Dorsales et volcans sous-marins : des zones riches en sources hydrothermales
En 35 ans d’exploration, les scientifiques ont découvert 90 champs hydrothermaux actifs.
Les sources se situent préférentiellement sur les dorsales océaniques, aux frontières des
plaques, là où l’activité volcanique et tectonique est la plus intense. Les dorsales sont le lieu
de formation de la croûte océanique et d’écartement des plaques constituant la croûte
terrestre. Après la découverte de champs hydrothermaux sur les dorsales rapides
(écartement des plaques entre 6 et 18 cm/an), les explorations menées dans les années 80
et 90 ont permis la découverte de sources chaudes sur les dorsales lentes s’écartant à des
vitesses inférieures à 6 cm/an.
A la fin des années 80, et durant les années 90, les explorations ont montré que les sources
hydrothermales étaient également très fréquentes sur les rides volcaniques sous-marines
situées en arrière des grandes fosses (en particulier dans l’ouest du Pacifique en arrière de
la fosse des Mariannes et de la fosse de Tonga).
Certains volcans « intraplaques » situés non plus aux frontières de plaques comme les
dorsales, mais à l’intérieur, sont également le lieu d’une activité hydrothermale sous-marine.
Sur toutes ces sources, les scientifiques ont observé une faune et une flore microbienne
associées à ces sorties de fluides hydrothermaux. Actuellement, 580 espèces animales ont
été décrites dans ces habitats.
Actuellement, tous les systèmes volcaniques sous-marins ont montré qu’ils étaient associés
à une activité hydrothermale intense. Une grande partie des 60000 km de dorsales entourant
le globe reste encore à explorer, les recherches se poursuivent donc sur les dorsales
Atlantique, Indienne et Pacifique. Afin de mieux comprendre les processus, les interactions
et les variations temporelles de l’activité hydrothermale et son incidence sur l’activité
biologique, de nombreux travaux sont également menés sur des chantiers spécifiques.
Les systèmes hydrothermaux : quand les roches interagissent avec la mer
On sait aujourd’hui qu’il existe une très grande variabilité dans la composition des fluides,
des précipités hydrothermaux et des populations animales associées aux sources. Cette
diversité dépend principalement de deux paramètres : la pression et la nature des roches qui
réagissent avec l’eau de mer.
La pression agit sur la température d’ébullition des fluides. Or, les sources hydrothermales
sont présentes de la zone littorale jusqu’à 4100 m de profondeur. Si la température des
fluides dépassent la température d’ébullition de l’eau de mer, les fluides seront alors plus
(saumures) ou moins salés (vapeur condensée) que l’eau de mer. A 3000 mètres par
exemple, la température d’ébullition de l’eau de mer est supérieure à 400°C.
La nature des roches lessivées au cours de la circulation hydrothermale est le deuxième
facteur influant sur les compositions des fluides et des dépôts hydrothermaux. Les fluides et
les dépôts hydrothermaux issus des interactions de l’eau de mer avec les laves basaltiques
(pauvres en silice), les laves rhyolitiques (riches en silice), les sédiments, ou les roches
ultrabasiques issues du manteau ont des compositions extrêmement diversifiées.
A long terme, l’exploration des grands fonds océaniques est une aventure qui doit se
construire dans le cadre de coopérations internationales. La France, associée aux Etats-
Unis, a été à l’origine de la découverte des systèmes hydrothermaux. Pendant une vingtaine
d’année les pays maîtrisant la technologie des submersibles habités (France, Etats-Unis,
Japon, Russie, Canada) ont eu un accès privilégié à l’étude des systèmes hydrothermaux.
L’arrivée des engins télé-opérés a élargi ce groupe avec l’Allemagne, l’Angleterre, la Chine
et la Corée du Sud.