La représentation logique des temps grammaticaux Tero Tulenheimo Académie de Finlande / Université de Helsinki Département de Philosophie Résumé • Logique. • Temps grammaticaux : perspectives logiques. • « Scope theory of tense » : théorie des temps grammaticaux en termes de portées des « opérateurs temporels ». • Critique de « scope theory ». • Comment décider si les temps grammaticaux sont des quantificateurs ? • Réponse à la critique. 2 1 Logique 3 – Logique : étude des langages formels, des propriétés formelles des langues. – Expressions logiques : connecteurs, quantificateurs ; en bref : opérateurs logiques. Exemple 1. Les deux énoncés (1) (2) « Il pleut et je suis à la maison ». « Aristote est un philosophe et 2+2=4 ». ont la même forme logique, symboliquement p ∧ q. Exemple 2. De façon analogue, les énoncés (3) (4) « Tout le monde est venu ». « Tous les nombres naturels sont des entiers ». sont de même forme logique, symboliquement ∀xP (x). 4 Il y a des énoncés dont les formes logiques impliquent des interactions entre des opérateurs : Exemple 3. (5) (6) « Chacun à une opinion ». « Pour tout entier, il existe un entier plus grand ». Leur forme logique commune : ∀x∃yR(x, y). Exemple 4. (7) (8) « Tout le monde en parle ». « Quelqu’un est aimé de tout le monde ». Leur forme : ∃x∀yR(x, y). 5 Exemple 5. (9) « Personne n’est venu ». (10) « Il n’y a pas de solution ». Leur forme : ¬∃xP (x) [i.e., ∀x¬P (x)]. 6 2 Temps grammaticaux : perspectives logiques 7 (1) Socrate parlait. (2) Socrate parle le 1 décembre 400 av. J.-C. à midi. – Ce qui est exprimé par (2) ne dépend pas du contexte d’énonciation de, (2). – Il est toujours possible de transformer les énoncés de type (1) en énoncés de type (2), en remplaçant les temps par des constructions atemporelles, et en les rélativisant à un ordre temporel objectivement donné. – Ensuite, on peut employer une logique atemporelle pour analyser des énoncés de type (2). – Autre option : Essayer de formuler une logique des énoncés de type (1). 8 Logique des propositions de type (1) : On introduit des « opérateurs temporels » (angl. ‘tense operators’), qui – peuvent être appliqués aux énoncés pour produire d’autres énoncés, et – qui fonctionnent en tant que quantificateurs par rapport au domaine constitué par les instants. Soit ϕ une représentation d’un énoncé indicatif. • (∃t > t0 )ϕ[t] : quelquefois à l’avenir, ϕ • (∀t > t0 )ϕ[t] : toujours à l’avenir, ϕ • (∃t < t0 )ϕ[t] : quelquefois dans le passé, ϕ • (∀t < t0 )ϕ[t] : toujours dans le passé, ϕ 9 Exemples simples (logiquement non complexes). (3) « Socrates spoke ». Forme logique : (∃t < t0 ) Socrates speaks[t]. (4) « Mary will arrive ». Forme logique : (∃t > t0 ) Mary arrives[t]. (5) « John never started ». Forme logique : (∀t < t0 ) ¬ John starts[t]. (6) « Mary will always doubt ». Forme logique : (∀t > t0 ) Mary doubts[t]. 10 A quoi sert la logique temporelle − du point de vue de l’analyse des langues ? • La thèse de « Scope theory of tense » : les relations interprétationnelles entre les temps grammaticaux dans les énoncés des langues naturelles peuvent être représentées en termes de portées logiques des opérateurs temporels correspondants. • Qui plus est, selon la thèse les temps grammaticaux sont des opérateurs temporels. 11 Exemples. (7) « John will have met Mary » : (∃t1 > t0 ) (∃t2 < t1 ) John meets Mary[t2 ]. (8) « John knew that Mary would arrive » : (∃t1 < t0 ) John knows[t1 ] that (∃t2 > t1 ) Mary arrives[t2 ]. Ici, on réussit à répresenter les relations interprétationnelles correctement ! (Sauf que (1) a une implicature selon laquelle il faut que t2 > t0 ; et pour (2), il faut que t2 ≤ t0 .) 12 3 Que sont les temps grammaticaux ? 