RAFITOSONE & HARIJAONA / De l’universel au local pour une radicalisation… 183
résultats escomptés et, surtout, se révèlent inadéquates à l’étude des
phénomènes humains et sociaux, ont favorisé la réorientation vers d’autres
voies, d’autres approches, dans des disciplines en plein essor comme la
psychologie, l’anthropologie, la sociologie, la linguistique… D’où la floraison
de théories, de démarches, de principes d’analyse testés dans chaque discipline.
Cette émergence des méthodes qualitatives aura très peu, sinon aucune
répercussion à Madagascar où les sciences dites « exactes » qui régnaient
encore en maîtres, jouissent d’une crédibilité et d’un succès incontestables
auprès des étudiants, des parents, des secteurs professionnels, des dirigeants et
des bailleurs de fonds. Au niveau de la communauté scientifique internationale,
à travers les divergences souvent dues aux spécificités de chaque discipline, on
peut relever des points communs indéniables qui vont fédérer les chercheurs
autour de paradigmes de référence partagés contribuant et de façon décisive à
la légitimation des méthodes qualitatives. Deux tendances vont freiner cette
légitimation au niveau local malgache : la tendance à se réfugier dans le
« connu », le « familier » qui entraîne une résistance à la nouveauté; on peut
citer l’exemple du modèle EMEREC qui reste le modèle dominant, quasi-
exclusif dans notre pays1. La tendance à verser dans la facilité et donc à
privilégier la mise à disposition de « recettes », plutôt que de modèles ou de
théories dont la maîtrise pose plus de difficultés, la barrière linguistique
aidant2
Cette tension entre l’universel et le local nous rappelle la double
obligation du chercheur en méthodes qualitatives : contribuer au
développement et à l’enrichissement des connaissances relatives aux
phénomènes humains et sociaux grâce aux méthodes qualitatives; assurer la
diffusion et l’appropriation de ces méthodes par la communauté des chercheurs
et des étudiants.
.
Mais cette double opération suppose que soient résolus le problème de la
barrière (ou des difficultés) linguistique d’une part, et celui de la sélection des
référents scientifiques à diffuser d’autre part. En ce qui concerne le
département STICOM, nous avons résolu de centrer nos préoccupations, au
moins dans un premier temps, sur les concepts, principes d’analyse ou
approches ci-après : la recherche du sens (approche compréhensive), le
paradigme de la complexité (notion de vision polyphonique), l’importance de
la situation de communication et des différents contextes qui la composent,
l’approche systémique, le constructivisme.
Expériences et perspectives
Vouloir radicaliser les méthodes qualitatives répond à certains faits du système
local, notamment la place de l’Université dans un univers en perpétuelle