AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes 14/03/2016 PELLAT Andréanne L2 CR : Nyl CHEMLI AIH Pr. Drancourt 18 pages. Infections à mycobactéries et infections à spirochètes Plan : A. Infections à spirochètes I. Les spirochètes II. La syphilis III. La leptospirose IV. Le genre Borrélia B. Infections à mycobactéries I. La tuberculose II. La lèpre III. Les ulcères de Buruli A. Infections à spirochètes I. Les spirochètes a. Caractéristiques Les spirochètes sont des bactéries : c'est à dire des êtres vivants unicellulaires délimités par une membrane, à l'intérieur de cette membrane se trouve le cytoplasme contenant le matériel nucléaire (diffusé ou sous forme de noyau), dépourvus de mitochondries. Les spirochètes sont des bactéries dites « gram zéro » car elles ne sont pas du tout colorées par la coloration de gram. La coloration de gram est utilisée pour colorer les bactéries et faciliter leur visualisation au microscope. Elle permet de distinguer 2 catégories de bactéries : – Les gram négatives : coloration en rouge du à une structure particulière de l'enveloppe : ces bactéries comportent une première enveloppe qui limite le cytoplasme, puis un deuxième enveloppe et ensuite une enveloppe externe. – Les gram positives : coloration en bleu, ces bactéries ont une membrane cellulaire et une autre relativement épaisse. Elles ne possèdent pas d'enveloppe externe. – Les gram dites « zéro » : elles ne sont pas colorées, on ne les voit pas au microscope. Ces bactéries sont extrêmement mobiles : elles possèdent à l'intérieur de leur cytoplasme une flagelle qui est à l'origine de leur mobilité. Elles ressemblent à des petits serpents. 1/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes Il y a 3 genre de spirochètes pathogènes pour l'homme : – Treponema : responsable de la syphilis – Leptospira :responsable de la leptospirose – Borrelia : responsable de la maladie de Lyme et des fièvres récurrentes Tout ces microbes possèdent les mêmes caractéristiques morphologiques. Ils sont dits de fastidieux car ils sont très difficiles à isoler et à cultiver en laboratoire à partir d'un prélèvement fait chez l'homme. Le diagnostic des maladies causées par ces microbes ne va pas reposer sur leur isolement et leur culture. ex : Triponema Pallidum responsable de la Syphilis chez l'Homme n'est toujours pas cultivé alors que la syphilis est l'une des maladies les plus anciennement connue chez l'homme (XVème siècle). On sait diagnostiquer cette maladie, on sait que c'est ce microbe qui est responsable mais on arrive toujours pas à l'isoler et à le cultiver depuis le temps. b. Morphologie Illustration 1: Morphologie des spirochètes Cette structure est commune à tous les spirochètes : Elle est proche de celle des gram négatives car elle possède 3 enveloppes. – une membrane plasmique – un cylindre protoplasmique – une membrane externe – le flagelle responsable de leur forte mobilité : câble tendu qui parcourt tout le corps de la bactérie qui permet à le membrane de battre. CR : le flagelle est contenu à l'intérieur du corps de la bactérie. c. Méthodes de diagnostic Ce sont des bactéries dont on ne sait pas faire ou pas facilement leur isolement en laboratoire, elles vont être essentiellement diagnostiquées à partir des prélèvement des patients, où on va chercher l'ADN de la bactérie grâce au diagnostic moléculaire (PCR temps réel). 2/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes 1) Diagnostic moléculaire, la PCR temps réel On va chercher à amplifier un petit fragment de chromosome de la bactérie (entre 200 et 300 bases à peu près en sachant que le chromosome de ces bactéries mesure entre 1 et 2 millions de bases (petit)). Les fragments sont mis dans un thermocycleur qui va permettre de les amplifier. On dit « à temps réel » car à chacun de ces cycles d'amplification, la machine va essayer de coller sur cette région de 200-300 bases, une sonde d'une 40aine de bases strictement spécifiques de la région étudiée. Cette sonde sera marquée par une substance fluorescente. La machine mesure l'accumulation de fluorescence dans le tube de réaction. A partir d'un certain de seuil de fluorescence la machine détermine que la réaction est positive. Intérêt : Elle est très rapide, en 1h elle nous permet de faire le diagnostic de la maladie. C'est une méthode de diagnostic direct : car on va chercher directement le microbe responsable de la maladie infectieuse dans le prélèvement du patient. 