© amedes octobre 2013 Labinfo HYPOTHYROÏDIE SUBCLINIQUE Phn. Biol. Régis Debois (22/02/2011) 1. Introduction L’hypothyroïdie subclinique est, de par sa nature, un diagnostic de laboratoire. Les patients n’ont pas (ou peu) de symptômes relatifs à un dysfonctionnement thyroïdien. L’hypothyroïdie subclinique est dès lors définie par une TSH élevée (au-delà du range normal) (cfr encart) avec une FT4 normale. Les autres causes d’élévation de la TSH doivent être exclues : élévation transitoire de la TSH chez les patients hospitalisés, ajustement récent d’un dosage de lévothyroxine, thyroïdites, post-partum,… On considère que la prévalence de l’hypothyroïdie subclinique est de 4 à 10% (augmentation avec l’âge). 2. Prise en charge Evaluation TSH élevée et FT4 normale : refaire un dosage après minimum 2 semaines et maximum 3 mois. Si confirmation TSH élevée et FT4 normale : évaluation des signes et symtpômes d’hypothyroïdisme, rechercher une augmentation du volume de la glande thyroïde, voir le contexte familial,… Apporter une attention particulière aux femmes enceintes et celles désireuses de grossesse. La recherche d’anticorps anti-TPO permettra d’identifier une origine auto-immune et identifiera les patients à risque plus élevé de développer un hypothyroïdisme franc. Faut-il traiter ? Il n’existe pas de valeur de TSH à laquelle une action thérapeutique est indiquée ou contreindiquée. Il n’y a pas d’étude montrant une diminution de la morbidité/mortalité sous traitement. TSH entre 4,5 et 10 µUI/mL : pas d’indication de traitement mais contrôle à 6-12 mois. Néanmoins, en cas de risque cardiovasculaire élevé (dyslipidémie, tabagisme, diabète, problèmes cardiaques,…) ou de symptômes d’hypothyroïdie, de goître, d’anticorps anti-TPO positifs, de grossesse ou d’infertilité, le R/ est envisageable avec un monitoring régulier de la TSH/FT4. TSH supérieure à 10 µUI/mL : le R/ par lévothyroxine est raisonnable et peut prévenir des manifestations et conséquences de l’hypothyroïdisme. Chez les patientes enceintes ou désireuses de grossesse : faire le dosage de TSH si histoire familiale/personnelle de pathologie thyroïdienne ou auto-immune, symptômes suggestifs d’un goître ou d’une hypothyroïdie, diabète de type 1,…Si la TSH est retrouvée augmentée, le R/ est indiqué pour rétablir la TSH. De plus, il est recommandé de contrôler toutes les 6 à 8 semaines. Et les conséquences cardiovasculaires ? Plusieurs études ont mis en évidence des atteintes diverses (augmentation de la résistance vasculaire systémique, dysfonctionnement diastolique, diminution de la fonction systolique,…) chez des patients hypothyroïdiens qui peuvent contribuer à augmenter le risque cardio-vasculaire chez ces patients. Cependant, de nombreuses critiques existent vis-à-vis de ces études (sélection des patients, pas de classification en fonction de la TSH,…) et donc la question reste encore sans véritable réponse. 3. Facteurs influençant le taux de TSH Rythme circadien Très bien documenté : taux + bas pendant la journée avec un pic vers minuit (l’amplitude de cette variation est faible mais peut aller jusqu’à 2µUI/mL). De plus, certaines études ont montré une diminution jusqu’à 50% entre 8h et 9h30 du matin. Remarquablement reproductible chez un même patient ( ! patients travaillant la nuit : diminution et même parfois disparition du rythme circadien). Essayer de réaliser les prises de sang aux mêmes moments chez le patient à jeûn. Il existe aussi une variation saisonnière (plus prononcée pour la FT3). Laboratoire Luc Olivier | Tél. Laboratoire Luc Olivier Laboratoire Gamma Médic Laboratoire Labassos Laboratoire Vieux Mayeur Laboratoire Goffaux www.labo-amedes.be Variation intra-individuelle Des dosages répétés chez un même patient se dispersent autour d’une valeur individuelle moyenne mais la variation peut aller jusqu’à plus de 30% (et donc une TSH de 5 UI/mL peut se retrouver à 3.5 ou à 6.5 UI/mL !) Traitements Traitement par lévothyroxine : recommander la prise du médicament à jeûn (variation importante de la TSH lors de prises non à jeûn). ! si prise le soir, les concentrations en hormones seront plus élevées par rapport à une prise matinale. Plusieurs médicaments peuvent influencer les taux de TSH : amiodarone, lithium, glucocorticoïdes, anti-convulsivants, interféron-α, sulfonylurées, sulfonamides,… Valeurs normales de TSH Les valeurs normales du laboratoire vont de 0,27 à 4,2 µUI/mL. Certaines études suggèrent un abaissement de la limite supérieure à 2,5 µUI/mL : taux de progression plus élevé vers l’hypothyroïdie franche et prévalence des Ac anti-TPO plus élevée quand la TSH est supérieure à 2,5 µUI/mL. La prévalence d’une TSH > à 4,5 µUI/mL augmente avec l’âge suggérant ainsi une adaptation du range des valeurs normales pour les personnes âgées (jusqu’à 6-7 µUI/mL ? – à suivre). Les normes pour les enfants diffèrent de celles des adultes : ! lors de l’interprétation des résultats. Surks M. et al., Subclinical thyroid disease : Scientific review and guidelines for diagnosis and management, JAMA 2004 291(2):228-238. Biondi B. et al., The clinical significance of subclinical thyroid dysfunction, Endocrine Reviews 2008 29(1):76131