes sémiologiques de natures diverses : perceptive, cognitive, motrice, affective et relationnelle. Le trépied symptomatologique, comme l’appelle Corraze (1999, 2010), précise les caractères constitutifs de ces troubles : 1) ce sont des troubles perceptivo-moteurs qui affectent les différentes fonctions d’exploration, d’action et de communication ainsi que les intégrations émotionnelles ; 2) ils se manifestent par des signes neurologiques doux qui signent l’existence d’un dysfonctionnement cérébral a minima ; 3) ils sont associés à un complexe psychopathologique. La pluralité étiologique exige alors, comme le pressentait Ajuriaguerra, une analyse des différentes dimensions : biologique, écologique et téléologique ou intentionnelle. Les théories des systèmes dynamiques et de l’auto-organisation considèrent la motricité comme une propriété émergente du système perceptivo-moteur, soit la résultante des interactions entre les composantes du système neuro-musculo-squelettique et les contraintes globales (environnementales, cognitives et psychiques) qui s’exercent sur ces dernières. Le trouble psychomoteur est alors vu comme la « solution » dont l’individu dispose dans la relation avec les milieux physiques et sociaux lorsqu’il est confronté à une tâche ou une situation nécessitant la mise en place de mécanismes d’adaptation. Ces théories fournissent l’occasion de dépoussiérer un héritage qui fait la part belle à une vision « globale » de l’individu en évitant les réductionnismes à l’une ou l’autre de ses dimensions constitutives : neurologique, psychologique ou psychiatrique, sociale. Mots clés • troubles neurodéveloppementaux • signes neurologiques doux • systèmes complexes 4 4 Développements / septembre 2013 Développements / avril 2013 Jean-Michel ALBARET Maître de Conférences, Université de Toulouse, UPS, PRISSMH EA 4561, 118 route de Narbonne, 31062 Toulouse cedex 9 ; directeur de l’Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse. Summary When de Ajuriaguerra and Soubiran (1959) define psychomotor disorders as “oscillating between neurology and psychiatry” they provide both an overall frame of reflection and a word of caution against reductionism which besieges the clinician. Psychomotor disorders in children are composed of different semiological components of a variety of natures: perceptual, cognitive, motor, emotional and relational. The semiological tripod, as Corraze (1999, 2010) names it, specifies the essential traits of these disorders: 1) they are perceptual-motor disorders affecting the exploration, action and communication functions as well as emotional integration ; 2) they occur in the form of soft neurological signs which reflect a minimal brain dysfunction ; 3) they are associated with a psychopathological complex. The etiological plurality requires, as Ajuriaguerra expected, an analysis of different dimensions: biological, ecological and teleological or intentional. Dynamic systems and self-organization theories consider motricity as an emergent property of the perceptual-motor system, that is the result of interactions between components of the neuro-musculoskeletal system and global constraints (environmental, cognitive and psychological) on these components. The psychomotor disorder is seen as a solution used by the subject in his interaction with both physical and social environments when he faces a task or situation requiring the use of coping mechanisms. These theories provide the opportunity to resurrect a heritage that puts the emphasis on a holistic view of the individual patient while avoiding neurological, psychological, psychiatric or social reductionisms. Keywords • neurodevelopmental disorder • soft neurological sign • complex system Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Les troubles psychomoteurs aujourd’hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes dynamiques1 Le trouble psychomoteur chez Julian de Ajuriaguerra Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur La position d’Ajuriaguerra et de ses collaborateurs sur les troubles psychomoteurs s’organise autour de plusieurs points. Le premier point est une critique des types psychomoteurs de Wallon (1925). Ajuriaguerra et Stambak (1969, p. 455) remarquent tout d’abord que le travail de Wallon « tente de classer ces