2) La sérologie C'est la deuxième méthode de diagnostic. C'est une méthode de diagnostic indirect des maladies infectieuses. On ne cherche pas le microbe directement mais on cherche les anti-corps sécrétés par le patient contre le microbe. Il existe plusieurs techniques : – L'Immunofluorescence Illustration 2: Sérologie par immunofluorescence Les étapes : * On met sur la lame du microscope le spirochète, on applique alors le sérum du patient : → si le sérum du patient contient des anti-corps contre le spirochète présent sur la lame ils vont se fixer sur les bactéries * On lave pour chasser l'excès du sérum du patient. * Enfin on met des anti-corps anti-anti-corps humain marqués pas un fluorochrome. On observe donc 3 couches : 1) les bactéries, 2) les anti-corps du sérum du patient 3) les anti-corps anti-anti-corps humain marqués par un fluorochrome. 3/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes – Cette méthode de diagnostic est extrêmement intéressante : On va utiliser le sérum du patient que l'on va diluer en cascade (par exemple de 2 en 2), puis on passe chacune de ces dilutions dans notre réaction d'immunofluorescence et on va regarder à partir de quelle dilution notre réaction devient négative. A force de diluer il y a un moment où il n'y a plus assez d'anti-corps pour activer notre réaction d'immunofluorescence indirecte. La dernière dilution du sérum qui est encore positive s'appelle le titre de sérum. Le titre correspond à ce qui va être marqué dans le compte rendu de sérologie ex : la syphilis est positive jusqu'au 64ème, ce la signifie que lorsque l'on dilue le sérum du patient 64 fois, la réaction est encore positive mais que à la 128ème on obtient une réaction négative, 64 est donc le titre du sérum. Avoir un titre du sérum est intéressant car - il nous indique la quantité d'anti-corps présents dans le sérum du patient - il nous permet de comparer des titres de deux sérum que l'on a prélevé à quelques jours d'intervalles chez le patient afin de savoir si il y a une modification au cours du temps ou non. C'est une méthode très laborieuse et longue. Cependant c'est une sérologie très intéressant nécessitant beaucoup de travail. On a le résultat dans la journée. – L'ELISA Au départ c'est pareil que en immunofluorescence, nos deux premières couches sont identiques : 1) les bactéries 2) les anti-corps du sérum du patient C'est la 3ème couche qui est différente : ce sont toujours des anti-corps anti-anti-corps humain mais au lieu d'être marqués par un fluorochrome, ils sont liés à un enzyme qui va convertir un substrat incolore en réaction colorée. On va donc avoir des puits transparents si la réaction est négative et des puits plus ou moins jaune/orange en fonction de la densité de la réaction. L'avantage de cette méthode ELISA c'est qu'elle est automatisée. Ce sont des machines qui prennent le sérum jusqu'à la lecture de la densité. On utilise un densitomètre pour déterminer la densité optique de chaque puits. C'est une méthode plus rapide. L'inconvénient est que le résultat obtenu est rendu en densité optique, or la densité optique n'est pas proportionnelle à la quantité d'anti-corps contenus dans le sérum, on ne pourra donc pas comparer deux sérums entre eux. – La Western Blot Illustration 3: Exemple de Western Blot 4/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes C'est une méthode particulièrement utilisée en sérologie. Elle est également utilisée dans le diagnostic du VIH ainsi que dans le diagnostic d'un certain nombre de spyrochètes. La méthode : * On prends les bactéries, à partir des bactéries on fait une extraction de toutes les protéines de la bactérie * On fait migrer ces protéines dans un gel d'électrophorèse grâce à un courant électrique en fonction de leur taille et de leur poids moléculaire. Les plus grosses vont rester au niveau du dépôt et les plus petites vont migrer plus loin. Pour l'instant on ne voit rien du tout sur le gel d'électrophorèse, ce gel est constitué de manière générale de poly-acrylamides qui est une matière synthétique. C'est un gel transparent, très difficile à manipuler car il est très cassant, cancérogène. Ce gel est difficile à manipuler en laboratoire, on va alors le transférer sur une membrane