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Novembre 2016
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Novembre 2016
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8 des 10 banques centrales des pays G10 ont assoupli
leur politique monétaire en 2016
En 2016 encore, les banques centrales des pays développés ont assoupli
un peu plus leurs politiques monétaires : à l’exception de la Fed et de la
Banque du Canada, les banques centrales de tous les autres pays dits G10
(Allemagne, États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-
Zélande, Norvège, Suède, Suisse) ont toutes assoupli leur politique monétaire,
soit en abaissant les taux directeurs, soit en faisant gonfler leur bilan.
Après huit ans de fed funds à zéro, la Fed avait effectué sa première hausse
de taux en décembre 2015. Alors qu’en janvier, le vice-président du Board of
Governors Stanley Fischer envisageait 3 à 4 hausses pour 2016, le FOMC n’en a
pour l’heure réalisé aucune. Plombé notamment par la faiblesse de la croissance
(la croissance économique sur un an glissant est passée sous 2 % depuis un an)
et par un peu plus grande volatilité des chiffres de créations d’emplois, le FOMC
a décidé de reporter à plusieurs reprises la deuxième hausse de fed funds de ce
cycle et a fortement abaissé ses projections de fed funds (« dots »).
De leur côté, la BCE et la BoJ ont renforcé leur politique accommodante. En
mars, le BCE a décidé de faire passer le montant de ses achats mensuels
de 60 à 80 Mds € et d’inclure les obligations d’entreprises non-financières
bien notées à sa liste d’achats (CSPP). Quant à la BoJ, elle a introduit un
taux d’intérêt négatif (- 0,10 %) sur les réserves excédentaires des banques
en janvier, provoquant une réaction très négative des actions bancaires, avant
d’adopter une nouvelle stratégie le 21 septembre en ciblant directement la
partie longue de la courbe des taux (cible de 0 % pour le taux 10 ans).
Alors même que la taille du bilan de la Fed est stable depuis la fin du
« tapering » du QE3 (année 2014), l’expansion du bilan agrégé des trois plus
grandes banques centrales des pays développés (BCE, BoJ, Fed) n’a jamais
été aussi importante depuis la crise 2008/2009.
La Fed aidée par la nouvelle administration dans la poursuite
de son cycle de remontée des taux ?
Avec une seule hausse de fed funds jusqu’à maintenant (en décembre 2015), il
est difficile de parler de cycle de resserrement des taux… C’est que l’économie
américaine est désormais bien plus molle et lente qu’auparavant (avec un taux
de chômage à peu près équivalent à aujourd’hui, les salaires progressaient
d’environ 4 % quasiment jusqu’à la fin 2008). Lors de la conférence de Jackson
Hole, Janet Yellen avait indiqué le 26 août que « le sujet d’une hausse de taux
avait gagné du poids » sur les mois qui avaient précédé, avec les bonnes
performances observées sur le marché du travail et avec l’amélioration des
perspectives de croissance et d’inflation. Cependant, un rapport sur l’emploi
moins bon que prévu quelques jours plus tard (pourtant pas si mauvais avec
une première estimation à 151 000 créations d’emploi pour le mois d’août) avait
refroidi les ardeurs de certains membres du Board of Governors, préférant se
donner davantage de temps pour prendre la décision de durcir les conditions
monétaires. La Gouverneur Lael Brainard avait justifié la position attentiste
de la Fed par les points suivants (« The ‘New Normal’and What It Means for
Monetary Policy », 12 septembre) :
•L’ination est à la traîne et la Courbe de Philips s’est aplatie
• Les excès d’offre sur le marché du travail se sont avérés plus importants que
prévu
L’essentiel
En 2016 encore, les banques centrales des
pays développés ont assoupli un peu plus
leurs politiques monétaires : à l’exception
de la Fed et de la Banque du Canada, les
banques centrales de tous les autres pays
dits G10 ont toutes assoupli leur politique
monétaire, soit en abaissant les taux
directeurs, soit en faisant goner leur bilan.
Après des années d’atermoiements, les
projections de fed funds des membres
du FOMC pour 2016-2017 semblent
plus crédibles avec le changement
d’administration (croissance et ination plus
soutenue). En revanche, la montée du taux
de change effectif du dollar (la remontée des
fed funds actualise la divergence de politique
monétaire) continuera d’empêcher un cycle
rapide de resserrement. La BCE devrait
poursuivre son QE au rythme actuel et acter
que les taux directeurs n’iront pas plus bas.
La BoJ poursuivra son QE et ne devrait pas
changer sa cible de taux longs.
Les économies émergentes sont scindées
en deux groupes : les pays exportateurs de
matières premières qui en raison des fortes
dépréciations de leur monnaie ont enregistré
des niveaux d’ination très importants et les
autres pays qui ont fait face à des pressions
déationnistes. Les politiques monétaires
des pays à faibles niveaux d’ination ont
été et devraient rester accommodantes et
celles des autres pays devraient le devenir en
ligne avec le recul de l’ination. Cependant,
la politique monétaire américaine pourrait
changer la donne si les hausses de taux
étaient plus marquées que prévu.
French version
Graph n°
English version
Taux directeur principal
n°1
Main central bank rate
Taux directeur principal
n°2
Main central bank rate
Croissance tendancielle du PIB sur 5 ans
n°3
GDP growth: trend over 5 years
Projections de fed funds des membres du FOMC
("dots", projections médianes)
n°4
FOMC members' projections for the fed funds (dots,
median projections)
-2
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Source: Datastream, Amundi Research
Fed
ECB
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BoJ
SNB
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2017
Source : Datastream, Recherche Amundi
Fed
BCE
BoE
BoJ
BNS
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Source: Datastream, Amundi Research
RBNZ
BoC
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Riksbank
Norges Bank
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2014
2015
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2017
Source : Datastream, Recherche Amundi
RBNZ
BoC
RBA
Riksbank
Norges Bank
-1
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Q1 1985
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Q1 2017
Source: Datastream, Amundi Research
Australia US
UK Japan
Eurozone Canada
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6
Q1 1985
Q1 1987
Q1 1989
Q1 1991
Q1 1993
Q1 1995
Q1 1997
Q1 1999
Q1 2001
Q1 2003
Q1 2005
Q1 2007
Q1 2009
Q1 2011
Q1 2013
Q1 2015
Q1 2017
Source : Datastream, Recherche Amundi
Australie Etats-Unis
Royaume-Uni Japon
Zone euro Canada
0
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Source: FOMC, Amundi Research
2013 2014
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Longer-run
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01-16
05-16
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01-17
Source : FOMC, Recherche Amundi
2013 2014
2015 2016
2017 2018
Long terme
1Taux directeur principal
Achevé de rédiger le 10 novembre 2016
Politiques monétaires en 2017 et au-delà
32017 : une année de transition pour
les banques centrales ?
VALENTINE AINOUZ - BASTIEN DRUT - KARINE HERVE - MO JI
Stratégie et Recherche Économique