désordres infantiles dans les mêmes termes que ceux utilisés en neurologie de l’adulte et de les rapporter à des catégories qui sont trop étroitement réduites à des facteurs étiologiques ». Ils ajoutent que la valeur localisatrice de ces types psychomoteurs a été « surestimée » et que « de tels types sont plus théoriques que réels ». Le deuxième point est leur diversité. Ajuriaguerra et Stambak (1969, p. 454) soulignent que l’appellation de trouble psychomoteur concerne « un grand nombre de troubles […], dont la caractéristique commune est un mouvement difficile, sans grâce (ungraceful). Les mouvements sont saccadés, mal intégrés et mal coordonnés, comme on peut le voir dans les activités quotidiennes comme l’habillage, l’écriture, le dessin et le jeu, sous forme de mouvements maladroits qui rendent difficiles l’automatisation de ces activités. » Le troisième point concerne l’étiologie du trouble psychomoteur qui « ne peut être établie simplement en appariant un état donné comme un tout à un modèle neurologique donné. Elle peut seulement être établie par une anamnèse soignée, une investigation du développement, et un examen neurologique et psychologique exhaustif » (ibid., p. 456). Les « caractères généraux […] des désordres psychomoteurs » sont précisés dans une publication considérée comme fondatrice par nombre de psychomotriciens (Ajuriaguerra, 1974, p. 268 ; Bonvalot-Soubiran, 1959, p. 433) : « Les désordres (ou syndromes) psychomoteurs ne répondent pas à une lésion en foyer à l’origine des syndromes neurologiques classiques. Ils sont plus ou moins automatiques, plus ou moins motivés, plus ou moins subis, plus ou moins voulus. Liés aux affects, mais attachés au soma par leur fluence à travers la voie finale commune, ils ne présentent pas, pour cette raison, des caractéristiques de dérèglement d’un système défini. Persistants ou labiles dans leur forme, mais variables dans leurs expressions, ils restent, chez un même individu, intimement liés aux afférences et aux situations. Ils ont souvent un caractère expressionnel caricatural et gardent des caractères primitifs (quoique modifiés par l’évolution ultérieure) qui les rapprochent de phases primitives de contact ou de répulsion, de passivité ou d’agression. Parfois, ils n’ont même plus la forme du mouvement primaire, mais seulement la valeur d’un symbole. »1 Au sein de cet ensemble, l’analyse que développe Ajuriaguerra (1974) des troubles de la motricité intentionnelle, et principalement de la débilité motrice, mérite réflexion. Il s’oppose tout d’abord à une extension de cette notion, extension « fondée sur des bases anatomiques vagues » et notamment les « manifestations qui ont été définies autrement et qui entrent dans un cadre clinique connu » comme « des formes d’encéphalopathies grossières », les « formes d’infantilisme moteur… », les « désordres de type hémiparétique ou paraparétique, […] choréo-athétosiques », ou encore les syndromes liés à des « lésions focales précises » (ibid., p. 264), rappelant ainsi les caractéristiques et le caractère spécifique de la sémiologie psychomotrice. Il critique l’absence d’« étude génétique cohérente », au sens développemental du terme, et indique que « la symptomatologie dans une sémiologie neuropsychiatrique infantile doit être cherchée et valorisée par rapport à la chronologie, à l’évolution du symptôme dans le temps. Ce n’est qu’ainsi qu’elle peut prendre une valeur soit physiologique, soit pathologique. Créer une sémiologie propre à l’enfant doit être notre but » (ibid., p. 265). Il rappelle ensuite les différentes recherches faites avec Stambak (1960, 1963) sur l’évaluation du tonus musculaire, qui concluent à l’« évolution mesurable de l’extensibilité par rapport à des valeurs connues et à un âge donné », alors que l’évolution du ballant2 ne peut être mesurée mais doit être comprise « par rapport au développement de sa personnalité, de sa maturation émotivo-affective et des composantes typologiques » (Ajuriaguerra, 1974, p. 265-266), ainsi que sur l’évolution contrastée des différents types de syncinésies. Ailleurs, Ajuriaguerra et Stambak (1969, p. 449) mettent en avant l’importance de la mesure des compétences motrices, soulignant l’absence de facteur général dans ce domaine et l’intérêt des échelles 1. Ce texte a fait l’objet d’une communication au Colloque d’hommage à Julian de Ajuriaguerra qui s’est tenu à Paris en juillet 2010 et d’une publication dans les Actes du Colloque : Joly, F., & Berthoz, A. (Eds.) (2013). Développement corporel et relation avec autrui - Actes du colloque d’hommage à J. de Ajuriaguerra au collège de France. Paris : Ed. du Papyrus. 