plus facile à manipuler et non dangereuse (feuille de nylon). * On met le gel de poly-acrylamide sur une feuille de nylon, on refait passer un courant électrique dans le sens opposé à la première fois, et les protéines qui ont été séparées lors de la première étape vont passer sur la feuille de nylon. On obtient alors quelques chose de très facile à manipuler. To blot = transférer * Pour rendre visible les protéines on va utiliser différents colorants (le Bleu de Coomassi qui se fixe sur toutes les protéines, non dangereux et très facile à utiliser) * On voit alors apparaître différentes bandes chacune correspondante à une protéine qui a migré de haut en bat en fonction de son poids moléculaire sur la feuille de nylon : - les plus lourdes migrent en haut - les plus légères migrent en bas Pour obtenir la sérologie : * On met le sérum du patient sur la feuille du patient, si il y a des anti-corps dans le sérum du patient contre la bactérie ils vont aller accrocher les protéines séparées. Intérêt : chaque anti-corps contre une protéine va aller reconnaître sa protéine. *On lave. * On révèle si il y a une réaction ou pas selon le même principe que pour l'ELISA, on met des anti-corps anti-anti-corps humain liés à un enzyme, on va rajouter la substance incolore qui sous l'action de l'enzyme va devenir colorée se présentant sous la forme de bande. Chaque trait marron observé sur la feuille de nylon signifie que l'ensemble de la réaction s'est réalisée sur cette protéine là. – A la fin, sérum par sérum on décrit le profil protéique allumé par le sérum du patient, tout les patients n'allume pas de la même façon par rapport à une même bactérie. C'est une technique longue et laborieuse qui dure une semaine. Intérêt : on peut faire une comparaison de deux sérum d'un même patient et voir si il y a une évolution du profil sérologique du patient. 5/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes 3) Identification rapide par MALDI-TOF Ces bactéries ont un isolement et une culture extrêmement difficile en laboratoire, de temps en temps on arrive quand même à en isoler une ou deux. Si on arrive à en isoler une ou deux malgré les difficultés on va alors les identifier grâce à la méthode très facile de Maldi-Tof. Les machines utilisées sont très grosses et mesurent environ 1m80 : ce sont des spectromètre de masse. Elles vont décomposer complètement la bactérie dans ses différentes protéines. Etapes : * On met la bactérie que l'on vient finalement d'isoler dans une petite plaque noire. * On met la plaque noire dans l'appareil. * L'appareil bombarde le puit avec un rayon laser qui fait exploser la bactérie, libérant ainsi les différentes protéines. * Les protéines vont alors être attirées dans une colonne de vide, la machine va les compter et les identifier à fur et à mesure de leur arrivée. On obtient à la fin le profil protéique de la bactérie strictement spécifique de l'espèce : chaque espèce a un profil protéique. Intérêt : Identification instantanée de la bactérie basée sur son profil protéique analysé par spectrométrie de masse. Cette méthode fonctionne très très bien avec les champignons microscopiques. Problème : Cette méthode est possible uniquement si on a réussi à isoler et cultiver le microbe en laboratoire. Il nous faut obligatoirement obtenir une souche à partir du prélèvement du patient. II. La syphilis C'est une maladie infectieuse de l'homme du à Treponema Pallidum. Le réservoir : Le seul réservoir connu actuellement est l'espèce humaine (cependant on a retrouvé récemment cette bactérie chez d'autres primates, on en vient alors à se demander si l'Homme est le seul réservoir). L'histoire de la maladie : Elle est connu depuis 1492, Christophe Collomb la ramena de l'Amérique . La syphilis a été importé en Europe au XV siècle par contact avec les populations américaines. La maladie : Le tréponème va donner des lésions des muqueuses: ce sont des lésions ulcérées. Il est donc à l'origine d'ulcères des muqueuses et donne de temps en temps une adénopathie (ganglion lymphatique augmenté de volume dans le territoire de drainage lymphatique de l'ulcère). Le nom historique donné aux ulcères créé par le tréponème est : le chancre syphilitique. C'est bien la muqueuse est qui est érodée et non pas la peau. 6/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes La transmission : C'est une maladie à transmission sexuelle directe. Les 3 zones essentielles d'ulcère sont : – les organes génitaux (le pénis et les glands chez l'homme, les organes génitaux externes chez la femme) – la marge anale – la cavité buccale (langue, joue, pharynx) Ce sont les 3 muqueuses qu'il faudra inspecter chez un patient qui se présente suite à une exposition à risque à Treponema Pallidum. Illustration 5: Ulcère sur la langue Illustration 4: Ulcère sur le pénis Le diagnostic Pour effectuer le diagnostic on va prendre un petit écouvillon stérile, on va écouvillonner le chancre et faire porter l'écouvillon au laboratoire. – Au laboratoire on va alors réaliser la PCR temps réel et en 1h on aura une réponse positive ou négative. Cette méthode est actuellement la plus facile pour faire le diagnostic direct de syphilis – La deuxième méthode possible est une méthode plus ancienne, sur le même écouvillon, on le reprends au laboratoire et on le regarde au microscope à contraste de phase (ou à fond noir) et grâce à la diffraction de la lumière on pourra observer le tréponème. On utilise ce type de microscope car la coloration gram ne peut pas être utilisée (incolore). C'est un examen direct, mais il n'est quasiment plus utilisé. La technique actuelle utilisée pour le diagnostic de la syphilis est la PCR temps réel. Si on réalise une sérologie il est possible de ne pas trouver d'anti-corps dans le sérum de ce patient et ce quelque soit la méthode car on est au début de la maladie et que le patient n'a pas ou pas assez sécrété d'anticorps pour qu'ils soient détectables. Les méthodes ne sont pas assez sensibles. La sérologie à ce stade risque d'être négative. L'épidémiologie Cette maladie est en augmentation en France depuis 4-5ans. On est dans une phase de ré-ascension des MST suite à leur diminution avec la découverte du VIH. Les personnes atteintes sont : – 80% des hommes, surtout les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes – 20% des femmes 7/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes Traitement Le Treponema Pallidum ne possède aucune résistance à aucun antibiotique, il est sensible à tout. C'est un microbe dont la sensibilité n'a pas du tout changée au cours des centaines dernières années. En pratique médical il y a deux choix : – le choix classique : la pénicilline sous forme retard : l'extencilline qui correspond à une injection intramusculaire qui guérie complètement la personne, c'est une forme de traitement minute (car une seule administration du médicament). Intérêt : comme c'est une injection intramusculaire, cela permet d'être sur que ça soit fait car l'injection sera faite par le médecin ou l'infirmière et non pas par le patient, il n'y aura donc pas de problème d'observance. – le choix autre, par voie orale : soit des anti-biotiques de la famille des macrolides (azithromycine) soit un traitement minute par un médicament de la famille des cyclines. Intérêt : ils vont permettre de détruire parfaitement Treponema Pallidum mais aussi détruire les autres bactéries responsables d'infections sexuellement transmissibles (chlamydia, mycoplasma...). Actuellement ce sont surtout les traitements minutes par voie orale qui sont prescrits. Prévention : S’abstenir face à la présence de lésion sur les muqueuses. Utiliser des préservatifs qui vont permettre d'empêcher la transmission de Treponema Pallidum (elle ne parviendra pas à traverser le latex) d'une personne porteuse à une personne saine. III. La leptospirose C'est une maladie infectieuse humaine provoquée par des bactéries spirochètes du genre Leptospira, dont la seule vraiment pathogène par la suite pour l'Homme est L. Interogans (appelée ainsi car elle prend souvent la forme d'un petit point d'interrogation lorsqu'on la regarde au microscope). Le réservoir : Il n'est plus du tout constitué par l'homme, ce sont les micro-rongeurs dont le rat. La transmission : Illustration 6: Schéma de transmission de la leptospirose 8/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes La transmission de la maladie est réalisée à cause des urines des rats pleines de leptospire (car le principal organe infecté est le rein), le rat contaminé par Leptospira Interogans va uriner dans de l'eau douce et la contamine. L'Homme peut boire l'eau contaminée sans être malade : la contamination ne se fait pas par la