Méthodes qualitatives
Les méthodes qualitatives regroupent un ensemble de méthodes de recherche utilisées dans
les études qualitatives. Elles trouvent leur utilité notamment en sciences sociales, comme, par
exemple, en sociologie, en ethnologie et anthropologie, et également en mercatique. Elles
laissent délibérément de côté l'aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l'analyse de
l'objet d'étude. Pour cela diverses techniques, fondées sur l'administration de questions
ouvertes et l'exploration du langage, sont mises en œuvre : les « focus groupes » ou tables
rondes, l'analyse de contenu ou le desk research (en), l'observation participative, sont les
plus importants.
Les « focus groupes » consistent à réunir des sujets et à les interroger sur leur attitude vis-à-
vis d'un produit, d'une idée, d'une publicité, etc.
Les méthodes qualitatives sont couramment utilisées conjointement aux méthodes
quantitatives. L'usage de méthodes qualitatives permet soit de dégrossir un sujet d'étude pour
poursuivre avec une étude quantitative soit pour interpréter les nombres produits par des
méthodes quantitatives.
Techniques de la méthodologie qualitative
Méthodes de collecte des données dites « passives »
Les techniques d'« observation directe »
Ces techniques consistent à collecter des données de terrain en utilisant divers supports, sans
intervenir de manière significative sur le terrain (ou du moins, le plus souvent, en tentant de
réduire l'impact de l'observation sur les groupes observés).
Ces techniques sont très variables. Elles peuvent varier suivant le contexte. La croissance des
réseaux numériques a notamment renforcé les techniques d'observation numérique : forums
participatifs Online, Journaux en ligne, etc.
Les entretiens
Les techniques d'entretien peuvent être dites passives, lorsqu'elles n'ont pas d'influence, ou
très peu, sur la situation sociale étudiée.
Classification selon le niveau de directivité du chercheur.
o L'entretien libre ou non-directif : Principalement pour les récits de vie, il n'y a
pas ou vraiment peu de questions. Techniquement, le chercheur pose une
question initiale au sujet, et le laisse s'exprimer sans l'arrêter ou l'orienter par
ses propres remarques. Si le sujet ne parvient plus à continuer, il lui reformule
alors les derniers propos qu'il a tenus, pour le relancer.
o L'entretien semi directif : Les questions sont ouvertes et en nombre restreint.
o L'entretien directif : Nombreuses questions. Les réponses aux questions posées
sont principalement oui/non.
Classification selon le contexte de l'entretien.
o Les entretiens peuvent être réalisés en face à face, par téléphone, par Internet,
etc.
o Le support peut être oral, textuel, etc.
o Le contexte de l'entretien peut varier : lieu de travail, lieu de loisir ou de
détentes, etc.
o Entretien en groupe, isolés, etc.
Les résultats obtenus dans les entretiens varient parfois sensiblement suivant que l'on modifie
un ou plusieurs de ces paramètres.
Méthodes de collecte des données dites « actives »
Ces méthodes se caractérisent par une implication forte du chercheur dans son « objet
d'étude ». Le chercheur s'immerge dans un groupe pour mieux le comprendre, met des acteurs
dans des situations contrôlées, ou tente de transformer une situation sociale pour mieux la
comprendre.
Plusieurs critères permettent de distinguer les différentes méthodes.
La collecte des données peut se faire :
o in situ, c'est-à-dire en situation réelle ;
o en laboratoire.
La collecte des données peut se faire par :
o l'intégration dans un groupe sans volonté de le transformer, il s'agit de la
famille des méthodes d'observation participante ;
o la modification d'une situation sociale par une expérience isolée et brève, ces
méthodes sont courantes en psychologie sociale et en ethnométhodologie ;
o l'intervention de long terme : le chercheur s'implique (plus ou moins) dans une
transformation sociale de long terme. Ces méthodes regroupent notamment les
différentes démarches de recherche-action, l'analyse institutionnelle, la socio-
analyse, l'intervention sociologique, etc.
La collecte des données peut être :
o contrôlée et planifiée à priori ;
o restituée a posteriori sans qu'il n'y ait forcément eu au départ de volonté de
collecte de données. Une large partie de la méthode dite compréhensive se
fonde indirectement sur cette démarche. Il en va de même dans les méthodes
comme l'histoire de vie et le récit de vie.
