envolée jubilatoire.
Prokoviev, la sonate à Rostropovitch
Ce n’est pas par idéologie que Prokoviev quitte son pays en 1918 – il était plutôt favorable aux
idées progressistes – mais pour pouvoir composer en paix. Toutefois, durant les dix-huit ans que
dureront son exil, il ne rompt jamais complétement les liens avec la Russie et s’y rend à trois
reprises en tournée. Le compositeur qui a réussi en Occident y est accueilli triomphalement.
Comme Chostakovitch, Prokoviev lutte pour trouver un équilibre entre son style propre et le dictat
bolchévique mais, contrairement à celui-là, il n’a pas à cœur la promotion de la culture soviétique;
sa créativité, sa liberté d’artiste prédominait. Prokoviev ne s’est jamais caché de sa recherche
d’originalité, de son souci de développer son propre langage musical même s’il ne put renier son
«âme russe». Cette originalité, confondue par le régime stalinien avec une «influence cosmopolite»,
lui vaudra ses déboires mais aussi ses succès.
De facture très classique, la sonate en trois mouvements pour violoncelle et piano opus 119, avec
sa multiplicité de tempos et sa sobriété, relève d’une écriture musicale quasi cinématographique –
collaborateur privilégié d’Eisentstein, Prokoviev a beaucoup composé pour le cinéma.
Née de la rencontre et de l’admiration mutuelle entre le compositeur et le jeune Mstislav
Rostropovitch, dédicataire et créateur de l’œuvre, la sonate date de 1949. L’andante grave
développe une voluptueuse mélodie, dont le second thème en sol majeur fait mentir le compositeur
lui-même qui se disait piètre mélodiste. Le moderato, dansant, conduit à l’allegro ma non troppo final
qui ne cache pas l’héritage de Rachmaninov et de Tchaïkovski que Prokoviev rejeta pourtant si
vivement dans sa jeunesse.
Amiet vers le développement d’un style personnel
C’est en 1910 que Cuno Amiet peint ces Deux jeunes filles nues sous la double influence de
l’œuvre de Van Gogh et des expressionnistes allemands du mouvement Die Brücke.
La palette de couleur, les jaunes et verts acidulés, les bleus vif rappellent indéniablement Van Gogh,
dont l’œuvre est mise en abîme dans ce tableau. En effet, derrière la jeune fille assise qui tourne le
dos au spectateur, on peut voir au mur Deux fillettes, toile de Van Gogh de 1890 prêtée à Amiet par
le collectionneur Richard Kisling, qui contribua à diffuser en Suisse l’œuvre de l’artiste hollandais. En
1908, Amiet visite à Zurich l’exposition rétrospective dédiée à Van Gogh. Deux ans plutôt, il avait été
approché par les artistes de Die Brücke avec qui il expose de 1906 à 1913. La touche nerveuse et
instinctive est révélatrice de cette collaboration artistique.
Ce tableau est un point de bascule dans le travail de ce grand coloriste. Libéré de l’emprise
artistique de Hodler par ces nouvelles influences, il développe par la suite une œuvre
indépendante et abondante, marquée par quatre thèmes essentiels: le jardin, la récolte de fruits,
le paysage hivernal, l’autoportrait.
Dimanche 29 septembre à
11h Musée d’art et d’histoire
Quatuor de Genève avec Louis Schwizgebel et Lionel Cottet
Sergeï Rachmaninov, Sonate pour piano et violoncelle opus 19, et Sergeï Prokoviev, Sonate
pour piano et violoncelle opus 119
Prix: CHF 20.- et CHF 15.-, libre jusqu’à 18 ans
Réservation: Espace Ville de Genève, Maison des arts du Grütli, Cité Seniors, Genève Tourisme et
sur place une heure avant le concert
Vingt minute, une œuvre , à 10h30
autour de Deux jeunes filles nues de Cuno Amiet