Fiche 5 : Les déterminants de l`investissement

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Fiche Cours
Nº : 25005
ECONOMIE
Série ES
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Fiche 5 : Les déterminants de l’investissement
Plan de la fiche
I - Notions de base
II - Problèmes économiques et sociaux
III - Théories et auteurs
IV - Repères historiques
Un pays ne saurait connaître de croissance forte et durable si les entreprises ne réalisent pas d’investissements, sur son territoire
ou à l’étranger.
Quelles sont les raisons qui vont déterminer l’entreprise à investir ou, à l’opposé, la freiner et la dissuader d’investir ?
I - Notions de base
On appelle investissement les dépenses engagées par l’entreprise pour améliorer ses capacités de production.
Cette amélioration peut revêtir deux formes.
La première, appelée amortissement, a pour objet de remplacer des machines usées ou encore obsolescentes, c’est-à-dire
dépassées par le progrès technique.
La seconde est destinée à acquérir de nouvelles machines afin d’augmenter la production de l’entreprise.
On appelle investissement brut l’ensemble de ces deux formes.
Mais, pour mieux cerner l’investissement qui permettra d’augmenter la production de l’entreprise, on parlera d’investissement
net, en retranchant les amortissements de l’investissement brut.
La formation brute de capital fixe (FBCF) désigne l’ensemble des investissements réalisés par un pays sur une année. Cette
évaluation réalisée par l’Insee reprend :
• le total des investissements productifs des entreprises ;
• les investissements réalisés par les administrations publiques, comme la construction de routes ou d’écoles ;
• les achats immobiliers des ménages.
L’investissement productif définit, dans la FBCF, les seuls investissements des entreprises, puisque, à l’opposé des dépenses en
bâtiment de l’Etat ou des logements des particuliers, ils permettent seuls de produire des biens.
Le taux d’investissement mesure l’effort d’un pays en matière d’investissement. Il est calculé suivant la formule :
On distingue plusieurs modalités d’investissement :
• l’investissement matériel désigne l’acquisition de machines par l’entreprise ;
• l’investissement immatériel définit l’ensemble des dépenses que l’entreprise consacre à la formation du personnel, à la
recherche-développement ou à la publicité. En effet ces dépenses, en accroissant ses ventes, lui permettent d’augmenter sa
production. La part de ce type d’investissement progresse de plus en plus dans nos sociétés où les entreprises cherchent à
augmenter leur compétitivité par la réalisation de produits nouveaux ou plus performants ;
• l’investissement de capacité a pour objet d’accroître les capacités de production de l’entreprise par l’acquisition de nouvelles
machines, souvent pour répondre à une forte augmentation de la demande ;
• l’investissement de productivité ou de rationalisation définit la politique de l’entreprise à maintenir un même niveau de production
mais en réduisant les coûts du personnel en le remplaçant par des machines.
On relèvera que l’investissement de capacité est en principe créateur d’emploi alors que l’investissement de productivité ou de
rationalisation a plutôt pour effet de le réduire.
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LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Le bénéfice de l’entreprise, qui est l’un des moyens de financer ses investissements, est défini en économie par l’excédent brut
d’exploitation (EBE). Il est obtenu en soustrayant de la valeur ajoutée les charges fiscales et les dépenses liées à la rémunération
du personnel. L’EBE va permettre à l’entreprise de rémunérer ses actionnaires (dividendes) et de constituer une épargne brute qui
financera ses investissements (autofinancement).
La valeur ajoutée est la différence entre la valeur des biens ou services produits et la valeur des consommations intermédiaires
utilisées dans le processus de production.
Cette valeur ajoutée fait l’objet d’un partage entre tous ceux qui ont contribué à cette production, les propriétaires et les salariés
de l’entreprise. Il est rappelé que la valeur ajoutée est à la base du calcul du Produit intérieur brut du pays.
Le taux de marge, ou rapport de l’excédent brut d’exploitation sur la valeur ajoutée, permet de calculer la rentabilité de
l’entreprise.
On peut définir le taux d’intérêt comme le loyer de l’argent. Pour l’épargnant, c’est un revenu, mais pour l’entreprise, c’est le coût
à payer pour financer ses investissements. Pour l’Europe, c’est à présent la Banque centrale européenne (BCE) qui en détermine le
montant (taux directeurs) en relation étroite avec la défense de l’euro contre l’inflation.
Le taux d’intérêt nominal désigne le montant du taux inscrit sur le contrat de prêt. En revanche, on parlera de taux d’intérêt
réel pour définir le taux d’intérêt diminué de l’inflation.
L’efficacité marginale du capital définit la rentabilité de l’investissement. C’est le rapport entre le rendement attendu et
le coût de l’investissement. Le chef d’entreprise ne se décidera à investir que si le bénéfice est supérieur au finan­cement de
l’investissement.