boisson. En effet, si l'Homme boit l'eau, les bactéries seront dégradées directement par l'acide de l'estomac (pH=2). L'estomac joue un rôle très important de protection du tube digestif, seules les bactéries résistantes à son acidité pourront passer et être à l'origine de maladie (c'est le cas de la gastro-entérite). On ne connaît pas très bien le mode de contamination, on dit que cette bactérie serait l'un des très rares microbes qui serait capable de passer à travers la peau saine de l'Homme. La peau est une barrière de protection très importante pour l'Homme car en principe aucun microbe n'est capable de passer au travers de la peau saine sans plaies, sauf les leptospires, la gale et les bilharzies. La contamination se ferait donc par contact entre la peau et l'eau douce alcaline contaminée par l'urine des rats. La contamination se fait toujours dans de l'eau douce alcaline car : – le sel présent dans l'eau de mer détruit directement les bactéries – les bactéries vivent à pH=8 On a ici une transmission indirecte par l'eau douce à partir d'animaux, c'est une zoonose (maladie infectieuse de l'Homme contractée au contact des animaux). La maladie : La forme cardinale de la maladie est la fièvre ictéro-hémorragique : Il va donc y avoir de la fièvre, une jaunisse à cause d'une atteinte hépatique par la bactérie qui cliniquement va donner un ictère, et une thrombopénie c'est à dire une diminution des plaquettes du sang qui participent à la coagulation du sang entraînant des hémorragies. Le patient va donc présenter des petites hémorragies (conjonctivales, épistaxis...). Cela peut donner également des atteintes pulmonaires, il peut donc y avoir plus rarement des pneumonies. On peut également avoir une insuffisance rénale aiguë, une myocardite (exceptionnel), une méningite et uvéite. C'est un table très polymorphe mais TOUJOURS fébrile. Comme cette maladie peut donner tellement de choses, on ne va pas y penser directement. Épidémiologie Les personnes qui se présentent sont celles qui ont eu des contacts avec de l'eau douce notamment lors de sport de loisir (kayak...). L'épidémiologie est gouvernée par le contact avec l'eau douce : il faut que la population soit en contact avec le microbe pour cela il faut que l'on soit dans une région où le microbe est présent et que le contact avec l'eau douce soit fait. En Europe et y compris en France, la répartition de la maladie n'est pas du tout homogène alors que si on regarde la répartition du leptospire en France, celle-ci est quasiment homogène. Cette différence s'explique par le fait que le contact avec l'eau douce n'est pas identique dans toutes les régions de France. Diagnostic : On détecte la bactérie par PCR en temps réel à partir de l'urine ou du sang la plupart du temps, sauf dans le cas d'une méningite où on prélèvera le liquide céphalo-rachidien. La sérologie est possible mais elle est en pratique rarement utilisée pour le diagnostic, elle plutôt utilisée en épidémiologie. 9/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes IV. Le genre Borrélia 1) La maladie de Lyme Illustration 7: Les différentes espèces de Borrélia C'est une maladie provoquée par différentes espèces mais surtout par B. Burgdorferi. Son réservoir Il est représenté par les gros mammifères : les cervidés. La transmission Elle est réalisée par les tiques qui sont sur la peau des cervidés et qui peuvent par accident piquer une personne. On a ici une transmission vectorisée par les tiques (ce sont les vecteurs), c'est aussi une zoonose. L'épidémiologie Pour avoir une maladie de Lyme il faut au moins avoir dans la région : des populations de cervidés présentes, qu'elles soient contaminées et qu'elles aient des tiques. Ensuite il faut que la personne se fasse piquer par le tique. On observe une expansion vers le sud de la maladie : avant elle n'était pas présente dans le Var et maintenant on retrouve des cas à Brignoles. Pour être atteint de cette maladie il faut être en contact avec le réservoir, or se réservoir se modifie, bouge, il y a alors une modification de l'épidémiologie de la maladie au cours du temps. L'épidémiologie suit la population de cervidés. 