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14ème Colloque National de Lutte et de Prévention du Dopage
Paris, les 13 et 14 mars 2014
L'ensemble des précurseurs ou métabolites de la testostérone sont transformées par
les cellules du foie. Les stéroïdes, qui sont des lipides, sont solubilisés par
glucuroconjugaison ou sulfoconjuguaison permettant ainsi leurs éliminations par voie
urinaire ou biliaire. Le dépistage des stéroïdes dans les urines est basé actuellement sur
la caractérisation de ces substances par spectro de masse aidé éventuellement par l'étude
du rapport isotopique (IRMS).
La testostérone (T) est transformée par l'UDP-glucuronide transférase 2B17
(UGT2B17). Cette enzyme ne permet cependant pas de transformer l'épitestostérone (E)
qui ne l'est que par l'UDP-glucuronide transférase 2B7. Un des moyens proposé de
dépister un dopage, est d'analyser le rapport de la concentration de la testostérone
glucoronide urinaire sur celle d'épitestostérone glucoronide urinaire (T/E) car E était
peu sensible à la prise de testosterone ou analogue.
Une telle analyse est néanmoins critiquée car dépendante d'un polymorphisme
génétique important pour l'UGT2B17 hépatique. En Afrique, les gènes sont
homozygotes, alors qu'ils sont "délétés" en Asie de l'Est. L'Europe connaît une situation
intermédiaire. Ainsi chez les caucasiens, le rapport T/E est généralement plus élevé que
pour une population asiatique, ce qui induit des différences importantes sur le plan
individuel et donc une difficulté pour définir de façon sûre un seuil de normalité.
En fonction de la stratégie antidopage actuellement utilisée (détection directe des
substances interdites), les substances anabolisantes androgéniques représentent chaque
année entre 10 % à 15 % parmi les produits dopants détectés par l'AFLD.
Il est évident que la possibilité de détection va dépendre de l'intervalle de temps
entre la prise de substance et le prélèvement, ces fenêtres de détection variant d'un
produit à un autre, comme également la pharmaco cinétique d'un individu à un autre;
par ailleurs de nombreux produits actuellement utilisés sont nouveaux et donc non
recherchés par les laboratoires ou de formule très proche des produits naturels et
peuvent échapper au rapport isotopique. Le rapport T/E urinaire avait été proposé mais
la grande variabilité des valeurs dans la population rendait difficile le dépistage et donc
son efficacité.