L’ENVIRONNEMENT ET LE COMMERCE Capsule d’information pour les parlementaires TIPS-29F Bibliothèque du Parlement Le 30 novembre 2000 L ’interaction entre l’environnement et le commerce soulève des questions complexes, dont la portée est à la fois nationale et internationale. Comme l’environnement et le commerce ont tous deux une dimension transfrontalière et internationale inhérente, c’est au niveau international qu’il convient de régler les questions de chevauchement et de conflit entre les deux. Rien n’autorise à conclure de façon générale que l’un est bénéfique ou nuisible pour l’autre, puisque leur influence réciproque dépend de la mesure dans laquelle les objectifs environnementaux et commerciaux sont complémentaires et solidaires. Grandes perspectives du débat sur l’environnement et le commerce La complexité du débat sur l’environnement et le commerce peut être illustrée par une comparaison rapide des perspectives stéréotypées qu’adoptent les divers interlocuteurs, selon leurs antécédents et leurs intérêts particuliers(1) : la discrimination. Les normes environnementales ne doivent pas faire office de restrictions déguisées au commerce. La richesse et l’efficacité accrues qui découlent du commerce profiteront à l’environnement. Perspective environnementale : L’environnement est un système fermé et restreint. L’objectif visé est la protection de l’environnement au moyen de normes strictes et juridiquement contraignantes à l’échelle nationale et internationale. Il faut évaluer et répartir correctement les ressources de l’environnement et tenir compte avec exactitude des coûts environnementaux (p. ex. la dégradation) dans le prix des biens et des services; le commerce magnifie ces lacunes du marché. La richesse et l’efficacité accrues qui découlent du commerce ne vont pas forcément de pair avec la protection de l’environnement. Perspective commerciale et économique : L’économie est un système ouvert et infini. L’objectif visé est la prospérité par le truchement de la libéralisation des échanges, qui lève les barrières commerciales du protectionnisme et de Perspective du développement : Les écarts en matière de richesse et de protection de l’environnement sont énormes entre les pays développés et les pays en développement. L’objectif des pays en développement est de compléter leur développement. Si les pays en développement doivent accepter des règles mondiales pour ce qui est du commerce et des normes relatives à la protection de l’environnement, les États développés doivent leur ouvrir véritablement leurs marchés et leur transférer des technologies dont ils ont un besoin manifeste. Les pays développés sont à l’origine de la plupart des dommages environnementaux. La richesse et l’efficacité accrues qui découlent du commerce doivent être réparties entre les nations. Les contextes institutionnel et juridique des questions d’environnement et de commerce à l’échelle internationale C’est souvent dans le contexte d’accords et d’institutions à l’échelle internationale que se posent et que sont abordées les questions relatives à l’environnement et au commerce. Ce document est la version papier d’une capsule d’information Web consultable en ligne à http://intraparl/36/map_sv_lib-f.htm LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 2 L’Organisation mondiale du commerce (OMC)(2) jouit d’un pouvoir considérable dans le domaine du commerce mondial en sa qualité de successeur de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Cet accord fait toujours autorité pour ce qui est du commerce de biens, même si l’OMC s’occupe d’un grand nombre d’autres accords commerciaux. L’OMC ne peut toutefois s’appuyer sur aucun accord particulier traitant de l’environnement. Le Comité du commerce et de l’environnement de l’OMC dispose toutefois d’un mandat particulier pour, entre autres choses, étudier les relations entre les dispositions du système commercial multilatéral et les mesures commerciales à des fins environnementales, y compris celles qui découlent des accords environnementaux internationaux. Pour le Canada, le plus important accord de commerce régional est l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), qu’il a conclu avec le Mexique et les ÉtatsUnis. Les questions environnementales reviennent dans de nombreuses dispositions de l’ALENA et dans l’Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l’environnement, une convention subsidiaire de l’ALENA. Cette convention est administrée par la Commission nord-américaine de coopération environnementale, qui mène actuellement une étude approfondie des effets de l’ALENA sur l’environnement(3). Les questions environnementales à l’échelle internationale font l’objet des accords multilatéraux sur l’environnement – conclus généralement par plus de deux pays – dont la plupart ont été négociés sous l’égide des Nations Unies. La relation entre ces accords et les accords commerciaux internationaux est au cœur du débat sur l’environnement et le commerce, puisque 20 environ des quelque 200 accords multilatéraux sur l’environnement comportent des dispositions qui restreignent le commerce de manière à favoriser leur mise en application. Faire en sorte que ces deux types d’accords se complètent est l’un des plus grands défis qui se posent en matière d’environnement et de commerce. La plupart des accords multilatéraux sur l’environnement(4) visent de façon générale à promouvoir le développement durable(5). Activités et ressources du gouvernement canadien en matière de commerce et d’environnement Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI) met actuellement au point un projet de Cadre national d’évaluation environnementale des négociations commerciales dans le but d’intégrer des considérations écologiques dans le processus international de négociations commerciales. Le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international et son Sous-comité du commerce, des différends commerciaux et des investissements internationaux ont produit récemment divers rapports qui examinent en profondeur certaines questions relatives au commerce et à l’environnement : Rapport de juin 1999 intitulé Le Canada et l’avenir de l’Organisation mondiale du commerce : Pour un programme du millénaire qui sert l’intérêt public, chapitre 12 : « Lier le commerce, la protection de l’environnement et de la santé