2. Le ballant est la capacité de résolution du tonus musculaire qui s’observe en mobilisant les différentes articulations. La manœuvre classique de mise en évidence consiste à demander au sujet de « laisser les bras mous comme une poupée de chiffon ». Développements / septembre 2013 5 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Les troubles psychomoteurs aujourd’hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes dynamiques Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur révisées d’Oseretsky, de Guilmain ou de Sloan (à savoir l’échelle de Lincoln-Oseretsky) ainsi que les mesures de la dextérité manuelle et des différentes praxies, regrettant au passage que l’on ne dispose pas, à l’époque, pour les praxies gestuelles d’« échelles développementales pour ce genre d’activités ». On notera par ailleurs que la mise au point des épreuves de niveau et style moteurs effectuée par Stambak (1965) fait suite à une demande d’Ajuriaguerra et correspondait à « une exigence d’analyse fine dans chacun des domaines envisagés […] préconisée par Ajuriaguerra lors de la création de sa consultation pour troubles psychomoteurs à l’hôpital Henri-Rousselle » (ibid.). On voit ainsi que les différents travaux d’Ajuriaguerra concernant les troubles psychomoteurs insistent sur plusieurs points : 1)la pluralité étiologique et l’originalité du trouble qui doit se garder de différents réductionnismes, aussi bien du côté de la neurologie que de la psychologie ; 2)le caractère évolutif de la sémiologie avec le développement de l’individu ; 3)la nécessité de s’appuyer sur des tests permettant de mesurer les aptitudes psychomotrices. est analysée, car il s’agit bien d’une analyse et non d’un simple recueil, sans tenir compte de l’individu qui en est porteur et indépendamment des milieux dans lesquels elle s’exprime. Les caractères des troubles psychomoteurs sont les suivants (cf. figure 1) : 1)ce sont des troubles perceptivo-moteurs qui affectent les différentes fonctions d’exploration (aspects perceptifs), d’action (sur le milieu physique), de communication (notamment dans ses aspects non verbaux) et les manifestations émotionnelles ; 2)ils se manifestent par des signes neurologiques doux qui signent l’existence d’un dysfonctionnement cérébral a minima ; 3)ils sont associés à un complexe psychopathologique, comportant des facteurs émotionnels et pouvant aller jusqu’à un véritable trouble psychiatrique qui soulève la question des comorbidités ; 4)ils demandent une analyse des différentes dimensions (biologique ou organique, écologique, téléologique ou intentionnelle) pour permettre la prise en compte de la pluralité étiologique (Albaret, 2001 ; Corraze, 1981, 1999, 2010). Le trouble psychomoteur aujourd’hui S’agissant de la définition3 et des caractères constitutifs des troubles psychomoteurs, les éléments que nous mettons en avant ne sont pas en contradiction avec les définitions princeps, contrairement à ce que certains écrits laissent entendre (Joly, 2010 ; Rodriguez, 2010). Le fait d’affirmer le caractère neurodéveloppemental du trouble ne signifie en aucune manière que la sémiologie psychomotrice Figure 1. Trépied symptomatologique et pluralité étiologique des troubles pscyhomoteurs 3. « Le trouble psychomoteur se manifeste à la fois dans la façon dont le sujet est engagé dans l’action et dans la relation avec autrui. Les troubles psychomoteurs sont des troubles neurodéveloppementaux qui affectent l’adaptation du sujet dans sa dimension perceptivo-motrice. Leurs étiologies sont plurifactorielles et transactionnelles associant des facteurs génétiques, neurobiologiques, psychologiques et/ou psychosociaux qui agissent à différents niveaux de complémentarité et d’expression. Ils sont souvent situationnels et discrets, entravant en priorité les mécanismes d’adaptation, constituant une source de désagrément et de souffrance pour le sujet et son milieu social. Leur analyse clinique s’appuie sur une connaissance référentielle