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Dossier
L’
étude des Mutualités Libres propose une analyse
de la concentration des dépenses de soins de
santé remboursées par l’assurance maladie en
2010. Une attention particulière a été portée aux grands
utilisateurs de soins de santé (10% de la population
qui consomment le plus1) en fonction de leur profil de
pathologies. Les données des affiliés aux Mutualités
Libres ont ainsi été attentivement examinées.
Classification des pathologies
8,8% des Belges n’engendrent aucune dépense de
soins de santé remboursable en 2010. Mais 10%
induisent 72% des dépenses en soins de santé rem-
boursées. A contrario, il faut souligner que 80% de la
population n’est responsable que de 16% des rem-
boursements en soins de santé.
Comment expliquer une telle concentration des
dépenses de soins de santé ? La littérature inter-
nationale démontre que cette concentration est un
phénomène généralisé et non spécifique à la Belgique.
Afin d’aller plus loin dans l’analyse et pour expliquer
cette constatation, le service Etudes des Mutualités
Libres a cartographié les affiliés en fonction de grandes
affections chroniques2. Les dépenses calculées par
maladie chronique représentent toutes les dépenses
des individus souffrant au moins de la pathologie et pas
seulement les dépenses liées à celle-ci.
Les facteurs de concentration
Après cartographie des différentes affections, il a été
possible d’identifier précisément trois éléments à la
source des fortes dépenses en soins de santé rembour-
sées. Ces trois éléments sont le fait d’être atteint d’une
maladie chronique, d’en avoir plus d’une (comorbidités)
et enfin de devoir être hospitalisé (sans qu’il y ait forcé-
ment un lien avec les deux éléments précédents).
1/ Souffrir d’une maladie chronique fréquente
23 pathologies chroniques ont été sélectionnées pour
l’étude. 23,3% de la population étudiée par les Mutua-
lités Libres souffre au moins d’une de ces affections
chroniques, soit 457.930 patients. Ensemble, les
patients malades chroniques induisent 64,3% des
dépenses en soins de santé (soit 2,3 milliards d’euros
sur un total de 3,6 milliards d’euros).
Tableau 1
Proportion de personnes touchées par une maladie chronique (N)
et leur part de dépenses de soins de santé dans le sous-groupe
des grands consommateurs (10%) et la population totale (en 2010)
10% Population t o t .
Dépenses NDépenses N
Dépression 21,4% 17,8% 17,7% 5,1%
Affection cardiovasc. : mal. cardiaque 13,9% 10,9% 10,8% 2,1%
BPCO 9,8% 8,3% 8,0% 2,0%
Asthme 2,4% 2,8% 2,6% 1,7%
Mucoviscidose 0,2% 0,1% 0,1% 0,0%
Diabète avec insuline 6,0% 5,6% 4,7% 0,9%
Diabète sans insuline 7,2% 7,4% 6,6% 2,7%
Maladie pancréatique exoc. 0,2% 0,2% 0,2% 0,0%
Psoriasis 0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
Arthrite rhumat. ou psorias.,
maladie de Crohn, colite ulcér. 1,6% 1,5% 1,3% 0,3%
Psychose (<=70 ans) 4,8% 3,4% 3,8% 0,7%
Psychose (>70 ans) 2,1% 1,4% 1,5% 0,2%
Parkinson 2,9% 2,2% 2,1% 0,3%
Epilepsie 5,8% 4,5% 4,5% 0,9%
VIH 0,8% 0,6% 0,6% 0,1%
Hépatite B et C chron. 0,1% 0,0% 0,0% 0,0%
Sclérose en plaques 0,5% 0,5% 0,4% 0,0%
Transpl. d'organe 0,5% 0,3% 0,4% 0,0%
Alzheimer 2,7% 2,1% 2,0% 0,3%
Insuffisance rénale chron. 3,5% 0,9% 2,5% 0,1%
Santé mentale 7,7% 3,2% 5,5% 0,4%
Maladie rare 3,1% 0,8% 2,2% 0,1%
Hypertension 50,3% 45,8% 43,5% 16,2%
Total : malades chroniques 74,7% 65,1% 64,3% 23,3%
10% des Belges concentrent à eux seuls 72% des dépenses de soins de santé !
Un phénomène qui n’est pas propre à notre pays et déjà mis en avant dans de
nombreuses études internationales. Les Mutualités Libres ont voulu aller plus
loin en identifiant les sources des plus grosses dépenses. Conclusions : maladies
chroniques, comorbidités et hospitalisations devraient faire partie des priorités
de santé publique.
facteurs de concentration
des dépenses de soins de santé
Etude
3
1. Parmi le groupe des 10% de plus grands utilisateurs, les sous-groupes des 1% et 5% ont également été analysés en détail.
Dans le cadre de cet article, seul le groupe des 10% est mentionné.
2. Plus d’infos sur la méthodologie en fin d’article