Laboratoire Luc Olivier | Tél.
HYPOTHYROÏDIE SUBCLINIQUE
Phn. Biol. Régis Debois (22/02/2011)
Laboratoire Luc Olivier
Laboratoire Gamma Médic
Laboratoire Labassos
Laboratoire Vieux Mayeur
Laboratoire Goffaux
www.labo-amedes.be
1. Introduction
L’hypothyroïdie subclinique est, de par sa
nature, un diagnostic de laboratoire. Les pa-
tients n’ont pas (ou peu) de symptômes relatifs
à un dysfonctionnement thyroïdien.
L’hypothyroïdie subclinique est dès lors définie
par une TSH élevée (au-delà du range nor-
mal) (cfr encart) avec une FT4 normale.
Les autres causes d’élévation de la TSH
doivent être exclues : élévation transitoire de la
TSH chez les patients hospitalisés, ajustement
récent d’un dosage de lévothyroxine, thy-
roïdites, post-partum,…
On considère que la prévalence de
l’hypothyroïdie subclinique est de 4 à 10%
(augmentation avec l’âge).
2. Prise en charge
Evaluation
TSH élevée et FT4 normale : refaire un do-
sage après minimum 2 semaines et maximum
3 mois.
Si confirmation TSH élevée et FT4 normale :
évaluation des signes et symtpômes
d’hypothyroïdisme, rechercher une augmenta-
tion du volume de la glande thyroïde, voir le
contexte familial,…
Apporter une attention particulière aux femmes
enceintes et celles désireuses de grossesse.
La recherche d’anticorps anti-TPO permettra
d’identifier une origine auto-immune et identifie-
ra les patients à risque plus élevé de dévelop-
per un hypothyroïdisme franc.
Faut-il traiter ?
Il n’existe pas de valeur de TSH à laquelle une
action thérapeutique est indiquée ou contre-
indiquée.
Il n’y a pas d’étude montrant une diminution de
la morbidité/mortalité sous traitement.
TSH entre 4,5 et 10 µUI/mL : pas d’indication
de traitement mais contrôle à 6-12 mois.
Néanmoins, en cas de risque cardiovasculaire
élevé (dyslipidémie, tabagisme, diabète, pro-
blèmes cardiaques,…) ou de symptômes
d’hypothyroïdie, de goître, d’anticorps anti-TPO
positifs, de grossesse ou d’infertilité, le R/ est
envisageable avec un monitoring régulier de la
TSH/FT4.
TSH supérieure à 10 µUI/mL : le R/ par
lévothyroxine est raisonnable et peut prévenir
des manifestations et conséquences de
l’hypothyroïdisme.
Chez les patientes enceintes ou désireuses de
grossesse : faire le dosage de TSH si histoire
familiale/personnelle de pathologie thy-
roïdienne ou auto-immune, symptômes sug-
gestifs d’un goître ou d’une hypothyroïdie, dia-
bète de type 1,…Si la TSH est retrouvée
augmentée, le R/ est indiqué pour rétablir la
TSH. De plus, il est recommandé de contrôler
toutes les 6 à 8 semaines.
Et les conséquences cardio-
vasculaires ?
Plusieurs études ont mis en évidence des
atteintes diverses (augmentation de la résis-
tance vasculaire systémique, dysfonctionne-
ment diastolique, diminution de la fonction sys-
tolique,…) chez des patients hypothyroïdiens
qui peuvent contribuer à augmenter le risque
cardio-vasculaire chez ces patients.
Cependant, de nombreuses critiques existent
vis-à-vis de ces études (sélection des patients,
pas de classification en fonction de la TSH,…)
et donc la question reste encore sans véritable
réponse.
3. Facteurs influençant le
taux de TSH
Rythme circadien
Très bien documenté : taux + bas pendant la
journée avec un pic vers minuit (l’amplitude de
cette variation est faible mais peut aller jusqu’à
2µUI/mL). De plus, certaines études ont mon-
tré une diminution jusqu’à 50% entre 8h et
9h30 du matin.
Remarquablement reproductible chez un
même patient ( ! patients travaillant la nuit :
diminution et même parfois disparition du
rythme circadien).
Essayer de réaliser les prises de sang aux
mêmes moments chez le patient à jeûn.
Il existe aussi une variation saisonnière (plus
prononcée pour la FT3).
Variation intra-individuelle
Des dosages répétés chez un même patient se
dispersent autour d’une valeur individuelle
moyenne mais la variation peut aller jusqu’à
plus de 30% (et donc une TSH de 5 UI/mL
peut se retrouver à 3.5 ou à 6.5 UI/mL !)
Traitements
Traitement par lévothyroxine : recommander la
prise du médicament à jeûn (variation impor-
tante de la TSH lors de prises non à jeûn). ! si
prise le soir, les concentrations en hormones
seront plus élevées par rapport à une prise
matinale.
Plusieurs médicaments peuvent influencer les
taux de TSH : amiodarone, lithium, glucocorti-
coïdes, anti-convulsivants, interféron-α, sul-
fonylurées, sulfonamides,…
Les valeurs normales du laboratoire vont de 0,27 à
4,2 µUI/mL.
Certaines études suggèrent un abaissement de la
limite supérieure à 2,5 µUI/mL : taux de progres-
sion plus élevé vers l’hypothyroïdie franche et pré-
valence des Ac anti-TPO plus élevée quand la
TSH est supérieure à 2,5 µUI/mL.
La prévalence d’une TSH > à 4,5 µUI/mL aug-
mente avec l’âge suggérant ainsi une adaptation
du range des valeurs normales pour les per-
sonnes âgées (jusqu’à 6-7 µUI/mL ? – à suivre).
Les normes pour les enfants diffèrent de celles des
adultes : ! lors de l’interprétation des résultats.
Surks M. et al., Subclinical thyroid disease : Scientific
review and guidelines for diagnosis and management,
JAMA 2004 291(2):228-238.
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thyroid dysfunction, Endocrine Reviews 2008 29(1):76-
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