Personnes de contact : Carole Schirvel (surveillance.sante@cfwb.be) et Javiera Rebolledo (javiera.rebolledo@wiv-isp.be)
FLASH Maladies infectieuses – Août 2015 - N°8
Belgique
Tularémie – situation en Wallonie
Entre mars 2012 et juillet 2015, cinq cas de tularémie ulcéro-glandulaire ont été rapportés par le CHU UCL Dinant-Godinne. En
Belgique, auparavant, seuls 3 cas avaient été déclarés sur une période de plus de 60 ans, entre 1950 et 2011. Des 5 cas récents, 2
étaient des chasseurs et les autres avaient un lien avec la nature au travers de leurs hobbys (jardinage, travail dans les bois) ou de leur
profession (jardinier). La tularémie est une zoonose provoquée par une bactérie Francisella tularensis. Le réservoir est constitué
principalement par des rongeurs sauvages (campagnols, mulots, etc.). Les lièvres et les tiques représentent les principaux vecteurs de
l’infection humaine mais d’autres animaux (moutons, chats, chiens, sangliers, etc.), qui sont des hôtes accidentels, peuvent également
jouer un rôle dans la transmission de la maladie. La bactérie se transmet principalement par voie cutanée ou muqueuse par
manipulation d’animaux infectés, par voie respiratoire via des aérosols contaminés (mise en suspension de poussière, de débris
végétaux, de litière, etc.), par morsures de tiques, ou plus rarement par ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par les déjections
des animaux. La maladie débute de manière soudaine avec un syndrome grippal. Les symptômes ne sont pas spécifiques et différentes
formes cliniques peuvent se manifester en fonction de la porte d’entée, la plus courante étant la forme ulcéro-glandulaire (après
contact cutané). Il existe également des types ganglionnaire, oculo-ganglionnaire, oro-pharyngée (ingestion), pleuro-pulmonaire
(inhalation) et typhoïdique ou encore septicémique. L’infection est le plus souvent endémique, rarement épidémique et les principaux
groupes à risque sont les chasseurs, les agriculteurs et les personnes ayant des activités en milieu forestier. La tularémie a une
répartition géographique large en Europe et semble émerger dans plusieurs pays. En 2012, 1.002 cas de tularémie chez l'homme ont
été signalés dans 26 pays de l'UE, soit une augmentation de 37% par rapport à l’année précédente. La maladie est aussi fréquemment
signalée dans les pays d'Europe orientale qui exportent couramment de la viande de chasse vers la Belgique. En Belgique, la tularémie
est une maladie à déclaration obligatoire. Il convient de penser à cette pathologie en termes de diagnostic différentiel en cas de
symptômes compatibles et d’investiguer chez le patient une exposition potentielle à des facteurs de risques.
Zoonoses et maladies à transmission vectorielles – Sortie du rapport 2011-2012
Les données concernant les nouveaux cas de maladies à transmission vectorielle ou d’autres zoonoses diagnostiquées en Belgique sont
récoltées par l’institut scientifique de santé publique par l’intermédiaire de 3 réseaux de laboratoires de microbiologie: le réseau des
laboratoires vigies, le réseau des centres nationaux de référence (CNR) et le réseau des laboratoires de référence. Ces trois réseaux
fournissent de manière systématique des informations sur le diagnostic biologique des principaux agents infectieux pathogènes. Grâce
à la compilation et l’interprétation des données, le premier rapport thématique portant sur les zoonoses et maladies à transmission
vectorielle avec les données de 2011-2012 vient d’être publié. Ce rapport documente l’évolution et la tendance de maladies tels que la
maladie de Lyme, la tularémie, l’infection à hantavirus, le chikungunya ou encore le paludisme, etc. Le rapport peut être consulté et
téléchargé sur le site web du service d’Epidémiologie des maladies infectieuses du WIV-ISP.
Mycobacterium chimaera – Chirurgie cardiaque
En Juillet 2014, le service des dispositifs médicaux de l’AFMPS (Agence Fédérale des médicaments et des produits de santé) a reçu une
alerte provenant des autorités suisses concernant des cas de contamination par Mycobacterium chimaera durant des actes
chirurgicaux à cœur ouvert pour remplacements valvulaires. En effet, des infections bactériennes à Mycobacterium chimaera faisant
suite à des opérations impliquant des implants cardiaques réalisées entre 2008 et 2012 ont été rapportées à Swissmedic. Après
investigation, il s’est avéré que certains dispositifs médicaux, utilisant l'eau courante préalablement filtrée et servant à réguler la
température sanguine au cours des opérations à cœur ouvert, comme par exemple le 3T Heater-Cooler system de Sorin®, pourraient
être la source de contamination. Des complications sous forme d’infections tardives (endocardite de prothèse valvulaire, sepsis)
apparaissaient 1 à 2 ans après la chirurgie initiale. Cette bactérie, en principe inoffensive, est omniprésente dans la nature et donc dans
l'eau potable. Elle peut toutefois dans des circonstances particulières être à l’origine d’infections graves.
En août 2014, l’AFMPS a pris des mesures et a envoyé un courrier à tous les hôpitaux belges demandant de suivre strictement les
instructions d'hygiène et de nettoyage des dispositifs destinés à réguler la température sanguine au cours des chirurgies cardiaque et
de signaler tout incident à l'AFMPS. En Septembre 2014, Mycobacterium chimaera a été isolé à partir de deux échantillons prélevés au
niveau du système de refroidissement du dispositif médical en usage dans un hôpital en Flandre. Plus tard, un 2ème hôpital rapporta
également la présence de la bactérie. Tout incident en lien avec des appareils médicaux pouvant conduire à une grave détérioration de
l'état de santé ou au décès d’un patient doit être notifié à l’AFMPS, tel que détaillé dans l’Arrêté royal du 18/03/1999 (Art 11) relatif
aux les dispositifs médicaux.
International
MERS-CoV – Fin d’épidémie en République de Corée
Aucun nouveau cas de MERS-CoV n’a été diagnostiqué en Corée du Sud depuis le 4 juillet 2015 : l’épidémie qui touchait ce pays,
débutée le 20 mai 2015, a concerné 186 personnes dont 36 décès. Elle était principalement nosocomiale. A ce jour, aucune infection
MERS-CoV n’a été constatée en Belgique et le risque d’importation d’un cas en provenance des zones à risque reste faible pour le pays.
Cependant, dans un contexte épidémiologique d’émergence de pathogènes respiratoires, la vigilance reste importante et l’application
de mesures, dès l’identification d’un cas probable d’infection respiratoire aigüe sévère, doivent être appliquées. Vous trouverez ici un
document de mise à jour concernant les infections à MERS-CoV.
Points d’attention spécifiques sur les maladies infectieuses en Belgique, en Europe et dans le monde