Prescription de TEP-18FDG devant une élévation isolée d`un

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La synergie entre les marqueurs tumoraux
et la TEP-18FDG prend tout son sens dans
le suivi post-opératoire et/ou chimio-thé-
rapeutique et/ou radio-thérapeutique des
cancers dans le cadre de la recherche de
la maladie occulte (tableau). Elle permet
aussi de sélectionner des patients pour
la TEP-18FDG en réduisant le risque de
faux négatifs. L’étude rétrospective de
Pecking et al.(1) sur 411 patients traités
pour un cancer primaire et suivis au cen-
tre René Huguenin montre une sensibilité
globale de la TEP de 96,5 % quand elle
est prescrite sur une élévation isolée des
marqueurs tumoraux. L’étude d’Israël et
al.(2) montre que la TEP, avec une sensi-
bilité de 93 % et une spécificité de 67 %,
a induit un changement dans la prise
en charge thérapeutique chez 33 % des
patients dont la suspicion de récurrence
n’était mise en évidence que par une élé-
vation des marqueurs. De nombreuses
autres études concordantes ont déjà été
réalisées dans les cancers colorectaux,
du sein et de l’ovaire.
TEP-18FDG
et cancer colorectal
C’est dans cette localisation que l’utilisa-
tion de l’ACE est la mieux codifiée. Les
Standards Options et Recommandations
(SOR), recommandations pour la pra-
tique clinique en cancérologie diges-
tive, ont fait apparaître, depuis février
2002, l’ACE comme standard (niveau de
preuve B2, c’est à dire preuves de qualité
correcte reposant sur des études rétros-
pectives ou prospectives cohérentes)
pour le diagnostic de récidive(3). Une
étude récente(4) a même corrélé la valeur
de l’ACE circulant au volume tumoral
métabolique mesuré par TEP-18FDG chez
MARQUEURS TUMORAUXMARQUEURS TUMORAUX
Prescription de TEP-18FDG
devant une élévation isolée
d’un marqueur tumoral
Pierre-Jean Lamy(1),
Frédéric Comte(2),
Marie-Claude Eberlé-Pouzeratte(3)
Nous remercions les Éditions John Libbey
Eurotext et les auteurs montpelliérains
de nous permettre de reproduire dans
10 000 BIO cet article de synthèse. Dans la
première partie était abordée l’évolution du
concept de marqueur tumoral, la cinétique
des marqueurs tumoraux et la place de la
TEP-18FDG en cancérologie. Dans la seconde
partie sont présentés trois exemples de cette
synergie d’exploration paraclinique : cancers
colorectaux, du sein et de l’ovaire.
(1) Laboratoire de biologie spécialisée, Centre
régional de lutte contre le cancer, Val d’Aurelle-Paul
Lamarque. 34298 Montpellier cedex 5.
(2) Service de médecine nucléaire,
Hôpital Gui de Chauliac, 34000 Montpellier.
(3) Service de médecine nucléaire, CRLC
Val d’Aurelle-Paul Lamarque. Dans la première partie de ce dossier
consacré aux marqueurs biologiques tumoraux
publié dans le 10 000 BIO précédent (n°74),
les auteurs ont exposé l’évolution du concept
de « marqueur tumoral » et leur regain d’intérêt suscité
par l’arrivée du PET scan. La deuxième partie
qui suit sera principalement consacrée à l’association
synergique biologie/ médecine nucléaire déclinée
à trois cancers (colorectal, sein, ovaire).
Deuxième partie de « Apport combiné des marqueurs tumoraux
et de la Tomographie par TEP-18FDG dans le suivi des cancers »
Bull Cancer. 2005 Oct 1;92(10):858-64
Cancer du sein : cellules tumorales
(microscopie par fluorescence).
