Un groupe intermédiaire est constitué d’animaux qui sont sensibles à la maladie mais n’en meurent pas. Ce sont
des ovins, des bovins, des chiens, certains rongeurs et même des oiseaux.
Un dernier groupe comprend des animaux résistants à l’infection ou ne feront occasionnellement la maladie
qu’après une dose de charge importante : sanglier, renard, chat, mustélidés, faisans. Ils consomment des
charognes, sont fréquemment porteurs de la bactérie, mais n’en meurent pas. Ce sont des vecteurs passifs de la
bactérie.
Réservoirs et vecteurs
Les tiques sont à la fois réservoirs et vecteurs.
Réservoirs parce qu’elles hébergent dans leur estomac des germes acquis par voie transovarienne, entretenant le
germe de façon pérenne.
Vecteurs parce qu’elles sont capables de contaminer par morsure un animal ou un homme.
Transmission
L’homme s’infecte par contact direct avec la peau en manipulant des produits provenant d’un animal infecté: le
sang, les déjections, les organes. Il peut s’infecter par ingestion d’eau ou de nourriture contaminée ou par
inhalation d’aérosol infectant, par piqûres d’insectes ou de taons ou par morsure de tiques. Rappelons à cet égard
l’infection survenue en mars 2011 en Norvège à 34 personnes qui avaient consommé de l’eau de puits
contaminée par des carcasses de lemmings.
Les tiques et les lièvres sauvages sont la source de la plupart des infections observées dans les zones endémiques
du sud-est des Etats-Unis (
Salinas, 2010).
Cependant l’origine de la contamination peut passer inaperçue au point
que jusqu’à 40% des personnes infectées n’ont pas d’antécédent reconnu de contact avec un animal infecté. Les
personnes les plus exposées sont les chasseurs, les équarrisseurs, les taxidermistes, les employés des laboratoires,
les trappeurs, les garde-chasses, les vétérinaires. Les voyageurs ne sont pas à l’abri des risques de tularémie
lorsqu’ils visitent des pays endémiques. De rares cas sont rapportés dans la littérature (
Schubert, 2011
). Signalons
que F. tularensis est considéré comme une arme bactériologique puisqu’il suffit de quelques germes, de 10 à 25
par voie sous-cutanée ou par aérosol, pour déclencher rapidement une infection.
Manifestations cliniques
La durée de l’incubation est de 3 à 6 jours (
Nigrovic et Wingerter, 2008
). Le début de l’infection est souvent marqué
par l’apparition brusque d’une fièvre et de frissons, de céphalées, de myalgies et d’arthralgies diffuses.
Surviennent ensuite, en fonction de la porte d’entrée, soit une lésion ulcéreuse soit d’autres manifestations
cliniques spécifiques de l’organe atteint.
Contamination
- par la peau : la forme ulcéro-ganglionnaire est la plus fréquente des lésions. Il s’agit d’une large
papule qui se transforme en ulcère, celle-ci s’accompagne d’adénopathies locorégionales (
Edouard, 2011
). Les
ulcères des membres supérieurs sont souvent attribuées à un contact avec un animal malade tandis que les
ulcères des membres inférieurs sont le reflet d’une piqûre par des arthropodes.
- par la conjonctive : l’inoculation conjonctivale peut entraîner une infection oculaire avec adénopathie
satellite pré-auriculaire.
- par voie orale : la tularémie oropharyngée puis gastro-intestinale, est consécutive à l’ingestion de
viande contaminée insuffisamment cuite (
Djordjevic, 2011).
Il s’agit d’une pharyngite et d’une stomatite avec
atteinte des ganglions régionaux. Les formes suivantes sont rarement décrites en Europe :
- une forme fébrile pure ou typhoïde, caractérisée par des douleurs abdominales avec nausées,
vomissements et diarrhées
- une bactériémie avec syndrome inflammatoire aigu avec céphalées intenses, fièvre
intermittente, frissons. Le germe est alors isolé du sang par hémoculture (
Haristoy, 2003
).
- par voie respiratoire : celle-ci entraîne une infection pulmonaire avec fièvre, toux non productive,
dyspnée, douleur thoracique et pneumonie.
La transmission par morsures de tiques est rare en Europe. Lorsqu’elle survient, elle peut donner lieu à des
manifestations non spécifiques qui ont une ressemblance avec d’autres maladies transmises par les tiques,
notamment la maladie de Lyme et l’Anaplasmose. Un diagnostic différentiel sera établi avec une tularémie
glandulaire (
Moniusko, 2011; Bitam et Raoult, 2009; Socolovschi, 2009
).