approches ethnographiques. Les pistes de réflexion suggérées se répartissent selon deux axes
principaux et non exclusifs. Le premier axe entend appréhender les manières dont la question
des (re)configurations contemporaines de la parenté est posée dans différents espaces publics et
intimes. Le second axe ouvre quant à lui un débat épistémologique sur les regards croisés et
comparatifs entre divers contextes, thématiques ou disciplines en invitant à analyser les enjeux,
apports et limites issus de tels travaux de recherche.
Axe 1. Espaces pluriels de la parenté
L’émergence récente de « nouvelles » formes et pratiques de la parenté semble bousculer
certaines normes et modèles en vigueur, et ce de manière accentuée dans le contexte actuel de
globalisation (Browner & Sargent 2011). Surgissent ainsi des ambivalences et contradictions
entre des catégorisations sociales et juridiques et les manières dont celles-ci sont vécues au jour
le jour (Fine & Martial 2010 ; Ouellette 2000 ; Théry 1998). Citons par exemple la complexité des
parcours de parents-en-devenir pour recourir à l’usage de technologies génétiques et médicales
de procréation (Franklin & Roberts 2006 ; Thompson 2005), des possibilités d’adoption
internationale (Yngvesson 2007) ou des enjeux relatifs à la parentalité (Marquet, 2006), en
l'occurrence la paternité (Martial 2012), maternité (Fonseca 2011 ; Hayden 2004), ou
pluriparentalité dans des familles recomposées (Cadolle 2007 ; Martial 2003) ou
géographiquement dispersées (Razy 2010). Par ailleurs, cela peut donner lieu à des échanges
virulents lorsque ces ambivalences et contradictions sont portées dans l’espace public par des
individus, familles et groupes divers. Qu’il s’agisse de manifestations pour l’ouverture du
mariage aux couples homosexuels et la reconnaissance de différentes configurations
homoparentales (Tarnovski 2012 ; Théry 2013) ou d’actions militantes de collectifs de parents
d’enfants porteurs de handicap pour l’application des principes de l’inclusion (Ginsburg & Rapp
2001), ces démarches ont en commun de politiser la parenté pour mettre en cause les
catégorisations imposées par la loi ou dominantes.
Ce colloque a pour objectif de comprendre comment les différents traitements publics de la
parenté s’infiltrent dans les conceptions, discours et pratiques de l’intime, mais aussi comment
ceux-ci sont inversement négociés à partir des expériences vécues au quotidien. Il propose ainsi
de s’intéresser aux articulations, désarticulations et réarticulations des « espaces » pluriels de la
parenté, géographiques ou temporels, publics ou intimes, où se jouent aussi bien la structuration
de l’ordre social et politique que les représentations et expériences quotidiennes. Quels sont ces
espaces pluriels où la parenté est continuellement défaite, faite et refaite ? Quelles questions ces
reconfigurations incessantes et variées posent-elles ? Dans ce cadre, il semble également
opportun d’analyser les dynamiques de subjectivation et de désubjectivation individuelles et