Attention et fonctionnement exécutif. L’attention est un domaine de
la cognition qui implique de se concentrer sur certains aspects de l’envi-
ronnement. Le fonctionnement exécutif est un domaine de la cognition
qui inclut des processus, tels que la mémoire de travail, la planification,
l’inhibition, la souplesse mentale et le contrôle des actions7. Les outils de
mesure fréquemment utilisés dans ce domaine incluent : le test des
tracés (Trail Making Test), le test de performance continue de Conner
(Conner’s Continuous Performance Test), le test de classement de cartes
du Wisconsin (Wisconsin Card Scoring Test), le test des mots en couleurs
de Stroop (Stroop Color-Word Test), le test de la tour de Londres (Tower
of London), la fluence verbale (Verbal Fluency) et la fluence figurale de
Ruff (Ruff Figural Fluency).
La mémoire est le processus par lequel l’information est encodée,
stockée et récupérée. Elle est évaluée dans les domaines verbaux et
visuels. Les outils d’évaluation incluent l’échelle de mémoire de
Wechsler-Quatrième édition (Wechsler Memory Scale-Fourth Edition), le
test d’apprentissage verbal d’une liste (Verbal List Learning Task) (p. ex.
le test d’apprentissage audio-verbal de Rey (Rey Auditory Verbal Learning
Test), le test d’apprentissage verbal de Hopkins-R (Hopkins Verbal
Learning Test-R), le test d’apprentissage verbal de Californie-II
(California Verbal Learning Test-II) et le test de la figure complexe de
Rey-Osterrieth (Rey-Osterrieth Complex Figure).
Limites des tests neuropsychologiques
Bien que les tests neuropsychologiques aient de nombreux avan-
tages, il convient de signaler qu’ils ont certaines limites. Tout d’abord, la
plupart des tests neuropsychologiques ne mesure pas un seul domaine
cognitif et peuvent donc ne pas mesurer une atteinte spécifique. Par
exemple, bien que le test des tracés, partie B soit fréquemment considéré
comme une mesure du changement de tâches, il mesure également l’at-
tention visuelle, la vitesse de traitement et la mémoire de travail parmi
d’autres processus. Par conséquent, les problèmes dans la réalisation de
ces tâches peuvent être représentatifs d’une atteinte généralisée qui est
souvent présente dans les échantillons psychiatriques plutôt que d’une
atteinte spécifique. Deuxièmement, les échantillons normatifs utilisés à
titre de comparaison pour nombre de ces tests peuvent différer large-
ment quant aux individus inclus dans l’échantillon et la représentativité
de l’échantillon. Enfin, les différences dans la motivation entre les sujets
présentant une atteinte et les sujets dans l’échantillon normatif pour-
raient également expliquer les différences dans les scores. Pour éviter
certaines de ces lacunes, les chercheurs utilisent souvent des tâches
cognitives qui ont été développées expérimentalement pour exploiter un
processus spécifique en faisant en sorte qu’elles aient le même niveau de
difficulté dans les conditions expérimentales et de contrôle. Par exemple,
les initiatives intitulées Cognitive Neuroscience Treatment Research to
Improve Cognition in Schizophrenia (CNTRICS; http://cntrics.ucdavis.
edu/index.shtml) et Cognitive Neuroscience Test Reliability And Clinical
applications for Schizophrenia (CNTRACS; http://cntrics.ucdavis.
edu/publications.shtml) ont été compilées pour être utilisées dans la
recherche translationnelle en vue d’améliorer l’issue chez les patients
atteints de schizophrénie. Certaines des tâches recommandées pour la
recherche sur la schizophrénie peuvent également être appropriées pour
les troubles de l’humeur.
Revue de la cognition dans le trouble dépressif majeur
(TDM) et le trouble bipolaire (TB)
Au cours de ces dernières années, une série de méta-analyses ont
examiné les atteintes cognitives associées au TDM et au TB. Celles-ci
sont brièvement examinées.
Revue des atteintes cognitives dans le TDM
Premier épisode de TDM vs les témoins et épisode récurrent de TDM8.