approfondie du développement normal. Elle nécessite des investigations spécifiques, dont l’examen psychomoteur, pour appréhender les aspects qualitatifs et quantitatifs des perceptions, des représentations et des actions du sujet » (Définition du CEDIFP, d’après Albaret, 2001). Nous partageons avec Ajuriaguerra le souci de ne pas nous attacher exclusivement à l’étude d’un « homme moteur » et la nécessité de repositionner la motricité du sujet dans l’action entreprise, en prenant en compte l’intentionnalité de celle-ci mais également le contexte dans lequel elle s’effectue, à savoir la relation qu’entretient le sujet avec les milieux physique et social. Nous sommes donc bien loin d’une simple prise en considération des « fondements organogénétiques » (Rodriguez, 2010) auxquels d’aucuns voudraient nous confiner, mais nous nous écartons cependant résolument de points de vue sur le trouble psychomoteur qui nous paraissent entachés d’un réductionnisme psychologique (Calza & Contant, 2001 ; AuerMartin, 2007). La question des signes doux, reprise par Ajuriaguerra (1974, p. 273) sous la dénomination de « symptomatologie neurologique 6 Développements / septembre 2013 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur J.-M. Albaret Les troubles psychomoteurs aujourd’hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes dynamiques lenteur dans les épreuves visuo-motrices (Schoemaker et al., 2001), sans oublier la présence de dysgraphie (Rosenblum & Livneh-Zirinski, 2008). Les enfants porteurs d’un TAC présentent également des dyspraxies idéomotrice (Zoia et al., 2002), idéatoire (Dewey, 1991), visuoconstructive (Wilson, 2004), voire orofaciale (Dewey, 1993) avec des particularités dans le contrôle de la motricité orale (Ho & Wilmut, 2010). Troubles perceptivo-moteurs dans le TAC Complexe psychopathologique dans le TAC Plusieurs travaux mettent en évidence les particularités et les atteintes des différents systèmes perceptifs avec une faible discrimination proprioceptive et kinesthésique (Laszlo et al., 1988), une mauvaise perception de la durée relative des sons (Williams, Woollacott, & Yvry, 1992), des perturbations dans les perceptions visuelles (Hulme et al., 1982) et la prise en compte des informations visuo-spatiales (Wilson & McKenzie, 1998), ainsi que dans le transfert intermodal (Newnham & Mc Kenzie, 1993), une prise en compte des informations haptiques altérée (Schoemaker et al., 2001). Les fonctions d’action sur le milieu physique sont également perturbées avec, notamment, des temps de réaction et de mouvement allongés et plus variables (Henderson et al., 1992 ; Van Dellen & Geuze, 1988), une régularité moindre dans les épreuves de pointillage (Geuze & Kalverboer, 1993), des coordinations générales (course, sauts…) atypiques et se caractérisant principalement par un manque d’amplitude, une limitation des degrés de liberté des articulations ainsi qu’un enchaînement séquentiel inapproprié des parties du corps concernées par le mouvement (Larkin & Hoare, 1992 ; Williams et al., 1985), des coordinations bimanuelles d’autant plus échouées que la coordination est complexe (Volman & Geuze, 1998) ou que les contraintes augmentent (Castelnau et al., 2007), un contrôle proximal plutôt que distal au niveau de l’écriture avec diminution de la souplesse du geste (Missiuna, 1994), une Il existe tout d’abord une psychopathologie réactionnelle qui se développe autour d’une faiblesse de l’estime de soi dans les différents domaines avec une prédilection pour les compétences athlétiques et la réussite scolaire, mais aussi d’une faiblesse du support social et des différents processus de maîtrise qui joue certainement un rôle dans l’apparition de troubles anxieux (Miyahara & Piek, 2006 ; Skinner & Piek, 2001 ; Watson & Knott, 2006). L’étude de Green et al. (2006) montre, par exemple, que 85 % des 47 familles d’enfants avec TAC mentionnent la présence de problèmes émotionnels et comportementaux sévères à l’aide du questionnaire de Goodman (The Strengths and Difficulties Questionnaire, Goodman 1997). De façon plus générale, la présence de comorbidités avec un ensemble de troubles spécifiques des apprentissages, de troubles externalisés et internalisés suscite des interrogations diverses sur la raison de telles associations (Cairney, Veldhuizen, & Szatmari, 