Les géographes extrayaient leurs informations des observations accumulées depuis au moins deux
siècles et maintenant stockées dans des banques de données par les services météorologiques ; ils
travaillaient souvent de concert avec eux, notamment pour le traitement statistique de ces observations.
Leur tâche spécifique était d’interpréter et de rendre accessible, dans un langage intelligible pour tous, la
connaissance que l’on pouvait avoir du climat qui, sinon, serait restée enfouie dans les fichiers
d’observations, qui intéressaient si peu les météorologues.
La géographie appelle l’histoire. Et l’histoire a joué aussi un rôle dans la prise de conscience de la variabilité
climatique à l’échelle humaine par les communautés scientifiques qui auraient dû, les premières et plus tôt,
s’interroger sur "la dynamique du climat et sa variabilité".
C’est un historien français, Emmanuel Le Roy Ladurie,
qui sonna le réveil des «climatologues» à la fin des
années 1960.
À la différence des géologues intéressés par les climats
passés à des échelles de temps géologiques, il a écrit la
première véritable histoire du climat de la période
historique la plus récente : de l’an mil à nos jours en
compulsant les documents historiques du dernier
millénaire.
Il en a extrait différents indicateurs climatiques, tels que la
date des vendanges et la morphologie des glaciers. Il a
ainsi montré que les variations climatiques étaient bien
réelles à nos échelles de temps historiques. Ainsi, il
documenta le refroidissement qui marqua l’hémisphère
nord par une baisse de sa température moyenne de près
de 1°C pendant environ trois siècles, du milieu du XVIème
siècle au milieu du XIXème siècle, que l’on appelle le «petit
âge glaciaire».
Faisant une analyse des variations climatiques
indépendamment de l’histoire économique, sociale,
politique des hommes, il a montré qu’il n’y avait pas
forcément corrélation exclusive entre crise climatique et
crise socio-économique comme cherchaient à le démontrer
de manière simpliste ses prédécesseurs. Ainsi, selon lui,
les conditions météorologiques des années 1787/1788 ont
créé, sans toutefois mettre le feu aux poudres, le terreau
favorable à l’éclosion de la Révolution Française (qui avait
bien d’autres origines économiques, politiques, culturelles,
sociales, etc.).
Le Roy Ladurie démontrait ainsi l’existence de variations
climatiques significatives mais encore inexpliquées à
l’échelle de quelques générations. Si le climat avait changé naturellement dans le passé à ces échelles
temporelles, il pouvait encore changer dans l’avenir proche. La question de l’avenir climatique était posée.
L’ouvrage d’Emmanuel Le Roy Ladurie, abondamment cité, resta de nombreuses années la principale
référence française du domaine de la climatologie.
II - La dynamique de l’atmosphère et de l’océan
Les deux enveloppes fluides qui entourent la Terre, l’atmosphère et l’océan, sont si semblables dans leur
comportement géophysique et leur dynamique, qu’il est difficile de les dissocier et de les traiter séparément.
Cependant la météorologie, qui est historiquement la science de l’atmosphère, est la première discipline
scientifique constitutive de la «climatologie» ; c’est la science du temps qu’il fait, dont on a vu l’ambiguïté
historique originelle, à la frontière de la science telle que conçue par ses fondateurs : Newton, Galilée…,
mais, dans la pratique, plus proche d’un art et d’un savoir faire nécessaire à l’exercice de sa prévision.
Dès son origine, elle a été fondée sur l’observation des paramètres définissant le temps, avec la nécessité
contraignante de prévoir leurs évolutions. Ainsi la météorologie a longtemps été coincée entre les sciences
naturelles, relevant plutôt de la géographie d’où son enseignement dans les facultés des lettres, et les
sciences physiques. Elle a cependant été organisée et institutionnalisée très tôt dès le milieu du XIXème
siècle dans de nombreux pays qui se sont dotés de services météorologiques nationaux pour assurer
cette si utile prévision quotidienne du temps.