13 • Ainsi il y a des cas où on peut répresenter les conditions de vérité des énoncés anglais en utilisant la logique temporelle − en représentant les relations interpretationnelles des temps grammaticaux en termes de portées des opérateurs temporels. Par ex., la relation entre « will » et « have » comme (∃t1 > t0 )(∃t2 < t1 ) dans « John will have met Mary ». • Cela est loin d’être une démonstration que les temps grammaticaux intrinsèquement sont des opérateurs temporels. 14 S’ils ne sont pas des opérateurs, qu’est-ce que sont les temps grammaticaux ? • Partee (1973), Enç (1986, 1987) : expressions pronominales (référentielles) « I didn’t turn off the stove ». • Hornstein (1990) : adverbes. 15 4 Propriétés contextuelles des temps grammaticaux 16 (1) « John thought that Mary would return ». (2) « John thought that Mary will return ». (1’) (∃t1 < t0 )(John thinks[t1 ] that (∃t2 > t1 ) Mary returns[t2 ]). (2’) (∃t1 < t0 )(John thinks[t1 ] that (∃t2 > t0 ) Mary returns[t2 ]). Dans (1) : ‘would’ variante morphologique du futur, interprétée comme relative à l’instant (t1 ) par rapport auquel le ‘simple past’ de la proposition principale est interprété : t2 > t1 . Dans (2) : le futur de la proposition subordonnée reçoit une interprétation indexicale : ‘will’ interprété comme relatif à l’instant d’énonciation : t2 > t0 . 17 Les exemples (1) et (2) illustrent un type important des interactions entre les temps gramaticaux : les interprétations des temps grammaticaux sont choisies relativement aux instants disponibles dans le contexte linguistique. Parmi de tels ‘instants’ sont le temps d’énonciation, et les interprétations des temps grammaticaux des propositions surordonnées. Les relations sont des relations temporelles : Être plus tôt, plus tard, simultané. Avant d’esquisser les règles appropriées (pour l’anglais), considérons davantage d’exemples. Est-ce qu’il y a d’autres types d’interactions entre les temps gramaticaux (ou ses représentations logiques), outre celles liées aux relations temporelles ? 18 (3) « John always thought that Mary would return ». (4) « John (has) always thought that Mary will return ». (5) « John will think that Mary never returned ». (6) « John will think that Mary had never returned ». (3’) (∀t1 < t0 )(John thinks[t1 ] that (∃t2 > t1 ) Mary returns[t2 ]). (4’) (∀t1 < t0 )(John thinks[t1 ] that (∃t2 > t0 ) Mary returns[t2 ]). (5’) (∃t1 > t0 )(John thinks[t1 ] that (∀t2 < t1 ) Mary returns[t2 ]). (6’) (∃t1 > t0 )(John thinks[t1 ] that (∀t2 < t0 ) Mary returns[t2 ]). 19 Les exemples (3) à (6) montrent que : Pour décrire exhaustivement les relations entre les (représentations logiques des) temps grammaticaux, il n’est pas suffisant de mentionner les relations temporelles appropriées (c-à-d, comment les interprétations des temps grammaticaux se rapportent l’une à l’autre). Il faut aussi mentionner leurs relations logiques : leurs ordres logiques. Deux types d’interactions sémantiques entre les opérateurs : (i) dépendances interprétationnelles (relations temporelles) ; (ii) dépendances logiques (relations de précedence logique). 20 (3) John always thought that Mary would return. s s (∀t1 < t0 )(J thinks[t1 ] that (∃t2 > t1 ) M returns[t2 ]) s s 21 (4) John (has) always thought that Mary will return. s s (∀t1 < t0 )(J thinks[t1 ] that (∃t2 > t0 ) M returns[t2 ]) s s 22 (6) John will think that Mary had never returned. s s (∃t1 > t0 )(J thinks[t1 ] that (∀t2 < t0 )(M returns[t2 ]) s s 23 (3) John always thought that Mary would return. s s (∀t1 < t0 )(J thinks[t1 ] that (∃t2 > t1 ) M returns[t2 ]) s s (4) John (has) always thought that Mary will return. s s (∀t1 < t0 )(J thinks[t1 ] that (∃t2 > t0 ) M returns[t2 ]) s s (6) John will think that Mary had never returned. s s (∃t1 > t0 )(J thinks[t1 ] that (∀t2 < t0 )(M returns[t2 ]) s s 24 5 Règles sur les interprétations des temps en anglais 25 Il y a des limitations strictes régulant les relations interprétationnelles des temps grammaticaux des propositions subordonnées / relatives en anglais : (L1) Le temps d’une proposition subordonnée peut toujours être interprété indexicalement, c-à-d relativement à l’instant d’énonciation. Exemples : (1) « John heard that Mary said that Bill denied that Fred is in New York ». (2) « John said that Bill saw the man that is at the next table ». 