LETTRE N°164 – 20 MARS 2017 LETTRE HEBDOMADAIRE ÉCONOMIE ET MARCHÉS ÉCONOMIE La semaine a été marquée par les réunions des différentes grandes banques centrales. Sans surprise, la banque centrale américaine a augmenté ses taux directeurs de 25 pb à l'issue de sa réunion de jeudi. Elle justifie cette décision par la poursuite de l'amélioration du contexte économique et des progrès réalisés sur le front de l'emploi et de l'inflation. Par ailleurs, du fait du rebond des cours des matières premières et des prix des exportations chinoises, les autres banques centrales ont acté un environnement mondial globalement moins déflationniste. En conséquence, elles ont ajusté leur communication avec un biais moins accommodant. Enfin, les élections législatives aux Pays-Bas ont permis de dégonfler l’aversion au risque en Europe, avec la probable formation d’une coalition gouvernementale en faveur de la poursuite de l’intégration européenne. ▌ Les grands événements de la semaine ▌ LA FED POURSUIT SUR SA LANCÉE La banque centrale américaine a augmenté ses taux directeurs de 25 points de base à l’issue de sa réunion du 15 mars. Elle a confirmé le rythme de normalisation de sa politique monétaire visant trois hausses de taux directeurs en 2017 et en 2018. Cette décision n’a pas réservé de surprise, compte tenu de la communication de l’institution ces dernières semaines visant à préparer les marchés financiers. Elle est confortée par la poursuite de l’amélioration du contexte économique et des progrès réalisés sur le front de l’emploi et de l’inflation. Janet Yellen a insisté dans sa conférence de presse sur le fait que la hausse des taux directeurs ne découlait pas d'une modification des attentes en termes de contexte économique, la banque centrale n'intégrant pas de politique budgétaire plus expansionniste dans ses prévisions. Au regard du budget présenté par Donald Trump pour les années 2017 et 2018, cette prudence est pleinement justifiée. L’administration Trump n’est en effet toujours pas en mesure de délivrer ses promesses concernant un soutien à l’activité. Par ailleurs, Janet Yellen a indiqué que la question de la gestion de la taille du bilan avait été abordée lors de la réunion, mais que les échanges étaient à un stade trop préliminaire pour communiquer la moindre conclusion. ▌ LES BANQUES CENTRALES S’ADAPTENT À LEUR NOUVEL ENVIRONNEMENT Dans le sillage de la normalisation de la politique monétaire de la Fed, les autres grandes banques centrales des pays développés ont ajusté leur discours afin d’acter la réduction des pressions déflationnistes et d’écarter progressivement le message visant à rassurer sur leur capacité et leur volonté d'en faire plus si nécessaire. A ce titre, la Banque d’Angleterre confirme le rééquilibrage des risques en faveur d'une stabilisation de l'activité, et certains membres considèrent dorénavant que l'économie britannique se rapproche graduellement du niveau impliquant une réduction du soutien monétaire dans un contexte de tensions inflationnistes. Notons que la Banque du Japon conserve un biais accommodant afin de maintenir sous pression le yen et ne pas tuer dans l’œuf le rebond de la croissance. Au sein des pays émergents, les banques centrales accompagnent elles aussi le resserrement monétaire de la Fed, en attestent les remontées de taux directeurs en Chine et en Turquie. ▌ LES « EUROPHILES » L’EMPORTENT AUX PAYS-BAS Les élections législatives aux Pays-Bas ont, comme anticipé par les marchés financiers, débouché sur la victoire du parti du premier ministre sortant Mark Rutte (VVD), qui obtiendrait 33 sièges au Parlement. Il devra néanmoins composer avec les partis centristes D66 et CDA, ainsi que le parti écologiste, de manière à détenir une majorité au sein du parlement (i.e. 75 sièges). Les résultats de l'élection agissent donc comme un soulagement et participent à la réduction du risque anti zone euro. 1 LETTRE N°164 – 20 MARS 2017 LETTRE