et le développement durable » – Le Comité y traite de questions d’environnement et de commerce à l’échelle internationale et au sein de l’OMC/GATT et recommande des moyens d’améliorer la participation du Canada au sein de l’OMC. Le ministre du Commerce international a présenté la réponse du gouvernement au Rapport le 15 novembre 1999. Rapport d’octobre 1999 du Sous-comité intitulé La zone de libre-échange des Amériques : Pour un accord qui sert les intérêts des Canadiens, chapitre 7 : « Développement durable et environnement » – Le Sous-comité y analyse un grand nombre de questions générales sur l’environnement et le commerce dans le contexte du commerce dans les Amériques. Le ministre du Commerce international a présenté la réponse du gouvernement au Rapport le 15 mars 2000. Divers ministères et ONG canadiens offrent des renseignements sur l’environnement et le commerce, notamment : Environnement Canada. LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 3 Industrie Canada. Agriculture et Agroalimentaire Canada. Association canadienne du droit de l’environnement. West Coast Environmental Law. Sources d’information internationales Sur la scène internationale, les organisations suivantes sont autant de sources de renseignements sur la question : Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP) – La division de l’économie et du commerce entreprend des projets traitant de l’incidence de la libéralisation du commerce sur l’environnement dans certains pays. Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Commission européenne (EC) – Un des organes exécutifs clés de l’Union européenne (UE), la Commission européenne est chargée d’administrer les traités de l’Union européenne et représente les intérêts généraux de cette dernière. L’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE). Voir tout particulièrement : OCDE, Les effets environnementaux des échanges, Paris, OCDE, 1994. Institut international pour le développement durable (IIDD). Centre international pour le commerce et le développement durables (ICTSD) – ONG située à Genève qui surveille de près les activités de l’OMC en matière de commerce et d’environnement. Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) – Cet organisme, dont le mandat est d’étudier les questions de développe- ment durable, a mis à l’ordre du jour les questions de commerce durable. Institute for International Economics (IIE). Voir tout particulièrement : Daniel C. Esty, Greening the GATT: Trade, Environment, and the Future, Washington, D.C., IIE, 1994. Notes (1) Les documents suivants donnent un aperçu de ces perspectives et des questions portant sur l’environnement et le commerce en général. Ces documents traitent de toutes ces perspectives, mais le premier porte davantage sur les questions d’environnement et de droit, le second sur les questions de commerce et d’économie et le troisième sur les questions de développement. Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et Institut international du développement durable (IIDD). Environment and Trade: A Handbook, Winnipeg, IIDD, 2000. Håkan Nordström et Scott Vaughan. Commerce et environnement (Études spéciales 4), Genève, Organisation mondiale du commerce, 1999. Diana Tussie (dir.). The Environment and International Trade Negotiations: Developing Country Stakes, Ottawa, Centre de recherches pour le développement international, 2000. (2) On trouvera sur le site Web de l’OMC (http://www.wto.org) l’intégralité des accords de l’OMC ainsi que des extraits et des descriptions des accords écologiques les plus pertinents et leurs dispositions clés. (3) Pour en savoir plus sur les principales dispositions relatives à l’environnement contenues dans l’ALENA et dans l’Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l’environnement, voir la note 4 de Peter Berg et Gerald Schmitz, Au-delà de l’ALENA, vers un marché transatlantique Canada-Europe : Questions et perspectives, Direction de la recherche parlementaire, Bibliothèque du Parlement, PRB 98-9F, 1998. Voir aussi, Pierre-Marc Johnson et André Beaulieu, The Environment and NAFTA, Understanding and Implementing the New Continental Law, Washington, D.C., Island Press, 1996. (4) Principaux accords internationaux sur l’environnement comportant des dispositions visant le commerce : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), adoptée en 1973 et entrée en vigueur en 1975. LIBRARY OF PARLIAMENT BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 4 Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, adopté en 1987 et entré en vigueur en 1989. Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, adoptée en 1989 et entrée en vigueur en 1992. Convention sur la diversité biologique, adoptée en 1992 et entrée en vigueur en 1993. Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, adoptée en 1992 et entrée en vigueur en 1994. Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement éclairé préalable concernant certains pesticides et produits chimiques dangereux dans le commerce international, adoptée en 1998, mais pas encore entrée en vigueur. Protocole sur la biosécurité de Cartagena, adopté en 2000, mais pas encore entré en vigueur. La base de données des engagements internationaux du Canada en matière d’environnement du Commissaire à l’environnement et au développement durable fournit des résumés de 48 accords multilatéraux sur l’environnement – et les liens connexes – auxquels le Canada est partie. Voir également le Programme des Nations Unies pour l’environnement, The Use of Trade Measures in Select Multilateral Environmental Agreement, Genève, 1996. (5) Le développement durable est une forme de développement qui répond aux besoins du moment sans nuire à la capacité des générations futures de répondre aux leurs, c’est-à-dire un développement fondé sur des rythmes de production et de consommation qui peuvent être maintenus dans un avenir lointain sans dégrader l’environnement humain ou naturel. (Voir Commission mondiale sur l’environnement et le développement, Our Common Future, Oxford, Oxford University Press, 1987.) préparé par Jay Sinha Direction de la recherche parlementaire Pour en savoir plus… Voir la bibliographie ainsi que les hyperliens internes et externes de la version Web du présent document à : http://intraparl/36/map_sv_lib-f.htm ou composer le (613) 996-3942