26 (L2) Si un temps n’est pas interprété indexicalement, il est interprété relativement à l’interprétation du temps auquel il est immédiatement subordonné. Cette limitation se manifeste de deux façons : (i) Le temps d’une proposition subordonnée peut être temporellement dépendant seulement de l’interprétation du temps immédiatement précédent (c-à-d peut seulement être interprété par rapport à l’instant qui interprète le temps immédiatement précédent). (ii) Le temps d’une proposition relative n’est jamais temporellement dépendant des temps des propositions auxquelles cette proposition relative est subordonnée. 27 Exemples de (L2.i) : (3) « Fred knew that John said that Mary was pregnant ». En fait, deux interprétations possibles : (3.a) Fred knew that John said “Mary is pregnant”. (3.b) Fred knew that John said “Mary was pregnant”. – L’interprétation (3.a) est appelée par Enç (1987) le ‘simultaneous reading’ de (3), et (3.b) son ‘shifted reading’. Toutes les deux − (3.a,b) − sont des exemples de (L2.i). (3.a’) (∃t1 < t0 ) F knows[t1 ] that (∃t2 = t1 ) pr(M)[t2 ]. (3.b’) (∃t1 < t0 ) F knows[t1 ] that (∃t2 < t1 ) pr(M)[t2 ]. 28 Exemples de (L2.ii) : (4) « We spoke to the man who was crying ». (5) « John insulted the man who is walking toward us ». Ici, nécessairement, « was crying » et « is walking » sont interprétés par rapport à l’instant d’énonciation. 29 Les règles (L1) et (L2) determinent, pour leur part, ce qu’une théorie des temps grammaticaux en anglais doit pouvoir expliquer. En particulier, les temps ne peuvent pas avoir des relations interprétationnelles qui ne se conforment pas aux règles (L1) et (L2). 30 6 Critique de Hornstein : les temps grammaticaux ne sont pas des opérateurs 31 L’idée de l’argument de Hornstein : 1. Les opérateurs (quantificateurs) possèdent des propriétés contextuelles que les temps grammaticaux des langues naturelles ne possedent pas. Plus spécifiquement, la capacité des temps grammaticaux de modifier les interprétations des autres temps grammaticaux dans un énoncé est beaucoup plus restreinte que la capacité des opérateurs logiques de modifier l’interprétations des autres opérateurs. 2. Si les temps grammaticaux étaient des opérateurs, ils auraient tous les propriétés de ces derniers. ∴ Les temps grammaticaux ne sont pas des opérateurs. 32 Commençons par les opérateurs (quantificateurs) temporels. Etant données des expressions comme (∃ti < tj ), (∃ti > tj ), (∃ti = tj ), (∀ti < tj ), (∀ti > tj ), (∀ti = tj ), il est évident que récursivement, on peut générer des formules arbitrairement complexes. On pourrait avoir n’importe quelle quantité de ces quantificateurs emboı̂tés. Qui plus est, en ce qui concerne les conditions comme ti < tj , il y a bien des possibités pour choisir une variable tj , étant donné ti . 33 Par exemple, toutes ces suites sont possibles : (∃t1 (∃t1 (∃t1 (∃t1 (∃t1 (∃t1 < t0 )(∃t2 < t0 )(∃t2 < t0 )(∃t2 < t0 )(∃t2 < t0 )(∃t2 < t0 )(∃t2 < t1 )(∃t3 < t0 )(∃t3 < t1 )(∃t3 < t1 )(∃t3 < t0 )(∃t3 < t0 )(∃t3 < t2 ) < t2 ) < t1 ) < t0 ) < t1 ) < t0 ) D’autre part, au moins la 3ème et la 5ème sont impossibles en tant que représentations des temps grammaticaux dans un énoncé anglais, par les règles (L1,2). 