Mendelssohn, mort près de 70 ans auparavant
n’était en principe pas concerné par cette mesure
discriminatoire. Mais, bien qu’ayant en son temps
épousé une française et entretenu des rapports
d’amitié avec notre compatriote Berlioz, il avait
deux raisons de n’être que très peu joué en
France : c’était un Allemand issu d’une famille
juive: tout pour ne pas plaire à la France
germanophobe et passablement antisémite de
l’époque. Par contre, la France très catholique du
début du siècle pouvait lui savoir gré d’avoir en
dirigeant à 20 ans la Passion selon Saint Mattieu
fait redécouvrir à toute l’Europe le chef d’œuvre
de Bach, complètement tombé dans l’oubli. Les
instrumentistes français ne partageaient
heureusement pas le dédain de certains : ainsi, le
violoniste combattant Lucien Durosoir, qui passa
quatre ans au front, écrivait à sa mère le soir de
Noël 2015 : « Je joue ce soir l’andante du
concerto de Mendelssohn. Envoie- moi les
accompagnements des concertos de
Mendelssohn. » Le général Mangin aime la
musique mais il n’est pas question d’avoir un
orchestre symphonique dans le salon de son QG.
Donc, Durosoir jouera en version réduite c’est à
dire accompagné par un piano. On aurait pu aussi
proposer au général cette belle pièce de musique
de chambre : ce trio pour clarinette, violoncelle et
piano.
5. MENDELSSOHN. Trio pour clarinette,
violoncelle et piano.