PATHOLOGIE THYROIDIENNE
I) INTRODUCTION
La médecine nucléaire offre deux champs d'application en matière de pathologie thyroïdienne
chez l'enfant:
- diagnostique: réalisation de scintigraphies thyroïdiennes notamment dans le cadre
de l'hypothyroïdie, du nodule thyroïdien, du goitre et de l'hyperthyroïdie. La scintigraphie
thyroïdienne est le plus souvent réalisée au 99mTc.
Les dosages radioimmunologiques des hormones thyroïdiennes et de la thyroglobuline (Tg),
occupent une place importante dans les dysthyroïdies et les cancers différenciés de la glande
thyroïde.
- thérapeutique: l'131I constitue un outil thérapeutique important dans le cadre des
cancers thyroïdiens différenciés.
L'utilisation de l'131I dans le traitement de l'hyperthyroïdie est controversée en raison du risque
potentiel de néoplasies secondaires ou d'anomalies génétiques dans la descendance.
II) METHODOLOGIE DE LA SCINTIGRAPHIE THYROIDIENNE
Avant de réaliser la scintigraphie thyroïdienne, il convient de vérifier:
- que l'enfant ne prend pas d'opothérapie substitutive, au cours de laquelle la
scintigraphie n'est pas réalisable en raison de la freination de la TSH, à l'origine d'une fixation
thyroïdienne très faible observée avec tous les radiotraceurs.
La période biologique de la thyroxine étant de sept à huit jours, un arrêt d'au moins quatre
semaines est nécessaire pour réaliser une stimulation endogène de la fixation thyroïdienne.
- qu'il n'existe pas de saturation iodée: la dilution du radiotraceur dans le pool des
iodures stables, réduit considérablement la fixation thyroïdienne; la scintigraphie ne devient
interprétable qu'après régression de la saturation, qui se fait au bout d'un délai variable en fonction
de la nature de l'agent responsable.
A) RADIOTRACEURS
Plusieurs radiotraceurs peuvent être utilisés pour réaliser une scintigraphie thyroïdienne.
1) L'123I: il constitue le radiotraceur idéal dans l'exploration de l'hypothyroïdie de
l'enfant, en raison de son caractère physiologique, de son irradiation thyroïdienne faible et de
l'énergie de son émission bien adaptée à la détection par les gamma-caméras; cependant, ce radio-
isotope produit du cyclotron a un coût très élevé ce qui limite son utilisation.
2) L'131I: il n'est pratiquement jamais utilisé à visée diagnostique, en raison de son
émission β- et de sa période physique de 8 jours, à l'origine d'une irradiation thyroïdienne 50 à 100
fois supérieure à celle de l'123I.
3) Le 99mTc: il est employé sous forme d'anion pertechnétate (TcO4-); il constitue
le radiotraceur le plus utilisé du fait de sa disponibilité à partir de générateurs, de son faible coût et
d'une dosimètrie favorable (émission gamma pure de période physique de 6 heures).
Cet ion n'est pas physiologique, il est capté par la glande thyroïde en raison de son analogie
structurale avec les iodures; il n'est pas organifié et ne rentre pas dans la chaîne de synthèse des
hormones thyroïdiennes. La fixation thyroïdienne du pertechnétate est faible, représentant 1 à 3%