10/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes La maladie : Illustration 8: A gauche : le tique A droite : l'érythème caractéristique La maladie donne un érythème très caractéristique car il est : – en cocarde: on a un centre d'adhésion rouge, puis une zone claire et puis à nouveau une zone rouge. – migrant : cet érythème s'étend sur la peau de la personne Il est en principe centré par une toute petite lésion qui correspond à l'endroit où la tique du cervidé est venue piquer la peau de la personne. Ex : On a un cerf infecté par B. Burgdorferi, une tique sur le cerf, la tique se contamine elle même en buvant le sang du cerf et si cette tique pique l'Homme elle va lui injecter à travers la peau la bactérie B.Burgdorferi qui va se multiplier dans la peau et donner se type de lésion. Au delà de l'atteinte sur la peau, c'est une bactérie qui va pouvoir donner ensuite : – des atteintes articulaires : arthrites (2eme forme clinique de la maladie) – des atteintes cardiaques au niveau du tissu nerveux de convulsion cardiaque : arythmie, bradycardie CR : cette dernière localisation reste exceptionnelle L'histoire de la maladie : Elle a commencé aux États-Unis dans le comté de Lyme (d'où le nom et sa prononciation). En réalité on s'est rendu compte par la suite que ce que les américains avaient décrit sous le nom de maladie de Lyme avait déjà été décrit depuis la fin du XIXème siècle en Europe par les médecins allemands et autrichiens. C'était donc une maladie bien connue en Europe depuis pas mal d'années. La diagnostic : Il se fait par PCR temps réel à partir d'une biopsie sur cette lésion. Il est également possible par sérologie. Le traitement Le traitement est simple, par la pénicilline. 2) Borrélioses récurrentes Dans le genre Borrélia il y a deux mondes : – le monde des borrélias qui sont responsable de la maladie de Lyme (hémisphère nord) – le monde des borrélias qui sont responsables des fièvres récurrentes (hémisphère sud) 11/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes Transmission : Ce sont des borrélias transmises par des tiques de petits animaux. Les piqûres sont nocturnes, les personnes vont dormir dans leur cases le soir, les cases étant fragiles, les petits rongeurs vont creuser des trous au travers et la nuit ils vont rentrer dans les cases. Ces rongeurs infectés sont porteurs de tiques qui vont alors aller piquer les personnes endormies et transmettent la bactérie. La maladie : Ces borrélias sont responsables de septicémie. Elles sont responsables d'un tableau de paludisme sauf que l'on ne trouve pas de plasmodium. Tableau de paludisme : – fièvre – frisson – jaunisse – abattement Le traitement pour tout ces microbes est la pénicilline. B. Infections à mycobactéries Ce sont des bactéries très différentes des précédentes. Les seuls points communs sont : – ce sont également des bactéries dites gram zéro – un certain nombre de ces bactéries sont des bactéries fastidieuses Il y a 3 maladies essentielles : – La tuberculose (la principale) – La lèpre – L'ulcère de Buruli I. La tuberculose C'est une maladie due à M. Tuberculosis. Cette bactérie apparaît rouge au microscope grâce à la coloration de Ziehl. Illustration 9: M. Tuberculosis par la coloration de Zuiehn 1) La tuberculose pulmonaire Ces bactéries peuvent infecter les poumons d'une personne, on parle de tuberculose pulmonaire. C'est une maladie mortelle si elle n'est pas traitée car les bactéries vont détruire le poumon qui est un organe vital. 12/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes Illustration 10: Poumons infectés par M. Tuberculosis Le réservoir C'est l'Homme, c'est une espèce complètement inféodée à l'Homme. Le réservoir correspond à l'endroit de la planète où le microbe vie et se multiplie, si on supprime le réservoir, le microbe disparaît et la maladie aussi. CR : le problème bien sûr c'est qu'on ne peut supprimer ce réservoir sous peine d'éradiquer l'humanité. La transmission C'est une transmission directe par inhalation lors d'une exposition prolongée (8h) et rapprochée (de 1m50 à 3m). La personne infectée va tousser et cracher en émettant alors des petites gouttelettes contenant M. Tuberculosis, la personne saine va alors respirer ces petites gouttelettes contenant la bactérie qui vont aller dans les poumons et contaminer la personne. Épidémiologie On sait maintenant qu'il existe des déficits immunitaires, des traits variants favorisant le développement de la maladie chez certaine personne. En 2015, il y a eu 1,5 millions de morts par tuberculose