MONSIEUR JEAN-PAUL HAMON
Vous allez saluer ma constance, Madame la Ministre, cependant, l’on peut s'étonner de
la lenteur à vouloir économiser 400 M€ par an. On peut s’étonner que l’on continue à
rembourser 300 M€ dans la maladie d’Alzheimer alors que ces 300 M€ pourraient être utilisés
pour créer des emplois. On peut s'étonner que l’on continue à rembourser des médicaments
ASMR5 au prix fort ; les nouveaux anticoagulants oraux NACO coûtent 300 M€, et coûteront
bientôt 1 Md€ à la collectivité. On peut s’étonner du faible taux des médicaments dans le
répertoire des génériques : 30 % en France contre près de 70 % en Allemagne et aux Pays-
Bas. Plutôt que d'imposer des non substituables manuscrits, -c’est humiliant pour les
médecins-, pourquoi ne pas faire comme en Allemagne ? Si un patient allemand exige
l'original, il paye la différence ; il est remboursé à 100 % s’il accepte le générique (le moins
cher).
On peut s’étonner du taux de remboursement du médicament contre l’hépatite C qui
est fixé à près de quatre fois le prix de celui qui a été calculé par les services de la CNAM.
Madame la Ministre, vous venez de parler de prévention. Je vous rappelle que 50 %
des femmes n’ont jamais eu un seul frottis, alors que cette généralisation coûterait seulement
30 M€. On dépense 300 M€ dans un vaccin dont l’efficacité est largement contestable alors
que le frottis a prouvé son efficacité.
La réforme d'accès à l'hôpital, en éduquant la population au bon usage de l'hôpital, et
la réforme du financement des urgences, permettraient de dégager près de 3 Md€
d’économies. Excusez du peu.
Enfin, l’ouverture aux capitaux privés va fragiliser l’exercice de la médecine libérale
et la santé en général.
Pour conclure, je voudrais citer l’exemple du contrat passé entre ORPEA et
UNILABS, qui va désormais faire la biologie dans les EPHAD ORPEA. Je l'ai découvert par
hasard, en effectuant une visite dans une EPHAD ORPEA, à Clamart. Il n'est pas besoin d'être
grand clerc pour imaginer que cette société suisse cotée en bourse sera beaucoup moins
performante que les laboratoires de proximité. Les patients en seront les premières victimes.
Demain, je serai donc aux côtés des biologistes, des radiologues, des pharmaciens, des
chirurgiens-dentistes, afin de dénoncer la loi « croissance et pouvoir d'achat » qui va
permettre aux capitaux privés d’investir dans la biologie et dans la radiologie, et, sans doute
aussi, dans les futures maisons de santé pluridisciplinaires que vous n'avez pas les moyens de
financer.
Je vous remercie.