2010 ; Soppelsa, Albaret, & Corraze, 2009). Différentes études mettent ainsi en avant une association fréquente avec le Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité, que certains auteurs regroupent sous l’appellation de Déficit en attention, contrôle moteur et perception (Gillberg, 2003). Une étude longitudinale menée sur une dizaine d’années par Hellgren, Gillberg, Bågenholm et Gillberg (1994) indique que ces enfants présentent un risque élevé de troubles psychiatriques, notamment de dépression. Signes neurologiques doux dans le TAC Différents signes doux sont retrouvés comme une instabilité posturale dans l’équilibre statique (Williams et al., 1985 ; Geuze, 2003), des syncinésies (Licari, Larkin, & Miyahara, 2006), des mouvements choréiformes et de l’hypotonie (Hadders-Algra, 2002), une exagération de certains réflexes tendineux (Williams & Burke, 1995), une faible régulation de la force musculaire (Lundy-Ekman et al., 1991), un déficit de la graphesthésie, une dysdiadococinésie et de la lenteur (Losse et al., 1991). Développements / septembre 2013 7 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur mineure » en référence aux travaux de Wender, n’est pas réellement prise en compte par celui-ci alors même qu’elle s’inscrit dans cette opposition à toute « lésion en foyer » tout en rappelant l’attachement au « soma ». La complexité et les divergences quant à la détermination, l’analyse et la signification de ces signes en ont rebuté plus d’un. Ils obligent en effet le praticien à poser avec force l’association intime des mécanismes perceptifs et moteurs et à développer, pour l’organisation psychomotrice, une approche neuropsychologique de l’enfant, éléments qui étaient encore balbutiants à l’époque contrairement au rôle central dévolu au tonus par exemple. Les troubles de la motricité intentionnelle, dont le trouble de l’Acquisition de la Coordination (TAC) constitue le tableau cardinal, font l’objet de recherches en nombre croissant dans différents pays avec des conférences de consensus qui permettent d’harmoniser les différents points de vue (Fox & Polatajko, 1994 ; Sugden, 2006 ; Blank et al., 2012). Les quatre caractères précisés plus haut sont aisément identifiables. J.-M. Albaret que la nature des interrelations est encore loin d’être élucidée (Emck et al., 2009). Quant aux aspects génétiques, l’héritabilité, établie à partir de 245 paires de jumeaux mono- et dizygotes dont l’un au moins est porteur d’un TAC, est de 70 % dans l’étude de Lichtenstein et al. (2010). Pluralité étiologique dans le TAC Les troubles psychomoteurs demain : systèmes dynamiques et auto-organisation Les facteurs étiologiques mentionnés sont divers sans qu’une cause unique puisse être privilégiée et nous amène au constat que la complexité est bien au cœur de ces troubles de la motricité intentionnelle. La prématurité est un facteur de risque connu : 30,7 % des 280 enfants prématurés répondent aux critères diagnostiques du TAC dans l’étude de Foulder-Hughes et Cooke (2003). Les facteurs pré-, péri- ou néonataux sont présents chez un grand nombre d’enfants sans que des conclusions définitives quant à leur rôle causal puissent être apportées (Pearsall-Jones et al., 2008). Des anomalies EEG non spécifiques ont été retrouvées dans certains cas (Gubbay, 1975). À l’aide du CT-scan4, un taux élevé d’anomalies cérébrales, non spécifiques elles aussi (dilatation ventriculaire, atrophie corticale ou démyélinisation), a été signalé (Knuckey et al., 1983). Plus récemment, la question des corrélats neuro-anatomiques a été renouvelée avec l’implication des boucles cortico-striatale et/ou cortico-cérébelleuse (Zwicker et al., 2009 ; Nicolson & Fawcett, 2007) et des régions pariétales (Kashiwagi et al., 2009). Les aspects psychopathologiques sont également pris en compte mais il faut souligner 4. Le CT-scan ou tomodensitométrie (scanner) étudie sous différents angles la densité des tissus ou des organes à l’aide d’un faisceau de rayons X, continu et stable, et reconstruit une image complète de la région observée à l’aide d’un ordinateur. 