notamment par les marines américaine, anglaise et française. À l’est maintenant, la Chine étend ses
activités miliaires dans le Pacifique et plus particulièrement en mer de Chine orientale et méridionale 50
qui sont vues par Pékin comme sa zone d’influence historique. C’est une représentation héritée de la
Chine impériale qui exerçait sa suzeraineté sur tout le pourtour de la mer de Chine. Et ce legs
historique fait qu’aujourd’hui la Chine s’oppose à Taïwan, autour des îles Pratas - nommées Dongsha
en chinois - au Japon, autour des îles Senkaku - ou Diaoyu en chinois. La Chine fait patrouiller des
navires miliaires dans les eaux territoriales japonaises et vient parfois violer l’espace aérien japonais. 55
En novembre 2013, Pékin a déclaré unilatéralement cet espace comme zone aérienne d’identification
chinoise, c’est-à-dire que tout aéronef doit s’identifier préalablement. Il y a aussi au Vietnam
l’opposition autour des îles Paracels - ou Xisha en chinois - et enfin les îles Spratly - Nansha en chinois
- qui sont revendiquées par la Chine donc, Taïwan, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et le
Sultanat de Brunei. Cette mer de Chine est une zone riche en pétrole, en gaz naturel, en ressources 60
halieutiques. On est là, on l’a vu, sur une voie maritime très importante pour le commerce maritime
mondial et l’île de Hainan abrite la grande base de sous-marins lanceurs d’engins chinois.
Les nouveaux dirigeants chinois ont affirmé publiquement qu’ils souhaitaient que la Chine devienne
une grande puissance maritime et dans les faits, on constate qu’il y a développement d’une force 65
navale chinoise diversifiée. Aujourd’hui, la Chine dispose d’environ 60 sous-marins, d’un porte-avions
de conception soviétique acheté à l’Ukraine. Les premiers porte-avions de conception chinoise
pourraient être opérationnels avant 2020. Pékin développe un missile balistique antinavire - je cite -
« tueur de porte-avions », capable d’atteindre les forces navales américaines dans le Pacifique. Mais
cela dit, les militaires chinois ne maîtriseraient pas encore les systèmes satellitaires permettant de 70
suivre les cibles et de guider ce type de missiles. Résultat, la posture chinoise et la montée en
puissance des dépenses militaires chinoises, plus 314 % en 10 ans, ont entraîné une course aux
armements en Asie du Sud-Est. On note que sur la même période, le taux de croissance des dépenses
militaires est de 131 % au Vietnam, 125 % en Indonésie, 84 % au Cambodge, 61 % en Thaïlande,
35 % en Malaisie et 30 % aux Philippines. 75
Maintenant, autre dossier majeur dans la région Asie-Pacifique qui s’ajoute à cette course aux
armements conventionnels, c’est l’évolution de l’arsenal nucléaire nord-coréen. La Corée du Nord a
procédé à son 3e essai nucléaire en février 2013, après ceux de 2009 et de 2006. Ces essais sont
accompagnés depuis plusieurs années, on le sait, de la mise au point de missiles nord-coréens à 80
courte, moyenne et maintenant à longue portée. Regardez sur la carte la portée de ces missiles. Il y a
le missile Musudan, plus de 3000 km, qui est opérationnel, le missile Taepodong-2, plus de 6000 km,
qui est en développement. La Corée du Sud et le Japon peuvent ainsi en devenir les cibles, ainsi que
de nombreuses bases ou facilités américaines dans le Pacifique. On repère sur la carte les principales
bases américaines de Guam et Okinawa et c’est à Hawaï qu’est basé le Commandement du Pacifique, 85
c’est-à-dire USPACOM. Cette vulnérabilité potentielle renforce Washington dans son intention de
déployer son système de défense antimissile, ou appelé autrement bouclier antimissile, sur la côte
ouest des États-Unis, mais aussi en Asie. Regardez dans le détail les divers déploiements. Sur l’île de
Guam, une batterie antimissile conçue pour intercepter des missiles pouvant aller jusqu’à 3000 km de
portée. Dans le Pacifique occidental entre le Japon et la Chine, avec les patrouilles de deux destroyers 90
antimissiles depuis le printemps 2013. Au Japon, le premier radar du bouclier antimissile implanté en
2006 dans le nord du Japon sera complété en 2014 par un second radar déployé sur la côte au centre
du pays. De plus, les Philippines pourraient faire revenir les États-Unis sur la base aéronavale de Subic
Bay au nord de Manille : elle fut l’une des plus grandes bases navales américaines en Asie pendant la
guerre du Vietnam et aujourd’hui, elle serait bien positionnée pour suivre la trajectoire des missiles 95
balistiques lancés depuis la Corée du Nord ou depuis la base chinoise de Hainan.