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des patients en récidive. Mais le débat
reste vif sur l’utilité du dosage de l’ACE
en routine car il se heurte souvent à la
non confirmation par l’imagerie conven-
tionnelle. Depuis plusieurs années, des
études concordantes ont montré que
le dosage de l’ACE était un bon indica-
teur pour la prescription de TEP. Dans
une étude datant de 1998, Flanagan
et al.(5) montrent que, chez 22 patients
présentant une élévation anormale et
isolée de l’ACE (entre 10 et 45 ng/ml), la
TEP-18FDG était anormale dans 17 cas.
La confirmation du diagnostic obtenu
par le suivi clinique ou l’analyse d’échan-
tillons tissulaires a permis de déterminer
une valeur prédictive positive (VPP) de
la TEP de 88 % et une valeur prédictive
négative (VPN) de 100 %. Sur un nom-
bre plus important de patients, Flamen
et al.(6), confirment ces résultats fondés
sur des analyses de patients. Zervos
et al.(7) signalent le rôle important de
l’ACE : ils affirment que la TEP-18FDG
doit être prescrite avec précaution chez
les patients symptomatiques sans image
radiologique et sans élévation de l’ACE.
En effet, sur 4 patients avec un ACE nor-
mal et une TEP positive, 3 se sont révélés
être des faux positifs. Ils conseillent pour
ces derniers un suivi renforcé par l’ACE
et de réserver la TEP lors d’une variation
de l’expression du marqueur.
Dans leur étude, Maldonado et al.(8),
montrent que la TEP, avec une sensibi-
lité et une spécificité de respectivement
94 et 83 %, avait induit un changement
thérapeutique pour 68 des 72 patients
suivis. Simo et al.(9) montrent que 48 %
des patients ont subi une modification
importante de leur traitement sans pour
autant conclure sur un éventuel bénéfice
de ces adaptations thérapeutiques. C’est
probable quand on sait que 60 à 90 %
des patients avec une élévation isolée
de l’ACE présentent des récurrences
à la laparotomie et que 50 % d’entre
eux pourraient bénéficier d’une chirur-
gie efficace (survie à 5 ans de 40 %).
Or, la TEP-18FDG confirme dans 90 %
des cas le diagnostic par laparotomie
de patients pouvant bénéficier d’une
résection chirurgicale(10). Contrairement à
l’immuno-scintigraphie anti-ACE, la TEP
est donc une alternative pour améliorer
la détection de la maladie occulte, la
localisation des lésions et le choix de
la thérapeutique. En présence d’une
multifocalité, le choix de la chirurgie
devant être tempéré.
TEP-18FGD
et cancer du sein
La TEP-18FDG a démontré sa capacité de
détection des tumeurs mammaires avec
une résolution avoisinant les 5 mm. Mais
le diagnostic n’est pas l’indication premiè-
re dans cette localisation. Létude d’Avril
et al.(11) en montre les limites, notamment
pour les petites tumeurs (T1) et les can-
cers intra-lobulaires qui sont moins bien
détectés que les cancers invasifs intra-
canalaires. La ques-
tion de savoir si la TEP
peut mieux faire que la
scintigraphie est à met-
tre en parallèle avec le
fait que les techniques
d’imageries sont en forte
concurrence en patholo-
gie mammaire : la mam-
mographie reste l’examen de choix, alors
que l’on peut utiliser aussi l’échographie
et que lasonance magnétique nucléaire
(RMN), encore sous évaluation, est pro-
metteuse(12). La TEP permet dans certains
cas la détection des métastases ganglion-
naires, mais ne permet pas de remplacer
la recherche du ganglion sentinelle par
lymphoscintigraphie/biospie(13).
Selon les SOR, la TEP peut être proposée
en cas de suspicion de récidives locales
ou métastatiques. Dans cette indication,
elle a montré dans plusieurs études(14-16)
des résultats concordants en termes de
sensibilité et de spécificité (respective-
ment de 92 à 96 % et de 75 à 90 %) qui
font conclure à la validité de l’exploration
pratiquée devant une élévation du mar-
queur sérique CA 15.3. Tous les auteurs
précisent que l’utilisation d’un marqueur
tumoral améliore les résultats de la TEP.