Une analyse combinée de 15 échantillons indépendants (N = 644
patients ; âge moyen 39,4 ans) a révélé des déficits significatifs au niveau
de la vitesse psychomotrice, de l’attention, de l’apprentissage et de la
mémoire visuelle, du changement de tâches, de la fluence verbale, de la
souplesse cognitive comparativement aux témoins chez des patients
présentant un premier épisode de TDM. La mémoire de travail et l’ap-
prentissage et la mémoire verbaux n’étaient pas différents entre les
groupes (Figure 1). Cette méta-analyse a également démontré que les
troubles du fonctionnement exécutif ne sont pas associés à la sévérité de
la maladie et peuvent donc représenter le marqueur d’un trait du TDM.
En revanche, la vitesse psychomotrice, l’apprentissage et la mémoire
visuels et verbaux et la mémoire de travail étaient associés aux mesures
de la sévérité de la maladie, tels que l’état thymique et l’hospitalisation.
De plus, les troubles neuropsychologiques n’étaient pas plus sévères chez
les patients présentant un épisode récurrent de TDM que chez les
patients qui présentaient un premier épisode.
Sévérité du TDM. Dans leur revue de 14 études9, les auteurs ont
constaté que la performance dans la réalisation de tâches faisant appel à
la mémoire verbale, au fonctionnement exécutif et à la vitesse de traite-
ment, mais non à la fluence sémantique ou à la mémoire visuo-spatiale
était négativement associée à la sévérité accrue de la maladie.
TDM avec psychose vs TDM sans psychose10. Comme le révèlent les
5 études (N = 325 ; 150 patients atteints de TDM sans psychose, 175
atteints de TDM avec psychose), la présence de symptômes psychotiques
était associée à une atteinte plus marquée au niveau des tâches visuo-
spatiales, de l’attention/la mémoire de travail, de la vitesse/dextérité
psychomotrice, du fonctionnement exécutif et de la mémoire compara-
tivement aux patients ne présentant pas de psychose.
Revue des atteintes cognitives dans le trouble bipolaire
Les patients atteints de TB euthymique vs les témoins. Plusieurs méta-
analyses ont examiné les atteintes cognitives chez des patients
Étude de cas (suite)
Le neuropsychologue commence par réaliser un entretien auprès de la
patiente, recueillant des informations sur ses antécédents personnels
et familiaux de troubles psychiatriques et médicaux, son environ-
nement social et sa formation et l’historique de son développement. La
patiente rapporte qu’elle a présenté son premier épisode dépressif il y
a environ 10 ans, qui a été suivi de 4 autres épisodes dépressifs et de
2 épisodes maniaques. Elle signale qu’elle est sous lithium et que
le médicament est efficace. Elle ne répond pas aux critères
d’un épisode dépressif, maniaque ou mixte. La patiente rapporte
également que la peur de prendre du retard dans son travail et le juge-
ment perçu de son superviseur lui causent une forte anxiété. De plus,
elle indique qu’elle a arrêté son programme d’exercice régulier depuis
le début de son épisode dépressif. Les observations comportementales
suggèrent que son humeur est euthymique, bien que son affect soit
quelque peu émoussé.
La patiente est coopérative pour tous les tests et effectue toutes les tâches
qu’on lui présente. Une batterie complète de tests est sélectionnée, incluant 4
sous-tests de WAIS-IV mesurant le vocabulaire, la mémoire de travail, la
vitesse de traitement et le raisonnement perceptuel ; des tests de fonction-
nement attentionnel et exécutif et des tests de mémoire visuelle et verbale.
De plus, pour mesurer ses symptômes thymiques actuels, la patiente a rempli
un questionnaire d’autoévaluation comprenant des mesures évaluant la
dépression et l’anxiété actuelles. Conformément au rapport de la patiente,
ses scores se situent dans la gamme faible-moyenne des mesures de l’atten-
tion et du fonctionnement exécutif, de la mémoire, du langage et de la
perception, de la mémoire de travail, de la vitesse de traitement et du raison-
nement perceptuel comparativement aux pairs du même âge et du même
niveau scolaire. L’intelligence verbale se situe dans la gamme moyenne
élevée. Les scores de dépression se situent dans la gamme moyenne inférieure
et les scores d’anxiété se situent dans la gamme moyenne.