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Santé publique volume 27 / N° 1 Supplément - janvier-février 2015
L. Lamothe, C. Sylvain, V. Sit
s132
Par ailleurs, « souvent les patients avec des problèmes de
santé mentale se retrouvent à peu près nulle part ; ils ont
peur de se rendre aux urgences, dans les hôpitaux, à cause
des étiquettes puis du jugement. Alors, la seule fois qu’on va
les voir, c’est quand ils sont décompensés complètement.
Ils tombent souvent entre les mailles du filet du système de
santé ».
Le désir de prendre en compte l’ensemble des besoins
des patients a encouragé les professionnels à adopter
l’approche patient-partenaire1. En effet, cette approche,
dont l’adoption gagne en popularité dans les organisations
de santé, s’appuie sur un plus grand partenariat de soins,
une prise de décision partagée, une autogestion de la
maladie, l’éducation thérapeutique et le savoir expérientiel
du patient. Toutefois, au quotidien, son application soulève
des inquiétudes.
Par cette approche, une partie de la coordination est délé-
guée aux patients eux-mêmes qui peuvent créer des outils
pour faire face aux bris de continuité dans le système
(exemple : aide-mémoire qui devient une sorte de dossier
parallèle). Cependant, leur participation ne peut pas
répondre à tous les besoins de coordination et ce ne sont
pas tous les patients qui peuvent répondre aux attentes
associées à cette approche.
La participation adéquate et pragmatique des patients est
Les professionnels doivent alors se tourner vers l’entou-
rage des patients. En effet, le patient n’est pas seul dans son
expérience de soins, il peut avoir une famille, des amis qui
peuvent être des aidants naturels. Diverses stratégies
doit donc pallier en créant des postes de relais d’informa-
fonction la surveillance de la coordination des soins et
services. Cette surveillance commence par la prise de
rendez-vous, pour des services diagnostiques ou des
consultations ; c’est le premier niveau de gestion de l’infor-
mation. Comme l’explique un des médecins : « Mes patients
parfois oublient de téléphoner pour prendre un rendez-vous.
Certains avec de l’arthrite ne peuvent utiliser le téléphone. »
gestion de l’information clinique. Comment donner un sens
et assurer une convergence à la diversité des interven-
tions ? C’est alors que la nécessité du travail en équipe
émerge.
1 L’italique utilisé ici et plus loin dans la section résultats permet de
mettre en relief les défis et stratégies d’adaptation mises en avant par
les professionnels concernés.
Les relations entre les professionnels du GMF
La gestion de l’information clinique au sein d’une équipe
responsabilités et de la cohérence du message.
L’augmentation de la multimorbidité exerce une forte pres-
sion sur le partage des compétences ; une approche par
maladie ne peut être porteuse de sens pour le patient qui
Assurer une complicité clinique et une continuité des soins
.
Diverses stratégies sont mises en avant. Certaines, peut-
être les plus importantes, capitalisent sur l’importance de
équipes soignantes repose sur la connaissance de l’autre
mutuelle entre les membres de l’équipe, les diverses formes
d’échanges informels qui contribuent à la continuité dans la
communication (repas, corridor, notes au dossier, etc.). Par
ailleurs, certains mécanismes soutiennent une bonne
gestionnaire de cas du CSSS associé, a un double rôle d’inté-
grateur de l’information clinique et de coordonnateur entre
les différents professionnels impliqués dans un dossier. De
l’avis des professionnels sans le concours d’une personne
responsable de colliger l’information, chacun travaillerait
en silo. Nous avons toutefois noté que le gestionnaire de cas
travaillait surtout avec les professionnels du CSSS mais il
pouvait aider à une meilleure continuité avec ceux du GMF.
De l’avis des professionnels, travailler en équipe interdis-
ciplinaire nécessite, pour avoir une synergie, de connaître
et reconnaître les compétences de l’autre et apprendre à
travaille avec des patients ayant plusieurs comorbidités. Le
travail en équipe doit aussi permettre la participation du
patient ou de ses proches. Ainsi, la connaissance de l’autre
inclut « celle du patient, de ses croyances, de ses peurs, de son
expérience de soins. Respecter ses choix de vie ».
protocoles de soins ou plans d’intervention
permettent une formalisation des décisions sur lesquelles
les professionnels se sont entendus, préférablement en
concertation avec les patients et leurs proches. Ceux-ci
et la coordination des actions. Ils peuvent aussi soutenir le
développement d’une philosophie de soins commune : « Ici
on fait comme ça ». Par ailleurs, ils comportent un risque
de rigidité dans les procédures alors que la variété et la
de maladies chroniques.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Montréal - - 132.204.251.254 - 30/06/2015 17h53. © S.F.S.P.
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