- N°30 MAI 2015 Conjoncture économique et situation de l’industrie 1. Economie 2. Emploi En France, le rebond du PIB (+0,6%) est malheureusement en trompe-l'œil Des perspectives toujours dégradées France : une croissance trop fragile par manque de réformes structurelles Au 1er trimestre, la consommation a tiré profit de la météo avec un rebond de la consommation en énergie. Les stocks ont progressé mais surtout au profit de producteurs étrangers. L’investissement des entreprises a encore stagné. Les effets sur les exportations de la baisse de l’euro ne se sont pas encore matérialisés. Les deux facteurs qui ont soutenu le PIB au 1er trimestre – consommation en énergie et stocks – sont temporaires. Ils peuvent difficilement être interprétés comme des signaux éloquents d’une « reprise ». Peu d’éléments à ce stade laissent attendre davantage qu’une inflexion molle de la conjoncture, malgré un environnement international nettement plus porteur depuis quelques mois. Europe : une reprise graduelle Dans la zone euro, la conjoncture s’améliore (+0,4% de PIB au T1 2015) et se traduit par un retour progressif de la confiance : maintien de l’indice du sentiment économique à un haut niveau et hausse des perspectives de dépenses d’investissement dans l’industrie manufacturière (+4%). Les performances restent toutefois inégales : l’Espagne retrouve la croissance, la consommation allemande augmente mais l’économie italienne reste atone et l’emploi demeure peu dynamique dans l’ensemble de la zone. Emploi : un recul masqué par le rebond de l’intérim L’emploi salarié a encore diminué (-13,500) au 1er trimestre, reflet du « marécage mou » dans lequel la conjoncture française reste engluée. Taux de chômage : plusieurs nouveaux records en mars Le recul de 0,4% des demandeurs inscrits en catégorie B en mars ne doit pas éluder le nouveau record de la catégorie A qui fait référence (+0,4%). Le chômage des moins de 25 ans a atteint lui aussi un sommet et affiche une progression de 53 % depuis 2008. Le nombre total de chômeurs a augmenté de 0,5 % en mars, approchant ainsi les 5,3 millions de personnes. 3. Industrie Une production atone, des effectifs en repli Stagnation de la production La production de l’industrie métallurgique française n’a guère évolué depuis le printemps 2013 et demeure inférieure de 20 % à son pic de 2008. Certains secteurs sont toutefois en progression : celui des « autres matériels de transport » notamment l’aéronautique et la construction navale (+3,7% entre décembre 2014 et mars 2015). Repli des effectifs et défi des compétences Dans la métallurgie, l’emploi a reculé de 0,5 % au 4ème trimestre 2014. Seul le secteur des « autres matériels de transport » affiche des effectifs stables. Plus globalement, l’emploi salarié dans l’industrie a reculé de 0,5 % au 1er trimestre 2015 (- 5 900 salariés). Pourtant, l’Observatoire de la Métallurgie chiffre à plus de 100 000 les besoins en compétences du secteur d’ici 2025. CHIFFRES CLÉS – MAI 2015 + 0,6 % +7% Évolution du PIB français au 1er trimestre 2015 Évolution anticipée par les chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière de leurs investissements en 2015 + 0,4 % Demandeurs d’emplois inscrits en catégorie A mars 2015 -13,500 Évolution de l’emploi salarié au 1er trimestre 2015 - N°30 MAI 2015 Analyse de l’actualité sociale Modernisation du dialogue social : une occasion manquée Un rendez-vous important La Projet de loi pour la modernisation du dialogue social était un rendez-vous important. Non seulement le projet de loi du Gouvernement n’est pas de nature à créer les conditions d’une rénovation en profondeur du dialogue social en France, mais il va au contraire pénaliser la compétitivité de nos entreprises. Les avancées du texte gouvernemental: création d’une réelle DUP pour les entreprises de 50 à 300 salariés ou encore élargissement des accords d’entreprises sont loin de compenser l’accumulation des nouvelles contraintes introduites par le projet de loi. Un débat parlementaire à contre-sens Le texte tel qu’adopté en Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale aggrave ce constat. Ainsi les mesures concernant les instances de représentation du personnel s’éloignent de l’instance unique que nous avions proposé et qui permettait de repenser profondément la mission des représentants du personnel. De même, les mesures de lutte contre les discriminations ou encore les règles de négociation en l’absence de délégué syndical vont à contre sens de la modernisation attendue. Le débat qui s’ouvre au Parlement doit permettre de revenir aux objectifs initiaux de la réforme au service de la compétitivité des entreprises et de l’emploi. Une modernisation pourtant nécessaire L’UIMM croit au dialogue social comme levier de performance et de progrès social dans les entreprises. Nous avons besoin d’un dialogue social au service du développement des entreprises et de leurs salariés. La réforme proposée n’est pas à la hauteur de ce projet. Compte pénibilité : une menace pour l’industrie L’UIMM a travaillé depuis plusieurs mois avec tous ses experts et de nombreux chefs d’entreprises pour essayer de voir si le dispositif pénibilité était applicable. Nous partageons la conviction que l’allongement de la durée de vie et le report de l’âge de départ à la retraite justifient l’accompagnement des situations de pénibilité. La prévention est une voie largement pratiquée par les entreprises industrielles et qui porte ses fruits comme en témoignent les statistiques des accidents du travail en diminution de 30% environ depuis 10 ans. Mais le compte pénibilité reste, malgré les améliorations apportées, complexe, dangereux pour la compétitivité de nos entreprises, coûteux pour notre système de protection sociale. La mission Sirugue-Huot a fait des efforts pour prendre les amendements que nous souhaitions mais le dispositif devra tôt ou tard être corrigé. L’UIMM est prête à travailler à une refonte du dispositif connecté à la réalité du monde industriel qui ciblerait les personnes concernées et à un coût raisonnable pour les finances publiques et la société. À l’agenda de l’UIMM 26, 27, 28, 29 mai et 2 juin : Examen du Projet de loi relatif au dialogue social et à l’emploi en séance publique à l’Assemblée nationale 27 mai : réunion de négociation sur les régimes Agirc-Arrco