II - Problèmes économiques et sociaux
La relation croissance-investissement
L’investissement entraîne une croissance forte car il agit à la fois sur la demande et sur l’offre.
Le rôle moteur de l’investissement sur la demande économique a été souligné par Keynes. L’investissement de l’entreprise est
une demande de machines auprès des producteurs de biens d’équipement. Ces derniers vont donc acheter des matières premières
et des produits semi-finis, voire embaucher et donc relancer croissance et activité économique. Mais Keynes a surtout développé
l’effet multiplicateur de l’investissement qui entraîne une croissance plus forte que son montant initial.
Ce côté exponentiel de l’investissement avait déjà été souligné en 1917 par l’économiste J.M. Clark sous le nom d’effet
accélérateur. On peut résumer cet effet d’accélération en disant que suite à un investissement, l’entreprise va connaître une
augmentation de ses ventes. L’accroissement de son bénéfice qui va en résulter l’incitera à nouveau à investir. On constate ainsi une
progression ou une accélération plus que proportionnelle à la première demande initiale de l’investissement.
Keynes va développer cet aspect multiplicateur de l’investissement, mais à partir du revenu qu’il entraîne. Ainsi, l’investissement
d’une entreprise conduit les salariés de l’usine produisant les machines commandées à bénéficier de revenus supplémentaires. Ils
vont donc les dépenser en achetant d’autres biens de consommation qui vont eux-mêmes engendrer des revenus supplémentaires
pour d’autres salariés qui, à leur tour, vont augmenter leurs achats. L’augmentation de cette demande dans différents secteurs
conduit à multiplier la croissance bien au-delà du montant initial de l’investissement.
Cet effet multiplicateur sera d’autant plus élevé que la propension marginale à consommer sera forte,  c’est-à-dire que le
salarié consacrera à consommer la majeure partie du supplément de revenu qu’il perçoit.
L’investissement joue donc un rôle déterminant sur la croissance économique en raison de l’augmentation de la demande qu’il
suscite. Mais il contribue également au développement économique par l’augmentation de l’offre qu’il entraîne.
L’investissement de remplacement, ou amortissement, permet une amélioration de la productivité de l’entreprise par l’utilisation
de machines neuves plus performantes.
L’investissement de productivité ou de rationalisation, par la réduction de coûts de personnel qu’il entraîne, conduit l’entreprise
à pouvoir baisser le prix du produit. Cette amélioration de sa compétitivité-prix lui permet d’augmenter ses parts de marché et
donc d’accroître sa production.
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Les déterminants de l’investissement
On distingue :
• la demande anticipée, appelée demande effective par Keynes. Lorsque l’entreprise anticipe une augmentation durable de la
consommation de ses produits et que ses propres capacités de production sont saturées, elle sera conduite à investir ;
• la rentabilité. L’entreprise, avant d’investir, va calculer les profits futurs que va lui procurer le capital investi. Pour cela, si elle
finance son investissement par l’emprunt, elle va comparer le taux d’intérêt de l’emprunt et le taux de rendement de l’investissement.
D’où l’importance du niveau du taux d’intérêt. Lorsque celui-ci est faible, cela entraîne ce que l’on appelle un effet de levier.
L’entreprise a en effet avantage à emprunter lorsque les taux sont faibles, plutôt que d’utiliser ses propres capitaux, car la rentabilité
de l’investissement sera supérieure au remboursement de l’emprunt et de ses intérêts ;
• la situation financière de l’entreprise. Si l’entreprise est déjà fortement endettée, elle ne recherchera pas à augmenter son
passif pour financer de nouveaux investissements. Au contraire, elle utilisera l’augmentation de ses profits pour alléger ses dettes. A
l’inverse, une entreprise disposant de fonds propres ou cash flow importants, sera incitée à réaliser de nouveaux investissements ;
• le coût des facteurs de production. Si le coût du travail augmente, l’entreprise sera incitée à recourir à l’investissement pour
augmenter sa production. Inversement, si le coût du capital emprunté est élevé, l’entreprise préférera embaucher du personnel
pour faire face à l’augmentation de la demande ;
• le taux d’utilisation des capacités productives. Une sous-utilisation des machines ne favorisera pas l’investissement de
l’entreprise. En revanche, si les machines fonctionnent à plein régime, l’entreprise sera incitée à investir pour répondre à toute
augmentation de la demande.
Le financement de l’investissement
L’épargne est le seul fondement du financement de l’investissement. Mais cette épargne présente des formes diverses sur le marché
économique.
Elle peut avoir été constituée par l’entreprise elle-même, à partir des profits dégagés au cours de son activité productive. On l’appelle
alors autofinancement ou financement interne de l’entreprise. Elle présente l’avantage de financer les investissements sans
les coûts d’intérêt attachés à l’emprunt et de garder l’autonomie de gestion de l’entreprise.
