Gérer le personnel Septembre 2015
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QUESTIONS REPONSES
Peut-on interdire le port d'un vêtement religieux ?
Oui, si cela est prévu dans le contrat de travail de votre salarié ou simplement dans le règlement
intérieur si les restrictions ou interdictions sont justifiées par la nature de la tâche à accomplir et
proportionnées au but recherché : par exemple, si le salarié, par sa mission, est en contact avec la
clientèle et que sa tenue risque de nuire à l'image de l'entreprise. De même, le port d'un élément
vestimentaire à caractère religieux peut entraîner des conflits, voire des incidents, entre les salariés de
confessions religieuses différentes.
Exemples
Dans le contentieux qui opposait une salariée à son employeur la crèche « Baby loup », la Cour de
cassation a validé le licenciement pour faute grave de la salariée qui refusait d'ôter son voile au
travail, et confirmé que les restrictions apportées à la liberté religieuse par le règlement intérieur de la
crèche sont justifiées par les tâches accomplies au sein de la crèche.
Une salariée ingénieur d'études dans une société de conseil, qui portait le voile sur son lieu de travail,
s'est présentée voilée chez un client. Face aux plaintes de ce dernier et au refus de la salariée d'ôter
son voile lors de ses rendez-vous extérieurs, l'employeur l'a licenciée pour faute, au motif qu'il est
contraint d'assurer vis-à-vis de ses clients une discrétion dans l'expression des opinions personnelles
des salariés. La cour d'appel ayant donné raison à l'employeur, la salariée a saisi la Cour de
cassation, qui a porté le litige devant la CJUE. À suivre...
Concernant le port de signes religieux au travail (croix, turban, hijab, etc.), tout est affaire de
circonstances. Par exemple, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé que le port
d'une croix chrétienne ne nuisait pas à l'image de l'entreprise (en l'espèce une compagnie aérienne),
mais qu'il pouvait être interdit dans un hôpital.
D'autre part, le port d'un vêtement ou d'un signe religieux peut être interdit s'il est incompatible avec
des règles d'hygiène ou de sécurité.
Exemples
Le port de la barbe peut être interdit au salarié qui doit porter un masque de protection contre des
produits toxiques.
Le port du voile peut être interdit sur une chaîne de montage.
Enfin, la dissimulation du visage est interdite dans une entreprise.
Un salarié peut-il refuser de porter un uniforme ?
Non. Mais il faut toujours une justification pour imposer à un salarié le port d'un vêtement ou d'une
protection particulière. Il est donc possible, si cela est justifié, de rendre obligatoire le port d'une tenue
particulière pendant le travail : par exemple, pour un chauffeur, un vigile, ou même une hôtesse
d'accueil.
Pour des raisons de sécurité du lieu de travail autant que des salariés eux-mêmes, vous pouvez
toujours exiger du salarié le port d'un badge, par exemple comme vous pouvez exiger le respect de
procédures de contrôle pour l'accès de locaux de travail.
Les opérations d'habillage et de déshabillage sont-elles assimilées à du temps de travail
effectif ?
Quel que soit le lieu où s'effectuent les opérations d'habillage et de déshabillage, et que ce lieu soit
choisi ou imposé aux salariés, le temps qui leur est consacré ne peut pas être assimilé à du temps de
travail effectif, sauf disposition conventionnelle prévoyant des dispositions plus favorables.
Une contrepartie doit être allouée aux salariés obligés de porter une tenue de travail dès lors qu'il leur
est imposé de se changer sur leur lieu de travail ou dans les locaux de l'entreprise. Cette contrepartie
n'est pas due s'ils ont la possibilité de se changer ailleurs que dans l'entreprise.