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Une normalisation par un spectre de référence correspondant au substrat seul ou par une fonction de
Bessel simulée numériquement permet de s’affranchir de ce facteur (voir figure 2.e et 2.f).
Les figures 2.c et 2.d montrent l’efficacité de la compensation en temps réel. En effet, les
absorptions importantes de l’environnement (vapeur d’eau et gaz carbonique) se produisant lors du
trajet du faisceau dans l’air ambiant non desséché et qui apparaissent sur les spectres simple faisceau
(figure 2.c), sont parfaitement compensées après le rapport des deux spectres (figure 2.d). Ainsi, après
normalisation, on ne distingue aucune des bandes de la vapeur d’eau dans le domaine situé entre 1750
et 1150 cm-1 où, pourtant elles sont très intenses (figure 2.e).
IV - Analyse qualitative
La sensibilité de la technique PM-IRRAS facilite considérablement l’analyse qualitative des
couches ultraminces. Elle permet l’identification chimique de la couche de surface par comparaison
avec des spectres connus ou la détection par analyse fonctionnelle des groupements spécifiques
caractéristiques de la structure d’un composé. L’intensité et la direction particulière des bandes sur les
spectres PM-IRRAS normalisés étant gouvernées par des règles de sélection de surface reliées à
l’orientation des moments de transition associés, on peut interpréter également les spectres en terme
d’orientation, de conformation et d’ordre structural des molécules à la surface. En effet, en utilisant la
règle de sélection de surface dépendante de la nature du substrat et en comparant les intensités
relatives des bandes sur les spectres PM-IRRAS normalisés de la couche et d’absorbance infrarouge
de l’échantillon massique correspondant, on peut déterminer l’orientation des moments de transition
par rapport à la surface et remonter à celle des molécules.
Il faut noter cependant que l’analyse quantitative des intensités observées est bien moins
directe que celle de la spectroscopie infrarouge conventionnelle.
V - Applications
La technique PM-IRRAS peut être utilisée dans de nombreux secteurs industriels tels que la
micro-électronique, l'optique, la micro-informatique, le bâtiment, la métallurgie, l'aéronautique,
l'automobile, les biotechnologies...
Les quelques exemples qui suivent sont destinés à donner un aperçu non exhaustif des possibilités et
des performances offertes par cette méthode d'analyse.
· Couches minces organiques ou inorganiques déposées sur des substrats diélectriques (CaF2,
BaF2...), semiconducteurs (Si, Ge, ZnSe...) ou métalliques (miroir d'or, aluminium, argent...) :
polymères (étude du polyoxyéthylène déposé en couche mince de 100 Å d'épaisseur sur un
substrat d'aluminium, par exemple), cristaux liquides, oxydes...
· Molécules adsorbées sur des surfaces métalliques (étude de la géométrie des espèces
adsorbées et de la nature des interactions avec la surface).
· Génie moléculaire - Caractérisation in-situ de films ultraminces (épaisseur : 1-20 nm) :
films Langmuir, films Langmuir-Blodgett (étude à l'échelle moléculaire de l'organisation de
films monomoléculaires de cristaux liquides ferroélectriques épandus à la surface de l'eau et
transférés sur un miroir d'or, d'acides gras déposés sur divers types de substrats) ; systèmes
biologiques quasi-bidimensionnels (étude de l'organisation de phospholipides, peptides,
polypeptides ou protéines cytotoxiques et de films mixtes peptides/phospholipides dans des
membranes biologiques modèles, contrôle de l'hydrolyse de monocouches de phospholipide à
l'interface air/eau par la phospholipase...) ; films polymériques (détermination de l'orientation
moléculaire d'une monocouche de (dodecyl)cellulose à l'interface air/eau).