L’épargne peut aussi être constituée par les dépôts des ménages auprès des banques. Dans ce cas, l’entreprise pourra emprunter
auprès des banques, les intermédiaires financiers, le montant nécessaire pour financer ses investisse­ments, mais en acquittant un
coût financier plus ou moins important suivant les taux d’intérêt.
L’épargne enfin peut provenir du marché financier, investisseurs institutionnels et ménages, sous la forme d’une augmentation du
capital de l’entreprise par l’émission d’actions en bourse. Cette formule présente l’avantage pour l’entreprise de ne pas s’endetter,
mais l’inconvénient de modifier son autonomie de direction par l’entrée de nouveaux actionnaires.
Banques et marché financier constituent le financement externe de l’entreprise.
III - Théories et auteurs
Les économistes classiques estiment, selon la théorie du marché, que le taux d’intérêt équilibre épargne et investissement.
Mais l’épargne est d’abord préexistante et, en fonction de son importance, favorisera plus ou moins les besoins de financement de
l’entreprise. Il faut donc encourager son développement afin d’assurer le financement des investissements. A cette fin, toute hausse
du taux d’intérêt incitera les ménages à accroître leur épargne.
J.M. Keynes s’oppose à cette analyse. Pour lui, ce n’est pas le taux d’intérêt qui conditionne l’épargne mais le revenu. L’augmentation
du revenu entraîne une augmentation de la propension à épargner. Par ailleurs, il pense que l’épargne ne stimule pas l’investissement,
mais au contraire le réduit. Plus l’épargne est importante, moins la consommation sera forte et moins le chef d’entreprise sera
incité à investir et créer des emplois.
« La meilleure estimation que je puisse hasarder est que toutes les fois que vous économisez cinq shillings, vous privez un homme de travail
pendant une journée. […] Par contre, toutes les fois que vous achetez des marchandises, vous contribuez à multiplier les emplois offerts aux
travailleurs. […] ». Il ajoute que « l’expansion se caractérise par un excès de l’investissement sur l’épargne et que la récession se caractérise
par un excès de l’épargne sur l’investissement. »
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IV - Repères historiques
L’investissement immatériel, qui prend de nos jours une importance de plus en plus grande, repose en particulier sur une meilleure
formation professionnelle du personnel. Cette formation, que l’on appelle le capital humain en économie, désigne l’ensemble des
compétences et expériences professionnelles des travailleurs permettant d’accroître la capacité productive de l’entreprise.
Dès le XVIIIe siècle, Adam Smith avait déjà relevé l’importance du capital humain, aussi efficace selon lui qu’un investissement : « Un
homme qui a dépensé beaucoup de temps et de travail pour se rendre propre à une profession qui demande une habileté et une expérience
extraordinaires, peut être comparé à une de ces machines dispendieuses. »
L’économiste autrichien Böhm-Bawerk (1851-1914) a défini la nature de l’investissement comme « un détour de production ». En
effet, grâce à une suspension partielle de la production et donc de la consommation, il est possible de constituer une épargne qui va
financer l’investissement. Ce dernier permettra alors, en rendant le travail plus efficace, d’augmenter la production et la croissance
en général. Produire plus implique donc de ne pas tout consommer, mais ce « détour » permet de produire plus ultérieurement et
de consommer davantage.
Au cours des Trente Glorieuses, la majeure partie du financement de l’investissement des entreprises était constituée par des
emprunts bancaires. Cette période a d’ailleurs été qualifiée d’« économie d’endettement ». Les raisons en étaient la faiblesse des taux
d’intérêts et un taux d’inflation important qui allégeait progressivement les remboursements d’emprunts. Ces deux phénomènes
développaient cet « effet de levier » qui permet à l’entreprise d’obtenir un profit supérieur au montant des remboursements à
effectuer.
Mais, à partir des années quatre-vingt, l’augmentation des taux d’intérêt et une politique de lutte contre l’inflation conduisent
les entreprises à réduire leur recours à l’emprunt. Elles trouvent alors plus rentable de financer leurs investissements sur le marché
financier. Ainsi, entre 1982 et 1999 (source COB) le montant des émissions d’actions et d’obligations a triplé à la Bourse de Paris.
La politique de lutte contre l’inflation des années quatre-vingt a également conduit à une évolution du partage de la valeur ajoutée
dans l’entreprise. La mise en place d’une politique de rigueur salariale a fait augmenter le taux de marge au bénéfice de l’entreprise
et au détriment de la part des salariés. Cela a permis d’augmenter l’autofinancement en application du théorème du chancelier
allemand Helmut Schmidt : « Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après demain. »
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