HEBDOMADAIRE ÉCONOMIE ET MARCHÉS MARCHÉS – ACTIONS ▌ Les bourses cette semaine Du 10 au 17 mars 2017 Deux événements devaient dominer la semaine : la réunion de politique monétaire de la Fed d’une part, et celle de la Banque du Japon de l’autre. Ces réunions, dont les décisions ont longtemps dicté l’orientation des marchés, sont, en fait, devenues des non-événements, confirmant ainsi une plus grande influence des événements politiques (domestiques et internationaux) sur le comportement des marchés d’actions, de taux et de change. Les marchés européens, cette semaine, progressent de près de 1.5% à l’exception du Portugal, de la Suède et des très petites valeurs françaises. L’Espagne et l’Italie mènent la hausse bien au-dessus de 2%. Globalement, les valeurs défensives de croissance retrouvent des couleurs. Les minières s’envolent de 8%, suivies par l’immobilier, l’alimentaire et la consommation sur des rythmes plus raisonnables de +2%. Aucun secteur dans le rouge. A la traine les banques, la distribution et le pétrole. Sur les 30 derniers jours, 14 des 19 secteurs sont au plus haut et la volatilité approche les 11%, ce qui reste exceptionnellement bas. La politique mobilise beaucoup les esprits, mais semble un peu ignorée des marchés actions. L’épisode néerlandais a rassuré mais l’enjeu français reste majeur. Les investisseurs restent tiraillés entre des statistiques économiques, plus fortes qu’anticipées, et cette incertitude qu’ils ne savent pas couvrir. Aux États-Unis, les investisseurs américains (et mondiaux) avaient rendez-vous avec la Banque Centrale américaine. Chacun attendait qu’elle augmente son taux directeur et annonce le nombre et l’ampleur des hausses qu’elle envisageait de faire en 2017. Mercredi, elle a effectivement relevé le taux des fonds fédéraux et, personne n’a tremblé. Il est vrai qu’elle a, en même temps, confirmé (sur la base de la situation actuelle) ce que tout le monde espérait : trois hausses de 0,25 point. Une fois cette hypothèque levée, les investisseurs se sont recentrés sur le contexte qui prévaut depuis la victoire de D. Trump (relance fiscale de l’économie et construction d’infrastructures), si bien qu’à la cloche, vendredi soir, les indices américains étaient en très légère hausse : 0.06% pour le Dow Jones à 29 914.62, 0.24% pour le S&P 500 à 2 378.25 et 0.67% pour le Nasdaq à 5 901.00. Du côté des entreprises, à l’approche de la fin du premier trimestre, les premières estimations de résultats apparaissent, et elles sont plutôt optimistes. Selon FactSet, la croissance attendue du bénéfice du S&P 500 sur douze mois ressort à 9%. Si cela est avéré, ce serait le meilleur trimestre depuis le T4-2011. Par ailleurs, l’éditeur de logiciels Adobe System et le joaillier Tiffany ont gagné respectivement 3.8% et 2.7%, suite à la publication de résultats meilleurs que prévus et de perspectives, pour ce trimestre, revues à la hausse. On notera aussi cette semaine l’offre d’achat lancée par Intel sur la société israélienne de haute technologie, Mobileye, qui développe des systèmes anti-collisions et d’assistance à la conduite. Intel, qui confirme ainsi son intérêt pour les véhicules autonomes, offre aux actionnaires de Mobileye une prime de 30% par rapport au cours de vendredi dernier (47.26$). Au Japon, la semaine avait plutôt bien commencé. Dès lundi, saluant les bons chiffres de l’emploi US, signe de la bonne santé de l’économie américaine, le Nikkei et le Topix s’inscrivaient sur un plus haut de 15 mois. Hélas, les jours qui ont suivi ont été moins heureux. Les investisseurs se sont rappelés qu’ils avaient deux rendez-vous avec les banques centrales, l’américaine d’abord, la japonaise ensuite. Même si peu de doute sur leurs décisions subsistaient, la perspective de voir, mercredi, la Fed relever le taux des fonds fédéraux, et surtout annoncer le programme du resserrement de la politique monétaire pour 2017 et 2018, les a inquiété