Le CA 15.3 et l’ACE sont les marqueurs
de choix dans le suivi des cancers
mammaires. Le CA 15.3 est un anti-
gène de différenciation de l’épithélium
mammaire, produit du gène MUC 1, dont
les valeurs usuelles chez le sujet sain
sont inférieures à 25-30 U/mL. LANAES
(Agence Nationale d’Accréditation et
d’Evaluation en Santé), évaluant l’apport
du CA 15.3 dans la recherche des récur-
rences, rendait en 1999 un rapport aux
conclusions défavorables à son utilisation
en routine(17). Pourtant, les résultats cités
montrent une valeur prédictive positive
du CA 15.3 variant entre 81 et 91 % avec
une spécificité supérieure à 75 %, valeurs
supérieures à de nombreux examens
diagnostiques utilisés en cancérologie.
On comprend d’autant moins la sévérité
de ce jugement à la lecture de certaines
conclusions du rapport. Il est en effet
montré que le délai
moyen entre l’augmen-
tation de la valeur du
CA 15.3 au-dessus du
seuil et la confirmation
clinico-radiologique
de la rechute était
compris entre 3 et 14
mois. De plus les résul-
tats préliminaires de trois études(18, 19, 20)
montrent un retard de survenue des
métastases cliniques et une augmenta-
tion de la durée de survie chez les patien-
tes traitées dès l’ascension d’un des deux
marqueurs CA 15.3 et/ou ACE. Ces
résultats préliminaires sont restés sans
suite mais devraient aujourd’hui pou-
voir être confirmés par une large étude
incluant la TEP. Alors que c’est la ciné-
tique d’augmentation du CA 15.3 qui
doit être prise en compte pour la recher-
che de métastases, la prescription de
TEP-18FDG devant une élévation du
marqueur, fut-elle faible voire inférieure
au seuil, devrait permettre une meilleure
prise en charge des patientes à risque de
métastases, amélioration évaluable par
une augmentation de la survie globale.
MARQUEURS TUMORAUXMARQUEURS TUMORAUX
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TEP-18FGD
et cancer de l’ovaire
Le cancer de l’ovaire est un cancer
particulièrement redoutable avec plus de
75 % des cas diagnostiqués à un stade
avancé. Malgré le taux de réponse initial
élevé, la survie sans échec reste faible
(< 30 % à 5 ans). Dans cette localisation,
la TEP se révèle être un examen haute-
ment spécifique(21, 22, 23).
Le CA 125, produit du gène MUC-16,
est le marqueur biologique de choix pour
détecter les métastases ovariennes. Ce
marqueur, de la famille des mucines, n’est
pas exprimé par l’ovaire normal. Devant
une masse pelvienne, une valeur normale
de CA 125 permet d’éliminer presque
totalement un cancer ovarien non muci-
neux ; 95 % des patientes présentant un
cancer de l’ovaire cliniquement évident
ont des taux élevés du CA 125 (supé-
rieurs à 30-35 U/ml). Ce marqueur est
en revanche exprimé dans les tissus qui
dérivent des épithéliums coelomiques
(péricarde, plèvre, péritoine, épithélium
mullérien). Une valeur élevée, non spé-
cifique, peut donc se rencontrer dans de
nombreuses affections gynécologiques
dont l’endométriose, dans les épanche-
ments péritonéaux et pleuraux de toute
origine et dans les hépatopathies.
L’intérêt essentiel du dosage est d’appré-
cier l’efficacité du traitement médical ou
chirurgical d’un cancer ovarien, le taux
sérique de CA 125 évoluant en fonction
de la masse de tissu tumoral.
