Construire "vert" au juste prix
Le 7 juin, Euroméditerranée réunissait experts du bâtiment et du climat pour explorer comment, dans la
2ème phase du projet, trouver le meilleur équilibre entre un aménagement environnemental performant
et des coûts de construction encadrés. Un débat riche de pistes d'avenir
L'extension d'Euroméditerranée a été labellisée par l'Etat "EcoCité" : une distinction qui conduit l'établissement public
à concevoir sa démarche de réaménagement urbain dans l'exemplarité environnementale, économique, sociale et
sociétale. L'atelier "Eco-Cité" tenu le 7 juin à l'Ecole de management EMD à Marseille visait donc à recueillir les points
de vue des professionnels du BTP sur cette thématique de "Performance environnementale et maîtrise des coûts". En
ouverture, des experts de Météo France ont démontré par des modèles informatiques comment des choix de
construction influent sur le climat local d'une zone (îlot de chaleur, température, humidité...). "La modélisation permet
d'intégrer les variables les plus diverses à l'échelle d'une zone, d'un quartier et même d'un bâtiment. Il suffit de savoir
ce que l'on veut par rapport au confort urbain" explique Yves Bidet, de Météo France.
Complexité et crédibilité
Pour Domnin Rauscher (Ville de Marseille), "notre territoire n'est pas l'Europe du Nord. Nous devons trouver notre
propre modèle". Aux yeux de Stéphane Marcie (Marseille Provence Métropole), "l'EcoCité d'Euroméditerranée va
servir d'éprouvette". La démarche complique les procédures avec les promoteurs et constructeurs, parce qu'elle
accroît les contraintes, mais aussi pour les maîtres d'ouvrage : "La crédibilité de l'action tient à la capacité à suivre,
évaluer et mesurer, pour passer d'une logique d'obligation de moyens à une obligation de résultat, mais aussi à
décloisonner, puis essaimer afin que la démonstration se diffuse largement" souligne Sébastien Maujean
(DREAL-Stelac). Les règles d'urbanisme ou de financement ne facilitent pas l'approche. Franck Geiling
(Euroméditerranée) estime même que "le code des marchés publics interdit des pratiques expérimentales trop
précoces". Fabien Blasco (Montpellier Agglomération) y croit pourtant. "Il y a une intelligence de la complexité
géographique à amener dans les réflexions. En abordant le territoire à plus grande échelle, on peut intégrer la nature,
la biodiversité, dans le projet urbain".
Réfléchir autrement
Mais comment marier la conception technique et architecturale avec un coût maîtrisé ? Selon Emmanuel Dujardin,
architecte urbaniste de Tangram, "Le label "EcoCité" tire vers le haut alors que la maîtrise d'ouvrage tire les budgets à
la baisse. Difficile d'avoir une écriture architecturale avec ces exigences-là !". Frédéric Frusta (bureau d'études Oasiis)
s'avoue convaincu qu'elle reste possible dès lors que l'équilibre est recherché le plus en amont possible dans la
conception du projet. Une opinion partagée par les bailleurs, Pierre Théron, de Sogima, pour qui "un dossier bien
préparé est moins cher après", et Grégoire Charpentier d'Erilia, convaincu que "le temps d'étude n'est jamais perdu".
Pour l'architecte-urbaniste François Leclercq, plus la taille du projet est importante, plus on peut optimiser le rapport
équipements/coûts.
Son collègue Jean-Michel Battesti affirme, lui, que c'est à la commande qu'il convient de "réfléchir autrement", même
si le temps qui s'écoule jusqu'à la réalisation est complexe à appréhender. Pascal Peres (EDF) milite, lui, pour la
Son collègue Jean-Michel Battesti affirme, lui, que c'est à la commande qu'il convient de "réfléchir autrement", même
si le temps qui s'écoule jusqu'à la réalisation est complexe à appréhender. Pascal Peres (EDF) milite, lui, pour la
simplicité, la robustesse et l'accessibilité : "Rien ne sert d'opter pour des solutions techniques dont les utilisateurs ne
sauront pas se servir" dit-il.
Révolutionner les pratiques
Pour obtenir un "coût maîtrisé" plus qu'un "bas coût", trop péjoratif selon lui, Luc Bouvet (Eiffage) réclame à chacun,
pour trouver de la compétitivité, "des ruptures dans son mode d'exercice de son métier". Gilles Gaudin (Crudeli),
sévère avec les règlementations européennes sur le thermique, est d'accord : "En 20 ans, il n'y a rien d'innovant qu'on
puisse retenir dans le bâtiment", confie-t-il, fervent militant de la réalisation de la boucle d'approvisionnement
énergétique d'Euromed 2 par eau de mer. Pour Olivier Garcia (Garcia Ingénierie), la "mutualisation" peut faire avancer
la réflexion. "Quand une telle boucle génère - 35% de consommation, l'argument peut servir de levier pour franchir
l'obstacle du coût" dit-il, sachant qu'au bout du compte, pour tous les intervenants, l'objectif demeure, autant que
possible, de construire beau, pérenne et économique à la réalisation et à l'entretien.
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