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Les infections nosocomiales occupent une place prépondérante et
constituent par leur fréquence, leur gravité sur le plan clinique (morbidité et
mortalité), et leurs conséquences économiques, une priorité en matière de santé
publique. Une infection nosocomiale (du grec nosos : maladie, et komein :
prendre soin de) est une atteinte localisée ou systémique résultant dune réaction
de l’organisme à la présence d’un agent infectieux ou de sa toxine, sans preuve
que l’infection était présente ou en cours d’incubation au moment de
l’admission du patient. Les infections bactériennes sont nosocomiales
lorsqu’elles se déclarent plus de 48 heures aps l’admission du patient. Comme
tous les êtres vivants, les bactéries doivent s’adapter à un environnement qui
leur est de plus en plus hostile. En effet, la promiscuité, la circulation des
patients et la pression de sélection imposée par l’antibiothérapie favorisent la
dissémination dans l’environnement des bactéries multirésistantes (BMR). La
lutte contre les infections nosocomiales nécessite l’adoption dune stratégie
susceptible de prévenir et de limiter la diffusion de ces infections en empêchant
la transmission manuportée des BMR. Cette démarche associe principalement
l’hygiène du milieu hospitalier, l’hygiène de personnel soignant notamment le
lavage des mains, ainsi que le dépistage des porteurs, plus ou moins
systématique, des précautions d’isolement et l’optimisation de l’antibiothérapie.
Les patients porteurs de BMR constituent un réservoir à partir duquel ces
bactéries peuvent disséminer.
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Le dépistage des BMR permet d’identifier ces patients et de prendre des
précautions d’isolements afin d’éviter les infections croisées et les épidémies de
BMR. Dans le cadre de la prévention des infections à bactéries multirésistantes,
le Laboratoire de Microbiologie de lHôpital Universitaire International Cheikh
Zaïd de Rabat en collaboration avec le Comité de Lute contre les Infections
Nosocomiales (CLIN), mène une étude prospective et continue depuis 16 janvier
2008 dont le but est d’évaluer la prévalence du portage de bactéries
multirésistantes chez les patients à l’admission en réanimation. Dans ce travail
nous présentons les résultats de 9 mois (du 16 janvier 2008 au 16 octobre 2008).
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I. DEFINITION DE LA MULTIRESISTANCE BACTERIENNE
1. Définition des bactéries multirésistantes
Les bactéries sont dites multirésistantes aux antibiotiques lorsque, du fait
de l'accumulation de résistances acquises à plusieurs familles d’antibiotiques,
elles ne sont plus sensibles qu'à un petit nombre d'antibiotiques utilisables en
thérapeutique. La multirésistance est une étape vers l’impasse thérapeutique.
Elle concerne les bactéries des infections communautaires (ex. : pneumocoques,
bacilles de la tuberculose) et les bactéries des infections nosocomiales (IN). La
lutte contre les BMR à l’hôpital, qui s'intègre dans une politique globale de
prévention des IN et de maîtrise de la résistance aux antibiotiques, est une
priorité qui implique toute la communauté hospitalière et fait partie des
indicateurs d'activité et de qualité, et des référentiels d'accréditation des
établissements de santé [1,2].
2. Le choix des bactéries multirésistantes ciblées
Le choix des BMR ciblées par le programme de surveillance et de
prévention des infections nosocomiales est propre à chaque institution. En
raison de leur fréquence élevée, de leur potentiel pathogène, de leur caractère
commensal qui expose au risque de diffusion hors de l’hôpital, de leur caractère
clonal ou du caractère aisément transférable des mécanismes de résistance
impliqués, les Staphylocoques aureus résistants à la méthicilline (SARM), les
Staphylocoques à coagulase négative résistants à la méthicilline et les
entérobactéries productrices de bêtalactamases à spectre étendu (BLSE) sont les
plus importants et les plus ciblées dans le programme de lute contre les
infections à BMR adopté par le laboratoire de microbiologie de l’hôpital
Universitaire International Cheikh Zaïd de Rabat. Ce programme cible aussi des
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autres BMR nosocomiales qui ne présentent pas toutes ces caractéristiques
dont : Enterobacter hyperproducteurs de céphalosporinase, Pseudomonas
aeruginosa multirésistant ; résistantes aux bêtalactamines (ticarcilline,
ceftazidime et/ou imipénème), Acinetobacter baumannii multirésistant ;
résistant à la Ticarcilline, Ceftazidime et Céftriaxone.
II. MECANISME DE LA MULITRÉSISTANCE (Tableau I, page10)
La multirésistance bactérienne résulte de l'accumulation de résistances à un
nombre important d'antibiotiques appartenant à des familles variées, ayant donc
des mécanismes d'action très divers. On distingue les mécanismes biochimiques
(inactivation enzymatique, imperméabilité membranaire, modification de la
cible bactérienne de l’antibiotique et l’efflux d’antibiotique) et les mécanismes
génétiques (chromosomiques, extrachromosomiques, plasmidiques ou via des
transposons et des intégrons) [3,4]. Pour définir des stratégies de lutte efficace
contre la multirésistance, il est indispensable de comprendre les grands principes
des mécanismes de résistances chez les BMR ciblées dans notre étude.
1. Mécanismes biochimiques de la résistance bactérienne [5]
Les bactéries développent des résistances aux antibiotiques grâce à des
mécanismes utilisés seuls ou en association, schématiquement classés en quatre
groupes.
a) Inactivation enzymatique
L’inactivation enzymatique est un mode de résistance acquis et
particulièrement fréquent dans le cas des bêtalactamines.
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