34 Selon « Scope theory of tense »− selon l’idée que les temps sont des opérateurs − les relations interprétationnelles entre les temps grammaticaux sont naturellement représentées en termes de portés des opérateurs temporels. Hornstein démontre que l’hypothèse que les temps sont des opérateurs, mène au résultat qu’il y a des formes logiques même pour les énoncés agrammaticaux. (Cela est déjà suggeré par certains des exemples qu’on vient de considérer.) 35 Pensons aux énoncés − *« John said that Harry believes that Fred would be here ». − « John said that Harry believed that Fred would be here ». Le premier est agrammatical, car « would », utilisé en tant que forme morphologique du futur, présuppose que les temps syntaxiquement précedents ne sont pas interprétés indexicalement, mais en appliquant la règle (L2.i). Cependant ces deux énoncés reçoivent une forme logique en termes de opérateurs temporels : • (∃t1 < t0 ) J says[t1 ] that (∃t2 = t0 ) H believes[t1 ] that (∃t3 > t2 ) F is here[t3 ]. • (∃t1 < t0 ) J says[t1 ] that (∃t2 = t1 ) H believes[t1 ] that (∃t3 > t2 ) F is here[t3 ]. (‘simultaneous reading’) 36 Les opérateurs temporels produisent, ainsi, des ‘formes logiques’ même pour énoncés agrammaticaux. Qui plus est, ce mécanisme n’est pas capable de distinguer les (représentations des) énoncés agrammaticaux des (représentations des) énoncés grammaticaux. Par exemple, la formule (∃t1 < t0 ) J says[t1 ] that (∃t2 = t0 ) H believes[t1 ] that (∃t3 > t2 ) F is here[t3 ] fournit une forme logique à la fois à l’énoncé agrammatical − *« John said that Harry believes that Fred would be here », et au énoncé grammatical − « John said that Harry believes that Fred will be here ». 37 La critique de Hornstein : Si les temps grammaticaux sont des opérateurs, pourquoi certaines configurations des opérateurs temporelles représentent des énoncés anglais grammaticaux, tandis que d’autres ne le font pas. Avec les opérateurs, on gagne la possibilité de représenter des conditions de vérité des énoncés anglais. Mais on perd la distinction théorique entre les énoncé grammaticaux et agrammaticaux − le mécanisme des opérateurs de permet pas de reconstruire cette distinction. Ainsi il y a une difficulté déjà sur le plan instrumental. Il est encore plus difficile de croire que les temps sont littéralement des opérateurs. S’ils le sont, pourquoi ne se comportent-ils pas comme des opérateurs ? 38 Si on veut, contre le courant, défendre l’idée que, cependant, les opérateurs temporels sont indispensables dans l’analyse des languges, on pourrait se demander s’il n’est pas suffisant qu’un mécanisme théorique produise les formes logiques, et un autre mécanisme, sur un autre plan, prenne soin de la distinction entre les énoncés grammaticaux et agrammaticaux. En fait, il y a un argument plus direct pour démontrer que les opérateurs temporels sont théoriquement indispensables. 39 7 Comment répondre à la critique ? 40 La représentation des temps par les quantificateurs ne capture pas la grammaticalité des énoncés. – Mais s’ensuit-il qu’il n’y a pas des temps qui se comportent comme les opérateurs ? – Autrement dit, étant donné que cette représentation ne caractérise pas la grammaticalité, est-il évident que le coupable est le fait que les temps sont catégorisés comme opérateurs ? Rappelons les deux types de dépendance qui peuvent se manifester entre les interprétations des temps : – dépendances logiques – dépendances interprétationnelles (temporelles) 41 Que sont les opérateurs ? Qu’est-ce qui fait qu’une expression est un opérateur ? Une propriété contextuelle − les opérateurs sont précisément les expressions qui peuvent exprimer des dépendances logiques entre ses interprétations. Voilà un critère pour décider s’il y a des temps qui fonctionnent comme opérateurs : – S’il existe un temps dont l’interprétation est determinée en fonction de l’interprétation d’un autre temps − si son interprétation dépend logiquement de l’interprétation d’un autre temps − alors ces temps sont des opérateurs. – S’il n’y a pas de tels temps, les temps ne sont pas des opérateurs. 