et poussé à prendre une position attentiste, voire en retrait, sur le reste de la semaine. Au total, le Kabuto-Cho termine la semaine en baisse. L’indice Nikkei cède 0.42% à 19 521.59 et le Topix 0,52%, à 1 565.85. Du côté des entreprises, on retiendra, la poursuite de la descente aux enfers de Toshiba qui abandonne 8% sur la semaine, après que la bourse ait annoncé que l’entreprise risquait d’être radiée de la côte. À noter que les Taiwanais Hon Hai (Foxconn) et TSMC sont sur les rangs pour reprendre l’activité mémoire de l’ex gloire japonaise des appareils électroniques. Semaine riante sur les bourses émergentes qui profitent de la conjonction d’éléments porteurs. Une Fed toujours accommodante, qui n’annonce toujours pas d’accélération de la normalisation de sa politique ; un dollar plutôt mou et le renforcement, grâce à la bonne santé de la Chine, de leur croissance économique. Une seule ombre au tableau, mais qui a été négligée ces derniers jours : le recul du prix du baril de pétrole que l’on a imputé, pêle-mêle, aux stocks trop importants, à une demande trop faible, à une trop forte production de pétrole de schiste en Amérique et à une mauvaise entente au sein de l’OPEP. Au final, les actifs émergents sont en nette hausse, les devises progressent de 1.46%, l’indice MSCI EM de 4.26% et les obligations (souveraines), de 0.87%. Sur les 23 bourses de l’indice, 19 sont en hausse avec, au sommet du palmarès, la 2 LETTRE N°164 – 20 MARS 2017 LETTRE HEBDOMADAIRE ÉCONOMIE ET MARCHÉS Corée du Sud (+6,19%) où les investisseurs ont salué la destitution de la présidente en exercice et l’annonce de prochaines élections. Cette semaine, on notera la performance de l’Inde qui progresse de 4.45%. Après sa victoire écrasante aux élections partielles, le premier ministre en exercice, Narendra Modi, devient un leader incontesté. Grâce à cette forte majorité, il va pourvoir accélérer les projets de construction d’infrastructures et les réformes structurelles indispensables pour mettre le pays sur les rails d’une croissance soutenable à long terme. MARCHÉS - TAUX ▌ La semaine sur les taux ▌ Ce que nous retenons sur les taux souverains sur la période écoulée En Europe, sur le début de semaine, la détente du risque politique dans le sillage des élections aux Pays-Bas a permis une réduction des taux souverains, notamment sur les pays jugés à risque (en tête desquels la France et l’Italie). Ceci a favorisé de fait une baisse des écarts de taux entre l’Allemagne et les autres grands pays européens. Dès jeudi, cette tendance s’est inversée dans un contexte de réduction des risques déflationnistes qui a poussé les banquiers centraux à ajuster leur communication en faveur d’un biais moins accommodant. Si les taux à 10 ans de l’ensemble des pays européens ont évolué à la hausse, on a assisté à un accroissement des spreads sur la deuxième partie de la semaine. Au global, les taux et les spreads à 10 ans sont restés stables. Sur les échéances courtes (i.e. 2 ans), les taux souverains européens ont poursuivi leur hausse tendancielle entamée depuis les déclarations de la BCE (+5 pb pour l’Allemagne et +2 pb pour la France). Au Royaume-Uni, les minutes de la réunion de la Banque d’Angleterre laissent apparaitre que certains membres sont proches de voter en faveur d’une hausse des taux directeurs, ce qui a participé à l’augmentation des taux britanniques depuis la réunion du 16 mars (+4 pb sur les taux à 2 ans et 10 ans). Aux Etats-Unis, alors que les marchés attendaient des indications sur une accélération du rythme de normalisation de la politique monétaire américaine, la décision de maintenir les trois hausses de taux prévues pour 2017 et 2018, dans un contexte de stabilisation des attentes en termes de projections économiques, a favorisé une rechute des taux US de 6 pb sur les parties longue et courte, les investisseurs recalant leurs anticipations. LE BILLET DE L’ISR ▌ Alliance entre Veolia