Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 2 – Février 2009
L’histoire comme enjeu identitaire
La seconde partie du texte traite de l'histoire comme enjeu identitaire. Effectivement, on
s'aperçoit que dans la recherche de légitimité institutionnelle le recours à « l'histoire » est
permanent. D'après P. Parlebas (« l'EP en miettes », 1967), les oppositions entre les
différentes méthodes classiques (naturelle, sportive et gymnastique de maintien) n'ont plus
lieu d'être, et il prône une orientation vers un « enrichissement psychomoteur ». Parlebas
affirme aussi que l'éducation physique place l'enfant au centre de l'éducation avec 50 ans de
retard : « I'EP accomplit sa révolution copernicienne avec un demi-siècle de retard ». Ce
texte participe à l'histoire de l'EPS car la « révolution copernicienne » est considérée comme
un « fait historique ». Parlebas va plus loin dans un second texte de 1986, dans lequel il
expose sa conception de l'EP, il propose de fonder une « science de l'action motrice » censée
instaurer l'indépendance de la discipline dans le champ scolaire et scientifique. On peut noter
que les débats et les contestations sont toujours présents, comme le démontre Vigarello qui
conteste les positions de Parlebas trop formelles et dogmatiques.
Du côté de la didactique des APS (productions de l'académie de Lyon autour de P.
Goirand ) et du recours aux sports comme « pratiques sociales de référence », deux niveaux
historiques sont mis en évidence. Le premier, inspiré du courant marxiste dans les années 60
accorde une grande importance aux sports et à la recherche de performance ; même si l'EP
doit se singulariser du sport, elle ne peut prétendre fonder une « science de l'action motrice ».
Le second est plus sûr une perspective didactique. En effet, on note une évolution des
APS par rapport à la « technique » ou aux représentations de l'efficacité des élèves en cours
d'apprentissage (stratégies, techniques, règlements du jeu ...). On s'oriente, ici, vers l'histoire
des sports au service de la didactique des APS.
Conceptions et pratiques : des relations problématiques
Mais il est difficile, voire impossible d'adopter un point de vue objectif sur la question
de l'identité de la discipline dans les périodes récentes. Effectivement la plupart des historiens
sont aussi des enseignants d'EPS, et donc les données et les analyses sont susceptibles d'être
interprétées dans une perspective partisane ou polémique par l'auteur lui-même ou par des
acteurs du champ. Cependant, d'autres approches peuvent servir certaines conceptions de l'EP.
En exemple, Ulmann apporte une réflexion de haute qualité à un moment ou l'EP, en
distinguant ses objectifs de ceux du sport, affirmait son identité en tant que discipline
d'enseignement. On peut lire en filigrane que l'EP était en crise d'identité auparavant comme
le pense B.During qui, lui aussi, prône une « science de l'action motrice » pour aboutir à la
construction d'un « objet ». Les partisans de la conduite motrice semblent occuper une place
dominante aujourd'hui.
I1 faudrait faire une « histoire des histoires » ( B.X. René) pour comprendre ce qui
était pensable à l'époque et à qui était destinée la production.
Dans cette partie Clément va évoquer les différents points de vue pour les débats de
conceptions et leurs relations avec les « pratiques ».
Dans un premier temps, Clément distingue, dans les débats de conceptions, les
théoriciens qui veulent convaincre les praticiens de la validité de leur démarche grâce à
l'argumentation. Pour les théoriciens, les idées comptent plus que le geste. Ces approches sont
qualifiées d' « histoire des idées ».
Son second point de vue concerne les approches d'inspiration marxiste, qui situent les
conceptions au niveau de l'idéologie. L'histoire s'inscrit ici dans la panoplie des arguments de
l'action militante au service au service d'un projet de société. Dans cette approche les
méthodes et conceptions non – marxistes sont critiquées, tel que le « naturalisme » de Hébert,
« l’individualisme » de J. Le Boulch ou même le « nihilisme petit-bourgeois » de J.M. Brohm,