42 8 Réponse à la critique : il existe des opérateurs temporels 43 On essaye de trouver un énoncé anglais, dans lequel l’interprétation d’un temps est determinée en fonction de l’interprétation d’un autre temps. Pour cela, – appelons les verbes qui se réfèrent aux événements momentanés, les verbes de catégorie C1 : finir, ouvrir, payer ; – appelons les verbes qui se réfèrent aux actions ou états qui possèdent une durée temporelle, les verbes de catégorie C2 : rester, se promener, construire. 44 Du point de vue logique, interpréter un verbe de catégorie C1 correspond à une quantification existentielle ; tandis qu’interpréter un verbe de catégorie C2 peut correspondre soit à une quantification existentielle soit à une quantification universelle. (1) « I paid the bill ». (2) « Mary stayed in Paris (last summer) ». Ici, pay est de catégorie C1 , et stay de catégorie C2 . 45 Stratégie : former un énoncé où le temps d’un verbe de catégorie C1 est syntaxiquement subordonné au temps d’un verbe de catégorie C2 interprété de façon universelle. Le résultat sera un contexte où l’interprétation du verbe de catégorie C1 sera determinée en fonction de l’interprétation du verbe de catégorie C2 . Voilà : (3) « John believed yesterday that Mary would turn up », où believe : C2 , et turn up : C1 . Selon (3), pour tout instant t d’hier, John croyait à t qu’à quelque instant t0 plus tard que t, Mary se montre. 46 Ainsi, un scénario possible où (3) « John believed yesterday that Mary would turn up » est vrai, est comme suit : – Entre 00h00 et 6h30 J croit que M se montre à 7h15. – Entre 6h30 et 21h45 J croit que M se montre à 23h05. – Entre 21h45 et 24h00 J croit que M se montre à 24h00. L’interprétation du temps de ‘would turn up’ est determiné en fonction du temps de ‘believed’. Les temps manifestent la dépendance logique ; ils se comportent comme des opérateurs. 47 Egalement on peut noter que dans l’énoncé (4) « John believed yesterday that Mary will turn up », le temps de ‘will turn up’ est (en principe) determiné en fonction du temps de ‘believed’. 48 Conclusion : • Il y a des énoncés anglais où l’interprétation d’un temps est logiquement dépendante de l’interprétation d’un autre temps. • Mais les expressions ordonnées selon la dépendance logique sont précisement les opérateurs. • Ainsi, les temps grammaticaux dans les énoncés anglais peuvent se comporter comme des opérateurs. 49 – Parce que les temps peuvent ainsi se manifester comme des opérateurs, il n’est pas possible de nier toute réalité théorique aux opérateurs temporels en analysant les langues. – D’autre part, il ne s’ensuit assurément pas que toutes les propriétés linguistiquement pertinentes des temps sont expliquées par le fait qu’ils peuvent apparaı̂tre comme opérateurs. 50 • En fait, la critique de Hornstein − qui a pour but de montrer que les temps tout simplement ne sont pas des opérateurs − réussit à montrer que les relations interprétationelles (temporelles) entre des temps ne peuvent pas être caracterisées de manière satisfaisante par le fait que les temps sont des opérateurs. • Pour la tâche d’expliquer les dépendances interprétationnelles (temporelles) possibles entre les temps, il faut trouver d’autres outils théoriques. • Mais cela ne change pas le fait que les temps peuvent se manifester comme opérateurs. 51