Son élévation au-delà du seuil de 35 U/
ml est bien corrélée à la TEP. Dans une
étude récente, Mentzel et al.(24) montrent
que les patientes avec une TEP normale
ont des taux de CA 125 en moyenne de
13 contre 167 pour les patientes TEP
positives. Dans cette étude, seule une
patiente avait une TEP positive avec un
CA 125 inférieur au seuil de 30 U/ml. Les
auteurs concluent qu’une élévation du
CA 125 au-delà du seuil est une indication
majeure de TEP-18FDG. La méta-analyse
de Havrilesky et al.(25) sur la place de la
TEP dans les cancers ovariens, réalisée à
partir de dix publications dont trois(22, 26, 27)
portaient sur l’indication de TEP après
élévation isolée du CA 125, confirme
ce résultat. Les auteurs montrent que,
lors d’une élévation de CA 125 avec
une imagerie conventionnelle négative,
la sensibilité et la spécificité de la TEP
pour la détection des récurrences sont
globalement de 0.96 (0.88-0.99) et 0.80
(0.44-0.97) respectivement, concluant
ainsi à l’intérêt de la TEP dans cette
indication.
Marqueurs tumoraux
et TEP-18FDG :
une association
synergique pour la
recherche de métastases
La détection de la « maladie occulte »
dans les cancers colorectaux, mammaires
et ovariens est améliorée par la très gran-
de sensibilité de la TEP au 18FDG, alors
que les autres techniques d’imageries ne
localisent pas encore le foyer de récidive.
MARQUEURS TUMORAUXMARQUEURS TUMORAUX
RÉF. Marqueur tumoral Effectifs Sensibilité
(%)
Spécificité
(%) VPP (%) VPN (%)
(2) ACE CA 19.9
CA 15.3 CA 125 411 96 25 50 87
(3)
ACE CA 19.9
CA 15.3 CA 125
PSA Thyroglobuline
MCA
36 93 67 93 67
(4) ACE 22 100 71 88 100
(5) ACE 50 79 43 89 25
(7)* ACE 15 NC NC 93 NC
(8) ACE 72 94 83 97 83
(9) ACE 58 92 100 100 87
(10) ACE 28 89 50 96 25
(14) CA 15.3 119 94 60 96 46
(15) CA 15.3 ACE 30 96 33 93 50
(16) CA 15.3 ACE 38 92 75 89 82
(21) CA 125 24 91 92
(22) CA 125 28 95 87 95 87
(23) CA 125 19 100 90
(25) CA 125 90 96 80
Tableau : Performance de la TEP-18FDG dans la détection de la récidive
suspectée par une élévation isolée des marqueurs tumoraux.
VPP : valeur prédictive positive / VPN : valeur prédictive négative
* absence de suivi des TEP négatives / NC : non calculable
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Les marqueurs tumoraux, dont l’indica-
tion essentielle est le suivi post théra-
peutique des tumeurs primaires peuvent
permettre un examen précocement posi-
tif et très fiable lorsqu’ils sont utilisés
de façon judicieuse. Ils sont par ailleurs
simples à utiliser, peu invasifs et peu
onéreux. Le coût d’un marqueur tumo-
ral est inférieur à 19 euros. L’élévation
isolée d’un marqueur tumoral semble
confirmer dans de nombreux cancers
l’utilité d’un examen par TEP-18FDG. En
augmentant la spécificité de l’exploration,
les marqueurs tumoraux devraient per-
mettre une meilleure prescription de la
TEP à condition de disposer d’un seuil de
différenciation fiable, faisant concorder le
diagnostic de récidive biochimique avec
la mise en évidence de la maladie métas-
tatique. Pour cela, la connaissance du
taux initial du marqueur, ainsi qu’un suivi
régulier, par la même technique dans un
même laboratoire, s’avèrent indispensa-
bles. Néanmoins, la TEP, même couplée
aux marqueurs tumoraux n’aura d’intérêt
que si elle induit des conduites thérapeu-
tiques nouvelles. Il faudra alors évaluer le
bénéfice de l’avance au diagnostic pour
le patient. Cela ne pourra être validé que
sur la base d’études dédiées incluant
d’emblée un suivi par les marqueurs
tumoraux et la TEP.
Contact Roche Diagnostics :
frederic.eberle@roche.com
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