Travailler avec des familles dont les parents souffrent de

Travailler avec des familles dont les parents souffrent de maladie mentale
INTRODUCTION
 D’où je parle Le Méridien P.A.
 En Service de Santé Mentale et dans le Secteur de l’Aide à la Jeunesse
(tout comme dans le monde hospitalier en général)
o persistance des clivages entre psychiatrie adulte et pédopsychiatrie
(dans la formation et dans les soins)
o institutions résidentielles pour enfants et placement des enfants en
familles d’accueil : 2/3 des placements sont motivés – entre autres par
l’alcoolisme, la toxicomanie ou la maladie mentale avérée. 80 % des
personnes souffrant de problématiques chroniques voient leurs enfants
placés. (6)
 Problème de définition de la maladie mentale, et surtout des limites de la
pathologie
o DSM IV met toutes les pathologies sur le même plan, accumulation de
symptômes. Trouble anxieux sur le même plan qu’une psychose.
o Difficulté de tracer une frontière entre “difficultés psychologiques” et
psychiatriques. Difficulté de “nommer” la maladie mentale en général,
représentation floue, confusions entre termes cliniques et termes
généralisés (hystérique, parano…).
o Définition de la santé comme état de parfait bien-être physique,
psychique et social ; disparition de l’aspect normal de la souffrance, le
deuil par exemple.
o Il existe des pathologies repérées par des intervenants, voire par la
famille,
mais niées par les patients eux-mêmes (absence de conscience morbide).
o L’entourage participe parfois du déni, invoquant humour, bizarreries.
(Alice)
o Certains patients sont bien adaptés socialement, et les aspects
pathologiques ne sont perceptibles que par la cellule familiale.
o Notion de temporalité dans la maladie : psychose chronique ou épisodes
maniques ne produisent pas les mêmes effets.
o Dans certaines situations, il n’existe pas de doute. Cela peut faciliter le
travail.
o L’hospitalisation est très souvent le 1er moyen d’accès à nommer
l’existence d’une pathologie.
o L’adolescence d’un jeune peut servir de révélateur (symptômes plus
flagrants, passages à l’acte ou demandes de placement).
 L’exposé mettra en évidence qu’il existe chez les enfants une souffrance qui
n’est pas tant liée à la maladie, mais à l’incompréhension de ce qui se passe.
Tout comme on a pu mettre en évidence les risques liés à la stigmatisation, on
peut repérer qu’il y a des risques également liés à la non-nomination de la
maladie mentale.
1. Les cons•quences pour les enfants de la maladie mentale d€un parent
1.1. Les séparations du milieu familial
1.1.1. L’hospitalisation
Un parent hospitalisé peut l’être pendant plusieurs mois
- souvent, il y a eu dégradation du climat familial avant l’hospitalisation, ce qui peut
fortement insécuriser les enfants
- les lieux ne sont souvent pas aménagés pour les enfants, ce qui rend les visites
plus rares – sauf initiatives ponctuelles
- les enfants ne sont pas toujours invités, et les familles hésitent à le demander.
Pourtant, les enfants ont pu vivre des scènes très effrayantes. Le parent retourne à la
maison sans que rien n’ait pu être travaillé.
- dans les pires situations, les intervenants ne sont pas conscients que le patient a
des enfants (enfant venue à “L’Espace Accueil” avec on institutrice chez laquelle elle
a passé la nuit)
- manque de solutions de dépannage pour les enfants quand parent en situation de
monoparentalité, isolé socialement. Exemple en Belgique d’une fratrie vivant seule,
avec visite d’une éducatrice.
- L’hospitalisation peut être très traumatique : exemple de Jessie, qui r•p€te
ind•finiment rupture et retrouvailles.
1.1.2. L’errance, la désocialisation
Le parent “disparaît” littéralement. Exemple de signalement à la police d’une maman
polonaise sans papiers, ce qui a permis de nouer un lien avec la famille en Pologne,
via internet.