et Eqosphere dans la lutte contre le gaspillage alimentaire La part directe du gaspillage alimentaire attribuable à la grande distribution est de l’ordre de 5 à 10%. Cet accord conclu pour 5 ans permettra aux acteurs de la grande distribution et à Veolia de faire des économies en limitant leur empreinte carbone et en réduisant le traitement des déchets. Selon Eqosphere, un an de collaboration avec 100 hypermarchés pourrait permettre de redistribuer plus de 34 M€ de produits, soit 14 millions de repas. Eqosphère interviendra auprès du réseau de clients de Veolia et apportera son savoir-faire (diagnostic, formation du personnel et orientation des produits vers les filières de revalorisation les plus adaptées), Ce document a été produit à titre d’information seulement. Il ne constitue pas un conseil en investissement. CM-CIC AM et son personnel ne sauraient être tenus responsables de toute décision prise ou non sur la base d’une information contenue dans ce document, ni de l’utilisation qui pourrait en être faite par un tiers. Ce document ne peut pas être reproduit, distribué ou publié, en totalité ou en partie, sans l’autorisation préalable écrite de CM-CIC AM. Les informations qui y sont contenues ont été puisées aux meilleures sources mais cette précaution n’exclut pas que des risques d’erreurs se soient glissés dans les chiffres indiqués ou les faits que cette lettre relate. Rédacteurs : CM-CIC Market-Solutions équipe économie-stratégie – CM-CIC Asset Management équipes gestion. Directeur de la publication : Benoît Tomarelli. 3 LETTRE N°164 – 20 MARS 2017 LETTRE HEBDOMADAIRE ÉCONOMIE ET MARCHÉS Valeurs au Évolution Valeurs au Évolution 17/03/2017 hebdo 10/03/2017 30/12/2016 CAC 40 5 029,24 0,72% 4 993,32 3,43% 4 862,31 DAX 30 12 095,24 1,10% 11 963,18 5,35% 11 481,06 EUROSTOXX 50 3 448,41 0,94% 3 416,27 4,80% 3 290,52 Euro Stoxx Select Dividend 30 2 052,74 0,94% 2 033,64 2,95% 1 993,99 STOXX Global Select Dividend 100 2 895,26 0,39% 2 884,15 3,17% 2 806,41 S&P 500 2 378,25 0,24% 2 372,60 6,23% 2 238,83 DOW JONES 20 914,62 0,06% 20 902,98 5,83% 19 762,60 NASDAQ 5 901,00 0,67% 5 861,73 9,62% 5 383,12 Shangaï 3 237,45 0,77% 3 212,76 4,31% 3 103,64 Hong-Kong 24 309,93 3,15% 23 568,67 10,50% 22 000,56 INDICES - CHANGES - TAUX depuis 30/12/2016 S&P NIFTY (Inde) 9 160,05 2,52% 8 934,55 11,90% 8 185,80 NIKKEI 19 521,59 -0,42% 19 604,61 2,13% 19 114,37 BOVESPA (Brésil) 64 209,94 -0,72% 64 675,46 6,61% 60 227,29 Santiago (Chili) 4 652,40 3,97% 4 474,88 12,07% 4 151,39 RTS Index (Russie) 1 111,89 5,30% 1 055,93 -3,51% 1 152,33 Volatilité du S&P500 11,28 -3,26% 11,66 -19,66% 14,04 Volatilité du CAC40 10,00 240,74% 2,94 -43,41% 17,68 Volatilité des changes 8,79 -14,08% 10,23 -20,31% 11,03 Volatilité taux US (T-Notes) 4,66 11,48% 4,18 5,67% 4,41 Volatilité taux All (Bund) 8,81 -1,78% 8,97 41,19% 6,24 €-$ 1,0738 0,61% 1,0673 2,10% 1,0517 €-¥ 121,03 -1,22% 122,53 -1,58% 122,97 €-£ 0,87 -1,29% 0,88 1,49% 0,85 €-CHF 1,07 -0,60% 1,08 0,02% 1,07 1 153,05 Or 1 229,29 2,04% 1 204,73 6,61% Argent 17,41 2,90% 16,92 8,91% 15,99 Indice CRB 184,48 1,00% 182,65 -4,17% 192,51 Future WTI (New-York) 48,78 0,60% 48,49 -9,20% 53,72 Future Brent (London) 51,76 0,76% 51,37 -8,91% 56,82 iTraxx XOver 275,85 -8 bp 283,37 -13 bp 288,70 iTraxx Corp 69,90 -2 bp 71,79 -2 bp 72,04 iTraxx Fin 85,10 -1 bp 86,48 -8 bp 93,56 iTraxx SubFin -30 bp 221,61 191,20 -4 bp 195,67 Taux US 10 ans 2,50 -7 bp 2,57 6 bp 2,44 Taux JAPONAIS 10 ans 0,08 -1 bp 0,09 3 bp 0,05 Taux ANGLAIS 10 ans 1,24 1 bp 1,23 1 bp 1,24 Taux ALLEMAND 10 ans 0,44 -5 bp 0,49 23 bp 0,21 Taux FRANCAIS 10 ans 1,11 -1 bp 1,12 42 bp 0,69 Taux ITALIEN 10 ans 2,36 -1 bp 2,37 54 bp 1,82 Taux ESPAGNOL 10 ans EONIA BCE Source : BBG 1,88 -1 bp 1,89 50 bp 1,38 -0,353 0 bp -0,352 -2 bp -0,329 0,00 0 bp 0,00 0 bp 0,00 -0,329 0 bp -0,329 -1 bp -0,319 Fed Funds 1,00 25 bp 0,75 25 bp 0,75 BBA Libor 3 Mois 1,15 3 bp 1,12 15 bp 1,00 Euribor 3 mois 4 Valeurs au