8 Développements / septembre 2013 Les tests psychomoteurs Si l’on s’intéresse maintenant aux outils d’évaluation qu’Ajuriaguerra et Stambak, cités plus haut, appelaient de leurs vœux, différentes études ont été menées et nous permettent de disposer aujourd’hui de normes utilisables sur la population française, à commencer par l’échelle de Sloan (Rogé, 1984). Des tests destinés aux différents âges de la population sont étalonnés sur un échantillon représentatif de la population française (Albaret & Noack, 1994 ; Michel, Soppelsa, & Albaret, 2010 ; Soppelsa & Albaret, 2004 ; Vaivre-Douret, 1999, 2006). Ils tiennent compte des connaissances actuelles et s’intéressent aussi bien aux aspects quantitatifs que qualitatifs de la motricité. Depuis plus de vingt ans, les théories des systèmes dynamiques et de l’auto-organisation s’intéressent à la coordination motrice et au développement psychomoteur et permettent de rendre compte de la complexité. Plus récemment, elles tentent de rendre compte de certains aspects des troubles psychomoteurs. Ces théories postulent que le comportement moteur est une propriété émergente, auto-organisée du système perceptivo-moteur (cf. Zanone, 1999 pour une revue). Ce phénomène d’auto-organisation résulte, d’une part, des interactions locales, non linéaires que les composantes entretiennent entre elles (système musculo-squelettique, système nerveux, mais aussi système vasculaire, métabolique, etc.) et, d’autre part, des contraintes globales qui s’exercent sur elles. Ces contraintes peuvent être de nature physique (biomécanique, énergétique, etc.), informationnelle (stimulation, tâche) et/ou psychologique (attention, volition, etc.). Le mouvement découle de cette interaction entre un organisme complexe, et de ce fait relativement instable, et l’environnement. On assiste, lors d’une activité coordonnée, à l’émergence d’un mouvement ou patron de coordination, résultant d’un processus d’auto-organisation des différentes composantes, qui conduit à un nouvel état stable du système. On dit de ce système qu’il est non linéaire parce que Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Kaplan et al. (1998) retrouvent pour leur part une association fréquente entre TAC, TDA/H et dyslexie : chez les 81 enfants avec un diagnostic de TAC, 10 ont un TDA/H, 23 une dyslexie et 22 les deux troubles associés. Cette fréquence d’association les conduit à émettre l’hypothèse d’un « développement cérébral atypique » (Atypical Brain Development) qui n’est pas sans rappeler la notion de dysfonctionnement cérébral a minima (Clements & Peters, 1962). Plus récemment, Nicolson et Fawcett (2007) proposent de reconsidérer la question des troubles des apprentissages au sens large en partant d’une distinction entre deux modes d’apprentissage, déclaratif et procédural, et les substrats neuro-anatomiques sousjacents. Le mode déclaratif serait responsable des troubles généralisés des apprentissages, alors que le mode procédural et ses deux composantes (cortico-striatales et cortico-cérébelleuses) rendraient compte notamment des troubles spécifiques du langage oral, du TAC, de la dyslexie et du TDA/H. Les comorbidités seraient ainsi dépendantes des anomalies de ces boucles cortico-sous-corticales. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur le changement ne se fait pas progressivement, de façon monotone, mais qu’au contraire il a tendance à rejoindre, soudainement et de manière abrupte, un ou plusieurs de ces états stables, appelés également attracteurs, sous l’action des différentes contraintes. Plus grande est la stabilité du patron, plus grande sera sa résistance aux changements et aux perturbations de différentes natures (Wallace, 1996), c’est-à-dire que le système reste dans une phase stable aussi longtemps qu’il le peut, malgré l’action des informations comportementales puis, soudainement, change de patron pour se stabiliser sur un nouvel état. La propriété fondamentale du comportement est donc sa stabilité. Sur le plan comportemental, plus ces formes sont stables, plus elles sont faciles à produire et plus leur production est fréquente, mais elles rendent plus difficile la réalisation de formes alternatives. A priori, aucun patron n’est impossible. Par contre, pour les réaliser, il faut « payer un prix » pour contrer la prédominance des formes stables. Ainsi, lorsque l’on demande à un sujet de produire des mouvements rythmiques de même fréquence avec les deux index, selon le paradigme expérimental désormais classique de Kelso (1984), deux