pulmonaire sur la Terre sur 50 millions de morts en tout en 2015, c'est à dire que à peu près 2-3% des personnes mortes en 2015 sont mortes à cause de la tuberculose pulmonaire. C'est donc une maladie qui continuer à poser un vrai problème de prise en charge dans le monde. La maladie Une des caractéristiques importantes des M. Tuberculosis c'est qu'ils vont rester latents dans le corps de la personne infectée, qu'elle ait été traitée ou pas. Ils vont donc rester dormant dans les ganglions lymphatiques du hile pulmonaire du médiastin et dans le tissus adipeux de la personne. Ils vont être dormants c'est à dire qu'ils vont arrêter leur métabolisme, ils ne se multiplient plus mais ils sont vivants, cela signifie qu'un jour ils peuvent reprendre une activité métabolique et reprendre leur multiplication et redonner la maladie. C'est une maladie chronique avec une forme quiescente (comme le VIH). On ne sait pas débarrasser strictement le corps d'une personne atteinte par M. Tuberculosis. Cette quiescence peut durer des dizaines d'années, la personne peut même mourir sans qu'il ne se soit rien passer. Ainsi lorsqu'on contracte la tuberculose il y deux possibilité : – M. Tuberculosis rentre et se met tout de suite quiescent et il ne se passera rien du tout cliniquement : forme asymptomatique – M. Tuberculosis rentre et se multiplie dans nos poumons entraînant la tuberculose pulmonaire mortelle si on ne fait rien : forme clinique 13/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes A la fin de la tuberculose pulmonaire si la personne n'est pas morte, le bacille va se mettre quiescent et ne partira jamais. On estime actuellement qu'il y a à peu près un tiers de la population mondiale qui hébergent M. Tuberculosis quiescent dans son corps. On est pas près d’éradiquer cette maladie car on ne sait pas débarrasser le corps de M. Tuberculosis quiescent (on a pas trouver de médicament). Diagnostic : La personne doit cracher afin de pouvoir porter les expectorations au laboratoire, ou on peut récupérer les selles de la personne. A la différence de la leptospirose, le microbe de la tuberculose ne craint absolument pas l'acidité. Ainsi la nuit la personne va déglutir des sécrétions bronchiques pleines de bacilles tuberculeux qui vont tomber dans l'estomac, ils vont traverser l'estomac et se retrouver dans les selles. Au laboratoire : – on va les regarder au microscope – on va réaliser la PCR temps réel Puis on va les mettre en culture afin de faire un antibiogramme. 2) Les autres formes Les autres formes cliniques de cette maladie : – adénopathies tuberculeuses : les ganglions lymphatiques sont remplis de bacilles tuberculeux qui vont éroder la peau à cause de l'inflammation permettant au pus de couler : on parle d'écrouelles. 14/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes Illustration 12: Ecrouelles au niveau du cou – Illustration 11: Ecrouelles au niveau du creux axillaires Spondylodiscite tuberculeuse : atteintes rachidiennes des disques intervertébraux et des vertèbres : on parle de Mal de Pott. En réalité M. Tuberculosis peut atteindre n'importe quel tissu ou organe. 90% des patients sont atteints par la tuberculose pulmonaire, puis il y a les adénopathies (CR : 4,5%) et enfin les spondylodiscites. (CR : 0,5%) → C'est une maladie à déclaration obligatoire pour le médecin 3) La tuberculose chez lez bovins M. Tuberculosis est une des espèces responsables de tuberculose chez l'Homme et chez les animaux. Chez les animaux il y a une autre bactérie appelée M. Bovis, extrêmement proche de M. Tuberculosis , qui est responsable de la même maladie chez les bovins. Cette tuberculose chez les bovins possède des conséquences économiques importantes : – la mort des bovins à cause de la maladie (moins de bovins, perte d'argent) – arrêt du commerce international de la viande du pays : mise en place d'une surveillance internationale, en cas de présence de tuberculose bovine dans le pays il y a un arrêt d'exportation totale de viande dans le pays contaminé. Elle possède également une conséquence pour la santé de l'Homme : – M. Bovis est parfaitement transmissible à l'Homme et elle redonne une tuberculose chez l'Homme identique à M. Tuberculosis, cette transmission se réalise par le lait car M.Bovis va être à l'origine d'une mammite chez les vaches, c'est à dire une atteinte des glandes mammaires des vaches. Le lait sera alors contaminé risquant une contamination de la population si il n'est pas pasteurisé. C'est à partir de cette espèce très proche de M. Tuberculosis que a été créé le BCG dans les années 1930 en France. Ce vaccin avait pour but de nous protéger contre la maladie, mais il ne marche pas sauf contre la forme neuroméningée de la maladie. Cette forme est rarissime en France, mais elle reste un problème important en Asie du sud et notamment au Vietnam. La France a donc abandonné la vaccination au BCG il y a une dizaine d'année, elle est uniquement obligatoire pour les professionnels de santé. 