Mémoire de recherche
Esteban Giner Page 3
l'entrepreneur ont fait l'objet d'une littérature foisonnante. Ainsi, environs 8000
productions
scientifiques et autres ont été référencées sur les moteurs de recherche uniquement en 2013.
Malgré tout, force est de constater qu'aujourd'hui, on ne dispose pas d'une théorie unifiée et
cohérente de l'innovation entrepreneuriale. En revanche, R. Swedberg considère que la vision de
Schumpeter reste encore la référence majeure et la seule théorie cohérente sur le sujet, de sorte
qu'elle constitue un point de départ pour le développement d'une théorie de l'entrepreneur
(Swedberg, 2007). Dans ce mémoire, nous proposons de partir de cette hypothèse émise par
Swedberg, et de relire la théorie schumpétérienne de l'entrepreneur afin d'en tester l'actualité et la
pertinence à la lumière des problématiques actuelles. Plus précisément, il s'agira d'interroger
l'analyse faite par Schumpeter sur deux points. Premièrement, il semblerait que, contrairement au
déclin annoncé du capitalisme suite au "crépuscule de l'entrepreneur" (J.A. Schumpeter, 1942), le
foisonnement des initiatives et des nouvelles pratiques d'innovation dans le cadre des NTIC
semblerait donner tort à Schumpeter. Le capitalisme est donc bien plus résilient qu'il n'y paraissait
aux yeux de Schumpeter. Deuxièmement, les nouvelles formes d'innovation et d'entrepreneuriat
rendues possibles via les NTIC semblent aujourd'hui remettre en cause le paradigme schumpétérien,
selon lequel l'innovation serait conduite par un individu charismatique et leader. En effet, chez
Schumpeter c'est l'entrepreneur individuel qui initie le changement économique, suscite l'imitation
et ensuite éduque le consommateur vers de nouveaux besoins ou usages. Or, même s'il existe
encore des entrepreneurs schumpétériens aujourd'hui (exemple, Mark Zuckerberg), le spécialiste de
l’innovation Eric von Hippel considère que "Nous sommes au milieu du plus grand changement de
paradigme dans le management depuis des décennies”, dans la mesure où “Nous passons du
paradigme Schumpetérien d’une innovation centrée sur les producteurs à une innovation centrée
sur les utilisateurs"
. Ainsi, ce ne sont pas tant les producteurs qui innovent, que les "Lead Users",
les "Utilisateurs Pilotes". Ceci montre l'importance de la dimension plus communautaire, en tout cas
plus systémique qui aujourd'hui est liée à l'innovation et ce, en prenant en compte autant des
individus internes à l'entreprise qu'externes à l'entreprise. L'idée du mémoire est donc de montrer,
que l'entrepreneuriat doit être étudié dans une perspective plus collective, ce qui suppose de
dépasser la théorie schumpétérienne.
Données recueillies le 13/05/2013 /
http://scholar.google.com/scholar?as_sdt=1,5&q=entrepreneur&hl=fr&as_ylo=2013&as_vis=1
"Von Hippel : le paradigme de l’innovation par l’utilisateur", par Hubert Guillaud, Les Echos, 14/07/2012