patrons de coordination sont décrits : en phase (flexion et extension simultanées des index avec activation des muscles homologues) ou en opposition de phase (extension d’un index quand l’autre est fléchi). Une augmentation de la fréquence d’oscillation rend plus difficile le maintien du mouvement avec opposition de phase auquel tend à se substituer la coordination en phase. Sans autre modification que celle de la fréquence, le système effectue, de lui-même, une transition vers un attracteur plus stable. Dans un système peuvent donc coexister plusieurs patrons dont le degré de stabilité est plus ou moins grand. À une certaine fréquence, le système dispose de deux patrons de coordination et l’augmentation de la fréquence ne va en laisser subsister qu’un. La dynamique de tels systèmes a fait l’objet de modélisations qui ont, à leur tour, permis de prédire les possibilités d’apprentissage de patrons de coordination absents du répertoire spontané de l’individu et de vérifier ces prédictions (Zanone & Kelso, 1994). Le système est doté d’une dynamique propre qui régit le comportement en fonction de la vitesse adoptée. Cette dynamique détermine deux états de coordination stables à basse fréquence, mais un seul à haute fréquence. C’est ainsi que la disparition de la coordination en antiphase, initialement moins stable, induite par l’augmentation de la vitesse d’oscillation prescrit le passage au patron en phase, initialement plus stable, qui reste alors seul présent. Ce phénomène spontané correspond à une altération qualitative de la dynamique sous-jacente par la disparition d’un patron de coordination. Il est à noter que c’est toujours le patron le moins stable intrinsèquement qui disparaît le premier, si bien que la manière dont la transition se réalise est déterminée par la stabilité relative des patrons. On distingue des paramètres d’ordre, ou variables collectives, qui rendent compte des patrons stables observés et différentes conditions liées à l’organisme et/ou à l’environnement responsables des changements dans la dynamique du système. Certaines, non spécifiques, sont appelées paramètres de contrôle et maintiennent le système dans l’état le plus stable spontanément. D’autres, regroupées sous le terme d’information comportementale et liées aux nécessités de l’environnement ou aux intentions du sujet, vont agir sur le système pour l’amener vers un nouveau patron de coordination après une phase de transition ou bifurcation. Au niveau individuel, ce passage se déroule de manière non linéaire, c’est-à-dire que le changement ne se fait pas progressivement, de façon monotone : le système reste dans une phase stable aussi longtemps qu’il le peut, malgré l’action des informations comportementales, puis, soudainement, change de patron pour se stabiliser sur un nouvel état. Le développement psychomoteur, dans l’approche dynamique, n’est pas sous la dépendance unique de la maturation du SNC mais de l’interaction de multiples sous-systèmes qui parviennent à maturité à des moments et à des rythmes différents et qui influent sur la stabilité des mouvements coordonnés d’un individu donné, dans un milieu particulier et pour une tâche spécifique (Thelen, 1995). Chaque mouvement a donc un caractère unique, un changement minime dans une des composantes du système pouvant aboutir à une réorganisation importante sur le plan comportemental. Ce phénomène est qualifié de sensibilité aux conditions initiales. Thelen et ses collaborateurs étudient, par exemple, le réflexe de marche automatique du nouveau-né, patron de coordination qui est présent dans les premiers mois de vie, puis disparaît avant de revenir sous la forme de la marche indépendante. Ces auteurs constatent plusieurs phénomènes. Ils observent tout d’abord une similitude entre ce réflexe et les rythmies des jambes observées lorsque l’enfant est couché sur le dos avec des déplacements relatifs des différentes articulations semblables, mais ces rythmies ne disparaissent pas après les deux premiers mois de vie contrairement à la marche automatique. Ils notent également que le réflexe de marche automatique disparaît quand le bébé grossit par augmentation des masses adipeuses et que le poids de ses jambes rend le déclenchement du réflexe plus difficile puisqu’il n’y a pas d’augmentation parallèle de la force musculaire. Mais si le bébé est plongé dans l’eau, on s’aperçoit Développements / septembre 2013 9 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Les troubles psychomoteurs aujourd’hui : entre Ajuriaguerra et la théorie des systèmes dynamiques J.