15/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes II. La lèpre C'est une maladie du à la M. Lepre, qui est une autre bactérie que l'on ne sait pas isoler ni cultiver au laboratoire. C'est une maladie connue depuis plus de 1000ans et qui a beaucoup sévi en Europe médiévale. C'est une maladie qui donne : – – des lésions cutanées des névrites ; c'est à dire une atteinte des nerfs périphériques, à force d'avoir des atteintes de ces nerfs, la trophicité des tissus qui ne sont plus innervés va être atteinte pouvant donner lieu à des amputations distales (doigts, déformation du massif facial on parle de faciès léonin car il ressemble à celui des lions, perte du nez...) L'Europe n'est plus un foyer où on peut contracter la lèpre, c'est une maladie des zones tropicales essentiellement de l'Asie, un petit peu d'Afrique et d'Amérique du sud. On sait la soigner et la guérir grâce à des combinaisons de médicaments antibiotiques. III. Les ulcères de Buruli 16/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes Histoire de la maladie C'est une maladie terrible et endémique des zones tropicales dont le principal foyer est l'Afrique subsaharienne, de l'ouest mais il y également des cas en Amérique du sud, en Chine, au Japon et en Australie ou la maladie a été initialement décrite dans les années 1930. La maladie Elle est causée par M. Ulcerans . La bactérie est appelée ainsi car elle est à l'origine d'ulcères cutanés et sous cutanés, extensifs en surface mais surtout en profondeur. Elle va donc abîmer la peau mais également les tissus sous-cutanés jusqu'au niveau de l'os. Traitement Jusqu'à il y a une dizaines d'années, on n'avait pas de solution antibiotique pour freiner voir guérir l'ulcère de Buruli et donc la seule solution était l'amputation. L'ulcère de Buruli reste encore la première cause d'amputation des enfants en Afrique devant les plaies de guerre. On dispose maintenant de combinaisons de médicaments d'antibiotiques qui permettent de stériliser les lésions, celles ci associées à la chirurgie plastique permettent de guérir de l'ulcère de Buruli. Le réservoir C'est une maladie compliquée dont on ne connaît pas le réservoir. On se doute que le réservoir est dans l'environnement des populations de l'Afrique de l'ouest. On sait à peu près qu'il y a quelque chose à voir avec les eaux stagnantes. Les études épidémiologiques permettent de montrer qu'il y a un lien entre la densité d'ulcère de Buruli et le contact des populations avec des eaux stagnantes plus particulièrement des rizières. Transmission On ne connaît pas le mode de transmission à l'Homme. On suppose que ce sont des insectes d'eau piquants qui transporteraient le microbe du réservoir (eaux stagnantes) vers les populations. Mais tout cela reste hypothétique. Prévention Il n'y a pas de prévention car on ne connaît pas le réservoir ni le mode de transmission. CR ; on parle de prophylaxie nulle de cette maladie → Relation des mycobactéries avec les amibes 17/18 AIH – Infections à mycobactéries et infections à spirochètes La plupart de ces mycobactéries, notamment les mycobactéries environnementales telle que M. Ulcerans sont en fait des bactéries dont on sait qu'elles peuvent survivre à l'intérieur des amibes (eucaryotes unicellulaires avec des pseudopodes pouvant donner des kystes qui sont une des formes de vies les plus résistantes de la planète). Les bactéries vont rentrer dans une amibe, l'amibe va s'enkyster avec les bactéries à l'intérieur leur permettant de résister à des conditions extrêmes, on parle de stratégie évolutive de la part de la bactérie. Cette stratégie va permettre aux bactéries de survivre dans des conditions où elles n'auraient pas pu spontanément survivre. 18/18