1.1.3. Le placement
- Dans les troubles graves et chroniques, 70 à 80 % des enfants sont placés
- Question très soumise aux idéologies et discours dominants (Exemple : TF1,
placement d’un bébé en famille d’accueil confirmé par le Procureur du Roi “parce
qu’il aurait pu se faire reprocher une absence de décision”). Divergence entre intérêt
des adultes et des enfants nécessitant un travail de réseau…
- La situation des adolescents est particulière et soumise à plusieurs paradoxes :
- parfois accent sur la protection, là où ils n’ont pas été protégés
suffisamment, et où parfois des enfants plus jeunes restent au domicile.
Alors qu’ils sont mieux “équipés” pour faire face à leurs besoins.
- Parfois ont mis en échec la protection assurée plus tôt, et arrivent à se
faire placer chez leurs parents.
- parfois demande de placement qui émane de l’adolescent, sans
placement préalable. Peur de le mettre dans une situation de toute-
puissance, là où il y a appel à un tiers.
- enjeu important autour de l’autonomie, très culpabilisante.
- exemple au Forum de l’Aide à la Jeunesse. Placement d’une jeune
dont la mère est M-D. Après bonne adaptation, met tout en échec.
Escalade, renvois scolaires. Met son placement en jeu, on évoque
l’hospitalisation. Pari sur une mise en autonomie à 16 ans, réussie, fait la
psycho. Institution a pu assumer les chocs, mais on aurait pu aboutir à
l’inverse.
CONSEQUENCES DU PLACEMENT
On réfléchit souvent en termes de transmission d’une pathologie à la descendance (la
psychose chez les enfants de psychotiques, la dépression…). Par contre, on étudie
assez peu les troubles de l’attachement qui sont la pathologie la plus souvent présente
dans mon expérience.
Rappel : René SPITZ, psychiatre amécain d’origine hongroise, décrit en 1946 la
“dépression anaclitique” du nourrisson. Il s’agit d’une vraie dépression survenant chez
un bébé ayant déjà noué un lien avec sa mère (donc d’au moins 6 mois), et qui
présente une dépression réactionnelle profonde. Celle-ci peut évoluer en
“hospitalisme” (abandonnisme troubles de l’attachement), moyennant quelques
facteurs à prendre en compte :
Pour les petits
- La qualité du lien déjà établi.
- L’âge vulnérable : entre 6 mois et 3 ans
- La qualité du milieu de substitution, avec la possibilité d’une figure de substitution.
(attention aux carences en institution, voire pire…).
- La durée de la séparation (6 mois est un seuil critique) et leur fréquence.
Pour les plus grands
- capacité à soutenir un lien facilite le placement parce que le jeune se laisse
investir.
- attention aux séparations répétées (escalade accueil, IMP, hôpital) : chacune est
à risque supplémentaire
- risque de culpabilité et d’inquiétude pour le parent
- présence ou non d’un conflit de loyauté, liée à des questions de représentation du
motif du placement et à certaines caractéristiques du milieu d’accueil
o qualité du milieu de substitution
o substitution des fonctions parentales, non de la place du parent (sauf
familles d’accueil ou adoptives de jeunes enfants où il ne faut pas créer
de la “désappartenance”, l’enfant ne pouvant se construire ni sur l’une
(trop prudente) ni sur l’autre (trop absente).
o accueil du parent et non jugement
Particularités à l’adolescence
o la vie en groupe est nettement mieux supportée et peut être une
ressource intéressante, mais attention aux phénomènes de contagion
quand il y a souffrance.
o Paradoxes complets :
§ hospit ado dt les petits frères et soeurs sont dans la famille
§ ceux qui n’ont jamais été signalés demandent soudainement
une séparation
§ toute la question de l’autonomie et de la culpabilité est vitale
§ cette demande est parfois formulée dans des conduites à
risque, ou même, des demandes de soins
§ il y a parfois tentative de l’ado de le mettre en échec (cas du
forum)
§ Certains jeunes trouvent eux-mêmes une famille d’accueil.
o Éviter de créer un conflit de loyauté en entrant en alliance dans la
mise à distance, hypersensibilité au jugement (je peux critiquer ma
famille, mais toi pas).
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