-M. Albaret Conclusion La richesse des travaux d’Ajuriaguerra en fait une référence obligée pour la compréhension des troubles psychomoteurs. Les conceptions actuelles sont d’ailleurs dans la continuité de ces positions. Pour autant, cela ne doit pas nous faire oublier la nécessité d’être à l’écoute des données issues des différentes disciplines qui étudient ces troubles-là, comme la présentation et l’analyse qu’Ajuriaguerra en faisait dans le Manuel de psychiatrie de l’enfant nous y incitaient déjà (Ajuriaguerra, 1974). Les positions réductionnistes sont nombreuses et tentantes mais intenables aujourd’hui, tout comme elles l’étaient hier. Il ne sert à rien de s’arc-bouter sur la conservation d’un héritage immuable, mais il convient d’avancer en critiquant, si nécessaire, certaines positions d’hier à la lumière des données contemporaines (cf. l’analyse de la notion de dialogue tonico-émotionnel formulée par Corraze, 2009), comme en son temps Ajuriaguerra critiquait, par exemple, la typologie psychomotrice de Wallon. Les théories des systèmes dynamiques et de l’auto-organisation constituent un cadre explicatif novateur et pertinent dans les domaines du développement psychomoteur et de ses troubles, théories d’autant plus intéressantes qu’elles reposent sur la prise en compte de la complexité avec la mise en relation des différentes sources d’influence, dénommées contraintes, afin de mettre à jour les mécanismes explicatifs de ceuxci. L’intérêt se porte alors sur la variabilité et/ou la stabilité comportementales qui sont autant d’éléments à prendre en compte pour comprendre le sujet porteur de troubles psychomoteurs et passer du tableau d’ensemble au sujet singulier. Références Ajuriaguerra, J. de (1974). Manuel de psychiatrie de l’enfant (2e éd.). Paris : Masson. Ajuriaguerra, J. de, & Bonvalot-Soubiran, G. (1959). Indications et techniques de rééducation psychomotrice en psychiatrie infantile. La Psychiatrie de l’Enfant, 2, 423-494. Ajuriaguerra, J. de, & Stambak, M. (1969). 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Le trouble psychomoteur est vu, dans ce contexte théorique, comme le résultat, la « solution » s’imposant à un sujet donné compte tenu des contraintes adverses qui déstabilisent la dynamique sous-jacente et appauvrissent ainsi son répertoire psychomoteur et l’adaptabilité de ce dernier (Albaret et al., 2000). Les contraintes ne proviennent pas d’une source unique mais trouvent leur origine dans l’ensemble sujet-tâche-environnement : chez le sujet, dans ses caractéristiques psychologiques, neurologiques ou encore biomécaniques ; dans la nature de la tâche proposée et son degré de complexité ; dans le contexte singulier, physique et social, dans lequel cette dernière se déroule. L’abord thérapeutique, forcément interdisciplinaire et holistique, cherchera ensuite à opérer un changement dans le poids respectif des différentes contraintes de façon à favoriser l’émergence de « solutions » plus adéquates ou moins coûteuses pour le sujet. La nature des thérapeutiques dépendra de l’identification des sources de contraintes. Ces éléments de réflexion, encore peu nombreux mais qu’alimentent différentes lignes de recherche (Wade, Johnson, & Mally, 2005), sont susceptibles de fournir un moyen de dépasser des antagonismes qui ne sont plus d’actualité et permettre une réelle approche holistique des troubles psychomoteurs. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Toulouse 2 - - 193.55.175.57 - 25/11/2013 11h38. © De Boeck Supérieur Blank, R., Smits-Engelsman, B., Polatajko, H., & Wilson, P. (2012). European Academy for Childhood Disability (EACD): Recommendations on the definition, diagnosis and intervention of developmental coordination disorder (long version). Developmental Medicine & Child Neurology, 54, 54-93. Cairney, J., Veldhuizen, S., & Szatmari, P. (2010). Motor coordination and emotional-behavioral problems in children. Current Opinion in Psychiatry, 23, 324-329. Calza, A., & Contant, M. (2001). 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