La collecte peut se faire en groupe et sur un groupe, comme dans l'analyse en groupe,
ou individuellement ou sur un individu.
Triangulation des méthodes de collecte
Par analogie à la triangulation utilisée en mathématiques, la triangulation des méthodes
qualitatives fait référence à l'usage croisé de techniques de recueil de données.
Exemple de triangulation des méthodes en étude qualitative, d'après Koners et Goffin (2007)2.
Indifféremment appelée triangulation ou mixed-methods en anglais, celle-ci est définie
comme « la combinaison de méthodologies dans l'étude d'un même phénomène »3. Son
objectif alors est quadruple :
Éliminer ou réduire les biais et augmenter ainsi la fiabilité et la validité de l'étude;
Améliorer la compréhension d'une étude et, ainsi, fournir une richesse qualitative et
une meilleure compréhension du phénomène étudié;
Rassurer les chercheurs quant aux résultats fournis par l'étude.
Son utilisation permet de mieux appréhender des phénomènes qui ne seraient pas directement
observables, par exemple les interactions sociales. De fait, la triangulation, tout comme les
méthodes qualitatives, s'inscrit préférentiellement dans une cadre épistémologique
constructiviste ou interprétationiste, plutôt que positiviste. Son usage est vivement
recommandé dans les études qualitatives afin d'en augmenter la qualité des résultats.
Méthodes de traitement des données en analyse qualitative
Fondamentalement, deux méthodes différentes se dégagent.
Dans un cas, le traitement des données se fait a posteriori et exclusivement par le chercheur.
C'est la méthode la plus courante.
Dans l'autre, notamment dans la recherche-action, les acteurs sont amenés à participer
directement au traitement des données, qui peuvent leur être restituées par le pilote
(l'expérimentateur ou le chercheur) au cours de l'expérience, afin qu'ils les intègrent au sein de
la situation expérimentale pour orienter eux-mêmes l'expérience. Cette approche constitue la
base de la Grounded Theorya, ou théorie ancrée en français, dont l'objet est, notamment, de
définir un champ d'étude peu connu. Ces méthodes mettent davantage en avant les
interactions entre le chercheur et le groupe d'étude, et dans certains cas, questionnent sur la
différence entre sociologie profane et sociologie professionnelle.
Parmi les méthodes de traitement des données les plus connues, citons l'analyse de contenu.
Secteurs utilisant les études qualitatives
Les études qualitatives sont largement utilisées en sociologie.
Mais les études qualitatives sont aussi pratiquées de plus en plus par les industriels qui
cherchent à bien comprendre leurs cibles, elles sont alors utilisées à des fins
marketing.
Bibliographie indicative
Arborio, A.-M. Fournier, P, L'Enquête et ses méthodes. L'observation directe, Paris :
Nathan, 1999.
Bardin, L, L’Analyse de contenu, Paris : Presses Universitaires de France, 2001.
Becker, H.-S, Les Ficelles du métier. Comment conduire sa recherche en sciences
sociales, Paris : La Découverte, 2002.
Blanchet, A. Gotman, A, L'Enquête et ses méthodes. L'entretien, Paris : Nathan, 1992.
Bourdieu, P. Passeron, J.-C. Chamboredon, J.-C, Le Métier de sociologue, Paris :
Mouton, 1968.
Chauchat, H, L'Enquête en psycho-sociologie, Paris : Presses Universitaires de France,
1985.
Coenen-Huther, J, Observation participante et théorie sociologique, Paris :
L’Harmattan, 1995.
Combessie, J.-C, La Méthode en sociologie, Paris : La Découverte, 1996.
Hatzfeld, H. Spiegelstein, J, Méthodologie de l’observation sociale, Paris : Dunod,
2000.
Laplantine, F, La Description ethnographique, Paris : Nathan, 1996.
Quivy, R. Van Campenhoudt, L, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris :
Dunod, 1988.
Weinberg, A, La fausse querelle des méthodes, Sciences humaines. N° 35, janvier
1994. P. 14-21.
François Dépelteau, La démarche d'une recherche en sciences humaines. De la
question de départ à la communication des résultats, Bruxelles, De Boeck Université,
2000.
Jean-Claude Kaufmann, L'entretien compréhensif, Nathan, 2001.
Alex Mucchielli, Les méthodes qualitatives, Paris, PUF, 1994.
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