Dossier
N
OUS avons besoin
d'étendre le champ de
réhabilitation pour les
patients atteints de
maladie respiratoire grave.
Actuellement, la plupart des
patients font leur réentraînement
en centre de moyen séjour, en
hôpital de semaine ou de jour.
Près de trois millions de patients
atteints de maladie respiratoire
doivent profiter d'un tel entraîne-
ment. La réhabilitation des
patients avec insuffisance respi-
ratoire chronique grave sous
oxygénothérapie ou ventilation
assistée est entreprise de façon
sporadique dans certains établisse-
ments hospitaliers ou centres de
réadaptation.
Leur retour au
domicile est sou-
vent synonyme
d'isolement
social.
Par conséquent,
nos modalités de
fonctionnement
doivent évoluer.
Il faut sélection-
ner et orienter
correctement les
patients vers les
lieux ou ils peu-
vent profiter au maximum des pos-
sibilités existantes. Ceci nous obli-
ge à simplifier les prises e n
charge si nous voulons
atteindre un maximum de ces
personnes.
JANVIER 2001 - 5 -Inspirer N° 6
Pour les patients
appareillés à domicile,
il faut identifier ceux
qui peuvent profiter
d’un réentraînement
à domicile…
Handicap respiratoire
Appareillage à domicile
et réhabilitation
Pour étendre le champ de la réhabilitation
pour les patients atteints de maladie respiratoire
grave, il faut adapter nos modalités
de fonctionnement.
Soins
à domicile :
quel impact
sur le quotidien
des familles?
Elisabeth Vuillemin
ADIRAL-Strasbourg
Claire Boffa, Line Mounier
ANTADIR
Une étude a été conduite par les
SARD de l’Antadir auprès des
familles prenant en charge un
parent adulte, trachéotomisé
et ventilé depuis plus d’un an,
population retenue en raison des
caractéristiques du traitement qui
sont parmi les plus lourdes.
L’objectif de l’étude était de recen-
ser de façon précise les contraintes
quotidiennes des familles – actes
effectués pour le patient et temps
passé – et d’identifier les types
d’aides souhaités – profil des inter-
venants et modalités d’intervention.
11 SARD ont participé à cette
étude, 156 familles ont répondu
au questionnaire.
Un constat :
64 % des familles déclarent ne
pas pouvoir laisser leur patient
sans aucune présence à domicile,
36 % peuvent s’absenter 2 heures
30 en moyenne.
L’intervention des familles,
aussi bien dans les actes de la vie
quotidienne que dans les actes
de traitement est prépondérante,
même si elles sont ponctuellement
aidées par des infirmiers et/ou
kinésithérapeutes.
40 % des familles consacrent
quotidiennement 8 heures ou plus
à leur patient :
Le rôle de soignant accepté mais
lourd, avec en filigrane la crainte
de ne plus pouvoir l’assumer et le
besoin de se reposer.
Les aspirations trachéales, le lever et
le coucher, la toilette viennent en
tête des actes dont les familles
souhaiteraient être soulagées,
régulièrement ou à la demande.
La personne jugée la plus à même
d’intervenir est un(e) auxiliaire de
vie et/ou un(e) garde malade, dans
la mesure où elle serait formée aux
soins spécifiques que demandent
ces patients, en particulier aux
aspirations.
Le décret du 27 mai 1999 autorisant
les actes d’aspiration endo-trachéales
par des personnes non IDE, mais
ayant validé une formation
appropriée, ouvre des perspectives
pour répondre à cette demande :
reste à développer les formations,
définir le mode de financement de
ces intervenants spécifiques
à domicile.
Pour les patients appareillés à
domicile, il faut identifier ceux
qui peuvent profiter d'un réentraî-
nement chez eux. La réadaptation
à l'effort de ces patients peut être
entreprise à l’aide d’organisations
telles que les associations. Il existe
déjà des structures capables de
bien évaluer les besoins matériels,
humains et structurels qui
seraient nécessaires pour identi-
fier les bons candidats pour une
RAE à domicile.
Avec l'Observatoire des patients
par exemple, on sait que 25 % des
personnes sous oxygénothérapie
ont plus de 80 ans et auront peut-
être du mal à s'adapter à une prise
en charge à domicile de ce type.
Une autre étude ANTADIR sur
l'éducation des patients, montre
que l'observance à l'OLD est très
liée aux conseils initiaux donnés
par le prescripteur. Il est donc
nécessaire de mettre en place
des systèmes d'évaluation et d'appli-
cation de critères moins classiques
que ceux employés habituellement
pour débuter la RAE, avec une
prise en charge personnelle du
patient pour une meilleure
connaissance de la maladie, des
limites physiques et de l’accep-
tation du handicap.
Dr Dan Veale
Dr Philippe Rodriguez
Centre Bazire, Grenoble