Euler Hermes Le Bulletin Économique N°1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
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blesse de la demande, le niveau élevé du chômage,
la contraction du crédit, l’ajustement du coût du
travail, les surcapacités du secteur industriel, le
repli des prix des matières premières, la concur-
rence (notamment dans les secteurs des télécom-
munications et de l’automobile) et les délocalisa-
tions (notamment dans le textile). La BCE devrait
intervenir de nouveau, en abaissant légèrement
ses taux après le mois de juin et en lançant de
nouvelles mesures non conventionnelles (rachats
d’actifs privés ou liquidités ciblées à destination
des PME) au T3-T4 2014, à l’issue de sa Revue de
la Qualité des Actifs (AQR) et des stress tests.
Dans les économies
émergentes, les destins
divergent
Comme cela avait déjà été le cas en fin d’année
dernière, la capacité des économies émergentes
à faire face aux conséquences suite au ralentisse-
ment des rachats d’actifs par la Fed dépend forte-
ment de leurs fondamentaux économiques. Pour
remédier au rapatriement des liquidités vers les
États-Unis, les autorités doivent se montrer à la
fois réactives et flexibles. Et, en la matière, les choix
ont été très variés. Les pays affichant des politiques
macroéconomiques traditionnellement saines,
notamment le Chili, ont réussi à éviter les sorties
massives de capitaux et à conserver un taux de
change à peu près stable sans avoir à inonder le
marché de devises ou à relever fortement les taux
directeurs. Ils n’ont pas non plus eu besoin de pui-
ser outre mesure dans leur boîte à outils politique.
Les pays tels que l’Inde ou le Brésil forment un
deuxième groupe: celui des pays qui ont dû dé-
ployer leur arsenal économique pour limiter les
sorties de capitaux, éviter une dépréciation de leur
devise et maîtriser l’inflation. Dans ces pays, la
réactivité des autorités s’est avérée déterminante.
L’Inde, l’Indonésie ou le Brésil, par exemple, ont
progressivement relevé leurs taux directeurs dès
le S2 2013, limitant ainsi l’impact sur l’économie
réelle. La banque centrale turque a tardivement
relevé son taux directeur de 550 pb, un retard qui
a plombé les perspectives de croissance du pays
pour 2014. Enfin, des pays comme l’Argentine ou
le Venezuela, dont les politiques macroécono-
miques sont peu orthodoxes, ont vu leurs pro-
blèmes aggravés par le changement de la politique
monétaire de la Fed même si les principales rai-
sons de leurs difficultés sont d’ordre interne.
Les risques (géo)
politiques refont surface
Les risques (géo) politiques ont joué un rôle plus
important que nous ne l’anticipions. Le conflit
syrien n’est pas terminé et pénalise les pays voi-
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Dépréciation depuis le 17 décembre 2013
(annonce du au ralentissement des rachats d’actifs de la Fed)
Dépréciation depuis le 21 mai 2013
(première allusion au ralentissement des rachats d’actifs de la Fed)
Chili
Mexique
Colombie
Philippines
Inde
Afrique du Sud
Brésil
Turquie
Indonésie
Argentine
Dépréciations des monnaies
des “10 Fragiles” à fin janvier
USD/devise locale, %
Sources: IHS Global Insight, Euler Hermes
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Turquie
Brésil
Indonésie
Inde
Afrique du Sud
Colombie
Philippines
Mexique
Chili
Évolution du taux directeur
depuis mai 2013
points de base
Sources: IHS Global Insight, Euler Hermes